Eperdu, per correre à traversu i boschi

Eperdu
per correre à traversu i boschi
L'omu hè prestu agitatu
Sutta u murmuru di un colpu
u ventu
chì di quà
Specifica u swell of grande arburi
aspettu vibrante
tempesta
Ghjustu u ballu vigilante
Guardiani Sottu
Qualessu ochju
In u futuru glossu
da parechji passaggi
una tale pelle allargata nantu à u stump
nantu à a bocca
di ecru Parolle
Farfalle
consegnatu u ghjornu dopu
Sempre chì sanu
di u tempu rializatu
Dite a diritta aspetta.
 

 540

Questi dui sò fatti per amassi

   Questi dui sò fatti per amassi   
à u casu
di l'anima è gurgling di u core
scappà in picculi jet
Ambages senza manette
ali fieri
traversu di gambe
poeti nostri fratelli
i nostri babbi i nostri figlioli
l'hà pigliatu in u celu
calmu figlioli di a vita simplice.

Passante

togliti u cappellu
ci hè una bona qualità quì sottu à l'umore autunnale
assai silenziu è amicizia.


539

dumani l'arcubalenu


Limitatu
ricerca è dubbiu
Ci hè questu aspettatu,
Chiarità in u so avventu.

I nuvuli ponu esse disintegrati,
I venti ùn sò più abbastanza,
Ci hè ancu a marea di u core
essendu.

A pioggia cascà nantu à a cera
au contact de la peau nue
électrise la conscience
d'être au delà de la chaleur animale
et en deçà du monde.

Plus rien ne se passe comme avant
les vaches continuent de brouter
le chien est assis entre mes jambes,
je suis adossé au talus de pierres,
tous deux sommes de garde
au goutte à goutte du temps qui morigène.

Reviennent du large
les voiles de l'enfance.

Il faut partir
pour ne plus revenir,
l'humide et la lumière se marient,
demain il y aura l'arc-en-ciel.


538

Ma mère de l’autre temps

   Ma mère de l'autre temps   
d'où elle venait
je ne sais
peut-être de ce train
au dessus du viaduc
puis le retour en enfer chez les sœurs
sans Marie
abandonnée dans des draps souillés
offerte à la terreur.

Mon père silencieux et amoureux
attaccatu a so moglia
Cum'è in u balicu di medusa
Taso di gioia
Daretu à u carrettu à a fine di a stazione
In a polvera di Montamizé
Dopu magre contr'à un pailou
ghjucatu à a tromba.

Avianu un zitellu
Chjamate elli à sposa
U Bellu Bambinu Primavera
Per superà l'entrata in a guerra
À a fine di a strada versu u granu
per coglie u blueberry è u poppy
In tenerezza è mandatu
Cusì chì u destinu succede.

U so nome sarà Jean
Cum'è stu ghjovanu ziu ghjovanu
liberatu da trinchi
è a gripe spagnola
chì aghju avutu à reincarnate
Sò ghjuntu à cinque anni dopu
In l'ombra nantu à u sogliu
À Granny Danubran.

Chì capiscu ?
Ùn l'aghju mai vistu
Ma crede.

Allura una zitella hè ghjunta
À quale Lulu hà datu u so nome
campu
intesu in pianeta
In u Paradisu d'estiu di a Domenar Auvergne.

Quandu l'ultime guscia
Era u grande upheaval
U scurdamentu di u slum di Grenelle
A nostra mamma ùn era più un hagarde salvaticu
Per eseguisce u chablis di a so zitiddina
Luntanu da u bombardamentu
Ella vultò à u pede
rimprovendu alcuni pezzi di u puzzle
è hà purtatu a fili di ritornu sottu à u so cuscinu.

Ùn eranu micca più
travagliadori da a nostra fonte
custruitu nantu à e ruine di famiglie in esiliu
Si riposanu fora di a scena
Sutta e stelle di un liceu
chì ùn hè micca in vanu à cuntemplazione
A sera quandu u raru scossa i tombi.

A volte in cima
Trè punti di luce ci facenu l'ochji
Daretu à a corsa in nuvola
Canta u Vostru morti
A vita
sur leurs chemins de vie
enfle la rumeur d'une tornade
que le vent soulève
sur la route de Frugères
tel le repli des boches du Mont Mouchet
leur forfait accompli.

Il est temps d'étendre la nappe
sur l'herbe du Pradou
d'amener la vaisselle qui quincaille
dans le grand panier d'osier
sans oublier le vin noir tiré du tonneau
rire et parler haut
pendant que les enfants chahutent
que marraine prépare l'appareil photo
et que grand'père signe d'une croix
le dessous de la tourte.


537

Se sont rapprochés près du grand hêtre

  Se sont rapprochés   
près du grand hêtre
pour effacer les saisons
en remontée des ans passés.

Assis autour de la souche
à contempler la haute ramure
ont remisé en souvenirs
la sente des sangliers.

Puis ont prié
pour que revienne la pluie
sous le craquelé de la soue
bauge des ultimes protections.

Se sont enquis
de ce que faisaient
les dinosaures nos amis
à culbuter les grands arbres
alors que la plaine immense
bruissait des cavalcades
d'ombres menées à terme
hors les herbages coutumiers.

D'horloge point
juste l'ombre et la lumière
ourdissant au souffle amer
l'ordre et la remontrance
de nos frères les successeurs
ivres de vie à venir
et courant sous la futaie
vers la clairière ceinte de torchis
mettre en saillie
la pierre dernière.


536

Vivre noir et mourir blanc

 
Se ferme l'opercule du bulot
sur le sable
aux bulles savonneuses
caresse du temps qui passe
au creux des vagues lasses
valse lente
narines dilatées
conques marines ahanantes
la main effleure la levée des voiles
sous la vergue tendue
note métallique du piano
silence racé
sagace errance
d'avant la venue de l'ange
à la mine chafouine
sous la pluie de pétales
chì u ventu sparghje
mille baisers à l'encan
pour les pigeons de l'automne
brasier rassemblant
au sortir de l'octroi
l'envol clair de ce qui fût.

Mourir blanc vivre noir.


535

Sur le front bleu de ton enfance

   Sur le front bleu de ton enfance    
par les passes sombres de la nuit
un œil s'est posé
petite flaque d'eau salée
sur tes lèvres ondulées
que le vent pousse
frêle caresse
à peigner tes cheveux bruns
à la base du cou
et franchir d'un geste
le fond de l'univers .

Ô ma femme aux reins creusés
sorcière feinte
danse en rond
au sacre de l'automne
je te hume
et me perds au lacis de tes bras et jambes.


533

Je roule le tapis de prière

   Je roule le tapis de prière   
hors la nuit noire
point de faux semblant
juste la musique de l'ancien soleil blanc
cet amoureux à la colonne vertébrale fécondée.
Je calme mes ardeurs
sans que se brise l'œuf blanc
sur les rails du dogme
loin des codages cérébraux
au reste peu demandeurs.
Je distingue les essences subtiles
au milieu des pensées immondes
et transforme le vacarme en musique intérieure.
Hors la vie quotidienne
point de transformateur.


534

Me dis que la parole poétique

 Me dis que la parole poétique 
 c'est comme la mer   
 giboyeuse de rêves   
 et racleuse de mots   
 lorsqu'elle griffe la côte.      
 
 Et si c'est de nuit   
 que la foi chancelle   
 et qu'un vent froid brasse l'écume   
 les hurlements des marins en détresse   
 se font entendre dans les criques   
 chapelles ardentes des trépassés.      
 
 Rare et obstinée présence   
 de cette nécessité du poème   
 révélation quotidienne
 à ne pas manquer le rendez-vous   
 percée magique des mots de braise   
 dans l'âtre aux éructations aiguisées.      
 
 Je vous aime ma vie   
 d'humbles existences affublée   
 dentelles du jour
 que des mirlitons dévorent   
 telles les perles de verre   
 dans la lumière clignée du matin. 
 
 Ne vous affligez point   
 il est une poupée malmenée de l'enfance   
 abandonnée sur le trottoir   
 que le passant ramasse   
 lambeaux de tendresse écrue   
 transfigurant celui qui la regarde.      
 
 Les tambours de l'automne   
 ont rassemblé les murmures   
 et claque aux marches de l'univers   
 la vision stellaire   
 des officiants du cercle sacré
 que l'amitié révèle en échos.      
 
 Viens contre l'arbre   
 et le sais par avance   
 que la gerbe des flûtiaux courroucés   
 par la plainte insensée   
 construit le décor   
 de nos retrouvailles naines.      
 
 
  532

La présence à ce qui s'advient