Le Ginish parle

Au Ginish   
Se tiennent des centaines d'années de réflexion   
Chercheurs de la dernière exception   
À protéger l'enceinte   
Eux les orpailleurs de la conscience   
Aux paupières plissées par l'attention.       
 
Ici point d'église froide   
Mais le lieu où s'abandonner   
Comme il te plaira   
Toi mon père que je remercie   
En acceptant tout   
Et remettant mon âme entre tes mains.      
 
La gloire fait notre honte   
Les Saints brandissent un flambeau paradoxal   
Nous rendant misérables   
Nous les égarés de la voie   
Qui n'avançons dans l'air mauve   
Qu'au pas de la peur.      
 
Nulle réserve   
Il m'attend   
Il vitalise mes intentions   
Par cette marche   
Où de croustillants insectes   
Tiennent lieu de sentier fleuri.      
 
Le Rocher   
En ses cicatrices profondes   
Protège le cœur immense de la Terre   
Nous enjoignant d'être l'usure des siècles   
Et l'Eternel   
Fraîchement né à ce qui nous délègue.      
 
Le regard lavé des préjugés   
Soyons la source   
L'entrée dans le réel   
La maîtrise d'un savoir-faire   
Fait de la gentillesse des fleurs bleues   
Et de la lumière donnée à tous.      
 
1303

Mes créants de la forêt magique

Mes créants   
En la forêt magique
Se sont mis à parader
Tout en touchant du doigt
Le relent chaud et tendre
Des traces de l'énigme.

Il n'aurait pas fallu
Entrer en scène sans prévenir
Ce jour des créances du bien-agir
Disposés en groupe
Tambour sonnant le glas
Comme une dernière fois.

Ils étaient venus me trouver
En fin de spectacle
Pour me tancer d'être entrer en scène
Alors que je n'avais pas la clé du clan
Et qu'à tout bien pesé
J'avais mal agi.

Vaincre la nausée
Apporte la suspension de l'appel
Pour portes dérobées
Détacher de l'instant
Aux miracles des mots
La constellation du dire de la plaie essentielle.

Être publié à compte d'auteur
Mène le poète en solitude
Mais que faire de l'injonction verbale
Du père disparu
Sans voix
Parures oxydées.

La nostalgie du sacré
Est nostalgie du présent
Et non le regret amer du passé
Pour retour vers l'ivresse de la connaissance
Remplir besace
D'émerveillement et de tristesse.

1302

La rose et ses pareilles

Du haut de la passerelle   
J'ai vu la rose et ses pareilles
Au cœur vermeil
Entre le bois et la cité
Farfouillant dans le noir
Ce qui reste de la veille.

Prolongement du regard
Vers là où rien ne bouge
Sentinelle pensive
À ses pieds permise
Sous la geste
D'une pensée douce.

Au suçon des origines
Il y a la plongée dans le monde
visages caressés
De la pulpe du doigt
Dans le silence des regards
Au souffle des fragrances.

Posé à même la roche
Sac ouvert
Au cas où le père revienne
Il s'enquit de la montée prochaine
Qui le conduirait à la chapelle
Du chez soi si près d'elle.

Dans le défroissement des ombres
La lumière apparut
Bras nus et front levé
Portée par la vague immense
Déferlante d'un "où ça nous mène"
Suite à l'héroïsme de l'attente.

Du blanc dans la tête
Aux roses suspendues
D'humbles mots passeront
Da manu à manu
Jusqu'à la paix laiteuse du matin
Écopant la brume au ras de l'eau.

1301

Pusate è stà in silenziu

Continuez de jouer   
Et vous serez récompensé   
De musique   
De sommeil   
D'images   
Et de bons points.      

Au village les amis !   
Et retenez par le bout de la frange   
Les chemins de l'été   
Au pont au change   
Faisant acte    
Sans bourse déliée.       

À grandes enjambées   
Il foulait la coursive   
Pour d'un geste vif   
Se retourner sans plus de manière   
Devant ses nuits d'enfants   
À tenir la main du père.      

Respirer à bout de branche   
Sans que les nuages s'accrochent   
Écorce sous la main   
À parodier le destin   
Quand celui-ci les yeux bandés   
Commande au monde sans pensée.      

La vieille dame a besoin de son jardin   
De son rosier préféré   
De loin en loin   
Quand envahie d'émotions   
Elle revoie la jeune fille aux pétales fragiles   
Envahir toute sa vie.      

L'eau silencieuse   
S'est mise à couler sous la porte   
Où mousse vivante des instincts   
L'animal se mettre à laper son destin   
En présence de l'ami   
L'affûteur au regard gris.      

Qui l'eût cru   
Que l'épervier descendrait   
Par petits ronds indifférents   
Jusqu'à se poser sur son visage   
De honte et de rage mêlées   
Jusqu'à l'encan de tout soucis.      

Brinquebalé tel fétu de paille   
Il répétait à qui l'entendre   
Que cela finirait   
Même agrippé aux tenailles de l'esprit   
Qu'un courant d'air   
Suffirait à libérer.      

Et il pleurait   
Contre les poitrines gonflées   
En témoignage du jour   
Où soulevant la poussière   
La nef des fous   
Plongea en ses entrailles.      

Drôle d'oraison   
Que celle au dos courbé   
Arrimant le cri des mourants   
Aux piliers de la basilique   
Qu'un obus éventra   
Visage las à la cagoule noire.      

Les mots sont là   
Portés en pointillé   
À ceux qui restent   
Épuisés   
Obligés de faire face   
Sans savoir cadrer.      

Écoute   
Tourne la page   
Pour arracher au chaos du monde   
Ce que je ne sais que faire   
De cette histoire en pointillé   
Aux nu-pieds de cuir.      

 
1300

U lineu di ragione

Mori di mare   
Amaru   
À u sentimentu di e palpebra calata   
Dentru l'onda stanca   
Chì a lettera exaspereta   
Borsa chjusa.      
 
Mi avia avvistatu   
Lingue timette   
In cima à u maritu  
Parolle fatrurite assertive  
Mi succumbu   
À traversu a finestra ponante.      
 
Piglià   
Wallpaper   
A postura di l'entrate   
Notte di sognu   
Persu   
Per un'altra spiaggia.      
 
Ricunnosce   
Assai più chè esse natu   
Porta a Nunda in u Monde   
Per alimentà è mori   
FENSTRON CHARKING APRE
Affruntatu cù a forte cuscenza.      
 
Grandi abitudini   
U nostru ubligatu   
À l'altezza di i ricordi   
Piano   
Poi stà vivu   
U bracciu strettu à l'anticu.      
 
Ghjucà   
Per e donne di capelli rossi   
Attraversendu e ferrovie   
Ribliu di u zitellu   
Prati datrutti   
Fiori di sangue.      
 
Per ùn mette più   
U vechju   
À a porta   
Colpi furiosi    
À u paru di amanti   
Spade di u mumentu.      
 
Passageri di a famiglia strana   
Cù a gravità feigned   
Ti mischjà i corpi   
Una cosa rara   
Cù un envelope benevolente   
Master-cola di a sustanza.      
 
Sibling   
Aduttatu in l'evidenza   
Dite sì   
Da un burato di u mouse   
Induve fà sparisce   
È u quadru è u filu.      
 
Roots Air   
Notte pò cascà avà   
Prima di riflessione esasperate   
Un cane di vaghjimu   
Sniffendu u cecu epifania   
Aria in una bona manera.      
 
Timura   
Pruibisce   
Per amore megliu   
U celu è a cima di l'arburi   
RUELLICAZIONE LINEGE   
Scorcia cù scorcia.       
 
1299

Sta ora

Sept heures   
Cette heure là et pas une autre
Place aux errances, aux rêveries
Sans en voir le bout
Pourvu que le travail se fasse.

Attendre que la poitrine éclate
N'effraie pas le trappeur
Le gars à la longue barbe
Passant son temps
À regarder par dessus les arbres.

Et si quelque vigueur lui vient
Avec armes et bagages
Il ira farfouiller
Parmi les hardes abandonnées
Sans se soucier du lendemain.

C'est le corps qui résonne ainsi
Dès l'aube
Par la faute du labyrinthe plein d'échos
Pauvre lieu traversé
Sur cette terre croutée.

Se lever
Alors que les images s'éloignent
Doucement
Jusqu'à perdre de vue
L'horizon et son marché des quatre saisons.

Puis je quitterai la table
Et m'encorderai aux mots
Sans peser pour ceux qu'on aime
In silenziu
Une évidence.

1298

Clapotis éternels

De cette coupe belle   
Où rassembler nuits éternelles   
Coule ma peine   
Entre les ridelles   
Du char des martyrs   
Suspendu    
Par la faim et la soif   
Aux poutres de la grange   
Et la majesté douce   
Du tissage des saisons   
À la prompte allégeance   
Au monde ancien et jamais advenu.      
 
Parons au plus pressé   
Soyons de mèche   
Avec l'allongement du noir   
Pour recouvrir de plâtre grossier   
Les murs de nos cellules   
Et glisser dans les anfractuosités   
Les lampes à facettes   
Qui permettront aux moines copistes   
De grapher de quelques silhouettes grotesques   
Les cupules secrètes   
Pleines d'un chagrin éternel   
Hasta luego, compadre !       
 
1297

Rire Écrire

Rire écrire   
À bon droit   
De bon cœur   
Pour qui me lira   
Plume légère   
Pour vous plaire
Par la plaine   
Fraîche haleine   
Errante Adèle
De mémoire soutenue   
Le hachoir du temps   
Entre les dents   
Au banc des émotions   
Faisant friction
De folie en raison   
Permise diatribe   
Appuyant poigne ferme   
Sentences et mots de grâce   
Cendres de bon aloi   
Sur l'autel des afflictions   
Au naturel immémorial   
Des reliques   
Rassemblées en ballots   
Un soir de fenaison.      
 
1296

Le corps mourant des dinosaures

Vouloir s'envoler   
Pur vrombissement
Des dinosaures
À se déployer
Plumage caréné
Prenant repère sur l'horizon
Aux abords d'une plage
Brise marine
Mariée aux bouffées des nuées
Emportant à nouveau
Le lancinant appel
Des longs chants de louange
Au sein de l'Immensité
En échange du langage
Narrant par le menu
Ce qui est possible de perdre
Grain de poussière
Pour incessant retour à l'Être
Cœur Battant
Au gré des marées
Saupoudrer à l'envie
D'un souffle généreux
Les désirs inassouvis
Jusqu'à point nommé de l'univers
Au trou que chaque vie fore
Se refermant tel un piège

Face aux dieux.

1295

Roule ta bille

Roule ta bille   
Et me viens   
À sauter   
Sur les amendements de l'esprit   
À chevaucher la contrée   
À passer le temps   
D'onde en onde   
Clameur aux semelles de vent   
Vivant ici et maintenant   
Sans clôture   
À hauteur de fleur   
Dans l'herbe drue   
Étrangement sèche   
Sous le ciel lumineux   
Préludant la venue   
Du simiesque nuage   
Entraînant   
Du foyer mal éteint   
Le feu aux fumées bleues.      
 
1294