Archivio di categurie: Febbraiu 2017

Les cinq plumes de l’ange

 En descendant l'escalier  
 marchi bianchi nantu à u vetru   
 posatu ogni notte in indirizzu.  
    
 Escludu da l'infinitu   
 contr'à u spaziu   
 vane forme di scontru   
 me font   
 freschezza estrema   
 i ciottoli di l'umiltà   
 cullucatu in a scatula di secreti. 
     
 abbandunatu   
 è firmate a strada   
 in tempu chiuvutu   
 capelli arruffati   
 me font plumes d'ange   
 attraversu u veranda   
 attesa infinita.    
  
 Raccoglie u mo tinsel   
 vestitu divinu   
 pour cacher ces blessures   
 Sò ricusatu   
 ripressu, pixelatu  
 fora di l'acqua trasparente   
 u mo solu specchiu. 
     
 Aviu fattu bè   
 belli matrimonii eranu prumessi   
 u mo babbu cuglieria funghi   
 a mo mamma andava in giru à a chjesa   
 e mio surelle in corsetti vestite   
 saria l'incantu è a cura   
 nantu à a nostra carrozza di carnevale.   
   
 Dopu hè vinutu u verdict   
 fracassatu contru à u vetru   
 e cinque piume di l'anghjulu in riflessione   
 marquant l'absorption par le néant   
 solu u fondu di i pani restava   
 per scour per u platu previstu   
 d'une l'enfance retrouvée.  

     ( foto di Caroline Nivelon ) 
 
327

visu riguardu

   Visage regard   
appel à celui qui viendra de la mer
élever le chapiteau des connaissances ourdies,
à celui qui brisant le miroir
permettra de remettre
à leurs places
les musiques anciennes,
les accords frileux
de l'ombre et de la lumière,
de l'aube au couchant,
à pieds nus sur le sable mouillé,
mon âme si tôt venue,
déjà partie,
arabesque dorée,
je tends la main au vent des attentes,
mon petit homme,
douce fleur des prairies de l'enfance.



328

en forêt de belle lumière

   Escarde lâche   
fichée en la serrure
au vestibule des attentes
balayer les pensées
sans permissivité.

De longs filaments
descendant de la ramure
pendent ultime verbiage
les falbalas de l'outrance
en régurgitation des moments de l'enfance.

Sabir époumoné
contre la paroi des châteaux de Thérèse
les cris et bosses sont rassemblés
au grand bûcher
des vaines suppliques.

De mille manières
l'habit cérémonial
enfle devant la tempête
bulles si tôt éclatées
pour une protection désuète.

De givre point
juste le roman des choses secrètes
par devant les yeux brûlés au papier d'Arménie
où ceindre de lumière
la nudité tard venue
cet effort à partager le nécessaire
ce moment de doute
en creux de déshérence
ce voyage incarné de l'écriture dernière.


326

Vaguelettes proprettes

 Vaguelettes proprettes  
 menuet sur le tapis des songes  
 l'organiste plombe ses notes  
 levée de poussière  
 accumulation dentellière  
 effraction par le milieu  
 du céans de ces lieux  
 offre cliquetante  
 d'un moment de doute  
 assis sur le banc de pierre  
 en retrait du bras de mer.  

 J'hésite et je prie  
 que d'hybride manière  
 nous conjuguions  
 l'emploi des mots  
 avec le temps qui passe  
 éraflure tendre  
 offerte en dérision  
 à l'expérience bouleversante  
 piena è sciolta  
 entre chair et mousse.  


325

les ombres c’est nous

   Les ombres c'est nous  
les parents aux extrêmes
les enfants au milieu.

Et puis des taupinières
un ciel bleu blanc
una manu tesa
l'index vif
c'est par là qu'on va
senza ombra di dubbitu
si ce n'est nous
les faiseurs d'images
aux marges d'un je ne sais quoi.

Des lignes sages
des couleurs atténuées
une vigueur de gauche à droite
un alléluia
aux branches dénudées
d'une tendre journée .

Par gradations mesurées
se joignent la beauté et le zèle
de ce qui croît en lisière de vérité
de ce qui est là
en l'instant méridien.


324

gambade sage

   Écarter les fûts de la forêt     
dégager l'espace de lumière
pour limite franchie
laisser l'arbre
effacer nos mémoires.
Avancer à la tombée du jour
proche d'une nuit d'audace
en accoutumance
trouver à tâtons la nef des oraisons
s'élever en perfection.
Chargé de souvenirs
sur le rai de soleil
par un matin vibrant
compter les grains de poussière
virevoltant dans l'entre-ouvert des persiennes.

Gambade
piano didgeridoo
mélodie miel
rencontre sorcière
danse du temps révolu
farfadets et trolls
se mêlant aux senteurs océanes
file le vent
par dessus l'horizon
la pluie cloquette
animal escarboucle
baratte la nuit
d'ordres en déroute
souvent la rébellion
des choses si longtemps contenues
avance rampante
entre ajoncs et genêts
les murs s'ouvrent
file le vent
évidant l'espace
file le vent
poursuivant les bulles ensemencées
file le vent
en son élan royal
file le vent
bruissement terminal
file le vent
d'avant le grand silence.


323

Au porte à porte d’une capeline

   Elle avait mis sa capeline   
sèchement
et pris la porte.

Depuis,
silence,
commémoration en temps de crise
petite ébréchure sur la tasse
l'ampoule électrique clignote
nous sommes en fin de ligne
j'ai ouvert le tiroir à pain
me suis coupé tranche de pain
beurre et fromage
façon de faire passer la pilule.

L'horloge sonne les cinq heures
le jour ne paraîtra que dans trois heures
prendre un livre
jusqu'à ce que fatigue vienne.

La cuisinière encore chaude
dans l'ombre
sur laquelle mijote un reste de soupe
un papillon de nuit se réveille
pour se cogner à l'ampoule.

Elle avait mis sa capeline
sèchement
et pris la porte.

Sur la grande table
ses collages
sa vie de trentenaire
ses souffrances amoncelées
un regard de biche perdue
un paysage en trompe l’œil
je froisse le tout
ça réveille le chat
se dandinant vers ses croquettes.

Souvent
paraît que l'aventure
passe par la rupture
que l'on franchit sans se retourner
offert à la nuit frissonnante
du frêne animé par un souffle.

Vite,
refermer la porte
la pièce se rafraîchit
enfourner une bûche dans le foyer.

Elle avait mis sa capeline
sèchement
et pris la porte.


322