Archives de catégorie : Janvier 2023

Un beau jour

Aux tours dressées   
Au-delà des abîmes   
J'ai adressé la voix   
Qui dit ce que disent    
Les hommes de bonne foi   
Les femmes du royaume   
À contretemps des lois.      
 
Tu seras belle   
Et le réverbère sera beau   
À se prendre comme bougie d'anniversaire   
Des cloques sous les yeux   
À la merci des gens heureux   
Sur l'horizon bleu de Prusse   
Chargé de cumulo-nimbus.      
 
Tu seras beau   
Mon coco d'amour   
Toi l'éclat de prune   
Sur le verre de la fenêtre   
À écouter par la fissure   
Le murmure occipital   
Des petite tortues de l'esprit.      
 
Et nous ferons de jolis cadeaux   
Aux moineaux de la plaine   
De quelques graines éparpillées   
Sur le jeté blanc de blanc de la terre   
Pour un lâcher-prise saturé   
Des morts et doutes entassés   
Sur le cairn des humains.      
 
Et je leur tendrai la main   
Aux humains   
Juste pour que demain   
Pouvoir exorciser les noires pensées   
Clavicule brandie   
À même le goutte à goutte programmé à l'envie   
Sous le toit de l'abbaye.      
 
Pour que faire avec rigueur   
Le bien commun des terres nouvelles   
Paraître de tendresse recouvertes   
Femme de bonne maisonnée   
Homme de ferveur appliqué   
Laisser comme viatique   
La merveille du jour, le jour lui-même.      
 
 
1214

Double face

Pitrerie   
Des rires  
Dans la corbeille des mariés.      
 
Assis sous la tonnelle   
À défaire le corsage   
Ardeur enivrante des lilas.      
 
Grande Roue de fer   
Débaroulant sur la pente   
Tels biclous vers la fontaine.      
 
Le prince a deux visages   
Et même celui d'une jeune femme   
Cachée dans le bruissant de l'air.      
 
Au sortir du passé   
Oreille crochue   
L'indestructible est trop fin pour brûler.      
 
Plaît-il   
Que la grâce de l'œuvre   
Réalise l'étendue du manque.      
 
Gelé depuis des siècles   
Mon cœur est en amour   
La levée d'une chute.      
   
J'ai regardé l'Autre à travers un feuillage   
Bien m'en a pris   
De soumettre l'illisible à l'encart d'un soupir.      
 
Au vide-plein d'excès de confiance   
S'associe comme gant retourné   
Le fragile de l'essentiel.      
 
Dans la plus grande clarté   
De pleurer est chose facile   
Douceur non aboutie.      
 
Se balancent par delà l'écho   
L'éloignement des choses dites   
La captation de l'éternel.      
 
L'enfant du clair-obscur   
A placé ses dents de lait sous l'oreiller   
Au matin deux vaches de plomb.      
 
Les images à la queue leu-leu   
Sont entrées en gare   
Cendres et escarbilles portées par le vent.      
 
Mourir ou mûrir   
Place au différentiel des opportunités   
Les anges de la partie.      
 
Que la lumière vienne   
Tremper sa plume dans l'encre violette   
Equilibriste du temps venu.      
 
Des mots   
Des mots et des ratures   
Des  mots partout.      
 
Main levée entre le pouce et l'index   
Par le trou de la substance   
L'horribilis de la forme.      
 
Dans le cœur la bêche creuse   
À la voix au dessus de l'abîme   
La part absente des rêves.      
 
Parle petit rossignol   
Et me tiens le langage   
Agi et négocié de la pensée active.      
 
En retour d'un baiser noir   
Calligraphié comme un dessin   
Il faut que je te dise.      
 
Que le baiser blanc des âmes   
Rideau baissé   
Crée notes relevées sur le présent du temps.      
 
( détail d'une œuvre de Jean-Claude Guerrero )
 
1213

Luceram

À bord   
À bâbord à tribord je reconnais   
Que pour honorer cette histoire   
Avoir fait la paix avec le passé   
Les souvenirs à fond de cale   
Je ne rumine plus.      
 
Renoncer c'est se taire   
Sans que le pouvoir s'accroche   
En défaisant les manières habituelles de nous lier   
En progressant car nous n'avons pas le choix   
Sans nous attacher à une joie   
En bonheur et en tranquillité.      
 
Embrasser le plein ciel   
Hors les ailes de l'Inca   
Permet au soleil levant   
D'effacer les pensées   
En honorant les causes    
Qui les ont précédées.      
 
Une nouvelle histoire apparaît   
Quand calme et serein   
Sans soucis ni regret   
Sans attente ni jugement   
Ouvrir la porte du consentement   
À ce qui est.      
 
En imagination   
Sans être maître de ce qui arrive   
Les gens et les situations   
De vive voix   
Au circonstanciel de la vie   
Place aux modifications.      
 
Écrire au présent   
C'est déborder dans l'avenir   
Au premier jet il importe de tenir le cap   
Sans se départir des embellissements   
Ni des transformations   
Au cours de l'avancée.      
 
Les émotions sont nos émotions   
Et nous nous demandons à quel endroit du corps elles s'adressent   
Événements précis à l'appui   
En inspirant de la lumière blanche   
Pour ensuite l'envoyer au "là-du-corps-mon-être"   
À purifier.      
 
Les montagnes escarpées avec leurs bérets blancs   
Succèdent aux vallées verdoyantes   
Pour s'ouvrir aux énergies des éléments   
Terre, air, feu et eau   
Propices aux êtres vivants et aux plantes   
De la Nature, notre Source, notre Lumière, Luceram.      
 
Quelques instants suffisent   
Pour prononcer ces mots   
Au travers d'un vitrail illuminé   
Mousse douce et petites pierres posées   
Dans le silence qui nous sied   
Nous les messagers de Paix.      
 
 
1212

Ma mie

Avec elle   
J'ai gagné l'autre bord.      
 
De la traversée du désert   
J'ai banni le désuet.      
 
Sans encouragement   
J'aurai cessé de me connaître un peu.      
 
C'est par le haut-chant de la libération   
Que j'ai traduit l'impérieux appel   
Des arrivées et des départs   
Dans cette gare aux affinités feintes.      
 
J'ai refait ma vie   
Avec elle   
Selon les anciennes coutumes   
Par le mariage en restant fidèle.      
 
Le dialogue m'a rendu fécond   
Comme de reprendre langue   
Dans un processus de métamorphose   
Au pays des roses mosaïques.     
 
Renommer le matin du monde   
À neuf en complétude   
De la perception et de l'imaginaire   
M'a permis   
Vent debout jambes à mon cou   
De rouler à tombeau ouvert   
Vers le judicieux nominatif   
Afin d'aborder en tenue élégante   
Les formes et musiques   
De l'essence des choses.      
 
En surplomb   
La vision devient synthétique   
Lunettes de vue non admises   
Juste quelques rondelles de plastique fumé   
Pour me garer du soleil    
Cette luminescence absolue   
Faisant la fière sur la neige   
Aux abords infrangibles   
Où tout est blanc.      
 
La vie vécue est la vraie vie   
Ramassons par l'écriture   
Le rétrospectif et le globalisant   
De ce qui fait sang et sens   
Dans le courage des sources   
De bienfaisance et d'ombre opalescente   
À portée de la flamme des rencontres.      
 
J'ai joué aux dés    
Avec le jour et la nuit   
J'ai marié la linéarité terrestre du temps et de l'espace   
Avec l'invisible mouvement de circularité   
Sur la marelle d'une cour d'école   
Incarnant la voie du saut calculé.      
 
Il n'est pas de douceur sans douleur   
Aussi sur les épaules de ma mie   
Ai-je mis le coussinet de l'esprit   
Piste d'envol de l'aigle   
Catapulté bruyamment   
Ailes brassant l'air    
Dans l'intime du cœur   
Où fendre l'armure de la peur   
En possibilité de dépassement   
Vers le réseau organique   
Aux multiples combinaisons   
Pour forçant dans un long glatissement   
Les souterrains de la montagne   
Aller jusqu'aux confins de l'Univers.     
 
Il n'est de vie qui demeure   
Que l'accord mélodieux d'une assise   
En attente du nuage.      
 
 
1211
 

Petits instants de rien

Lave fluide   
Après morsure   
De l'ours mécanique.      
 
Adjonction caramelle   
Des rétractations de la colombe   
En bordure de sphère.      
 
Diadème démoniaque   
De l'inconstance défiée   
Au sortir de sa boite.      
 
Prise de risque   
Devant crevasse béante   
Brise d'éternité.      
 
Fréquentations étranges   
De la prophétie et du courage 
inouïes.      
 
Mystérieuse  estampille   
En convulsion   
Des excavations de l'âme.      
 
Plaque de fonte   
Posée sur le trou   
Rend le pavé glissant.      
 
Parure gémissante   
De l'occupée des lieux   
Plaine ô ma plaine.      
 
Se plaindre   
Rend le vide plein   
Châtiment intégral.      
 
À se coucher dans la paille   
Rend le paillou fragile   
Et la fourche agile.      
 
Oiseau aux plumes légères   
Jadis   
Bardé d'écailles abyssales.      
 
Fils de l'homme et de la femme   
Je mesure à chaque instant   
L'innocuité de l'événement.      
 
Disparaître   
Convoque la bienséance   
Pour un dernier bain de sang.      
 
De son manteau   
Sortaient les mots   
D'une hypothétique parodie.      
 
Et je connais je connais   
Jusqu'au dérèglement des sens   
Le porter haut de la folle enfance.        
 
Vouloir n'est pas pouvoir   
Mais à dialogue constant   
La littérature turelure.      
 
À magnifier le réel   
Les arbres se courbent   
Devant le vent du désert.      
 
En bloc et à distance   
Il faut toujours que l'ironie   
Propose son sourire.      
 
Imiter et vous serez pardonné   
Par les foutras de la chose entendue   
Cette subversion à tous les rayons.      
 
Les opinions   
Des trognons de rien   
Que le rien accapare.      
 
 
1210

Travail de lumière

Un merle   
Ce matin   
Au téléphone   
M'a appris qu'il fallait dire    
" Merci ".      
 
Bien me surpris   
Dans sa robe de lin grise   
Qu'il se soit ainsi   
Enquis de ma superbe   
En me penchant à la fenêtre.      
 
De toutes les couleurs   
Il s'est frayé chemin   
Dans la pluie et le rire   
En simplicité   
Par le secret de son cœur.      
 
Quelle folie   
Que ce fils de la nuit   
Puisse ainsi   
Présence diaprée   
S'enquérir de mes capacités d'élocution.      
 
Le haïku   
Caquetant dans la cour de l'école   
A remis une brassée de silence   
Entre les mains du voyant   
Affecté au néant.      
 
La flamme tremble   
Se couche   
Mais ne s'éteint pas   
À l'orée du sans soucis   
Petite fleur épanouie.      
 
Les langues de peinture   
N'arrivent pas   
Du bleu d'amour au rouge sang   
Troncs serrés feuillage inexistant   
À répondre à l'appel.      
 
Mes doigts ont caressé   
La respiration verte et courte   
Du frêne abondamment déployé   
Devant la maison   
À tâtons.      
 
Telle chenille   
À la raison vacillante   
Je suis tombé de l'échafaudage   
Par le vent assisté   
Du papillon de mon enfance.      
 
Sous l'arche   
Sans résistance devant la fausse parole   
Le jaune du soleil   
A recouvré sa prestance   
Hors la comédie des vitrines.      
 
Ne pas chercher à plaire   
Mains dans les poches   
Sans héritage   
Le monde a glissé au travers   
D'un trou approprié.      
 
À posteriori il fût dit   
Que nous serions quelques uns   
En veste de marbre   
Pour rallumer le mégot des souvenirs   
Travail de lumière.      
 
( œuvre de Michel Bole du Chomont )
 
1209

Ce qui s’écrit

Ce qui s'écrit ne va pas loin   
Juste une bûche de 25 centimètres   
Dans le poêle du salon.      
 
Le chat peut gratter à la fenêtre   
Elle s'ouvrira pour de bon   
Par le respect de l'animal.      
 
Les images fusent   
Comme flammèches en janvier   
Talisman des jours passés.   
 
Les mots et les choses peuvent brûler   
Le monde s'émouvoir   
Du geste mineur soumis à l'écriture.      
 
De l'encre et du songe   
L'accord dévoilé   
Du poème et de toi, le lecteur.      
 
Lancer l'idée dans l'espace   
Boomerang revenant blanc de bleu   
Du miroir le silo nourricier.      
 
À ce jour je m'accable   
Pour me plier en quatre   
Livre achevé, attendre.      
 
Mère père sœur   
Tous morts avant le vernissage   
Les épines rauques de leurs voix, égarées.      
 
Cette nuit j'ai marché sur des pavés   
Un lys à la main   
Mon corps coquillage, entre les dents.      
 
Attendre le noir   
Pour voir les étoiles   
Lumineuses bienveillantes.      
 
Le manteau de mes aïeux   
Je l'ai fréquenté   
Comme obligation impérieuse.      
 
Brefs sont les mots de l'esprit   
Aux moineaux les graines du cœur   
Et pour moi la faim, toujours la faim.      
 
À la vie à la mort   
J'ai jeté mes effets au fond du puits   
En écoutant le silence.      
 
Suis resté à quai   
Bateau parti   
Des floches de rien dans les mains.      
 
Brille encore le lilas des Bergères   
Pour fuir la ville   
Et ses ruelles malodorantes.      
 
Ventre contre ventre    
Nous avons conçu l'arc-en-ciel   
Du sel de mer, unique fraîcheur.      
 
Transparence des mille visages   
Croisés distillés fiancés   
Griffures du brasier éternel.      
 
Belle et bonne fée de ma timidité   
Extrémité de la jetée le jour   
Touffeur rapetassée la nuit.      
 
Vivre de sonorités   
Jetées à la volée dans l'opercule d'une brise   
Franchissement du mur de l'oubli.      
 
De petits bras s'agitent   
Le long du corps gracile   
De ma petite fille, irrésistible.      
 
À la bonne heure   
Il est six heures   
Aux 21 coups du siècle, le bonheur.      
 
 
1208

Un peu seul

Un peu seul   
De celle que l'on aime   
À la dérobée   
En déchiffrant les brumes   
Dont on obtient   
Fragments de souvenirs   
À force de douleurs.      
 
Déjà vu déjà entendu   
Qu'importe si le souffle est léger   
Il est des bontés   
Que le tulle caresse   
Sans invectiver traces laissées   
Par le pigment des mots   
Sur la margelle aux oiseaux.      
 
Qu'il faille de fer et de sang   
Saisir lingot de plomb   
Offre à la blessure   
Les herbes folles de l'instant   
Qu'aucun chant ne saurait cautériser   
Entre ombre et lumière   
Au dernier regard.      
 
Bougie soufflée   
Main errante disposée   
J'ai tracé sur la carte   
La route parcourue   
Sans que vaille la peine   
De veiller mourants et morts   
Aux portes du Mystère.      
 
Parfois la buée sur la vitre   
Fait ouvrage de dentellière   
En ce jour des dérobades   
À déchirer ces dernières lettres   
Insultes à nos pleurs   
Échangées une dernière fois   
Avant notre départ.      
 
Crique de l'écrit   
Par ta voix retrouvée   
J'ai cru un instant   
Parler de l'au-delà   
Pour ramener en son centre   
D'eau et de lumière baigné   
Le visage éconduit.      
 
Par delà le manque   
Il y a le cœur qui trébuche   
À force d'effleurer du doigt   
Les plumes de la huppe   
Carte blanche à donner   
En lecture des points cardinaux   
Par la ronde associés.      
 
 
1207

« F » comme firmament

Une piécette sur le bord de la table   
Trois petits tours et puis s'en vont   
Les marionnettes de Jeanne  
Puissante mère à l'affût.      
 
Faisant tinter la cuiller contre le bol   
Le matin des réveils attendus   
Je me suis dit   
Que ce devait être la dernière fois.      
 
Je n'ai pas rallumé la bougie des Offices   
Astreinte consommée   
Pour me prémunir du moment   
Où je serai seul.      
 
La tasse de café   
Cerclée de bulles fines   
Reflète la lampe de dessus   
Sur un fond noir absolu.      
 
Gorgée après gorgée   
Le niveau descend   
Accompagné de fumerolles légères   
S'échappant de la caldera.      
 
Un coup de stylo inopiné   
Inscrit une trace d'encre   
Sur la main de soutien   
D'un autre geste le silence.      
 
Un silence pas si silencieux   
Que l'horloge et le frigo   
Frictionnent  
En aval de l'impassibilité des meubles.      
 
La tranche du grille-pain    
Me fera lever de la chaise   
Pour quelques manipulations suivies   
Déposer la tartine beurrée sur le plateau.      
 
Serviette toujours pliée   
Prête à saisir de la main maîtresse   
Pour essuyer quelques tâches   
Sur le visage.         
 
Le carnet ouvert page 107   
Accueille la trace   
Des pensées de la nuit   
D'une haleine de miel et d'or.      
 
Repoussant le stylo   
Mains jointes, visage relevé   
Fermer et ouvrir les yeux   
Par petits battements réguliers.      
 
Les pieds bougent   
Crissement du cuir de la savate   
Le dessus des genoux   
Glisse contre le dessous de table.      
 
Température intégrée   
La veille se poursuit   
De gorgée en gorgée   
Le niveau du café descend.      
 
D'ailleurs ce n'est pas du café qu'il s'agit   
Plutôt de chicorée   
Afin de préserver le possible sommeil   
Du matin qui suivra.      
 
Le signet du carnet serpente   
De l'ancienne trace de brûlure   
vers l'entre-pages de l'accueil à minima   
Des gouttelettes de ferveur, les mots.      
 
Etendre les jambes   
Baîller en surplomb   
Se gratter la tête   
Argumentent un changement de posture.      
 
Du bout du doigt   
Recherche les aspérités du visage   
Friction de la paume ouverte   
Sur la barbe rêche.      
 
Mains dans les poches   
Saisir les restes d'un mouchoir en papier   
Au chaud contre le ventre   
Relâchement pendant quelques secondes.      
 
Finir le breuvage   
A peine tiède   
Le reposer sur le plateau   
Ressentir la descente du liquide jusque dans l'estomac.      
 
Croiser les doigts devant soi   
Pouce contre pouce   
Les deux ongles s'ajustant   
D'une légère pression en immobilité.      
 
Fermer les yeux   
L'horloge faisant métronome   
Revenir à l'intention d'aller se coucher   
Suite à cette promenade parfaite.      
 
 
1206
 
 

Le regard du guide

Redingote et catogan
Au vent de l’histoire
Cette façon de poser le pied
Sur la première marche
Il y avait chez lui
Cette précision du coutelier
D'affûter sa  lame
Quoi qu’il en coûte.

Ce ne fût ni beau ni laid
Rien qu’une pensée
En médiation d’esprit
Sachant jouir de sa place
N’en déplaise au veneur
Qui venant de l’occire
N’empêcha pas le plaisir de voir
Et la joie d’admirer.

 Ils ont tué Saint-Just
Comme on abat
Le cerf qui brame
A la sortie du bois
Froidement
Dans un futur qui existe déjà
Marque d’un infantilisme
Créateur des richesses trébuchantes.

Et de souffler sur les cendres
Et de traverser la forêt en feu
La mort n’atteint que la page
Non encore écrite
Sabots glissant sur la terre grasse
Récital parfait
En panoramique
Sous la gouttière du temple.

C’est comme ça Monsieur
On parle on parle
D'épreuves traversées durant l’enfance
Alors que franchir la masse d’air
Là devant nous
Nous fait placidement saisir
Les bracelets de l'errance
Aux poignets de nos songes.

Les mots teintent
La neige fond
Les années passent
Pour doucement revenir en arrière
Saisir le partage
Entre silence et écriture
Chemin de contrebandier
Dans les filets de la montagne.

Tenir bon
Tout passe et rien ne demeure
Redorer le blason de nos certitudes
N’amène que cernes sous les yeux
Restent les choses
Celles qui à bout de bras
Réduisent la profusion des incantations
Au oui inanimé d'une réelle circonstance.

La souffrance chez lui
S’exprimera par les mots écartelés
Qui finissent par donner une poésie personnelle
Au sous-cutané de l'impuissance conjoncturelle
Vestige terrestre du cycle des transformations
Menées à grand renfort d’arrogance
Du faire semblant
De l'ego saturé d’obéissance.

Il fût un temps
De navigation sur le lac de Tibériade
Où guetter dans les profondeurs
Au-delà du sillage du bateau
La chimère et le savoir-faire
Arrimés au regard noir du guide
Faisait de l’absence de l’objet aimé
La bienséance d’une Présence à venir.

 
1205