Aux tours dressées
Au-delà des abîmes
J'ai adressé la voix
Qui dit ce que disent
Les hommes de bonne foi
Les femmes du royaume
À contretemps des lois.
Tu seras belle
Et le réverbère sera beau
À se prendre comme bougie d'anniversaire
Des cloques sous les yeux
À la merci des gens heureux
Sur l'horizon bleu de Prusse
Chargé de cumulo-nimbus.
Tu seras beau
Mon coco d'amour
Toi l'éclat de prune
Sur le verre de la fenêtre
À écouter par la fissure
Le murmure occipital
Des petite tortues de l'esprit.
Et nous ferons de jolis cadeaux
Aux moineaux de la plaine
De quelques graines éparpillées
Sur le jeté blanc de blanc de la terre
Pour un lâcher-prise saturé
Des morts et doutes entassés
Sur le cairn des humains.
Et je leur tendrai la main
Aux humains
Juste pour que demain
Pouvoir exorciser les noires pensées
Clavicule brandie
À même le goutte à goutte programmé à l'envie
Sous le toit de l'abbaye.
Pour que faire avec rigueur
Le bien commun des terres nouvelles
Paraître de tendresse recouvertes
Femme de bonne maisonnée
Homme de ferveur appliqué
Laisser comme viatique
La merveille du jour, le jour lui-même.
1214
Pitrerie
Des rires
Dans la corbeille des mariés.
Assis sous la tonnelle
À défaire le corsage
Ardeur enivrante des lilas.
Grande Roue de fer
Débaroulant sur la pente
Tels biclous vers la fontaine.
Le prince a deux visages
Et même celui d'une jeune femme
Cachée dans le bruissant de l'air.
Au sortir du passé
Oreille crochue
L'indestructible est trop fin pour brûler.
Plaît-il
Que la grâce de l'œuvre
Réalise l'étendue du manque.
Gelé depuis des siècles
Mon cœur est en amour
La levée d'une chute.
J'ai regardé l'Autre à travers un feuillage
Bien m'en a pris
De soumettre l'illisible à l'encart d'un soupir.
Au vide-plein d'excès de confiance
S'associe comme gant retourné
Le fragile de l'essentiel.
Dans la plus grande clarté
De pleurer est chose facile
Douceur non aboutie.
Se balancent par delà l'écho
L'éloignement des choses dites
La captation de l'éternel.
L'enfant du clair-obscur
A placé ses dents de lait sous l'oreiller
Au matin deux vaches de plomb.
Les images à la queue leu-leu
Sont entrées en gare
Cendres et escarbilles portées par le vent.
Mourir ou mûrir
Place au différentiel des opportunités
Les anges de la partie.
Que la lumière vienne
Tremper sa plume dans l'encre violette
Equilibriste du temps venu.
Des mots
Des mots et des ratures
Des mots partout.
Main levée entre le pouce et l'index
Par le trou de la substance
L'horribilis de la forme.
Dans le cœur la bêche creuse
À la voix au dessus de l'abîme
La part absente des rêves.
Parle petit rossignol
Et me tiens le langage
Agi et négocié de la pensée active.
En retour d'un baiser noir
Calligraphié comme un dessin
Il faut que je te dise.
Que le baiser blanc des âmes
Rideau baissé
Crée notes relevées sur le présent du temps.
( détail d'une œuvre de Jean-Claude Guerrero )
1213
À bord
À bâbord à tribord je reconnais
Que pour honorer cette histoire
Avoir fait la paix avec le passé
Les souvenirs à fond de cale
Je ne rumine plus.
Renoncer c'est se taire
Sans que le pouvoir s'accroche
En défaisant les manières habituelles de nous lier
En progressant car nous n'avons pas le choix
Sans nous attacher à une joie
En bonheur et en tranquillité.
Embrasser le plein ciel
Hors les ailes de l'Inca
Permet au soleil levant
D'effacer les pensées
En honorant les causes
Qui les ont précédées.
Une nouvelle histoire apparaît
Quand calme et serein
Sans soucis ni regret
Sans attente ni jugement
Ouvrir la porte du consentement
À ce qui est.
En imagination
Sans être maître de ce qui arrive
Les gens et les situations
De vive voix
Au circonstanciel de la vie
Place aux modifications.
Écrire au présent
C'est déborder dans l'avenir
Au premier jet il importe de tenir le cap
Sans se départir des embellissements
Ni des transformations
Au cours de l'avancée.
Les émotions sont nos émotions
Et nous nous demandons à quel endroit du corps elles s'adressent
Événements précis à l'appui
En inspirant de la lumière blanche
Pour ensuite l'envoyer au "là-du-corps-mon-être"
À purifier.
Les montagnes escarpées avec leurs bérets blancs
Succèdent aux vallées verdoyantes
Pour s'ouvrir aux énergies des éléments
Terre, air, feu et eau
Propices aux êtres vivants et aux plantes
De la Nature, notre Source, notre Lumière, Luceram.
Quelques instants suffisent
Pour prononcer ces mots
Au travers d'un vitrail illuminé
Mousse douce et petites pierres posées
Dans le silence qui nous sied
Nous les messagers de Paix.
1212
Avec elle
J'ai gagné l'autre bord.
De la traversée du désert
J'ai banni le désuet.
Sans encouragement
J'aurai cessé de me connaître un peu.
C'est par le haut-chant de la libération
Que j'ai traduit l'impérieux appel
Des arrivées et des départs
Dans cette gare aux affinités feintes.
J'ai refait ma vie
Avec elle
Selon les anciennes coutumes
Par le mariage en restant fidèle.
Le dialogue m'a rendu fécond
Comme de reprendre langue
Dans un processus de métamorphose
Au pays des roses mosaïques.
Renommer le matin du monde
À neuf en complétude
De la perception et de l'imaginaire
M'a permis
Vent debout jambes à mon cou
De rouler à tombeau ouvert
Vers le judicieux nominatif
Afin d'aborder en tenue élégante
Les formes et musiques
De l'essence des choses.
En surplomb
La vision devient synthétique
Lunettes de vue non admises
Juste quelques rondelles de plastique fumé
Pour me garer du soleil
Cette luminescence absolue
Faisant la fière sur la neige
Aux abords infrangibles
Où tout est blanc.
La vie vécue est la vraie vie
Ramassons par l'écriture
Le rétrospectif et le globalisant
De ce qui fait sang et sens
Dans le courage des sources
De bienfaisance et d'ombre opalescente
À portée de la flamme des rencontres.
J'ai joué aux dés
Avec le jour et la nuit
J'ai marié la linéarité terrestre du temps et de l'espace
Avec l'invisible mouvement de circularité
Sur la marelle d'une cour d'école
Incarnant la voie du saut calculé.
Il n'est pas de douceur sans douleur
Aussi sur les épaules de ma mie
Ai-je mis le coussinet de l'esprit
Piste d'envol de l'aigle
Catapulté bruyamment
Ailes brassant l'air
Dans l'intime du cœur
Où fendre l'armure de la peur
En possibilité de dépassement
Vers le réseau organique
Aux multiples combinaisons
Pour forçant dans un long glatissement
Les souterrains de la montagne
Aller jusqu'aux confins de l'Univers.
Il n'est de vie qui demeure
Que l'accord mélodieux d'une assise
En attente du nuage.
1211
Lave fluide
Après morsure
De l'ours mécanique.
Adjonction caramelle
Des rétractations de la colombe
En bordure de sphère.
Diadème démoniaque
De l'inconstance défiée
Au sortir de sa boite.
Prise de risque
Devant crevasse béante
Brise d'éternité.
Fréquentations étranges
De la prophétie et du courage inouïes.
Mystérieuse estampille
En convulsion
Des excavations de l'âme.
Plaque de fonte
Posée sur le trou
Rend le pavé glissant.
Parure gémissante
De l'occupée des lieux
Plaine ô ma plaine.
Se plaindre
Rend le vide plein
Châtiment intégral.
À se coucher dans la paille
Rend le paillou fragile
Et la fourche agile.
Oiseau aux plumes légères
Jadis
Bardé d'écailles abyssales.
Fils de l'homme et de la femme
Je mesure à chaque instant
L'innocuité de l'événement.
Disparaître
Convoque la bienséance
Pour un dernier bain de sang.
De son manteau
Sortaient les mots
D'une hypothétique parodie.
Et je connais je connais
Jusqu'au dérèglement des sens
Le porter haut de la folle enfance.
Vouloir n'est pas pouvoir
Mais à dialogue constant
La littérature turelure.
À magnifier le réel
Les arbres se courbent
Devant le vent du désert.
En bloc et à distance
Il faut toujours que l'ironie
Propose son sourire.
Imiter et vous serez pardonné
Par les foutras de la chose entendue
Cette subversion à tous les rayons.
Les opinions
Des trognons de rien
Que le rien accapare.
1210
Un merle
Ce matin
Au téléphone
M'a appris qu'il fallait dire
" Merci ".
Bien me surpris
Dans sa robe de lin grise
Qu'il se soit ainsi
Enquis de ma superbe
En me penchant à la fenêtre.
De toutes les couleurs
Il s'est frayé chemin
Dans la pluie et le rire
En simplicité
Par le secret de son cœur.
Quelle folie
Que ce fils de la nuit
Puisse ainsi
Présence diaprée
S'enquérir de mes capacités d'élocution.
Le haïku
Caquetant dans la cour de l'école
A remis une brassée de silence
Entre les mains du voyant
Affecté au néant.
La flamme tremble
Se couche
Mais ne s'éteint pas
À l'orée du sans soucis
Petite fleur épanouie.
Les langues de peinture
N'arrivent pas
Du bleu d'amour au rouge sang
Troncs serrés feuillage inexistant
À répondre à l'appel.
Mes doigts ont caressé
La respiration verte et courte
Du frêne abondamment déployé
Devant la maison
À tâtons.
Telle chenille
À la raison vacillante
Je suis tombé de l'échafaudage
Par le vent assisté
Du papillon de mon enfance.
Sous l'arche
Sans résistance devant la fausse parole
Le jaune du soleil
A recouvré sa prestance
Hors la comédie des vitrines.
Ne pas chercher à plaire
Mains dans les poches
Sans héritage
Le monde a glissé au travers
D'un trou approprié.
À posteriori il fût dit
Que nous serions quelques uns
En veste de marbre
Pour rallumer le mégot des souvenirs
Travail de lumière.
( œuvre de Michel Bole du Chomont )
1209
Ce qui s'écrit ne va pas loin
Juste une bûche de 25 centimètres
Dans le poêle du salon.
Le chat peut gratter à la fenêtre
Elle s'ouvrira pour de bon
Par le respect de l'animal.
Les images fusent
Comme flammèches en janvier
Talisman des jours passés.
Les mots et les choses peuvent brûler
Le monde s'émouvoir
Du geste mineur soumis à l'écriture.
De l'encre et du songe
L'accord dévoilé
Du poème et de toi, le lecteur.
Lancer l'idée dans l'espace
Boomerang revenant blanc de bleu
Du miroir le silo nourricier.
À ce jour je m'accable
Pour me plier en quatre
Livre achevé, attendre.
Mère père sœur
Tous morts avant le vernissage
Les épines rauques de leurs voix, égarées.
Cette nuit j'ai marché sur des pavés
Un lys à la main
Mon corps coquillage, entre les dents.
Attendre le noir
Pour voir les étoiles
Lumineuses bienveillantes.
Le manteau de mes aïeux
Je l'ai fréquenté
Comme obligation impérieuse.
Brefs sont les mots de l'esprit
Aux moineaux les graines du cœur
Et pour moi la faim, toujours la faim.
À la vie à la mort
J'ai jeté mes effets au fond du puits
En écoutant le silence.
Suis resté à quai
Bateau parti
Des floches de rien dans les mains.
Brille encore le lilas des Bergères
Pour fuir la ville
Et ses ruelles malodorantes.
Ventre contre ventre
Nous avons conçu l'arc-en-ciel
Du sel de mer, unique fraîcheur.
Transparence des mille visages
Croisés distillés fiancés
Griffures du brasier éternel.
Belle et bonne fée de ma timidité
Extrémité de la jetée le jour
Touffeur rapetassée la nuit.
Vivre de sonorités
Jetées à la volée dans l'opercule d'une brise
Franchissement du mur de l'oubli.
De petits bras s'agitent
Le long du corps gracile
De ma petite fille, irrésistible.
À la bonne heure
Il est six heures
Aux 21 coups du siècle, le bonheur.
1208
Un peu seul
De celle que l'on aime
À la dérobée
En déchiffrant les brumes
Dont on obtient
Fragments de souvenirs
À force de douleurs.
Déjà vu déjà entendu
Qu'importe si le souffle est léger
Il est des bontés
Que le tulle caresse
Sans invectiver traces laissées
Par le pigment des mots
Sur la margelle aux oiseaux.
Qu'il faille de fer et de sang
Saisir lingot de plomb
Offre à la blessure
Les herbes folles de l'instant
Qu'aucun chant ne saurait cautériser
Entre ombre et lumière
Au dernier regard.
Bougie soufflée
Main errante disposée
J'ai tracé sur la carte
La route parcourue
Sans que vaille la peine
De veiller mourants et morts
Aux portes du Mystère.
Parfois la buée sur la vitre
Fait ouvrage de dentellière
En ce jour des dérobades
À déchirer ces dernières lettres
Insultes à nos pleurs
Échangées une dernière fois
Avant notre départ.
Crique de l'écrit
Par ta voix retrouvée
J'ai cru un instant
Parler de l'au-delà
Pour ramener en son centre
D'eau et de lumière baigné
Le visage éconduit.
Par delà le manque
Il y a le cœur qui trébuche
À force d'effleurer du doigt
Les plumes de la huppe
Carte blanche à donner
En lecture des points cardinaux
Par la ronde associés.
1207
Une piécette sur le bord de la table
Trois petits tours et puis s'en vont
Les marionnettes de Jeanne
Puissante mère à l'affût.
Faisant tinter la cuiller contre le bol
Le matin des réveils attendus
Je me suis dit
Que ce devait être la dernière fois.
Je n'ai pas rallumé la bougie des Offices
Astreinte consommée
Pour me prémunir du moment
Où je serai seul.
La tasse de café
Cerclée de bulles fines
Reflète la lampe de dessus
Sur un fond noir absolu.
Gorgée après gorgée
Le niveau descend
Accompagné de fumerolles légères
S'échappant de la caldera.
Un coup de stylo inopiné
Inscrit une trace d'encre
Sur la main de soutien
D'un autre geste le silence.
Un silence pas si silencieux
Que l'horloge et le frigo
Frictionnent
En aval de l'impassibilité des meubles.
La tranche du grille-pain
Me fera lever de la chaise
Pour quelques manipulations suivies
Déposer la tartine beurrée sur le plateau.
Serviette toujours pliée
Prête à saisir de la main maîtresse
Pour essuyer quelques tâches
Sur le visage.
Le carnet ouvert page 107
Accueille la trace
Des pensées de la nuit
D'une haleine de miel et d'or.
Repoussant le stylo
Mains jointes, visage relevé
Fermer et ouvrir les yeux
Par petits battements réguliers.
Les pieds bougent
Crissement du cuir de la savate
Le dessus des genoux
Glisse contre le dessous de table.
Température intégrée
La veille se poursuit
De gorgée en gorgée
Le niveau du café descend.
D'ailleurs ce n'est pas du café qu'il s'agit
Plutôt de chicorée
Afin de préserver le possible sommeil
Du matin qui suivra.
Le signet du carnet serpente
De l'ancienne trace de brûlure
vers l'entre-pages de l'accueil à minima
Des gouttelettes de ferveur, les mots.
Etendre les jambes
Baîller en surplomb
Se gratter la tête
Argumentent un changement de posture.
Du bout du doigt
Recherche les aspérités du visage
Friction de la paume ouverte
Sur la barbe rêche.
Mains dans les poches
Saisir les restes d'un mouchoir en papier
Au chaud contre le ventre
Relâchement pendant quelques secondes.
Finir le breuvage
A peine tiède
Le reposer sur le plateau
Ressentir la descente du liquide jusque dans l'estomac.
Croiser les doigts devant soi
Pouce contre pouce
Les deux ongles s'ajustant
D'une légère pression en immobilité.
Fermer les yeux
L'horloge faisant métronome
Revenir à l'intention d'aller se coucher
Suite à cette promenade parfaite.
1206
Redingote et catogan
Au vent de l’histoire
Cette façon de poser le pied
Sur la première marche
Il y avait chez lui
Cette précision du coutelier
D'affûter sa lame
Quoi qu’il en coûte.
Ce ne fût ni beau ni laid
Rien qu’une pensée
En médiation d’esprit
Sachant jouir de sa place
N’en déplaise au veneur
Qui venant de l’occire
N’empêcha pas le plaisir de voir
Et la joie d’admirer.
Ils ont tué Saint-Just
Comme on abat
Le cerf qui brame
A la sortie du bois
Froidement
Dans un futur qui existe déjà
Marque d’un infantilisme
Créateur des richesses trébuchantes.
Et de souffler sur les cendres
Et de traverser la forêt en feu
La mort n’atteint que la page
Non encore écrite
Sabots glissant sur la terre grasse
Récital parfait
En panoramique
Sous la gouttière du temple.
C’est comme ça Monsieur
On parle on parle
D'épreuves traversées durant l’enfance
Alors que franchir la masse d’air
Là devant nous
Nous fait placidement saisir
Les bracelets de l'errance
Aux poignets de nos songes.
Les mots teintent
La neige fond
Les années passent
Pour doucement revenir en arrière
Saisir le partage
Entre silence et écritureChemin de contrebandier
Dans les filets de la montagne.
Tenir bon
Tout passe et rien ne demeure
Redorer le blason de nos certitudes
N’amène que cernes sous les yeux
Restent les choses
Celles qui à bout de bras
Réduisent la profusion des incantations
Au oui inanimé d'une réelle circonstance.
La souffrance chez lui
S’exprimera par les mots écartelés
Qui finissent par donner une poésie personnelle
Au sous-cutané de l'impuissance conjoncturelle
Vestige terrestre du cycle des transformations
Menées à grand renfort d’arrogance
Du faire semblant
De l'ego saturé d’obéissance.
Il fût un tempsDe navigation sur le lac de Tibériade
Où guetter dans les profondeurs
Au-delà du sillage du bateau
La chimère et le savoir-faire
Arrimés au regard noir du guide
Faisait de l’absence de l’objet aimé
La bienséance d’une Présence à venir.
1205