Archives de catégorie : Avril 2023

Le Oui de la Voie

Soudain tu apparus   
De tulle vêtue   
Au milieu de tout   
Du parfum des couleurs   
Un jour de rien   
Comme ça   
En paradis.      
 
Chantante offrande   
Permise   
Tel le cri de l'alouette   
Sur la planèze   
Aux roches dispersées   
En mémoire    
De nos génuflexions.      
 
Charnelle montée   
Qui nous tenaillait les entrailles   
De chair brûlée   
Autour du feu de Lacombe   
À compacter les cendres   
Comme semences   
Offertes sans retour.      
 
Du sang et des larmes   
Filantes étoiles   
Écarquillant leurs yeux   
En reflet de l'enfance   
Sur le caillou des ans   
À déplier savamment   
La terre immémoriale.      
 
À l'autre   
Dire que le frêne est toujours là   
Contre la murette   
Et que nous l'abandonnerons   
Une nuit de plein vent   
Aux rafales de pluie   
Cisaillantes morsures.      
 
Et le fruit chu   
Guignolant d'une roucoulade   
L'implosion sur le flanc du géant   
Aux fleurs dispersées   
Sur le parterre sacré   
De narcisses serrés   
En l'échos du diamant de l'instant.      
 
Tu es là   
Agitant tes oreilles   
Museau mouillé   
Lune égarée   
À la face de biche   
Assemblant le chiffre des amants   
Sur le tamis des errances.      
 
Amère mère   
Des oiseaux en partance   
Au furtif d'un regard jeté   
Pavés hurlant de Moiteur   
Contre la charrette   
Tirée de concert   
Par Parise et Mareuille.      
 
Pour qu'un jour    
Contigu à quelques mots justes   
Parodier le trait de lumière   
Devant la fenêtre   
Assise vestibulaire   
En l'an de grâce laissé vacant   
Par le livre ouvert.      
 
Se justifier   
Que le Puy-de-Dôme   
Est toujours en place   
Pour que désirs vaincus   
Pouvoir renaître  
Entre douceur et silence   
Yeux mi-clos lèvres ouvertes.      
 
À ne retenir    
Que le bruit des pneus pluie   
En descente du col   
Et que marcher sur le bas-côté   
Frissons à venir   
Corroborerait   
Le Voici d'un cœur à venir.   
 
Accueil écarlate du matin rosissant   
À quérir   
Pattes fraîches   
Gouttes de rosée incarnées   
Où se reconnaître   
En gloire   
Dans le Oui de la Voie.      
 
1269

Nous nous tenons

Nous nous tenons   
Les mains dessus dessous   
Dans le grand froid   
À l'orée du bois   
Par le vent arrimés   
De l'en-delà   
Promesse ultime.      
 
Puis rien   
Rien du tout   
Ou rien de rien   
À la minute   
S'offrant à minima   
Le vaste ciel en ses nuages   
Progressant vers l'est.      
 
Commencer   
Puis se consumer   
En pleine saison   
Face aux vautours   
De l'ordre du monde   
Sur le palier   
De la maison ronde.      
 
Tendresse   
Du rien sentir   
Ni gelures ni brûlures   
Juste un léger frisson   
À cheval sur l'herbe virginale   
Qu'on eut cru   
Rendez-vous de l'absolu.      
 
Né pour de bon   
Farandole sans fin   
Sous les lucioles de la guinguette   
Me suis cru pauvre d'esprit   
Contre la joue de ma mie   
En appel de la source   
À midi, immaculé.      
 
La feuille s'est enfuie   
De la branche à l'unisson   
Du chant de l'oiseau   
Portant haut   
La frondaison   
La feuille s'est enfouie   
Sous l'aile de l'esprit.      
 
Mémoire de tulipes   
Dans les lilas   
À double vue   
Lovés sous la tonnelle   
Se sont montrés digne   
D'une dégustation   
De l'aube ma tendresse.      
 
Croque toujours   
La croûte avant la mie   
Pour étoiles en dotation   
Sentir le vide vous passer dessus   
En grande compagnie   
Aux confins du désir   
À la pointe de l'âme.      
 
Tu es là   
Au milieu du pré   
Et ne puis retenir mes larmes   
Enfant du signe   
Accablement muet   
Fendant la tour dernière   
Du grand rassemblement.      
 
Soudain   
Tu me pris à la gorge   
Pour me secouer   
Comme un prunier   
Dégorgeant à perdre haleine   
Une senteur de sang   
À petits jets de douceur.      
 
Ne dis que ce qui est   
Comme chien battu aux grandes oreilles   
Un cri   
À la fleur éclose   
Une nuit d'avril   
Alors qu'en vain   
Le jour prenait la pause.      
 
Que chante l'oiseau de nuit   
Les ombres   
Parmi les érables   
Ultime couronnement   
De notre marche vers la lumière   
Avènement renouvelé   
Du solstice d'été.      
 
( Encre de Pascale Gérard )
 
1267

La marche du jour

Pousser plus avant   
La marche du jour   
Jusqu'à la nuit   
Pour que la nuit engendre le jour   
Genre nouveau   
D'entre les eaux   
De la constance à être là   
À l'ombre du rien   
Quand descend du lendemain   
L'ombre et la lumière.      
 
De l'avenir   
Un zeste de citron   
Sur le rebord du verre   
Comme on passe la main   
Devant témoin   
Chantant dernier refrain   
Sous la glycine   
Le tien du mien   
D'une complainte.      
 
Virevolte extrême   
Devant le joug des épreuves   
Venant à étayer   
La palissade   
Des manques et désirs   
D'un passé de pacotille   
Ouvrant à cœur perdu   
La baliverne des outrances
En fond de cour   
Guenilles séchant aux fenêtres.     

( Dessin de Sylvain Gérard ) 
 
1267

Le corps apparut

De plumes et de poils   
Le corps apparut   
Par ses syllabes   
Contenu   
Au gré des morsures   
Que je donnai et reçus      
Moi, du passé pas très simple   
Au futur d'avant la finition.      
 
Marie reposa la tasse de verveine   
Saccadée en ses mouvements   
Au rythme du jour qui venait.      
 
Elle ennivrait l'espace   
D'un mouvement gracieux   
À qui perd gagne   
Une tâche de couleur   
Sur son jean rapiécé.      
 
Assis   
En rond   
Debout    
Couchés   
Nous étions là   
De mèche avec la vie.      
 
1266.


Je vis en France

Je vis en France en 2023   
dans une société qui s'engage dans une crise majeure   
une société parmi les plus prospères de notre petite planète.      
 
C'est dès le plus jeune âge que nous constituons notre capital de longévité   
par :
l'alimentation   
l'exercice   
l'hygiène de vie   
l'estime de soi   
la relation aux autres.      
 
Ne pas céder à l'autosatisfaction   
la chance que nous avons de vivre vieux est à protéger   
nombre de personnes ne profitent pas assez de leur "vie en plus".      
 
La longévité   
une donnée incontournable pour l'humanité   
avec ses enjeux économiques, politiques, sociaux.      
 
La longévité renvoie à la question de sa propre mort   
"Qui décidera ? Qui le fera ... d'arrêter la vie."      
 
Stop ! Je ne veux plus qu'on me prolonge   
et pour cela cette décision ne peut qu'avoir été mûrie   
elle doit provenir d'une réflexion   
d'avoir construit sa vie en pleine lucidité   
de l'aboutissement inévitable de la détermination d'arrêter.      
 
Le suicide raisonnable est-il un ultime destin   
peut-on préférer de s'arrêter avant que ça ne devienne pénible   
alors que je suis en bonne santé et lucide ?         
 
C'est au sein de la famille et de l'école   
qu'on doit proposer la gestion de son corps   
de gérer sa vie dans la durée.      
 
Considérer sa vie comme une œuvre à réaliser   
une œuvre unique et originale, une création personnelle.      
 
Les bombes qui nous menacent :   
     -  La "bombe de l'argent" générée par les 25-58 ans   
mais dépensée par les 0-25 ans et les 58-100 ans.     
     -  La bombe du pouvoir qui appartient aux gens qui ont du temps - les fonctionnaires, les retraités - et qui va pressurer la classe active.      
 
Le "mal être existentiel" est marqué par :   
     -  La consommation de tranquillisants et d'alcool   
     -  La conduite auto agressive   
     -  L'obsession des animaux de compagnie.      
 
La crise du futur est l'inadéquation   
     -  Entre la vie d'aujourd'hui   
     -  Et la planification d'un avenir perçu comme inquiétant   
qui sur les plans scientifique et technique fait peur à beaucoup.      
 
Le renversement des valeurs de gauche et de droite   
     -  La gauche défend des valeurs conservatrices, la défense des droits acquis   
et attaque le libéralisme.
     -  La droite qui représente l'initiative individuelle, la liberté individuelle,   
la mise en compétition de chacun pour déterminer son destin   
et assumer ses responsabilités.      
 
La crise majeure se profile   
Allons-nous dans le mur ?   
Ne va-t-elle pas au contraire de revoir le travail   
comme travail mortifère   
afin d'éviter de sombrer dans un gouffre moral insondable.      
 
Existe-t-il des ressorts invisibles   
de survie et de développement fondés sur des valeurs implicites   
telles que : 
     -  "Construis-toi par rapport aux autres"   
     -  "Donne plutôt que de prendre"   
     -  "Pense à l'après".      
 
Concilier deux principes :   
     -  Profiter de ce que la vie nous donne   
et cultiver l'initiative personnelle - pouvoir, conquête, innovation.   
     -  Accepter une redistribution généreuse et altruiste des avoirs et des biens   
pour l'existence de l'humanité.      
 
Dans l'histoire   
Les vraies transformations de la société ne sont que   
les résultats des changements individuels.      
 
Aujourd'hui des événements viennent assombrir l'avenir :   
     -  Les guerres - en Ukraine, la tension sino-américaine   
     -  La gestion des ressources fossiles   
     -  Le changement climatique   
     -  Les mouvements de population à venir   
     -  La démographie mondiale   
     -  Le choc des valeurs   
     -  La fragilité des échanges commerciaux, économiques, financiers.      
 
Se rappeler qu'il y a deux réalités   
avec lesquelles nous construisons notre société :   
La vie et la mort.      
 
Alors acceptons que nous sommes mortels   
et que nous devons travailler   
sous l'égide de la double réalité :   
     -  Que nous devons compter sur soi   
     -  Sachant que nous ne nous en sortirons pas tout seul.      
 
1265

À petites gorgées boire sans partage

À petites gorgées   
Boire sans partage   
Des jours et des semaines   
Comme bavardages   
En plein jour.      
 
Au plus chaud de la nuit   
En marchant   
Se faire peur   
Avec l'ombre d'un buisson   
Le grand méchant loup.       
 
Devant le monde muet   
À la source   
Où repose lanterne éteinte   
L'homme-souvenance   
Mon âme éclose.      
 
Engourdi   
À parler clair   
Ce langage intime   
Oser le merci   
Lui l'adorateur du Souffle.      
 
Sous l'aiguillon du Don   
Éteindre la parole péremptoire   
À croire que le travail opère   
En ces temps d'imminence   
Où passer inaperçu.      
 
À d'autres endroits du texte   
Figuraient les ossements de l'outrance   
Le paquet de chips   
La boîte de soda   
L'organiste avait levé le camp.      
 
Il est apparu   
Il a jeté le bois du coudrier   
Pour mitonner une longue histoire   
Toute entière contenue   
Dans les yeux de l'aveugle-né.      
 
N'effacer pas l'écriture   
Filons droit sur le chemin   
Pour toujours les graines voler   
Errance dans le vent   
De la patience.      
 
Soulever la main   
Du front du vieil homme   
Augure conclusion   
Pour éviter la porte étroite   
Du jardin de l'esquive.      
 
Regardons   
Sans courir au devant d'elles   
Les poubelles de l'esprit   
Promptes à l'entrechocs   
Se faire trace mnésique.      
 
Plus beau   
Plus loin encore que le destin   
Figure l'entrelacs   
Des voix de l'autre rive   
Sans que le ciel s'obscurcisse.      
 
Et quelqu'un de se pencher   
Troublé de se fier à soi   
Le simple soi d'un cœur fier   
À mesure de se connaître   
Vasque des mots qui passent.      
 
1264

Le forban de nos cœurs

ll fût il sera   
La beauté d'une image   
Dans le missel de communion   
Une page à embrasser   
Quant les grands narcisses    
Pousseront sur son sépultre.      
 
Autour de soi   
Le vibrato d'un amour   
Tourne tourne   
En connaissance de soi   
En connaissance de soi dans l'autre   
Dans ce mouvement qui nous fait jaillir.      
 
Et là il y eut naissance   
Naissance du monde en nous   
Naissance de nous dans les autres   
Naissance des autres en nous   
Vers l'Être nouveau   
Là où devenir libre.      
 
Dans la lumière du don   
Là est la liberté   
En décollation de soi   
En devenant transparent   
Dans l'autre et pour lui   
Là où l'œuvre du poète est offrande.       
 
Noble oscillation que la notre   
Entre l'attrait et l'aimantation   
Qui nous sollicite et nous aspire   
Et l'attrait de la pesanteur   
De notre moi   
Qui ne veut pas lâcher prise.      
 
Et quant l'éclair nous surprend   
Au sortir de la nuit de l'âme   
Quant l'aube se prémunie   
Nous sommes Soleil   
Ouvrant les volets de la maison   
Pour humer le silence.      
 
Ce n'est pas grave   
S'il ne reste qu'un gant   
Pour allumette unique   
À craquer sur l'absolu de l'intime   
Percevoir la lumière blonde   
De la gerbe de la Saint Jean.      
 
Un seul gant   
Pour deux mains   
Pour serrer l'univers contre son cœur   
Sera le chant de l'alouette   
L'offre de sa chair   
Sur la terre promise.      
 
Trop de choses à entendre   
À regarder à contempler   
De l'aurore au crépuscule   
Amène le chercheur en terrasse   
Au contact de sa disponibilité   
À être Présence sans attente.      
 
Ne perdons pas notre temps   
Le silence de ces paroles    
Ne nuit pas au silence de l'Être   
De porter remède au visage fermé   
De l'ami qui va de son côté   
À cent pas du cerf volant de l'altérité.      
 
Pas trop mal   
Cet effet   
Du lancer de balle   
Contre le mur   
La chistera rapetassée   
Faisant œuvre de salut public.       
 
Nous irons ensemble   
Par les chambres désertes   
Guerres finies   
Exiger le ratio   
De la Vie de sa Vie   
Pour aimer le forban de nos cœurs.      
 
1263

Au travail camarades !

À distance   
Se faire plaisir   
Et que ça marche pour de vrai   
Cette armure de surhomme   
Dont je ne puis me passer.      
 
Extraire l'énergie de l'environnement   
Figer notre corps   
Dans la posture de la prédation   
Pour donner pain et eau   
À l'inconditionnel du système.      
 
Ça barzingue de partout   
Cet accoutrement de métal et de bois   
De cuir et de plastique   
À être de ce monde   
Atteler aux trémies.      
 
Tout se tient tout se fait   
Dans l'imbroglio des échanges   
Même les chaussettes proviennent de ci de là   
Pour que le marché prospère    
Sur un air de valse musette.      
 
Le verre l'alu le titane et les terres rares   
Engrangent les bénéfices des nouvelles technologies   
Récital hurlant sur la nef des fous   
À mettre le rationnel en dentelles   
Pour le bien des contrefaçons.      
 
Ta puissance est grande   
Tu crées et tu danses   
Du coffrage au moulage   
Sur le ventre de Terre-Mère   
Pour le bien de l'humanité.      
 
Balivernes que cela   
Engendrement des chimères   
Ouverture de béances   
Les lèvres de la mer se régalent   
Les plaques tectoniques craquent.      
 
La dernière charrette passera   
Du bleu de l'ouvrier au mufle du patron   
À brinqueballer   
Jusqu'à l'épuisement des cheminées de fée   
Dans la vallée des Saints.      
 
À coups d'engins de défonçage   
Vingt quatre heures sur vingt quatre   
Sous la coupe des trompes de brume   
Amenant les travailleurs de la lune   
À travailler pour la thune.      
 
Dans le tunnel de la vie   
Y'a des poussins des coqs et des poules   
Tout partout dans la prairie des amours   
Fleurissent mille fleurs et bons mots   
Pour se dire qu'il y a autre chose à faire.      
 
Queue de comète apporte quoi se mettre   
Du berceau au cimetière   
Défileront parades et flonflons   
Avant de garer sous le matelas   
Quelques doublezons pour les poupons.      
 
Pluie vent et mât de misaine à l'ouvrage   
Les camarades des champs les camarades des villes   
Auront pour messe funèbre   
Un tour de piste chez Gégène   
Au grand dam de Notre-Dame.      
 
1262

Prière du Silène

Silène épanoui   
Assis contre le mur de sa vigne  
Murmurait quelques comptines   
Apprises dans l'enfance.      
 
Plus de hasard   
Plus de bouche à bouche avec la réalité   
Son endurcissement était conditionné   
À ce qui se fait de beau   
Le dos tourné.      
 
Et de renchérir   
Dans la Comté   
Que le grain est plus gros cette année   
Et que là où règne la loi   
Nous pourrons jouer le rôle   
Du dépassement du visible   
Pour nous ouvrir à nos prolongements.      
 
L'Emprise était considérable   
Les choses sérieuses devaient commencer   
Dès valise à bout de bras   
Se diriger vers la sortie.      
 
Là, pas un cri   
Juste les recommandations de l'assistance   
Ce mirador des choses promises   
Qu'à tout bout de champ   
Nous ramenait à table.      
 
Et de frapper du poing   
Devant l'assertion   
Que le hasard n'existe pas   
Qu'à nouveau la souffrance nous fige   
Que les coïncidences nous défient   
En nous gratifiant de combinaisons improbables.      
 
Obstacles que tout ça   
Notre emplacement est inscrit   
Sur la grille de départ du nouveau parcours.      
 
Perdre   
J'ai refusé de vivre   
Pour n'avoir pas à refaire   
Le désapprendre de la routine du mal.      
 
Maman   
Dis-moi que la terre est un lieu d'épreuves   
Et que mourir pas trop vieux   
Permet au diapason du temps   
De passer à la suite.      
 
Au bas de l'échelle   
J'espère encore ton soutien   
Mais que notre empreinte terrestre est lourde   
Que l'ascension se fait sans repère   
Que la pensée   
Etant identique à ce que je fus   
L'astre de ma révolution   
Tourne à l'envers de sa vie   
Que mon orbite est belle   
Et seule.      
 
N'y pouvant mais   
Je recueille   
Et j'adhère à l'âme des lisières   
De la Lumière   
À cette re-visitation de notre vie   
Acceptée ou refusée   
Qui fondera notre enfer ou notre paradis.      
 
Les pénalités seront lourdes   
Pour ceux qui atteignent des records de longévité   
Et qu'à trop soigner son Entrée   
On écope à n'en plus finir   
Le trop plein des émotions vécues.      
 
Et de décider d'évoluer   
Dans le sens de la croissance   
Et de la montée   
Léger   
Toute soif de satiété effacée   
À éprouver   
L'éblouissement spiralé    
De l'ascension   
Cette descente en nous-même.      
 
1261

Souvenirs . 1

Rares coulent et roulent   
Les souvenirs   
En leur grésillement d'ondes courtes   
Jusqu'à l'aride   
De leur accomplissement.      
 
Du bout du nez   
À la pointe du pied   
Les souvenirs   
Tels démons et farfadets   
Tenaient ripaille le long des chemins de traverse.      
 
Ne chantent plus   
Les souvenirs   
Dès soleil couchant   
Fantômes éconduits   
De la fête chez Meaulnes.      
 
La saillie ne les fait plus sourire   
Les souvenirs   
Le vent sur la Lande   
À pousser du bâton les vaches du troupeau   
De cornes et cloches énergétisées.       
 
Déroulent la Beauté des jours heureux   
Les galoches raclant la poussière   
Sur le chemin de Laroussière   
Les souvenirs   
Aux yeux bleus des trois sœurs.      
 
D'une aile l'autre   
Sans peur et sans regret   
Les souvenirs   
Caressent du bout des doigts   
La chair odeur de foin.      
 
Le frêne    
D'un saute de vent soudaine   
Balaie la cour aux bouses fraîches   
Des souvenirs   
En sortie de l'écurie.      
 
Sortir le livre de la musette   
Amusait le garçon   
Des souvenirs   
Merveilleux breuvage du calice offert   
À qui le temps ne comptait pas.       
 
Table mise rallonge tirée   
Banc et chaises glissés   
Les souvenirs   
Aux genoux pliés   
Avaient le bois pour complice.      
 
Le lit ne chômait pas   
La nuit aux feuilles de bouleau   
Bruissait à la demande   
Des souvenirs   
Le doux reflet d'une lune galante.      
 
Nous étions tous les deux   
À se montrer du doigt   
La chouette sur l'armoire   
Souvenir d'un silence infini   
Que le sommeil finit par recouvrir.      
 
Et que me voilà seul à présent   
À dévaler dans l'air glacé   
Des souvenirs   
La pente de l'Aspavoune   
L'œillet de poète aux lèvres à demeure.      
 
1260