Archives de catégorie : Juillet 2022

Tomate et papillon

Papillon et Tomate   
enragent de s'apercevoir   
dans le ciboire des enfants de Jésus   
capables coupables   
de la coulpe à frapper.
 
Flouer la quête et le désir   
d'un fibule malentendante   
gratte notre vulnérabilité   
aux quatre coins du monde   
jusqu'à nettoyer notre "étant".       
 
Nouer le visible et l'invisible   
amènent torsions   
du sec et du cru mêlés   
pour l'endimanchement du scandale   
devant le porte à porte de la conscience.     
 
Frapper et on vous ouvrira   
cocher la case et on vous appellera   
atteindre la limite   
sur les doigts de la main   
gypse du lendemain.      
 
Se scandaliser un peu beaucoup   
amène le chapeau au bord de l'eau   
la cafetière aux bords des larmes   
à verser le contenu   
dans le trop tenant.    
 
Mettant chemise   
à l'écart des ombrelles   
me suis fait fort   
de combler les fosses communes   
à grands coups de bêche parnassienne.      
 
Fermer les yeux n'est pas jouer   
de la flûte   
en incapacité d'émette le moindre son   
mais rajoute à la romance   
tout ce que cela arrange.      
 
Et glisse l'innocence    
des papilles à papa   
le papillon à trompe redondante  
de l'omertiste conflictualiste   
sur le toboggan du vent.     
 
Se serrer les uns contre les autres   
apporte vigueur   
par temps de silence    
alors que se lèvent à l'horizon   
fétichisme et déréliction.      
 
 
1093

Liberté pas très chérie

Se départir de notre liberté  
n'augure rien de bon   
en franchissant le gué   
quand coule pour de bon   
le torrent des idées sombres.      
 
Comprendre les lois   
est stagnation des brindilles   
dans un méandre de l'eau vive   
faisant force personnelle   
du déclin de la Raison.     
 
Agissons   
par vertu de l'utile   
à dos sur la vouivre des sollicitudes   
incapable de maugréer   
devant l'apparition de la pile du pont.         
 
Se fracasser   
est enchaînement doux   
pour l'athlète des passions   
virant au rouge   
devant l'impuissance à changer de vitesse.      
 
Le salut passe par la remise en ordre   
des causes de l'élan   
ce magique trois sauts deux pas   
de l'homme des bois   
qui descend de l'arbre Roi.      
 
Sans vice et sans reproche   
évitant tout poison   
somme passés de l'impuissance à la puissance   
de la tristesse à la joie   
de la servitude à la liberté.     
 
Dieu comme substance première   
est pierre d'achoppement    
de ce qui n'est pas   
déterminé par les effets   
de l'exercice de la liberté individuelle.      
 
Alors rien   
ne pourra nous joindre   
dans les intercalaires du dossier   
quitte à se laisser guider   
par le péril extrême.      
 
( œuvre de Frédérique Lemarchand )
 
1092

Le pape des papillons

Le pape des papillons   
à la main de rêve   
d'une piste d'envol   
aux pintes échangées   
faisait droit d'un retour de balade.      
 
Il fût donné   
d'accueillir l'amitié   
des choses partagées
en plein jour   
sur la pelouse d'altitude.      
 
Marelle associée   
à la joie des enfants   
sautant de la Terre au Ciel   
comptage des jours heureux   
investis à merci.      
 
Du soleil sur le bras   
à farfouiller d'humour   
l'éloquence et le sourire   
d'un sacerdoce brillant de perles fines   
dans la constellation du dire.      
 
Y penser, moins   
y revenir, toujours   
de l'Ombre à la Lumière   
le sucre imbibé de la liqueur de grand'mère   
sans que gorge vous serre.      
 
Monter sur la montagne   
augure rencontre simple   
du sommet cristallin   
avec la pensée fine   
masque arraché par grand vent.     
 
Invitation   
des larmes dans les yeux   
sur le banc de bois   
à l'absolue Vision   
d'un quotidien sien.      
 
Désirable   
sans épuiser la nappe phréatique   
l'âme se remit droite   
pour traversant la coursive du Château   
porter missive de Haute Valeur.      
 
1091

Le mélèze

Les picots de pignoles   
à la volée  
contre les reins du destin   
enfonçaient leurs tentacules   
dans le sol dur de l'alpage.     
 
Il y avait de l'orage   
et la houppe des futaies   
était vibrante d'anges   
cherchant refuge   
dans les fissures de la roche.       
 
Dresse toi
l'arbre mélèze
aux crudités fraîches
à l'encontre du passage des énergies libérées   
et draine le pas des dryades.      
 
De l'Ombre en Lumière   
le luxe étreint le mystique   
pour chanter mélopée   
de l'engeance bien-aimée   
des chevaliers d'Avalon.      
 
Épris du suc mystérieux   
des emblèmes du lieu   
il ferma besace pour ficher le camp   
poudre d'escampette
avec traîne de poussière attenante.      
 
Soyons la voûte ombreuse   
pour rencontre des exclus du partage   
ficher le coutre des urgences   
en sol   
contre la pierre à la source ligneuse.      
 
Plage d'un ciel fuligineux   
chargé des fumées de l'incendie      
de l'enfant au vieillard   
caressons l'ambage des jours à venir   
d'une main calleuse retrouvée.      
 
Longue attente   
le chuchotement protège la connaissance   
d'une récompense l'autre   
aux outres du vent   
s'ouvre l'ultime transformation.        
 
1090

Le monstre

Associant LGBT et énergies nouvelles   
il occulta la table oblique   
des occasions manquées    
pour d'une main glacée   
tordre le cou de l'oie blanche.      
 
Point de chiures de mouche sur le veston   
le blond de ses cheveux   
narguait un soleil boréal   
avec dans l'entre-cuisses de son cuir   
la pomme d'argent des missiles.      
 
Filant droit vers l'enfer   
il entra dans les cinquantièmes rugissants   
en conjuguant le couteau   
de la fin du langage   
au parlêtre de la déraison.      
 
Tout cela se perpétuait   
dans les geôles du stalag   
où les yeux des malheureux    
frissonnants d'effroi   
disparaissaient dans les eaux arctiques.     
   
Militants de l'amour libre   
casse-noisettes des écureuils de l'aube   
ensemenceurs de champs de fleurs   
à la corne du navire   
il y aura toujours Samothrace.      
 
Le monde basculait   
il n'était plus question de régler les horloges   
les fuseaux horaires noués par l'artillerie    
inauguraient les hautes révoltes   
d'un ciel couchant les blés brûlés.        
 
Craquant l'allumette   
sur l'enclume des afflictions   
le marteau et la faucille battaient monnaie   
à l'aune des bouleaux   
défoliés par le souffle.      
 
Du torrent   
le monstre jaillit   
de ses yeux éteints      
pour fracasser le bougé de la Vie   
par la ruade de l'imposteur.       
 
 
 
1089

En mangeant des glaces

Elles se sont demandé   
si on parlerait d'elles   
glaces finies   
à la sortie des salles claires.      
 
Elles en ont racheté deux autres   
pour être sûres de ne pas en manquer   
sous le couvert de l'altérité   
en maîtrisant leurs langues.      
 
Pour   
retourner au village de toile   
ouvrir leurs droits à écouter les bruits   
de la cité des insectes.     
 
Traverser la rue    
aurait été un jeu d'enfants   
si statuant de la situation   
avoir préféré l'inconfort à l'immobilité.      
 
Habituées des présences spirituelles   
elles écoutèrent le tambour   
jusque tard dans la nuit   
à le confondre avec les sanitaires.      
 
Jetant leurs identités   
sur le trottoir désert   
elles eurent visions   
de l'enfer et du dérèglement climatique.      
 
Sans un sourire   
elles déposèrent leurs restes   
contre les parois de la hutte   
à la merci des crabes de la forêt.      
 
Et pour terminer cette histoire   
elles refermèrent l'amulette   
contenant la cendre des ancêtres   
en dédoublement de leurs rêves.      
 
1088

Je me souviens

Je me souviens   
du temps qu'il fallait   
pour aller de la gare à la maison.      
 
Je me souviens   
de la Lande que je traversais   
jusqu'à la cabane.      
 
Je me souviens   
du trajet en vélo   
pour retrouver celle qui n'était pas là.      
 
Je me souviens   
d'avoir arrêté le ballon   
en plongeant sur la gauche.      
 
Je me souviens   
du souffle du train des mines   
au passage à niveau.      
 
Je me souviens   
des coulures de la buée   
sur les carreaux de la cuisine.   
 
Je me souviens   
de la disparition de mes capsules   
dans le tiroir du bureau.      
 
Je me souviens   
de la femme sans tête   
dans l'ouverture troglodyte.      
 
Je me souviens   
de la mini cuisinière   
que monsieur Charles avait descendu dans la cour.      
 
Je me souviens    
de grand père, d'un petit enfant et d'un neveu   
qui s'appelaient Victor.      
 
Je me souviens   
d'un pique nique sous les mélèzes   
avec les amis.      
 
Je me souviens   
d'avoir pris l'autocar   
avec les enfants de l'école.      
 
Je me souviens   
des cheveux et des ongles qui poussaient vite   
en hommage à la vie.      
 
Je me souviens   
d'avoir fouillé dans mes souvenirs   
par petits coups, à petits bruits, sans hâte.      
 
Je me souviens   
de rien   
quand il s'est agi de mourir.      
 
Je me souviens   
du roi des Aulnes   
dont on faisait grand cas.      
 
je me souviens   
d'avoir grandi   
à la va comme j'te pousse.      
 
je me souviens   
d'avoir grimpé trois étages d'escaliers raides   
pour embrasser le monde.      
 
Je me souviens   
d'avoir été un méchant loup  
dans mes bifurcations.      
 
je me souviens    
d'être né   
sans y penser.      
 
Je me souviens   
de la disparition des êtres chers   
comme une page que le vent tourne.      
 
je me souviens   
des nuits sans sommeil   
où tout resurgit.      
 
Je me souviens   
d'avoir erré   
avant d'entrer dans ma maison.      
 
Je me souviens    
d'être là
pour peu que le temps s'arrête.      
 
Je me souviens   
d'avoir parlé   
juste quand c'était nécessaire.      
 
Je me souviens   
de m'être penché à la fenêtre   
pour qu'Il me voit.      
 
je me souviens    
d'un feu d'artifice bruyant   
à l'assaut d'un ciel noir.     
 
Je me souviens   
d'avoir rêvé de toi   
bien après que tu sois disparu.      
 
je me souviens   
d'avoir conduit à tombeau ouvert   
avant que le couvercle se referme.      
 
Je me souviens   
des migraines à répétition   
comme pierres jetées au fond d'un puits.      
 
Je me souviens   
des chansons   
caresses du passé.      
 
Je me souviens   
d'être parti   
sans bruit.      
 
 
1087

Voyage amniotique

Voyage amniotique   
par la ruelle étroite   
pérégrination des émotions   
en contact avec la Terre Mère   
là où accoucher   
dans le vêtement des vivants revenus   
le ventre plein   
des souvenirs étreints   
en bordure du chemin   
d'anémones pulsatiles recouvert   
sans valeur stratégique   
à portée du vortex   
fond cosmique constitué   
en lumière blanche   
gratifiant de scènes célestes   
ne serait-ce que pendant quelques secondes   
l'accordage des sombres frondaisons.     
 
1086

La Désirade

Je suis mort  
et né   
de toi   
trappe des énergies souterraines   
soulevée   
vers la lumière blanche   
pour faire face avec l'Autre   
préciser le voyage vers soi   
au temps des feuilles d'automne   
en reflet sidéral   
du permis de tuer   
quiconque résisterait   
à cette pulsion première   
la Désirade   
ceinte des échos de la nuit   
ceinte du chant de l'Univers   
approchée   
hors sens   
au pré carré des courtisans   
à se faire voir du Souverain   
de l'Unique   
empreints de cette félicité   
que nous avions imaginé   
affectée d'une errance éternelle   
à mener la séparation   
d'avec les tourments violents   
de l'édifice mémoriel   
au passage de l'Appel   
où bloqués sur le roc ultime   
mêler le sang des endeuillés   
hors des tergiversations   
pour jeter    
loin très loin   
vers l'horizon de la Grande Entrée   
l'émotion cachée   
davantage hurlée que parlée   
d'avoir survécu   
par delà les Visions célestes   
à cet arc-en-ciel   
des formules pariétales   
inscrites dans la caverne du mariage sacré   
aux sources de la Contemplation.      
 
( peinture de Frédérique Lemarchand )
 
1085
 

Ô Princesse

Ô Princesse    
piéta de mes années premières   
que ne t'ai-je espérée   
par les chaudes journées d'été   
inondant de désir   
la course des nuages.      

Y aurait-il encore   
de ces fines fleurs   
aux entrées inavouées   
où je puisse éprouver   
vigueur contenue   
une retenue de bon aloi.     

Offrant dans l'allée des ormes   
la douceur de l'ombre   
me serai-je alors permis   
d'allonger la parure de l'écriture    
sur l'étole d'une vie   
aux allures de buisson ardent.       

1084