Le Grand-Bédé

L’était venu le Grand-Bédé
À la pointe de l’estran
Bugle en tête
De ses acolytes le suivant
Rodomontade des mers
Saisie du prestige
D’avoir à dire et redire
La puissance-créatrice
Garante de l’Ouvert
Là en contrebas des dunes
À saisir d’un large regard
La munificence des épineux
Crépus de jaune citron
Mains pleines de grâce
Griffant le sable mouillé
Creusant petite dépression
À la base des moignons de bois fossilisé
Embase où confier
Le transport des grains de sénevé
Vers qui de droit
De vrai de pur
en accorte compagnie
Corps âme et esprit associés
De l’arrivée
Des petits hommes du passé
Se tenant dès l’aube
Pour magnifier la venue du Grand-Bédé
Et s’ouvrir au ciel de l’instant
D’une aura singulière
Signe du retour aux origines
Ombre ténue de celui qui n’est plus
Toi l
'énigme des choses fragiles
L’enfant doux aux crocs de lumière
Livrant par le devant de ses jambes
Toutes injonctions
Permettant de vivre le néant
Vive parure du vide apparu
Monstrueuse envolée
De par les nues aux émotions tues
De par la brume des temps révolus
De l’Être dépourvu
Par tant de biens accumulés
Au gré des vertiges de la matière.

De ténèbres point
Le monde me pénétrait
J’étais le monde
De ma peau piquetée de sel
De mon ventre efflanqué
De mes yeux collés-levés vers l’est
Au jeté d’une poignée de sable
À faire brassée de mots
Griserie à mi-conscience
D’une fécondation prochaine
Coquilles ramassées
À même les flaques d’eau
Pieds nus
En chantant à contrevent
Au plus fort du sifflement de la houle
Brassage des vagues oblige
Dernière sentence requise
Que le temps est au créant
De prophétiser
La geste libre
De participer
Au-delà de la mort
De ce que je serai.

1689


Aux six plaies de l’origine

Aux six plaies de l’origine
Corps et âme engagés
Dans l’aventure de l’Être
Nature sacrée
Je suis ce qui relie.

Balcon de schistes empilés
Repos du marcheur
En accomplissement de la Voie
Je suis puissance créatrice
En possession de la prérogative.

Et le langage dans tout ça
Découpe ferme à même la roche
La double circulation horizontale et verticale
Est à l’œuvre
Animant la destinée humaine.

Brume ascensionnelle
De la vallée venue
Houppette de gris
Il suffirait d’un regard sage
Pour que le mouvement se perpétue.

Plus loin
Comme en apesanteur avec le premier plan
La Bête se déplie
Ondulante et puissante
Par sa présence souveraine.

Pour m’élevant au dessus
De l’Être-là aux vibrations bouleversantes
Soulevant les nuages d’altitude
J’avance sans détour
Vers l’Ailleurs en grâce de transmettre.

Entrailles brisées
Laissant paraître
L’immense Bleu en moi
J’écoute résonner
La mémoire des vivants et des morts.

L’œil est ouvert
Un invisible souffle
S’offre à l’élan qui accueille
Echos des choses nourrissantes
Vers lequel le geste se tend.

Lever la tête
Se confondre aux rivages de l’Autre-Rive
Source de ce qui est cher
Clef au vif du mystère
Âme purifiée à l’aune de l’oubli.

Se laisser saisir
Franchissant l’horizon
Unique donation
D’un univers non clos
D’où jaillit la Lumière.

Par delà le tout du rien
Je gambade
De mes plaies le sang coule
Le cadavre exquis des scories
Me pèse me dédouane.

Et je me dissous
De larmes avérées
En cercles concentriques
Élargissant l’avenir
Signifiant que la Vie est là.


1688

À celui que j’épouse

À celui que j’épouse
Parfois d’un murmure
J’évoque le grand iambe
D’une écoute cathodique
Bruits enchenillés
De l’aura médiatique
Enchantement de basse saison.

Souffle de la bête
Spasmodique et lubrique
Par delà le silence
À résonnance compulsive
Passion continue
À fleurir la prairie
De pensées pures et nouvelles.

J’ai souvenance des transes
De l’ineffable senteur
Des pommes sûres
Effleurant le tremble des peupliers
Quand cerclage écrasant les cailloux de l’allée
Monter vers Montamisé

Là où tu es passé.

Il est des offres cathédrales
Porteuses de rêves
Au lyrisme élégiaque
Qu’à coups de langue
Le corps mure l’anfractuosité
Du train des souvenances
Chargé d’urgences mémorielles.

Muse museau
Au paradis vert de gris
Suce et resuce
Le sel blanc
Au perpétuel flamboiement
Du matin des magiciens
À l’antienne solaire.

Élus de laine
Suppôts de Satan
Aux pupilles rectangulaires
Ils virèrent de bord
Ultime moment de rétractation
Avant de griller à l’heure dite
Dans l’oubli des côtelettes.

Mêlant le moutonnement des collines
Aux gymnopédies des saltimbanques
Il fût convenu
Qu’à l’irréductible dureté de l’entendement
Soit substitué
La salle enfumée de sueur et de vin mêlés
Des Anciens rassemblés autour du poêle à bois.

Je pense à nous
Je pense à l’univers
Et l’univers me sait gré
Jusqu’à exiger
Après tant et tant de pages raturées
Que donner sens à l’abyssale signification
Laisse rouler hors de soi l’œuf à venir.

Blanc noir
Les co-auteurs nez-à-nez
Du grignotage
De la cubique relique
Sont tombés au pré-salé de la condition humaine
Âme suppliciée
D’un amour inachevé.

Lorsque bénissant Dieu
À même le sol
Il fût amené de croquer
À pleines dents
L’aube du vide médian
Ultime queue de poisson
Avant le grand chambardement.

Pleine lune assurée
Rideaux entrouverts
Le bloc étrange
À goût de crapaud balloté
Dévala
Le temps imparti à d’ultimes négociations
Avant que la charrette ne disparaisse.

De sangles de paille de léchons
Le suint des moutons
Faisait sien l’orpaillage en serre-livres
Des traces de vie
Purifiées à la flamme
Du plus que soi à l’horizon
L’émoi de l’unique donation.


1687

Max M.

Caresse si douce
Sur l’énigmatique entre-mont
Étendu de son long
Entre deux sapins argentés.

Effleure
Douceur subie
L’ouverture en grand
D’une fête outre-mer.

Nappe de verdure
Tout s’habille de neuf
Au grand festin
De l’arrivée au col.

La peur le doute
Le passé même
Basculent d’une bouche louche
Sur le versant où tout bourdonne.

Simplement là
Être repéré par le vautour
Déployant sa voile
Proie de moi en croix.

Flaque floc
De l’eau
Sous ondes fines
À même la soif étanchée.

Pure lune
En gloire
D’avoir en joie
Brandi les épis de la Saint-Jean.

En échange
À même les étoiles
Feindre un soupir
Au sein des crépitements de l’instinct.

La vie afflue
Au pistil d’une mélodie
Rompant le pain
À fleur de fumée bleue.

Puisse délicate attention
Parsemer de fines bougies
La remémoration ascensionnée
De Max le bienheureux.

Et la Terre de s’offrir
Sons du clavecin à l’encan
Recouvrant d’une courtepointe
Le retour d’où l’on vient.

Âme sans fin
Accomplie en Cosmotellurie
Vous fûtes par une danse consumée
Voie lactée d’un silence éternel.


1686

L’automne en liberté surveillée

De fripes et de toc
S’apprête le satrape
À menacer le monde
D’une pluie de missiles
Creusant de trous de vers
La raison onusienne.

Il est toujours comme ça
Le seigneur des outrances
Le coquelet incontinent
Se vantant de cautériser le green
De fleurs rêches
Toutes droites sorties d’un torrent de montagne.

S’offrir la terre
En dernier ressort
Sans échanger le moindre sourire
Matières premières à l’avenant
Ressources énergétiques sur bateau fantôme
Boite de Pandore oblige.

Ce que donnent les uns

Exigence de vie
Signifie l’extrémité du bâton de pluie
À la une à la deux
Les étoiles tintent différemment
Le temps que passent les lunaisons.

Au sortir d’une aventure inssaisie
Débordant de peines et de regrets
Avons été de déconvenue en déconvenue
Sans haine pour le peuple des hommes
Ne pouvant subvenir à notre soif inchangée
Au détour d’une I. A. de connivence.

Énigmatique enrochement
De promesses et de menteries
Se dresse à flanc d’abîme
La martingale des offres de travail
Orgueil de l’aube et du soir
Plombant notre quotidien.

Filasse pour cuivre verdi
Audible signal du geai
Le matin inaugure les chrysanthèmes
À petits pas dans la cour des grands
Où faire du shoping
À coups de milliards de dollars.

Il fût et il sera
Le roi des sornettes et des rocailles
Le moins à penser
Des choses biaisées
Opercule de cures et de menaces
Sur un air de java.

Un moineau dans l’amandier
Appelle ses congénères
Car les graines déposées
À la criée
Sont prêtes à subvertir
Les tentacules du lierre.

Tes yeux de pleurs vitrifiés
Répondent à la demande
D’un cœur à corps d’aide et de soutien
Caressant de contines fraîches
Les aléas chiffonnés
De nos vies mêlées.

Tous ces mirages
Cette saga des âges
Enduisent de crème bénéfique
Le train-train quotidien
À mesure de la joie elfique
Montant du consenti d’une souffrance portée.

Salées sucrées
Des robes de toutes les couleurs
S’envolent au son du tambour
Livrant oracle inaugural
L’arrivée des scènes fragiles
Nativité et Pâque réunies.

Les souliers claquent
Sur le basalte des dalles
La noisette craque sous la dent de l’écureuil
Au bout du sentier
Dardent les yeux du loup
L’automne entre en liberté surveillée.


1685

Ce matin j’ai vu ma tête

Ce matin
J’ai vu ma tête
À contre-jour en contre-plongée
Noire
Sur un ciel bleu de Manche claire
À heurter du coude
Des nuages gonflés de blanc.

Il y avait de l’eau
Enfin le bruit de l’eau
Sur les bas-côtés de l’allée
Toute droite filant dieu sait où
Et je me suis arrêté
Pour réajuster ce sac-à-dos
Dont les bretelles glissaient sur les épaules.

Ce matin
J’ai vu mon visage
Un peu vieux comme aujourd’hui
Avec des cheveux blancs
Voletant tout partout
Comme les feuilles rousses du merisier
Qui n’en avaient pas fini
De remplir la pelouse d’un coloris de colibri.

L’écran de l’ordi
Laissaient voir ses icônes
Petites et variées
Accumulant les instantanées
D’une fin d’été
Puis laisser filer le vent d’automne
Comme perpétuation de l’espèce.

Ce matin
Il y avait de l’entrain
Les oiseaux gazouillaient
Le radiateur se mettait en marche
Le mug déposé hardiment sur la pile de livres
Livrait régulièrement des lampées de douceur
Qui doucettement me réchauffaient la panse.

Le caillou noir venu d’Islande
Configurait l’heure d’hiver
En ce lieu de bois et de papier
Pourvoyeur de bulles d’or
Et de blessures
Pour un long voyage à venir
Au pays des choses rudes.

Ce matin
J’ai vu les traits de mon visage
Enfin de ce qui se laisse voir
Derrière ses poils blancs
Encalminant avec sureté
Les orifices de l’échange
À la merci du tsunami de la parole.

Je n’ai pas joué de la guitare
Ni du trombone à coulisse
J’ai juste pris papier et crayon
Ouvert le carnet
Et jeter quelques mots
De pleins et de déliés dédiés
À cette vie de blés mûrs.

Ce matin
J’ai ouï
J’ai oint
De mercis à foison
L’ordre des saisons
Si prêt de ma naissance
En rebond des anciennes contrées traversées.

C’était loin d’ici
Encore et encore
De hautes cheminées fumaient
Le bruit des laminoirs
Ombrait l’entendement
Des textiles souillés accrochés aux épineux
Faisaient fleurs de beauté.

Ce matin
Je me suis rendormi
Sous la couette
Rideaux tirés
Pour me garer de la nuit
Sans souci du jour qui vient
Face au visage qui est mien.

Un rai de lumière
Passera au travers des volets
Ma sœur se réveillera
Le Godin s’illuminera
De l’autre côté de la paroi
Des voix des pas une porte qui claque
Papa et maman toujours là.


1684

Un trou dans la neige

Un trou dans la neige
Et puis rien autour
Si ce n’est l’invisible danse
Des trucs et bidules
Palpables
Sur la pointe des pieds
Gesticulation du sanglier
Poussant du groin
L’ordre et la méthode
À brouiller les pistes de la guignolée
Sans retourner la pelouse.

À l’orée du trou
La boule au ventre
J’ai interrogé ces instants
Tapissés d’humus et de branchages
Pour cautériser le terrain mis à nu
Béance douce
Suscitant l’appel en différé
D’un fond où le silence parle
Caresse même
Les fruits de la latence
Au lippu d’un hoquet.

Pigmenté de cocottes en papier
J’ai vagabondé
Sur la partie fraîche des rencontres
Moi le bavard ordinaire
À l’étiquette chevêche
Contant l’actuel et le virtuel
Par le bourgeonnement des mots
En sortie cœur-poumons
D’une transplantation
Où souffle embrase et tinte
Les clochettes du chaos.

Camarades !
Je relance le fracas des sens
À la source des instincts
Sans parodier le lendemain
En prise directe
Avec le tic-tac de l’horloge
Quand le silence fait sienne
Par l’aiguille des secondes
L’errance à qui mieux-mieux
Dans la vastitude de l’écran blanc
De nos attentes.


1683

La plaque métallique

Cet air de savoir où on est
D’où l’on vient
Où l’on va
Corps et âme
Errance de l’action-pensée.

Se dédoubler
En portant son propre tourment
Dans le cœur des choses
De nuage en rivière
Par-delà l’oiseau de nuit.

Apporte porte
Aux couleurs échangées
Qu’hante mon désir
De mousses rongeuses
Dont les pieds s’enfoncent dans le temps.

Même envie
Du mouvement d’un corps humain
Interrogation éternelle
À se heurter contre les masques
Du suprême mystère.

Courbé sous le poids du cosmos
Ma première attention
Ira au captif
De la palette du peintre
Teintes d’automne à l’unique respir.

Prends garde aux verroteries de l’esprit
Leur prisme est sauvagerie avérée
Se donnant au plus intime de soi
Irradiées d’une lumière brumeuse
Aux larmes de plomb.

Les rivets ont sauté
L’univers descellé
S’est enfin disposé dans le rien
Point mathématique
À lever la beauté du monde.

Poète des temps modernes
Rongé par la rouille des principes
Il a fallu brasser le flux des redites
Pour qu’émanent les mots de jade
Magique substance archétypale.

Charmant à point
D’une naïveté devant les figures imposées
Cette nature humaine s’est parée
De l’insondable sagesse
Du jeu des enfants.

Se mêlent les couleurs
Dans la supposée transparence
D’un tourbillon d’électrons
Concrétions révélées
Du parler de la voie lactée.

Le corps est pourtant parfait
Les courbures assignées aux marées
Vision océanique d’une assemblée gominée
Promouvant les idées comme coques de noix
Agitées sur les vagues de la suffisance.

Plus de parties laissées au rebus
Les couleurs se lient à la plaque métallique
L’univers est une vision de beauté et d’amour
La croissance revêtue d’objets-pères
Disposés au sein de notre mère-nature.


1682

Griffures

Sans forme
Et pourtant éconduit
Le nuage
Aux instants de sa perte
Inocule franges d’amour
Au paradis des afflictions
Que la main distendue
Disperse
Maints moutons
Faisant découpe à contre-jour
Perchés dans la rocaille
En quête d’herbes rares
Parant de toutes parts
Les gestes de terre
Montés à sa rencontre
Musique en tête
À parcourir d’un regard large
Les flancs de la montagne
Auréolée d’orange douce
Onde octroyée
Par le démon des alpages
Immergé dans les noirs sédiments
Fosses marines d’un temps révolu
Prêtes à l’accueil de nos sœurs
D’origine parturientes attentionnées
Quand passent par la césure
Des tranchées terreuses
Les remontées mécaniques
Hurlantes du désir de perpétuer
La parade des textiles fluo
Parodie des crépuscules d’antan
Prompts à la reconduction
D’effluves volcaniques
Faisant des arbres morts
Les visqueux émoluments
D’un travail perdu dans la tempête
Telle énonciation à rebours
Des affres coutumières de la forêt primaire
Gardant en ses clairières
Le reflet d’étoiles mortes
Jetant à profusion leur mosaïque
Dans le gargouillis des abysses
À merci
De la supplication d’une meute de chiens de mer
Proférant quelques aboiements caverneux
En médiation du plaisir contemplé
À bas bruit
De l’entrée en silence
De celui qui vient
Dans l’aimance du retour à nos origines
Conforter ce qui est
Griffures du vide
À notre univers

Suspendues.

1681

Un homme une femme

Il fait sombre dans la forêt des hivers
Le sol est humide
Pointent les dernières lueurs d’une journée grise
Les branches effeuillées révèlent un dernier passage.

Les pistes cavalières se croisent
Devant l’arbre-maître une femme attend
Je vais vers elle et marchons ensemble
Nos pieds s’enfoncent dans la terre meuble.

Un étang apparaît au raz du sol
Le silence et le bruit de l’eau conjuguent l’instant
Aux pieds des arbres une mousse ferme
Permet de s'arrêter et d'écouter.

Des feuilles mortes se sont collées aux chaussures
Passe Sylvain sur son char égyptien
Le visage tourné vers le ciel
À ne pas répondre à l’appel.

Un homme une femme
L’homme cache quelque chose dans la poche du manteau
Le tissu prince de galles se tend
Un temps suspendu.

La femme s’approche
Elle connaît le mensonge de l’homme
Cette pierre crayeuse chanfreinée
Avec des signes runiques inscrits.

La femme caresse les signes
De la pulpe du doigt le sang jaillit
La pierre rosit
À cheval sur le caillou un elfe surgit.

La protubérance du manteau s’amoindrit
Serait-ce une arme ?
Un index tôt dressé
Dans l’échange des regards ?

La femme s‘approche
Elle enlace l’homme
Comme pour lui pardonner
Elle l’aime il me semble.


1680

La présence à ce qui s'advient