Le nouvel être

 Ce mur de sable durci  
d'une luminosité déliquescente  
aux ridules enchevêtrées  
cachant une ville entière  
et je suis à ses pieds  
ombre sans corps  
inscrit dans l'instant .  

Tout autour de moi  
un paysage désolé  
pas de végétation  
la terre à nu  
des roches éclatées  
une lumière sans relief .  

L'horizon troublé  
un sfumato de Léonard de Vinci  
sans codicille  
rien de repérable  
rien ne sachant rassurer l'œil
d'avant la catastrophe .  

Je suis seul  
point de vie alentour  
pas de vent  
un souffle rauque en continu  
au loin  
le bruit d'une foule en marche .  

La bête est là  
immense derrière moi  
et je suis comme anéanti  
devant elle .  

Elle passe sa main sur ma tête  
je n'ai plus de cheveux  
ses doigts sur mon visage  
et je n'ai plus de visage .  

Irradié  
je suis anéanti   
et néanmoins toujours en vie  
et me montre à la tombée du jour  
me nourrissant de débris alimentaires  
tombés du haut du mur .  

Ai-je été rejeté ?  
Suis-je définitivement écarté de la cité ?  
Une trappe ne va-t-elle pas s'ouvrir  
au détour d'un rocher  
et cet être énigmatique m'enjoindra-t-il de le suivre ?  
Je le suivrai  
dans le labyrinthe  
éclairé par une lumière venue de nulle part .  

Hâtant le pas
je trébucherai sur les aspérités du sol  
craignant de le perdre de vue .  

Longtemps très longtemps  
nous avons marché  
le long des collines renouvelées  
sans cesse  
telles des vagues de dunes  
pour au détour 
percevoir la cité des élus  
son enceinte d'acier  
luisante sur son promontoire  
par dessus la plaine ourlée d'un crépuscule .
 
Mon amour !  
ne retiens pas tes larmes, 
pleurons .
 
" Tu sais  
c'était le temps passé  
et maintenant il y a l'enfant,
le Nouvel Etre . "  


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