Pošalji mi razglednicu

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 Avec du bleu partout sans bleu à l'âme
avec du vent à perdre haleine mais sans vraiment la perdre
avec une tendresse de l'air sans mouche carnassière
avec un arbre des tropiques qui ne pique pas
avec la mer mais pas trop froide et sans requin
avec des bateaux sur lesquels on pourrait monter
avec des vendeurs de chichis qui soient beaux et ne projettent pas de sable sur le bronzage
avec des enfants qui ne crient pas
avec un soleil qui ne soit pas trop chaud
avec une baraque à frites pas trop loin
avec un polard à lire qui ne soit pas trop glauque
avec une serviette de bain suffisamment large
avec des lunettes de soleil sans traces de doigts
avec un parasol qui ne s'envole pas à tout bout de champ
avec un smart phone à la sonnerie pas trop agressive
avec des heures non comptées devant soi
avec une douce sensation de faim qui fasse penser au barbecue du soir
avec le bruit des vaguelettes qui viennent caresser la grève sans raclements disgracieux
avec un ciel où les avions ne traîneraient pas leur pubs illisibles
avec un ventre pas trop gros qui me permette d'apercevoir les orteils
avec une crème bronzante qui ne tirent pas les poils en séchant
avec juste ce qu'il faut de sueur montrant que la graisse fond mais sans dégouliner
avec une calme détente à chaque respiration en espérant que ce ne soit pas la dernière
avec une plongée dans un demi sommeil accompagné de papillons volant dans des cieux d'azur
avec la possibilité de saisir une poignée de sable sans rencontrer un mégot
avec le projet de ne rien faire malgré ce mental qui nous ronge
avec une pincée d'infinitude sans penser à ce qui vient .


145

Dieu est la métaphore

 Dieu est une métaphore pour tout ce qui transcende les plans de la pensée intellectuelle.

La pensée intellectuelle est une fleur qui n’abolit pas Dieu.

Dieu parfois en ses thuriféraires peut sembler la plante racine de toutes choses.

Cette pensée intellectuelle qui à reculons amorce la trace inquisitrice du débordement divin est la rampe d’accès à la vérité.

Son pistil d’amour au bord de la congestion fiche la flèche de la connaissance hors de la permissivité du péché.

La sagesse à demi enfouie aux prémisses de la beauté est l’antichambre du grand chambardement.

A se poser l’insecte butineur pourrait découvrir le pot aux roses de la liberté.

L’effluve crépitante de mille étincelles d’amour en bordure de la langue de feu marque la venue de celui qui dit.

La poésie en sa quête d’émerveillement est la métaphore du Mystère.

144

La damoiselle des mers

 La mer au cru d'un bleu des origines
je m'y jetais
je quittais le radeau des convenances
et tenais gente damoiselle contre mon giron
l'eau était tendre et propice à l'avancement de la situation
au large étale sans terre à l'horizon
immense aux fines ondulations régulières et frissonnantes
l'onde transparente
je distinguais des galets par le fond
je nageais sans hâte sans but
un temps infini .

Apparurent des côtes
je m'approchais
le paysage était décharné
tout était blanc de cendres d'après le cataclysme
des arbres déchiquetés
pas de feuilles pas de verdure
je longeais le littoral
une crique j'accostais
une maison en bordure d'un amas de végétaux fossilisés
vestige d'une forêt d'antan
gigantesque cimetière dressant ses moignons vers un ciel d'airain
une maison avec un échafaudage tout autour
des êtres humains devaient avoir repris possession du lieu après la terrible épreuve
je déposais gente damoiselle
et la suivis vers la maison
une bâtisse de pierres à deux niveaux
devant la porte alors que nous nous apprêtions à toctocquer
s'ouvrit telle une rafale de vent
un souffle qui nous aspirât
un printemps nous enserrait
une petite femme toute de noir vêtue
d'une toile souple la tête recouverte
les pieds nus dans d'épaisses sandales de cuir
à lunettes et visage ridé parue
pour nous entraîner vivement dans un intérieur sombre
les deux femmes semblaient se connaître
je n'eus droit qu'à un coup d’œil furtif
comme si je n'existais pas
mais étais-je vraiment visible ?
au travers de cette traversée que j'effectuais sans effort
animé d'une tâche à remplir
n'étais-je pas un esprit ?
s'engageât là devant moi simple témoin
une conversation animée
pleine de joie de variations dans la voix
deux bouquets de fleurs multicolores des pépiements d'oiseux joyeux s'entrecroisaient
au jeu des mains et des regards lumineux
un chant gracieux fait d'allégresse
dont je ne comprenais pas la langue
je n'étais pas des leurs
j'étais le passeur qui permettait leur rencontre
alors je disparus
fort de l'oeuvre effectuée .

Depuis ce temps
le murmure n'est plus le simple accord mélodieux des éléments de vie rencontrés
il est charmille épaisse en la vie revenue et rire des enfants
à la remontée du chemin pierreux
qui longe la maison désormais familière .


144

nemojte se savijati prije spavanja

 Ne plie pas devant le sommeil
sois le joyeux pourfendeur des mystères
za
la même scène passant et repassant
savoir dire
que l'événement est trousseau de phrases
et que dans la vieille querelle du réel et du songe
la porte est au milieu des effusions
Sentiment vague
en partie émergé
d'une nuée de mensonges
que le vent pousse vers la montagne
pour sentences lancinantes
convertir la parole échangée
en grisaille de convenance .

Sois le porc épic
des remontrance sagaces
et si le pas te presse
tel l'escargot sur sa sente luisante
remise en tes granges
le paquetage inutile des succédanées
ceins l'étoffe de lumière
va à la fête
et découvre ton cœur.


142

Ja napredujem

     Ja napredujem
od mermera
u prvom redu
u ovoj mogućnosti da nam se pridružite
na našim svadbama
prave istine .

hodam
memorija otiska prsta
iz mog grla
vrsta l'neizrecivo
u krematorijumu za mladiće
odbijajući iscrpljenost .

I pošto život jeste "vidjeti"
Ja se rastvaram
na obali milosti
u bratskoj pospanosti
rezanje na tanke trake u boji
veoma traženo lice
lice detinjstva
lice svakog čoveka u potrazi za samim sobom .

I kad bi sve bilo pitanje ćutanja
mnogo više od muzike .


141

Zatvoreno je, ali budite oprezni

 C'est clos mais prends garde
là est l'insoumission de pleine lumière
là est la rectitude d'une vigilance à l'arc souple
là est le seuil des boues de grandes lessives
là est l'ambition de marcher sur les traces de ton nom
là est l'intime circoncision de la gamme des échanges élargie aux confins de l'univers
là est la responsabilité d'une conscience impeccable
là est la couture assemblant d'un fil écarlate les étoffes de chair et du verbe
là est le passage que le pas des moutons foule
rageuse conversation sur le chemin coutumier
là est la feuille d'arbre lâchée au vent d'une terre lointaine
là est la nuit des douleurs et des tentations ourlée par l'aube qui point .
Ainsi va la nef accomplissant son office
maîtresse d'exil et de vanité
jaillissement de larmes au chevet de la finitude
transmetteuse
hors le sexe la fortune et la puissance
le message qui n'use pas le cœur ni ne dessèche le sang
le message des guerriers bien plus que celui des époux
le message enflammé hors fatigue et regret
le message dévoilé par le voire et l'entendre
le message de la joie des vœux définitifs
le message de la grâce et du sourire
le message de la rosée tombée au matin de la Saint Jean
le message des fruits que l'on offre
Le message qui jamais ne se referme
la gratitude du jour .

L'homme détient les clés de son fragile équilibre .
L'homme est le créateur aussi bien de son enfer que de son paradis .


143

Petit papa

Tu n’en finis pas de partir .

Parfois quand de noirs nuages s’amoncellent et que la déroute plante son drapeau noir, ton cerveau se brouille, tu cries. Un cri au-delà de la douleur et de l’appel. Un cri aux causes abyssales. Un cri de personne humaine en proie à une rencontre improbable. Un cri qui dérange notre entendement habituel. Un cri outrancier qui veut nous montrer quelque chose. Mais quoi ? Qu’as-tu vu ? Quant à tes émotions, je n’ai pas la clé pour les décoder .

Tu erres dans ces contrées entre chien et loup, là où la grisaille d’un hiver saturé de givre grapille des images d’antanoù les vapeurs du marigot des origines modifient la conscience, biti, où se croisent hallucinations et visions .

Tu es entre la vie et la mort mais la vie est la plus forte, même dans le dernier voyage, et c’est ce qui nous permet de ressentir la fragilité de cette vie, son visage unique et que fort de cette expérience ultime nous soyons de chair, d’esprit et d’âme les transcripteurs du grand mystère, nous les innocents, nous les adeptes de l’Emerveillement .

Tu cries et je t’entends au travers des couloirs de cette maison de retraite que tu n’as jamais pu faire tienne, tant ta difficulté à communiquer et à t’adapter était grande .

Ce ne sont plus desMadame !” que tu profères mais de longs gémissements qui montent du profond de ton être pour s’adresser à quelqu’un d’indéfini, que tu ne peux nommer. Te sauver d’un danger ? Te soulager ? T’aider à franchir cette épreuve, ce bouleversement de l’être qui s’enfonce dans le labyrinthe fait de traces mnésiques et d’impasses ? Tu ne sais pas quoi demander, ta main décharnée serre ma main. Tu ne me demandes même plus de revenir chez toi, à la maison .

Tes fonctions vitales se sont réduites au manger et au dormir, et quand je m’éloigne ta plainte prolongée broie ma poitrine comme dans un étau et essore mon coeur .

Quant je te quitte après t’avoir embrassé, j’ai l’impression que ce sera la dernière fois ; et puis je ne reviens pas en arrière car je ne sais pas quoi faire pour t’aider, pour te rassurer, pour te calmer. Lâchement je t’abandonne, et alors je culpabilise !

Dès que je quitte l’étage où tu résides et que l’ascenseur atteint le Rez-de-chaussée, je n’entends plus tes cris mais néanmoins ils continuent de résonner au plus profond de mon être. Je suis abandonné. Je suis laissé de côté, moi le mal nécomme toi peut-être. J’essaye de me faire à l’idée que je n’ai plus de papa, je suis triste, je suis bouleversé, une grosse boule monte de mon ventre. Je me calme, je gère la situation tout en subissant un arrachement viscéral. Tes cris me suivent quand je médite, quand je marche sous la pluie, dans le vent, sous le soleil et j’entends ta voix m’appeler, doucement, très doucement telle une caresse, ta caresse, que tu me prodiguais quand dans mon petit lit d’enfant j’avais tant de mal à m’endormir .

Tu ne demandes expressément plus d’aide, tu sembles nommément ne plus demander de nouvelles à tes enfants. Tu es seul et le brouillard qui t’enveloppe suggère l’envol des corbeaux par un matin d’été frileux dans les hauts arbres qui bordaient le canal à Briennon .

Tu es là à attendre qu’une porte ultime s’ouvre dans le mur de cette chambre que tu n’as jamais investie. Tu es le passe-murailles d’une occasion à ne pas manquer. Tu attends un dernier train qui siffle dans le lointain mais qui tarde à apparaître. Tu n’as plus rien à donner. Ce qui t’appartenait ne t’appartient plus, ce qui était ton chez soi, tu en as été dépossédé. Ton appartement a été occupé, la vaisselle du dimanche et des jours de fête a été éparpillée, même ta signature a été copiée. D’espoir, tačka. De sourires sur ton visage, tačka. La trompette dont tu jouais à été offerte à l’enfant d’une soignante. Ton dernier bagage est bouclé, et puis d’ailleurs ça fait bon temps que tu n’as plus de bagages. Tu as donné, … nous avons pris .

Povremeno, dans des moments de lucidité, tu as pu demander que ça avance un peu plus vite, que la fin du tunnel s’ouvre sur la grande lumière terminale, à ce qu’on dit. Mais le sais-tu ce qu’il y a après ? J’aurai tant voulu que nous parlions de ça. J’aurai tant voulu que tu prennes cette initiativeEt c’est maintenant que j’entends, que je mesure tout ce qu’un père est en capacité de donner à ses enfants quant il a la conscience de s’inscrire dans la grande chaîne des générations et que sa propre vie, unique et sacrée, est au service de l’autre .

Peut-être que ce sera cette nuit. Peut-être dans quelques jours. Devenir froid. Que les os se cassent comme du verre. Que le sang ne circule plus. Que l’immobilité soudaine soit un soulagement après la souffrance. Que le tic tac du pacemaker fasse un bruit d’enfer dans ce corps inerte .

Le véhicule noir n’est toujours pas arrivé. Mais que font-ils donc tous ces soit-disants vivants à boire du pastis, à jouer à la belotte, à se vautrer devant la téléalors que ça gèle en bord de banquise ! ” J’attends, moi, le corbillard ! “

Je me souviens du tour de France que nous étions allé voir avec Charlot, dans les années cinquante. C’était une étape contre la montre. Le dernier coureur à passer était Anquetil qui avait le maillot jaune, et puis derrière avait suivi la voiture-balai. La fête finie, nous étions rentré par le train de Versailles pour descendre à la station du pont Mirabeau et rentrer à la maison par l’avenue Emile Zola. Je tenais à bout de bras un sachet de papier contenant quelques menus objets publicitaires que j’avais réussi à attraper aux passage de la caravane publicitaire. Il faisait beau, un soleil de juillet jouait avec les feuillages de l’avenue. J’aimais ce passage de l’ombre à la lumière et je sautais sur les plaques de fonte ajourée qui entouraient les arbres. J’étais heureux d’avoir passé un moment avec toi, papa, mon petit papaEt cette voiture-balai qui se fait attendre !

Il y a quatre ans et demi, quand maman nous a quitté, je suis resté avec toi une semaine rue de la Jarry. C’était la dernière fois où j’ai été véritablement proche de toi. Tu ne m’as jamais posé de questions autres que strictement matérielles. Jamais tu n’as pleuré. Jamais tu n’as évoqué spontanément quelque souvenir. Si tristesse il y avait tu ne me l’a pas montré. Je faisais ledélicatavec toi pour ne pas te faire entrevoir mon profond désarroi et je ne t’ai pas poussé pour que tous deux nous pleurions à propos du départ de notre femme et mère. J’avais peur que tu t’écroules. Je mesurais déjà dans le silence que tu montraisc’est toujours moi qui engageais la conversationque ton état psychique était troublé. Tu semblais ailleurs de tout ça. Ton manque d’émotion me faisait froid dans le dos. Je n’ai pas su trouver les mots qui t’auraient fait te dire, te contacter dans ta sensibilité. Je savais que tu étais déjà un peu parti .

the 23 juin, date anniversaire de la naissance de maman, je prierai pour toi, papa. Que tu sois de ce monde ou ailleurs peu importe, tu n’es déjà tellement plus là. Ton départ, tu l’as anticipé depuis longtemps. Tu as vendu la maison de Saint-Flour comme pour clore un épisode de ta vie, comme pour brûler ses objets familiers parce qu’après toi il n’y aurait rien, rien que des étrangers qui fouilleront dans tes affaires, rien que des envahisseurs qui vont tout saccager. Tu n’as pas insisté pour que nous gardions cet ancrage familial. Tu nous as donné l’argent de la vente sans te retourner, sans prononcer de discours. D’émotions, tačka ; comme si quelque chose de toi était mort depuis bien longtemps. Tu étais déja sur le départ. Dans les semaines qui ont suivi tu as eu un grave ennui de santé dont tu t’es heureusement sorti. Et depuis tu attends la suite. Ce n’était pas ton heure. La ligne de démarcation passée, tu faisais comme s’il ne fallait pas se retourner. Question de vie ou de mort ? Fuite en avant ?

Dès lors que la terrible sénilité t’accable, que tu n’as plus ta tête, que la trinité de la dépression, d’Alzheimer et de la démence nous oblige à l’épreuve que nous devons traverser, toi et nous trois tes enfants qui sommes ainsi convoqués en tant qu’êtres de conscience et de compassion, de vulnérabilité, de transparence et de sang-froid, de réflexion et d’entendement à ce qui est ; nous nous devons d’être les témoins du grand oeuvre de la vie et de la mort pour nous soutenir dans l’accueil et l’entre aide afin de prêter main forte à ceux de nos proches qui en ont besoin. Nous ne devrions rien avoir à nous cacher. Nous devrions rester unis. Nous devrions nous parler. Les non-dits n’engendrent que repli sur soi, rejet et méconnaissance de l’autre et bien du malheur à nos enfants et petits enfants par l’ombre qu’ils jetteront sur notre mémoire collective .

Quand j’entends le glas de la finitude au clocher de l’existence, j’écoute, je vois, je suis triste, plačem, je suis seul et ma solitude je la consomme avec mes proches, je la partage avec les miens que j’aime et qui m’aiment. Je la mâchonne, je la distille, je lamanduque”, cette option absolue de finitude, pour qu’elle me nourrisse et m’aide à croître .

Oui, je prierai pour toi, pour t’accompagner, pour te soutenir, toi papa, corps et âme associés, pour parcourir avec toi ce chemin qui va de chez toi au cimetière où demeure maman .

Tata, je te promets de faire mémoire de ton histoire de vie, et d’honorer cette esquisse existentielle qui tu m’as transmis afin de faire fructifier la vie que tu m’as donnée, afin que fleurisse cette envie de faire plus que ce qui nous a été donné. Et ce, afin que cela soit dela bonne ouvrageutile pour ceux qui nous suivront .

Il est un temps déraisonnable où l’on met les morts à table pour un dernier repas, hors faim et soif matérielles mais plein de faim et soif symboliques et spirituelles, afin de recueillir les miettes de vie qui nous permettront de grandir sur notre chemin de connaissances et de sagesse, de donner sens à sa vie et de s’effacer en osmose d’amour devant ce qui est .

Tata, dans ta démence, émane une aura où affleure, pure et limpide, une valeur profonde. L’ego brisé cède la place à l’essence humaine. Et pour celà tu es précieux .

the 23 juin, je penserai à maman, je penserai à toi papa, je penserai à vous deux, mon frère et ma soeur, et ferai promesse de vivre ces dernières années qui me sont imparties, le plus simplement possible, dans l’écoute, la pudeur, le respect de la personnalité de chacun, le soutien et le conseil, à tous ceux qui seront en difficulté .

Nous ne devons pas nous faire de mal et avoir le courage d’échanger, d’entrer en contact avec nos proches, avec autrui, même si cela semble difficile parce pas très habituel dans notre culture familiale. Le silence s’il peut être régénérateur de soi à soi dans la méditation et la contemplation, est néfaste quant, se transformant en mutisme, il éteint la lampe de l’espoir .

Et puisque par chez nous tout fini par une chanson ou un mot gentil, disons qu’il ne faut pas peser ni sur son prochain, ni sur les autres, ni sur cette terre pleine du mystère de la création pour que nous, lesvivants en marche”, demeurions en communion avec l’Autre qui reconnaîtra que nous sommes tous frères si nous nous aimons les uns les autres .

140

prema brijestovima

 Ova pločica je napravljena od crvenih šesterokutnika .
Ova avenija šuštavih stabala kišnog proljeća .
Stepenište sa ogradom od kovanog željeza .
Ovog dana ispod vrata sobe koja propušta rafale glasova koji dopiru iz trpezarije .
Ovi prozori sa svojim staromodnim okovom .
Ova loše fiksirana drvena kapka koja se udara o zid kada se diže nalet vjetra .
Kao ormar sa staklenim ogledalom iz vremena pohranjenog .

Biti tu
u senci stvari na mestu
sedeći u smrskanoj stolici
mreže loše dogovorenih ideja koje ometaju moje misli
uspomene opjevane malim unutrašnjim glasom
Uzeo sam svoje klikove i šamare
kutija sa slikama i sveska od krtice
otići na hodočašće mirisima prošlih godina .

Hladnoća i kiša promijenili su tamni zrak sredinom poslijepodneva
diskretni prijelaz u ovo stanje slušanja dopuštajući da se odloži
kamen na kojem će se sagraditi grad braće
Nebeski Jerusalim bez vidljivih njenih anđela
Jerusalim samo postoji da bi dočekao šetača duša
u potrazi za vjerovatnim zaobilaznim putem prema stanju pokajanja
traže dah i svjetlo za vožnju
istraživač se vratio svom zadatku
obruč tada zastarjele igre kroketa
pred čekićem praznine
promoter željenih susreta
one kojima dostupnost bez čekanja omogućava da se izlegu
čak i tokom van vršnih sati
dok se zgužvana pjesma kiše i pomiješanih boja uzdiže između jasenova i brijestova
u svijetlom i mirisnom vrtu
fraza suza u proleće
na spoju zvučnih opterećenja
besne vode koja struže nevidljive kamenčiće
lonci divova .


139

burzet

 Malo vode
dosta vode
dodijeljen neprestanom režanju životinjskog šapata
šuštanje glasa o bazaltni zid
kapljice bisera u skladu s grlenim zvukom
pljeskajući dlakavim rukama o krvavi kamen.

Podignite monotonu odanost
kontinuirani snop
slojevita žalba ekobuaža grada .

Abeceda se izražava u svojim disonancama
ova braća čije zanatstvo
je odneo burle
prema dolini permisivnosti .

Samo zvuk zvona
preko toka vode
manevar na poziv
ljudi iz magnarije
dok je još mrak
ovog zimskog jutra da pređem ovaj drveni most
klompe udaraju svojim okovom o prag radionice .

Sretan događaj
da je dolazak bala svile
načičkana hiljadu prelivih niti
od grubog meka
stao kao neodlučan
da uđem u ghoul
gdje je kaša starog metala povezana sa škripom ogrebotina
zaglađivanje finog tekstila .
Trenutno pljačkanje
dječaka iza zgrade
brzo pokupi punu torbu
stavljen na lepljivu klupu u svlačionici
vreme je za skok u senke
iz jaruge očekivanja
da se besplatno napijem
srce koje kuca
na kamenoj stazi
izvan promiskuiteta dna
i visoka srca
donijeti u vikendicu bez vatre
crne pruge
štampanog ažuriranja
oko njenog lica
kestenje i luk
oings .

poruka o starijoj osobi
cvjećar za podizanje duha
umorni kolebanja
na putu do tri krsta
između Golgote i konačnosti Marije .

Prihvaćene su samo žene svetice
držati za ruku
prolazeći mužjaci
za osmeh
nemiri
nestati u šikari
tražim morski trn
da će curiti
na kamenu groznice
priča o početku
bez odbrojavanja
na putu školjke .

Prihvaćene su samo žene svetice
polako napreduje
prema ljubavi i saosećanju
natovaren pregršcima zlatne metle
po mjeri visokih ambarskih vrata
kopajući se ispod njihovih širokih suknji
lobanje mrtvih
slabine opasane tkaninom
si rouge
nego izlazeće sunce
po svom iridescentnom disku
evocira sveto krizmu pomazanja Velike srijede
onaj kreatora dana
sve dok je klađenje dozvoljeno
na suncu od šafrana
sive kobile gospodara Cornillea
potresen od zadovoljstva
pri pogledu na ovo brašno tako belo
nego snažno kretanje mlinskog kamena
kamen protiv kamena
tera te da odletiš
prema trilama kosova
zorom
majskog jutra .


138

moj prijatelj

Da te imam met ispunjava me radošću, toi, drugačiji od mene, a opet tako blizak .

Ti si sa mnom i smiri me kada je olujno vrijeme, crne misli se dižu iz moje gorke ponore i to moje reparte su prevelike .

Tvoj čvrst bijes za koje bi neko mogao pomisliti da su lažni za mene su živahna i spasonosna ideja kada me dotakne dremanje pažnje i duše zamucam nejasne reakcije na rizik od novosti .

volim te, bez senka sumnje, da čak ni naš zajednički dolazak na drugu planetu nema može nas osloboditi od izražavanja naše lude želje u ogledalu traženja i da razumem sve o tome šta je život .

divim ti se mimo svakog restriktivnog razmatranja, sa voljnim i širokim divljenjem, da ni kasni let jarebice ispred naših stepenica nije mogao da nam odvrati pažnju .

A ipak Bog zna da volim crvene jarebice koje su svojim teškim i ravnim letom mogle probuditi se sa spasonosnim startom spavač doline koju tako često imam imaju tendenciju da budu .

Ispred naših energija stojećih ljudi nabijenih mogućnostima buduće realizacije, the zemlja, naše polje delovanja, je tako ogromno, moćna i krhka u isto vrijeme, razuman, pun ljubavi i prijemčiv, da čak i čujemo šapat od početka početaka .

Tvoja riječ se okrenula ka vječnoj hitnosti da se iznese suština stvari dozvoljava mi da nastavim moj put, oslobođen svih okova, ka čistoj sjetvi moga najdublje bašte .

Dobrodošli mi sa toliko velikodušnosti, ažurnost i tačnost koju čak nemam vrijeme je da vam se zahvalim. Čim te vidim, U potrazi sam da te pojedem glavom i srcem, i čim se pojedem, čim mi daš prodre u mene, onda nestaješ, pa finansiram .

ti si majka, veliki sestro, anđeo i felibrige mog srca za koga osećam emociju koju osećam kod tebe odnos se odmah transformiše u “sens” jasno i duboko u usluzi o mojoj predanosti vjernosti vašem učenju. Toi, moja svetleća strela .

I onda sam te slobodan izabran za prijatelja kada ne biraš svoju porodicu .

I bio bih uvijek naklon da saviješ svoje ponovljene misli sa silom kakva je imperativ za vas da ih uzmemo u obzir. Trenutno stanje u svijetu zavisi .

Vaša poruka prolazi. Tvoja reč je kraljica. Fluidnost tvoje vizije me udaje. Tragovi koje ste ostaviti za sobom, Sakupljam ih na vrhuncu percepcije i moje mentalne sposobnosti da ih integrišem za vrijeme zajedništva .

Tvoje lice je upisan u dubinu moje duše i čim dah prođe, odmah ustajem da uzmem ovu misterioznu pjesmu koja je tokom jednog od naših prve sastanke sam šaputala i ko me je uvek pratio kada Prelazim ti put .

Vaš pogled pokazuje znake vlasti ovih mjesta mira i poziva na budnost a pažljivi plamen relevantnosti .

Ako se to desi izgubite nam malo vremena i pronađite vas, nije potrebna preambula na prvi pogled koji mi daš. Ti si, Ja sam, korpusa, duša i duh spreman za zadatak koji je pred nama, ovo veliko djelo satkano toplinom čovjek, namjere ljubaznosti i zahtjeve za razumijevanjem o našim držanje u našim teškim vremenima .

I ako odeš putovanje, znajte da će ovdje ili drugdje biti mjesta za vaše učenike, za moja braća i sestre u tebi, kako bi ovjekovječio vatru između voda i lobanja, i recite nam šta još treba da se uradi .

I to od života je kontinuirana potraga i hodočašće, ti si hodočasnički bumbar, dragoceni štap koja me održava i kojom kaligrafišem u prašini staze sveta slova našeg univerzalnog pisanja .

volim te, moj prijatelju .

137

La présence à ce qui s'advient