Au patrimoine spirituel de la tradition

Dans le carénage d’un ciel bleu
Soutenu en haute protection
J’ai plongé dans l’insécurité
Par la voie des nuages.

Et de m’appuyer sur les certitudes terrestres
Avoir, pouvoir
En renonçant à l’autorité naturelle de la création
Être ainsi détrôné.

Dans l’ultime détresse d’une ouverture sans fenêtre
J’ai touché le fond
Et ma vie s’est réjouie du séjour des morts
Par la comparution devant l’ange.

Animalcule végétal
En bas d’encadrement
Privé de terre et sans bagage
Je me suis souvenu.

Que mes valises étaient emplies de reliques
Qu’il existait un fil dans notre lignée
Et qu’à l’extrémité du fil
Il y avait flambeau et flamme ravivée.

Humus couvert des feuillages du passé
En prenant l’air
Il s’est agi de puiser à nos sources
Au patrimoine spirituel de la tradition.


1632

Étrange lunaison

Étrange lunaison
Parole et Silence
Encore séparés
Attendent et espèrent se rassembler.

Vient le rite de l’ouverture de la bouche
Un flot incontrôlé bouillonne
La floraison première trop vite prononcée
S’échappe tout aussi vite.

Par le silence
Les voix subtiles communiquent les messages essentiels
La parole devient muette
Le silence parle de lui-même.

Entre le haut et le bas point de rupture
Il y a transmission de la légèreté
Sentiment de communication continue
Avec l’invisible.

Rêvons
C’est l’heure où la burle pleure
Quant l’amitié en sa délicatesse
Met à table les étoiles.

Lune parole et silence
Regroupent les géants de l’air
À Moudeyres mon frère
Comme de grands lacs de lumière.


1631


Opacité des écluses du ciel

Opacité des écluses du ciel
Lors le calife fût prince
Il reçut en partage
L’œil aux couleurs de palissandre.

Sans bousculade
Dans la fraîcheur d’une aube finissante
S’offrait par le travers du jour
La remontée des oies sauvages.

L’accalmie remédia
Aux soucis de l’âme
Pour petit arbre des abysses
Engendrer pensée ultime
.

Trilogie du fond de l'Univers
Le vieil homme narra colères et querelles
Qu’un coup de griffe assassine
Avec du sang jusqu’aux chevilles.

Retour aux origines
À piétiner l
'endroit où s'étendre
Histoire commune
Chargée de paillettes devant les yeux.

Lune soleil
Importe peu
Aux enfants volés
J’accorde fin regard.


1630

Les douze ballots

Les douze ballots
Se sont rendus chez Mère-grand
Enchantant l’épilobe
Juste pour l’ourlet d’une robe.

Maille à part
Des ondulations du terrain
Suintait dans un coin de grange
La guirlande des anges.

Maussade conscription
Des doigts et des orteils levés
Il y eut de par la contrée
Grand tapage la fleur au fusil.

Et de sonder du coutelas
Les bottes de foin
De par le pradou
Entrailles du passé.

Grisaille après la pluie
Sonnailles de Saint-Front
La cloche n’y tenant plus
Chut sur le curé.

Cigüe sortie du sac de billes
Pommada par les andins
La tendre fin de règne
De la mouche musardière.

Pliures du siècle
D’Ukraine à Gaza la belle
Blessures dans le monde
En l’œkoumène des flétrissures.

Hello de mise à l’écart
Faconde rêche du vent venu
Vit virevolte singulière
Du sanglier des Ardennes.

Mille soucis
Et point de répit
S’emmêlèrent pêle-mêle
Les pales des éoliennes.

Illusion allusion
De vive voix réagirent
Au pré carré des bergères
Les poilus de quatorze dix-huit.

Jean-Jacques partit pour Verdun
Goguenard et grand garçon de ferme
Nul ne devait le revoir
Hormis son nom sur la plaque commémorative.

Valentine devait se marier
Avec un gazé de retour du front
Donnant enfants à venir
Dans un siècle bleu de pleurs.


1629

Paillage d’un visage

Paillage d’un visage
À la huppe printanière
J’ai offert

Le cerclage d’un toit de chaume
Tout en haut
Là où le faîtage
Est à merci de la voûte céleste.

De connaître la pesanteur des objets
Fait naître la componction
D’avoir servi certaines vertus
Alors que dehors il faisait froid
Et qu’habiter poétiquement le monde
Même à petits pas
Organise bouffées de chaleur.

À boire et à manger
Dans ce décor
De protection feinte
Le papillon de nuit ne bouge plus
Le papillon de nuit révèle la longue attente
Sans que s’écaille
L’ouverture à ce qui est.

Porte franchie
La grâce aux cheveux d’or
S’est émue de voir crâne rond
Offrir paire d’yeux
Aux paroles de vent
Le doigt levé
Devant l’apparence des choses.

Clepsydre famélique
Clepsydre de tous les enfermements
De mes errances contenues
Je ne rassemble rien
Si ce n’est burle passementière
Succédant à tire d’aile
Au rai de lumière.

Là-bas
Je veux vivre
Sans temps et sans espace
Hors du moindre mouvement
De notre nature inférieure
Le présent absolu de la réalité suprême
L’accueil mélodieux de l’Initiation.

1628

Long le vent

Long le vent
Aux rapaces effilés
De puissants nuages
Ardents de rose contenu
Ensemençent le basalte.

À la pointe du silence
Le sifflement d’un souffle
Ébrèche le temps
D’une agitée de lumière
Dans la beauté du monde.

Passion lente
De la chienne
Aux léchons tendres
Poussant loin devant elle
Les fossoyeurs de l’ombre.

Claque le fouet
De l’ardente explication
Sur le râble velu
Du pourvoyeur mon frère
Des plaisirs en cascade.

Jedan
Conjuguons les énergies
De l’esprit de matière
Pour passer victorieux
L’arche de la Porte Noire.

Cruche brisée
Conjugue les énergies
De l’esprit de matière
D’os et poussières mêlés
Hors la demande en chemin.

Accroc de vive voix
Au reposoir du Tout et du Rien
Entrailles vives
Exposées dans l’irrévérencieux
Du non-manifesté de nos instincts.

Accroc de vive voix
Par jour déclinant
Sur le quai de gare de Paray-le-Monial
Un moine contait fleurette
À l’hirondelle tire d’aile.

Grave tambourinaire
Essorant les ondes de vie
Sur la phonolite grise
Caresses zodiacales
Infiltrées dans le temple du Savoir.

Le charivari des poupées russes
À l’assaut du mont Alambre
S’est enquis d’une marche consciente
Figurant la chenille processionnaire
Ourlant la toile d’un songe.

Frères de flammes
Cliquetant d’armures et de glaives
Avons déposé nos vies dans le trou de la plaine aux joncs
Pour cœur à cœur
Se rallier au nectar de l’extase.

Žica do žice
D’une rencontre l’autre
Il fût aise
D’être en perpétuelle surprise
Pour honorer la terre.

De la scabieuse à l’œillet de poète
De l’œillet de poète au sabot de vénus
Du sabot de vénus à la scabieuse
J’éclatai de rire
En tournant la page.


1627

Miss Terre

Miss Terre
Retournée
A cru bon en ses containers
Verts et jaunes
De retrouver saine provenance.

Le blanc
Ignoré un instant
S’est mû en bleu immaculé
Dans la grande cascade
Du chant des phonolites.

Miraflorès aux linges séchant
À la pointe fine du réel
Univers de particules
Comme merle chanteur
Au sortir du lavoir.

Aimer c’est pratiquer
Déchirement autorisé
À rouler dans l’abîme
Pleines peintures enfantines
Sur l’architecture de l’âme.

J’enfle et ne résiste
En l’étoile des neiges
Qu’au risque de déchoir
À la réputation d’être discret
Dans cette petite tribu d’artistes.

L’art de vie
Réputation faite
En marge du visage
Le drap remonté jusqu’aux oreilles
Marque d’infinies précautions.

Aux fées et sorcières
Tous châles confondus
J’abjure d’avoir manqué de références
Quand absolue certitude
Monte la milice des enfants perdus et retrouvés.

Précieux
Bouche vide en mal d’enfouissement
Je te nourris
Illustre compagnon des anfractuosités
Aux nues l’aperçu des choses vraies.

Dans le tréfonds des rayons ailés
En noir et en inaugural
L’un complétant l’autre
Avons frappé comme papillon de nuit
L’orage sidéral par où la vie fait signe.

Raffut à tous les étages
Percevant le secret
Plutôt que prévu
La muette dignité s’est émue
De l’advenue d’une nuit de lune.

Tenancière par temps de pluie
De l’orgone référentielle
Céante et à venir
Les traits se sont fichés
Jusqu’à toucher le fond.

Coûte cher
Le couteau des astreintes
À psalmodier
Jusqu’à l’os
Que la poésie est technologie.


1626

Je pleure

Je pleure
Et ne puis remonter à la source
Des serments
Cette ultime désespérance
Des plateaux de la balance.

Tirer la langue
Jurer qu’on ne m’y reprendra plus
Augure mépris et moqueries
Balayant pure et blanche
Les cimes glacées de la souvenance.

Au bout du bout
La pauvre âme rayera
Le miroir des attraits
Apparence héroïque
Du manoir aux paillettes de feu.

D’une oreille l’autre
Avons guidé la voix
Innocence partagée
De la même fleur
Pour aiguilles communes.

Habiles fées
Faisant cuisson de nos baies
Recueillies sur la branche du coudrier
Alors qu’approchait
La langue du suçon.

Un peu de pitié
Dédicacerait l’ombre faitière
Sans que descendent
Délicates et célestes
Les plaisanteries d’un clin d’œil.

Silence absence
D’une conduite amène
Au gré des méandres
Qu’enchaîne la chasteté violée
D’une cosse de petits pois frais.

Un baiser sur cette souveraine écorce
Énonce
Cerises amoureuses
Les cardinalités de notre rencontre
Déposées sur l’écusson de notre maison.

La vie la mort
Que même la mégère
Ne saurait ignorer
Quand souffle sous la ramée
La parole véhémente d’une douce langue.

Ma petite renarde
Par monts et par vaux
Discernant l’odeur et la lumière
Dans les herbes mouillées
Fanfaronnade devant les étoiles.

Page écrue de chaux vive
Torchis aux fentes écarlates
Vous serez le grand secret
À l’entrée du bois
Quand l’humain fait un pas.

Nous nous séparerons
Sous la lune
Nobles bêtes
À la pierre d’angle
Recouverte d’un fagot d’épines.


1625


De cercle en cercle

Six à table 
Et cætera et cætera
La lune était là
À l’instant même
Pour l’embarquement au Frioul.

Nuit de charme
Enfilant ses claquettes
Pleines de coléoptères
À la teneur rose amère
D’un claquement de langue.

Contourner le dialogue
Permet de donner la mesure des sentiments
Où se perdre au jeu des quatre saisons
Garçon solitaire
Marquant l’horizon d’un doigt de décision.

Pleine au toucher
Rebelle à l’attache
Arquant l’orbe de la libellule
Sous l’éclat de la lampe
Elle était belle et fidèle.

Des choses
À même la table de marbre blanc
Sentait bon le ressac
Effritant la réalité des contours
D’un procédé furtif de renoncement.

Il est un clubhouse
De masques africains
Aux teintes acidulées
Que la geste langagière
Tache de prose crémière.

Farigoule
Ressauts à souhait
Quelques morceaux d’histoires
Rendent la partie ourlée du recueil
Comme ouvert au vaste polyptyque.

Mille lumières à la une
Ont fait vibrer la flèche
Dans le bois de sang rouge
Dentelles au collagène affrété
Posées sur l’occiput de l’occident.

Le rire ourle
Passage des pieds nus
Sur l’ourlet des convenances
Au déplié de la surrection
Du corps chevauchant la barrière.

En queue de pie
Arc tendu dès l’aube
Avons convenu de rassembler les sagesses
Pour les compter de un à dix
Comme paillètes neuronales.

Incluse
Recluse
La femme du bout du pont
S’est offerte au premier venu
Contre tranche de pain dur.

Péruvienne et pourtant mienne
Bondissante de cercle en cercle
Elle a régurgité quelques pensées
Par attention vive
Portée aux enfants de la veille.


1624




Aux têtes multiples

Aux têtes multiples
Se sont superposés les futurs
Dont un seul deviendra réalité.

D’une étoile je descends
Des étoiles je vais et viens
Auteur anomique de mon point d’ancrage.

Attraction globale d’évolution
D’embranchement en embranchement
J’émane de la Tradition.

Chenille papillon
Aux yeux de myrrhe blanche
Je me fonds dans la nasse.

J’agis et bifurque
En pilote de ma conscience
Comme libre arbitre de mes choix.

Devant message ovoïdal
Je manœuvre l’écran
Au-delà du système.

J’ondule et me perds
Et me crée
En me soustrayant.

Aux frênes
Nos serpents de vie
Je pense le monde d’une autre façon.

Vječnost
Je qualifie le passé et le futur
D’aucun futur et de nouveau passé.

Balancement simultané
À portée du rêve
J’émarge aux aruspices de la raison.

Sur le chemin intentionné
Au GPS de mes amours
Je dépose fatuité et condescendance.

Errance consentie
Par le cri et l’écrit
Le mythe brûle sous la lampe.


1623