De l'eau
de l'eau à foison
assignée au feulement incessant d'un chuchotis animal
froissement d'une voix contre la paroi de basalte
gouttelettes de perles au diapason d'un son guttural
claquement des mains velues contre le roc ensanglanté.
S'élève la monocorde allégeance
le faisceau continu
la plainte stratifiée des écobuages de la cité .
S'exprime l'alphabet en ses dissonances
ces frères dont la pratique artisane
fut emportée par la burle
vers la vallée des permissivités .
Seul le son d'une cloche
par dessus le courant d'eau
manœuvre à l'appel
les hommes de la magnanerie
alors qu'il fait encore noir
par ce matin d'hiver à traverser ce pont de bois
les sabots frappant de leurs ferrures le seuil de l'atelier .
Heureux événement
que l'arrivage des ballots de soie
hérissés de mille fils irisés
hors la grossière toile de jute
à l'arrêt comme hésitante
d'entrer dans la goule
où le mâche-menu des ferrailles associé au crissement des éraflures
gargouillent du lissage des textiles fins .
Maraude instantanée
du garçon derrière le bâtiment
ramassant vivement la musette pleine
posée sur le banc poisseux du vestiaire
le temps d'un saut dans l'ombre
hors du ravin des attendus
pour se retrouver ivre libre
ang pinitik nga kasingkasing
sur la sente caillouteuse
hors la promiscuité du bas
et haut les cœurs
apporter en la chaumière sans feu
les noires stries
d'un à-jour imprimé
sur le pourtour de son visage
de châtaignes et d'oignons
oings .
Message hors âge
des floricoles levées d'esprit
des génuflexions lasses
sur le chemin des trois croix
entre le Golgotha et la finitude de Marie .
Les femmes saintes seules admises
à retenir par le bras
les mâles de passage
para pahiyom
ameutés
disparaître dans le taillis
à la recherche de l'argousier
qu'ils feront suinter
sur la pierre des fièvres
histoire de se mettre en marche
sans compte à rebours
sur le chemin coquillard .
Les femmes saintes seules admises
en progression lente
vers l'amour et la compassion
chargées des brassées de genêts dorés
à la mesure des hautes portes des granges
enfouissant sous leurs amples jupes
les crânes des trépassés
les reins ceints d'une étoffe
si rouge
que le soleil levant
de par son disque iridescent
évoque le saint chrême de l'onction du mercredi saint
celui des faiseurs de jours
pour peu que la mise soit permise
sur le suin safrané
de la jument grise de maître Cornille
ébranlé de plaisir
à la vue de cette farine si blanche
que le puissant déplacement de la meule
pierre contre pierre
fait s'envoler
au gré des trilles du merle
sa kaadlawon
d'un matin de mai .
138
Mga Arsip sa Kategorya: Tuig 2013
mon amie
De t’avoir rencontrée me remplit de joie, toi, différente de moi et pourtant si proche .
Tu m’accompagnes et me calmes lorsque le temps est à l’orage, que de noires pensées montent de mes gouffres amers et que mes réparties sont excessives .
Tes fermes colères que l’on pourrait croire feintes me sont le remu-méninges vibrant et salvateur lorsqu’atteinte par un assoupissement de l’attention et de l’âme je balbutie de vagues réponses devant le risque de la nouveauté .
Je t’aime, sans l’ombre d’un doute, que même notre arrivée conjointe sur une autre planète ne pourrait nous dispenser d’exprimer notre folle envie en miroir de chercher et de comprendre à tous propos ce qu’est la vie .
Je t’admire au-delà de toute considération restrictive, d’une admiration dispose et large, que même l’envol tardif d’un perdrix devant nos pas ne saurait nous distraire .
Et pourtant Dieu sait que j’aime les perdrix rouges qui de leur vol lourd et plat pourraient réveiller dans un sursaut salvateur le dormeur du val que j’ai si souvent tendance à être .
Devant notre énergie d’hommes debouts chargés des possibilités de réalisation à venir, la terre, notre champ d’activité, est si vaste, puissante et fragile à la fois, sensible, amoureuse et réceptive, qu’il nous arrive même d’entendre le murmure du commencement des commencements .
Ta parole tournée vers l’éternelle urgence à énoncer l’essence des choses me permet de poursuivre mon chemin, délié de toutes entraves, vers le clair ensemencement de mes jardins les plus profonds .
Tu m’accueilles avec tant de générosité, de promptitude et de justesse que je n’ai même pas le temps de te remercier. Dès que je te vois, je suis à l’affût pour te consommer avec ma tête et mon coeur, et dès que je me consume, dès ce que tu m’offres pénètre en moi, alors tu disparaîs, alors je fonds .
Tu es mère, grande soeur, ange et félibrige de mon coeur pour qui l’émoi que je ressens à ton égard est de suite transformé en “sens” clair et profond au service de mon engagement de fidélité à ton enseignement. Toi, ma flèche lumineuse .
Et puis je t’ai librement choisie comme étant mon amie alors qu’on ne choisit pas sa famille .
Et je serais toujours l’arc pour bander tes pensées réitérées avec force tant il est impérieux pour toi que nous les prenions en compte. L’état du monde actuel en dépend .
Ton message passe. Ta parole est reine. La fluidité de ta vision m’épouse. Les traces que tu laisses derrière toi, je les recueille au plus fort de mes perceptions et de mes capacités mentales pour les intégrer le temps d’une communion venue .
Ton visage est inscrit au profond de mon âme et pour peu qu’un souffle vienne à passer, aussitôt je me lève pour reprendre ce chant mystérieux qu’au cours d’une de nos premières rencontres je murmurais et qui depuis toujours m’accompagne lorsque je croise ta route .
Ton regard signe les instances de ces lieux de paix et de convocation à la vigilance d’une attentive flamme de pertinence .
S’il arrive de nous perdre quelques temps et que je te retrouve, aucun préambule n’est de mise dans le premier regard que tu me portes. Tu es là, je suis là, corps, âme et esprit prêts à la tâche qui nous incombe, ce grand oeuvre tissé de chaleur humaine, d’intentions de bonté et d’exigences de compréhension quant à notre posture à tenir dans nos temps si troublés .
Et si tu partais en voyage, sache qu’ici ou ailleurs il y aura de la place pour tes disciples, pour mes frères et soeurs en toi, afin de perpétuer le feu d’entre les eaux et le crâne, et nous entretenir de ce qui reste encore à faire .
Et puisque la vie est quête et pélerinage continu, tu es le bourdon du pélerin, le précieux bâton qui me soutient et avec lequel je calligraphie dans la poussière du chemin les lettres sacrées de notre écriture universelle .
Je t’aime, mon amie .
137
Juste un pas vers la sagesse
Sagesse. Le mot “sagesse” vient du latin “sapere”, d’où provient également le mot “saveur”. La sagesse est l’art d’apprécier la saveur. Elle marque une attitude très concrète, très réelle, et assez éloignée d’une organisation conceptuelle élaborée. Il s’agit de trouver un art de vivre qui permette de goûter la saveur de la vie .
Comment ce concept de sagesse se relie à celui, plus occidental, saphilosophie ; car philosophie veut dire “amour de la sagesse”. Dans l’Antiquité les philosophes étaient des hommes dont on attendait qu’ils vivent selon leur philosophie qu’ils enseignaient. Philosopher impliquait une manière de vivre qui mette en harmonie la pensée et la vie .
Et puis au cours des derniers siècles, en Occident, la philosophie est devenue l’art de construire des systèmes de pensée, de les étayer, de les défendre et, dans des “disputationes”, des discussions, de prouver leur suprématie sur les autres. Dans la Chine classique, un des foyers de la sagesse du monde, celle-ci était conçue différemment ; ainsi l’on disait que “le sage est sans idée, sans position, sans nécessité” .
Je pense qu’un sage est un être humain sans qualité particulière, sans idée déterminée à l’avance, sans position à défendre, parce qu’il veut rester ouvert sur la réalité, afin d’être frais et dispos à ce qui s’advient. C’est par cette posture que le sage peut le mieux refléter celui qui se confie à lui. La sagesse est donc à l’opposé de la crispation. Elle est proche de la sérénité .
Le sage ne “croit” pas ; il a la “foi” .
Ang “croyance” vient du latin “credere” et dans cette famille de mots on trouve notamment en français “crédulité”, c’est-à-dire une manière de donner son adhésion à des affirmations que l’on est pas capable de fonder rationnellement. Croire c’est adhérer à certaines affirmations .
Ang “foi” vient du latin “fides” et dans la famille des mots issus de cette racine il y a en latin “confidere”, qui a donné “confiance ” en français. Un homme de foi n’est pas avant tout un homme qui croit ceci ou cela, mais un homme habité de l’intérieur par la confiance. Avoir la foi, c’est avoir confiance dans la réalité ultime quelle qu’elle soit. Nous pouvons être habité par la confiance et la foi sans véritablement savoir quel est le fond du fond du réel .
Ne considérons pas la “croyance” comme une crédulité, mais comme étant d’un autre ordre niveau de conscience que la “foi .”
Et sur ce chemin, nous sommes toujours en train de faire le premier pas. Quand nous faisons un pas, nous nous exposons à un déséquilibre. Nous acceptons un moment de perdre l’équilibre de l’immobilité jusqu’à retrouver un nouveau point d’équilibre, en remettant le pied par terre. Alors qu’il n’y a rien de plus rassurant que de rester immobile, avancer un pied devant l’autre, c’est prendre le risque de trébucher. C’est accepter le connu pour aller vers l’inconnu, Ug kini, sans savoir à l’avance si cela nous réserve joie et épreuve. A celui qui se lève et marche, s’ouvrira devant lui un vaste espace, parce qu’en fonction du cap qu’il se donne – que ce soit la vérité, le réel ou la sagesse – le “marcheur vrai” ne peut qu’aller de commencement en commencement par des commencements qui n’ont pas de fin.
Ang “marcheur vrai” est homme de ce monde. Il ne peut déroger à l’engagement qui au détour de son parcours de vie le convoquera à rentrer dans une histoire, à s’inscrire dans ce qui s’est fait ou pas encore fait avant lui et qu’il pressent qu’il faut faire. Il lui faudra prendre parti. Il lui faudra s’incarner pour contribuer à transformer le monde.
Ang “marcheur vrai” semble aussi en dehors du monde. Il est en lui-même, pour lui-même, l’objet de sa réalisation par une voie intérieure. Il est en prise directe avec ce qui le dépasse et inexorablement avance vers l’innomable et l’innomé. Il donne et reçoit à mesure du temps qui passe et des rencontres qu’il fait sans prêter particulièrement attention aux conséquences de ses actes. Il est“présence” sa unsa. Il est en confiance .
Ang “marcheur vrai” en quête de sa réalisation se doit de dépasser la contradiction entre“l’engagement” et“l’intériorité” afin de se situer aux portes du temple où “sagesse” et “kahibalo” sont à la fois différenciées et réunies. A ce point de son parcours, par un renversement de perspective animé par la foi, il peut dépasser le niveau de réalité au-delà duquel notre logique ne fonctionne plus. En effet, ce qui dans notre monde habituel semble inapproprié, peut apparaître au contraire en consonance, quand on change de registre, comme un nouveau niveau de réalité .
Il n’y a pas d’opposition entre la recherche de l’intériorité et l’engagement dans la vie du monde. L’un est presque la condition pour que l’autre ait une véritable efficacité. Celui qui resterait presque toujours enfermé sur lui-même dans une espèce de quête sans fond finirait par se dessécher sur pied car il manquera de l’alimentation de la relation avec tous les êtres qui l’entourent. Et celui qui s’engagerait dans la transformation du monde sans prendre le temps d’un retour vers son intériorité profonde, celui-là au bout d’un moment pourra s’éparpiller, s’émietter, se disperser, se chosifier .
136
D’une relation l’autre

Il est admis que c’est seulement par l’expérience personnelle que nous pouvons accéder à un peu plus de connaissance .
Mettre dans un bocal tout le succédané des enseignements ne mène qu’à soumettre à l’épreuve de la saumure la pureté de la quête en ses préliminaires ; ça chauffe, ça brûle même, mais jamais ne parviendra à maturité ce chercheur des eaux obscures .
Tu n’attesteras pas de ton appartenance à quoi que ce soit, une joie illusoire pouvant se glisser entre ta parole et l’objet de ta recherche .
Sois vraiment toi. Au passage du gué, il y aura l’épreuve. Alors ne te raconte pas d’histoire. Et même, ayaw pagsulti bisan unsa. Garde le silence. Vois, et tu seras vu .
Si viens à passer le voyageur aux sept chameaux chargés de tapis, sa mga seda, de fourrures de parfums et de pierres précieuses, et que celui-ci veuille acheter tes vieilles chaussures toutes racornies, c’est que ces chaussures n’ont pas toujours été les tiennes et qu’un autre les portera .
Il te reste alors le chemin, et sois son obligé .
Ne sois plus la victime de ta croyance à être sur le “bon” chemin. Les grandes choses que nous puissions voir le seront par l’entremise des proches personnes qui t’entourent. Ta femme, ton homme, tes enfants, tes amis, tes voisins, te convoqueront à cesser d’être la victime de l’autre pour t’engager sur la voie de n’attendre rien .
135
La simplicité
Autant parler de moi .
Autant parler des pierres, des fleurs et puis des arbres .
Je leur ai parlé .
Je fais parti de cette confrérie des jardiniers de la création .
Je sais qu’il faut progresser les mains nues, oeuvrer dans l’instant, dans l’obéissance à ce qui est, être à l’écoute, et non pas s’affubler d’outils performants .
Et puis j’ai découvert que la nature parlait, et en l’écoutant, j’ai découvert le silence intérieur de la communion, de cette union de soi avec l’autre, que l’autre soit un minéral, un végétal, un être animal ou humain, ou bien une entité naturelle ou cosmique plus grande que soi .
Certes la nature ne parle pas français ou japonais, ni un langage symbolique, mais elle s’exprime par “résonance”. L’on se met en position d’attente sans attente, de prière, de contemplation et le cerisier vous raconte une histoire, et le frêne, une autre histoire, et le hêtre une autre histoire encore .
Avec les chrétiens, à Pâque, on touche le mystère de la mort : s’il n’y a pas de mort, il n’y a pas de résurrection. Si j’amène ma petite fille voir l’amande en train de pourrir, je ne lui dis pas : “Regarde l’amande en train de pourrir”, kadaghanan : “Regarde l’amandier en train de naître”. Pour l’amande, c’est certainement un moment terrible, mais cette amande donne la vie. C’est le lâcher-prise, l’abandon, la confiance .
Les arbres nous donnent à grandir .
Un jour en me promenant, je croisais un pommier, avec à son pied un petit pommier pas plus haut que trois pommes en train de pousser. Je levais les yeux et vis une pomme pourrie accrochée au pommier. Je compris alors qu’il existait deux morts. Cette pomme aimait tellement sa maman qu’elle n’a pas voulu couper le cordon ombilical et est resté accroché à la branche où elle a pourri sans donner la vie. Une autre pomme, siya, est tombée. Elle a pris le risque d’aller voir ailleurs et coupant le cordon ombilical est tombé à terre ; elle est morte, mais de cette mort est né un pommier .
La nature nous apprend qu’il y a des sauts, des morts, des émondages, des ruptures dans le rythme, une obéissance nécessaire à faire avec confiance afin de retrouver l’acte premier, l’acte créateur .
133
gikan sa commodified nga kalipay ngadto sa malipayon nga sobriety
Karon, ang tinguha alang sa kalipay ug sa iyang commodification pinaagi sa advertising nga gihimo sa neoliberalismo sa ekonomiya, makina sa kasamtangang globalisasyon, kinsa may naghimo sa usa ka masa nga industriya uban sa tumong sa paghimo sa mga tawo nga malipayon bisan pa kanila. Kini supak sa akaayohan sa katilingban diin ang una ang kondisyon mao ang pag-establisar sa pagpuyo nga magkauban nga organisado sa tuo sa matag usa mabuhi, ug dili lang para mabuhi, aron respetuhon ang uban ug ang iyang kahimtang, demokrasya .
Loin, nga adunay panagsumpaki tali sa demokrasya, gugma ug kalipay nga mao ang tulo ka sukaranan nga mga kondisyon alang sa pag-uswag ngadto sa pagtukod sa usa ka katilingban nga makahimo sa pagpalambo sa hapsay nga kalamboan sa pagkahimo ug dili usa ka makadaut sa ekolohiya nga lahi sa pagbaton .
Bisan pa niana, dili nato isipon ang kalipay ingong a kapital aron mabuntog ug mapreserbar. Ang kalipay usa ka kalidad sa presensya, a kalidad sa intensity, ang arte sa kinabuhi “Tanan sa maayong panahon” .
Ang dako nga hagit mao ang paggawas sa ibabaw sa torque kahinam/depresyon nga nagpaila sa dominanteng sistema sa atong mga katilingban gitawag nga mga pag-uswag, pinansyal nga mga merkado, politikal nga talan-awon, isport kalingawan ug ubiquitous media. Car cette façon d’accéder à l’intensité se paye cash par une phase dépressive fondée sur le déséquilibre et la démesure. Laquelle phase dépressive suscite le besoin d’une nouvelle excitation, Ug uban pa .
Ce cercle vicieux peut être rompu ; une autre modalité de vie est possible, sur le plan tant personnel que collectif. Il s’agit du rapport intensité/sérénité. C’est ce que nous ressentons quand une joie profonde nous irradie et nous relie à autrui sans nous isoler. Cette joie, qui peut naître de l’amour, de la beauté, de la paix intérieure, c’est-à-dire d’un rapport harmonieux à la nature, à autrui et à soi-même, mao na ang tanan grabe ug malinawon. Usa ka kalinaw nga nagtugot niini nga maapil sa gidugayon, sukwahi sa kahinam. Ang ingon nga pamaagi sa bisan unsang paagi dili iapil kini partikular nga porma sa intensity nga mao ang dako nga party, ang karnabal, ang panghitabo kultural o bisan sa dagkong sport, o ang talagsaong panahon sa kinabuhi personal o kolektibo .
Apan kini nagdapit kanato sa pagkinabuhi niining panahona nga lahi kay sa sumala sa modelo sa kahinam, sa ingon paglikay sa kilid “baba Sa kahoy” o ang lohika sa hiwi nga kalipayan, diin ang kahinam sa pagkatinuod gipalit pinaagi sa pagdominar sa uban .
Ang“malipayong kalinaw” dili pagdaginot o asetisismo. Kini mao ang kini nga oportunidad sa pagpuyo nga grabe niining mahunahunaon nga panaw sa kinabuhi sa uniberso nga gitanyag kanato sa adventure sa tawo. Kini usab, sa politikal nga plano, ang katungod nga gihatag sa matag tawo nga barogan Tinuod nga Buhi .
132
Ang pangutana sa kinabuhi . 2
Kini usa ka pangutana importante nga mahibaloan sa tanan, ug ilabina nga nakahibalo sa iyang kinutuban. Unsa ang kahulogan niini nga katawhan, niini nga uniberso nga naghimo niini nga mahitabo sa katapusan sa usa ka talagsaon nga proseso sa napulo ug upat ka bilyon ka tuig ? Kana unta agnostiko, ateyista o magtotoo, kini mao ang pangutana nga sa usa ka adlaw o sa lain nga kita dili ayaw paglangan sa pagpangutana .
Ang istorya sa sibilisasyon mao ang una sa tanan nga istorya sa mga pagsulay sa pagtubag nga sila dad-a niining katapusang pangutana. Kadaghanan, tungod kay kini usa ka hinungdanon nga isyu, bisan importante, ang mga tawo nahimong instrumento sa sukaranang pangutana sa kahulogan naghatag kinabuhi pinaagi sa pagdesinyo ug mas daghan o dili kaayo sirado nga mga sistema sa pagpatin-aw nga adunay mga sangputanan nga usahay makapakalma apan usahay magkasumpaki mas makapatay pa kay sa kagawasan, sa pagkaparehas ug panag-igsoonay .
Kay ang pangutana sa “sens”, imbes nga usa ka pribilihiyo nga lugar alang sa pagpangutana ug pagtubo sa kahibalo ug kaalam alang sa katawhan, kasagaran nahimong ang dogmatikong tubag vector. Imbes nga matinahuron sa pagpangita gikan sa uban, mga grupo sa pagpit-os sa tawo nga gipuy-an sa kabubut-on sa gahum, kahakog, ang kahadlok sa kahaw-ang ug ang pagpangita sa gahum nagtinguha sa pagdominar niini o dili iapil kini, nga maoy hinungdan sa gubat sa “sens”. Ug kung kini nagtuyok sa mga transendente nga relihiyon o sekular. Ang parehas nga mamumuno nga lohika nagtrabaho alang sa mga gihukman Mga pagsulay sa Moscow sa ngalan sa kasaysayan, para sa mga biktima sa genocide nga gihagit pinaagi sa totalitarian nga politikanhong mga rehimen, para sa mga nakonbikto sa Inkisisyon Katoliko (Torquemada) ug protestante (Calvin), sa Hudiyong pundamentalismo o Islamic sharia .
Sa tanan niini nga mga kaso, kung unsa ang kaniadto ug hangtod karon kanunay sa trabaho mao ang pagtamay sa pagkalainlain, usab ang unang balaod sa pagkalainlain sa natad sa “sens” sa paghatag og kinabuhi, sa iyang kinabuhi ug sa uban, Kini mao ang usa sakagawasan sa konsensya, huyang kaayo nga konsepto pero gawas sa pagkamabinantayon ug pagkagahi sa ulo nga gipasabot niini hinulaman usab pagtamod sa kaugalingon, sa pagtahod sa uban, pangitaa ang pagkatinuod, sa gugma limpyo nga maayo nga gibati, sa kayano, sa pagpaubos, kapuno ug kahibalo unsaon pagkinabuhi .
Panahon na aron umari, puno sa kasuko ug kahayag, diin mabadbad ang mga binangan sa umaabot sa natad sa paglaom. Hinaot unya ang mga lalaki ug babaye sa maayo mobangon aron i-extend ang taas nga paglakaw nga mahimong, overhanging sa Misteryo, ang mga nagpadayon sa buhi nga buhat sa dako nga transshipment, dako buhat sa kinabuhi, mubo sa atong personal nga sukdanan, apan dugay kaayo sa pagtan-aw sa pagpadayag sa umaabot, ug operatiba sa mga timailhan nga utang nato sa atong kaugalingon sa pagsulod sa dakong libro sa mga memoir nga konsultahon sa atong mga kaliwat .
nga ang hunahuna, kasingkasing ug katarungan motabang kanato niini nga pangutana sa “sens” tungod kay adunay labaw pa kay kanato niining nagkalapad nga uniberso. Mahimo natong tan-awon nga sama ka maayo sa maniwang nga uhot sa straw toy sa mga elemento, gamay nga hollogram cell niining lapad nga kalibutan diin kita bahin, sa responsibilidad ug sa presensya sa kung unsa ang .
131
Ikaw akong igsoon
Nga nahitabo sa panahon sa panaw sa mga initiation. Usa ka adlaw, samtang panahon diha sa bagyo, among nasabtan kini nga ilhanan pinaagi sa paglakaw sa mga panganod pagpasig-uli, kini nga anvil nga migula gikan sa kahiladman sa langit .
Sa dihang ang bungol pag-uyog midagan latas sa bukid, kami dayon gilabay sa yuta batoon nga nawong sa ubos, paralisado, naghulat sa katapusan niining kasuko nga ang mga epekto milanog sa kinahiladman sa sulod namo .
Pagkataudtaod gawas sa dimensyon, sa dihang milingi ko ug ang katingad-an nga tin-aw nga kalangitan walay timailhan sa bagyo, didto ka, akong igsoon, walay lihok, sila mga sinina nga nagwarawara sa kahayag sa hangin sa buntag, ang nagkurog nga bungot ug ang hitsura humok nga nakapunting sa walog sa gigikanan .
Putli ang hangin. Mibangon ang baho sa presko nga mga bulak. Sa walay pagtan-aw sa usag usa gikuha namo ang among bagahe sa pagpadayon sa pagsaka .
Kaniadto ___ ang milabay pipila ka siglo. Igo na kami kaniadto nga mahimong tinuod nga mahunahunaon nga mga lalaki sa atong mga responsibilidad ug sa buluhaton nga gihatag kanato. Kami kaniadto gitabok sa padulngan nga nagpakita sa iyang kaugalingon pinaagi niining dili masulti nga kusog ug dili mabalhinon nga dili mapugngan nga nagpalihok kanato sa usa ka dalan sa kahibalo ug sa kaalam, sa dalan paingon sa dakong Misteryo. Kini mao ang kahulogan sa paghatag sa atong kinabuhi .
Hinumdomi niadtong gabhiona sa diha nga ang nag-uwang nga hangin inubanan sa huros sa bugnaw nga ulan gub-a ug ibutang ang mga kahoy sa among luyo. Napungot ang yuta. kon lawom nga mga bung-aw nga gikalot sa among atubangan nga kinahanglan namo sa paghangyo sa Dios nga masaligon nga magpadayon sa pag-uswag sa sulod kanato pinaagi sa pagtugyan ngadto sa labaw pa kanato. Kinahanglan kaming mouswag gikan niini nga kalisdanan .
Hinumdomi ang hilum nga panahon sa among paglakaw sa mga uma diin kami nagkanta kusog ang grabe kalipay sa yano nga buhi napuno kanato sa kawalay pagtagad ug kapuno. Adunay gaan sa among palibot ug naggunitay kami misuroy-suroy sa balay sa pamilya, lapas sa mga blondes mga umahan sa trigo nga adunay mga blueberries, nagwarawara sa mga daisies ug poppies ubos sa hinay nga huros sa hangin aron ipadayag ang naglihok nga mga porma sa mananap nga gipalihok pinaagi sa pagduko sa mga dalunggan dayon pagkurog. Usa ka pangurog ang midagan kanamo ug kini maayo .
Kusog ang panahon karong buntag. Gisul-ob sa imong gigamit nga apron sa eskuylahan nga among gidala para sa holidays, nanaug ka sa lig-on nga bato nga mga ang-ang gikan sa pultahan sa, pagpangita sa imong sungkod, lakaw ug isubay sa gibunalan nga yuta sa dalan kining mga timailhan nga gibiyaan ko nga wala makatingog. Ikaw ang giya nga nagpakita kanako sa dalan .
Hinumdomi kini pig-ot nga agianan nga among giagian aron makagawas sa buho sa mga tentasyon. Siya ngitngit niining hugaw nga scullery nga puno sa mga kapeligrohan apan wala gayud kami nahulog sa buho nga puno sa tubig. Ang dapit nagtago lamang sa baril sa bino gikan sa apohan ug sa mga straw sa pipila ka piraso sa keso gipanalipdan sa bug-at nga lino nga mga tualya sa tsa .
Hinumdomi niining winter walk sa taas nga nasud diin, pinaagi sa mga dalan nga deformed sa yelo ug niyebe, ang adventure naghulat kanamo. Giputos sa ilawom sa parke ug beanies, ang bugnaw nga hangin nga mosulod sa canvas cabin sa sakyanan natusok sa dakong samad nga gitabonan sa bukas nga payong, mga bumps ug ang mga skid naghimo kanamo nga nagsinggit alang sa kadaugan. Mihunong sa lasang among nasugatan ang masakit nga lansang human sa paglabay sa mga snowball batok sa caravanserai sa atong kagahapon .
Dili nato makita wala nay hinay nga mga caravan, naggilakgilak ug humot sa singot sa mga kamelyo ug mga panakot. Dili na namo madungog ang singgit sa mga tawo nga naggiya sa ilang mga kabayo recalcitrant ngadto sa laing dapit nga wala namo gidudahan. Mibalik kanako gikan niini desyerto sa gigikanan ang panan-awon sa nagdilaab nga gininhawa sa mga balas nga gipataas sa simoun ug kining gituy-od nga kamot, brown ug liki gikan sa maalamong tigulang nga mitumaw gikan sa walay bisan asa nga miabli sa pagpadayag sa bahandi, kining gahi nga prutas, itom ug kunot nga makit-an sa daplin sa dalan nga gilinyasan sa mga sampinit ug mga tunok .
ayaw pagpabilin karon nga ang medyo normal bush sa duyog sa atong mga anak … Dinhi ! Sa plasa ilang gipatindog ang marquee of passion … kami maghulat alang sa pagpadayon sa dakung basahon sa mga pagbag-o .
Karon dayon, didto walay bisan unsa, nawala ka igsoon .
Hinumdomi kana ang pagsulod sa corridor of births nahadlok kaayo namo. Toi, nagkupot sa imong stick ug ako nag-awit sa pipila ka mga magic formula nga makatabang kanamo agi sa pikas kilid, bag-o nga. Wala nay ikaduhang higayon. Walay lain kondili ang nagkatag nga mga bloke sa bato gikan sa ebb sa hunahuna nga ang panahon sa paglangay-langay oriented ngadto sa pagbaton ug seguridad .
Ang mga langit adunay bukas. Ang mga katarata sa tubig mibanlas sa mga timaan sa atong kasaysayan. Mga bata mga maalamon nga nanag-iya sa gasa sa pagsangkap sa ilang kaugalingon pinaagi sa imahinasyon niini nga nasud layo nga talagsaon nga mga panimpalad, mihunong na kami sa pagkanta atong gigikanan. Ug usahay kung magdahunog ang bagyo, atubangan sa fireplace nagkisikisi, kita unya gibiyaan uban sa lihok sa pagkutaw sa mga abo sa nangagi, ibubo, ngadto sa kinasang-an sa emosyon ug sinseridad, isulti ang tinuod, isulti lang kung unsa .
Ang tawag sa atong inahan, dili na ta makadungog. Siya nga nag-imbitar kanamo sa pagtilaw niini sa atubangan usa ka panaksan sa init nga gatas sa saging aron mausap sa imong mga ngipon ang dagkong mga hiwa sa pan brown nga pan nga gipaburot sa redcurrant ug blackcurrant jam ; dagkong mga hiwa sa pan nga giputol sa among lolo ang pie nga wala gyud niya kalimti nga pirmahan sa usa ka krus sa dihang sa unang higayon iyang gidala ang kutsilyo didto. Ang clide sa Ang kahoy sa hardin dili na magpabilin nga sirado aron dili makaadto ang mga manok naglingawlingaw sa tunga sa mga plantasyon. Dili na nato kinahanglang pilion ang parsley sa katapusan nga higayon sa garnish sa salad uban sa grated carrots ug mga itlog Mimosa .
Kon bahin sa tubig mga atabay nga kinahanglang kuhaon gikan sa busay niining bug-at nga mga balde nga zinc sa pagsaka, usahay kung ang hangin nagsulti kanako, Nadungog ko nga mikatawa ang Tigulang nga babaye .
nahinumdom ka ba ? Aron lang maharmonya ang awit sa kabuntagon sa mga langgam sa mga kampana gikan sa simbahan nagdala niining maaslom nga lami sa pagkasuod nimo, akong igsoon .
130
Ang kahilom; kapuno sa kinabuhi

Sa Pranses, anaa ang ekspresyon “patay nga kahilom”, alors que l’expérience du silence déborde de vie .
Ang pagdapit sa usa ka tawo sa pagpahilom wala magpasabot sa paghangyo kanila sa paghilom, dili labaw sa pagbarog nga nag-inusara sama ra sa pagputol sa tanang relasyon .
Isalikway ang mando “paghilom” sa pagpalabi sa “chut” gilitok sa hinay nga tingog nga ang tudlo sa tudlo gibutang sa mga ngabil sa pagdasig sa kahilom .
Chut ! Adunay mahitabo nga dili nimo mahunahuna, nga mahimo nimo tan-awa, makadungog o mabati, nga daw tinago, ug kinsay makabalik ug ikaw makadani sa kabag-ohan ug kalambigitan niini .
Ang imbitasyon sa paghilom mahimong sama sa usa ka imbitasyon sa pagbiyahe. Siya nagtugot sa pag-abli sa mga pagbati ug sa pagduol sa sulod nga kinabuhi. Kini usa ka atensyon nga mahimo hangtod sa pagpamalandong ug pagpalapad sa pagkatawo nga moabot hangtod sa kalipay .
Apan ang kahilom nagkinahanglan og panahon sama sa importanteng mga butang. Wala siya tan-awa ayaw pagdali. Kinahanglan niya ang tanan niyang oras tungod kay wala na siya sa oras temporal .
Kinahanglan nimo nga hatagan una kini og lugar., i.e. gikan kanato kuhaa ang kasamok sa mga hunahuna, kabalaka, makapahimuot nga mga emosyon ug dili maayong, ug bisan mga pulong .
Kung ang kahilom makahadlok sa kadaghanan sa mga tawo, kini tungod kay kaysa sa wala pa siya nahimamat ug gipabilhan siya, ang tanan gidaugdaug sa iyaha mga mananap sa sulod – unsa ang mga hilig, garbo, kasuko, ang pagkatapulan, ang pagkawalay alamag, ang kabubut-on sa gahum, bakak nga pagpaubos, ang panghaylo, ug uban pa… – ug nga sa higayon nga ang mga mananap mikalma na, gibati namo nga nag-inusara, nawala, ilo, uban sa makamatay nga kasakit nga mibangon .
Gisulat ni Blaise Pascal : ” Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, walay pagbati, walay negosyo, walay kalingawan, sans application. Gibati dayon niya ang iyang pagkawalay kapuslanan, anak biyaan, kakulang niini, sa dépendance, ang kahaw-ang niini. Diha-diha dayon, ang kalaay mogawas gikan sa kahiladman sa iyang kalag, la noirceur, kasubo, kasubo, kasamok, ang pagkawalay paglaum . “
Daghan kaayo nga ang tawo wala gayud makasugat og kahilom, wala siyay gibati anaa lamang pinaagi sa aksyon ug kasamok, pinaagi sa kawalay kasigurohan ug paglangay-langay, pinaagi sa pag-antos ug mga problema sa tanang matang. Siya nagpabilin sa periphery sa iyang kaugalingon. Ang kahadlok sa kahaw-ang nga iyang gibati nga makatarunganon ang ideya sa pagpabiling hilom walay lain kondili ang kahadlok sa kaugalingon nga kahaw-ang, sa ang iyang kahiladman nga kakabos .
O, labi pa nga moadto kami sa among sulod, mas mouswag kita ngadto sa kahilom ug labi nga nagbukas ang mga pultahan sa usa ka dili masukod nga wanang. Samtang sa gawas nga kinabuhi, kita nagpuyo sa tow sa unsa ang kinahanglan nga buhaton sa maayong pamatasan sa atong katilingban, nga ingon sa usa ka yano nga “makamatay” ; sa sulod nga kinabuhi kita usa ka tawo nga gitawag ang pagtubo, bug-os nga nagtrabaho, ug bisan sa kahingpitan niini kalampusan “walay kamatayon”. Ang binuhat dayon mobati nga hingpit pagpanag-iya sa iyang kaugalingon, kini duol sa tinubdan ug nagpakita sa kahingpitan .
Kon mas hilom ang usa, mas daghang konsiderasyon ang makit-an sa Pulong ug sa Kahilom., ug the less we talk .
Para sa mga nakatilaw sa kahilom, ang mga diskusyon, mga debate, mga miting sa pamilya ug intelektwal nga mga colloquies nahimong lisud nga dad-on tungod kay makahuot. Ang hilom, kay ang nag-inusara nagkinahanglan og hangin ug luna ; nagkinahanglan siya og kasinatian sa gawas sa baybayon, lapad, lawom. Ang tanan nga uban kaniya murag patag, gamay ra, taphaw. Ang “komunikasyon” mandatory ug angayan daw alang kaniya katingad-an.
Sa diha nga ang usa ka tawo nahiusa gayud siya mahimong gawasnon gikan niini nga obsession sa pagpakigsulti sa tanang panahon ug mahitungod sa bisan unsa.. Ang hinungdanon nga pagpaambit lamang sa hinungdanon nga mga hilisgutan o hilom nga pagbinayloay sa kasingkasing sa kasingkasing ang makatarunganon ug nagtanyag tinuod nga pagkaon .
128
Unsay kahulogan sa paghatag sa kinabuhi ?
Nagpuyo mi ang kataposan sa kalibotan nga gitukod dili pa dugay sa mga relihiyon, ang mga loyalty sa kaduol, patriyotismo ; ug karon gimarkahan sa konsumerismo diin Ang mga insentibo sa advertising nagmaniobra kanato sa serbisyo sa globalisasyon ekonomiya ug kultura nga gipasiugda sa mga kagubot sa teknolohiya .
Ang relasyon sa sagrado giusab. Ang pagpangita sa kahulogan gisundan sa wala nay awtomatik nga tubag base sa relihiyon. Sa pangutana : “nganong naa ko sa yuta ?”, sunda ang mga tubag kinatibuk-ang siyensiya ug politika. Dili na ta makasalig tradisyon. Atong atubangon ang atong mga kahadlok, … ug didto mi gipatawag sa atubangan sa atong kaugalingon .
Ang paghatag ug kahulogan sa kinabuhi nga atong giagian dili klaro, tungod kay ang nanghulam og mga papel ang mga tawo. Biktima kuno sila sa klima, sa uban, sa sitwasyon, nga naa nila ang tanan aron malipay ug unya kana … O, ang among kalipay ug ang among kaalaotan iya namo. Kami ang responsable sa atong kalipay ug kaalautan kay naa tay kahigayonan nga motubo, sa pagtubo .
Kinahanglan kitang moabante nga bukas ang mga mata sa dalan .
Ang kahulogan sa kinabuhi, kini gugma. Dili ta mabuhi nga walay gugma, kini pagbinayloay sa kasingkasing, kini nga lalaki/babaye nahigugma, kining gugmang anak, kini nga gugma tali sa duha mga binuhat. gugma kay panag-uban. Ang gugma kay relasyon sa atong isigkatawo, uban sa mga mananap, ang tanom, kinaiyahan, ang uniberso ug pinaagi sa atong relihiyosong mga buhat .
Kita mga sosyal nga binuhat, mga binuhat sa relasyon. Kinahanglan namo sa paghatag, sa pagmata sa usag usa. Ania kita aron sa paghimo sa atong kaugalingon maayo pinaagi sa pag-atiman sa uban, panaghigalaay, kalooy, le don .
Dili ba ang tumong sa kinabuhi mao ang pagdawat sa imong kaugalingon ingon nga ikaw? ? Apan alang sa nga, gikinahanglan ang pagtan-aw sa uban aron mabasa sa pagtan-aw sa uban nga kita mga buotan. Higugmaa ug higugmaon ka. Kita kinahanglan nga adunay kalumo alang sa atong kaugalingon .
Adunay mga tawo nga makakita lamang pinaagi sa materyalistikong lente ayaw pangutana sa ilang kaugalingon sa pangutana sa kahulogan sa kinabuhi. “Matud pa ni Einstein, nga usa ka binuhat tawo nga wala gayud mangutana sa iyang kaugalingon sa pangutana sa kahulogan sa paglungtad, kinsay dili interesado dili sa diwa sa kinabuhi, dili usa ka tawo.”
Karon kita anaa sa usa ka kalibutan diin ang dominanteng ideolohiya mao ang konsumerismo, diin : “Ang katuyoan sa telebisyon, sabi nga ni patrick Lelay, mao ang paghimo sa mga utok nga masunuron !”. paghugas sa utok, kini mao ang advertising .
Aron pugngan kini nga pagsupak ug makamatay nga sobra, naa mi kinahanglan nga mag-focus pag-usab sa atong diha-diha nga lawasnon ug sensory nga mga panginahanglan nga dili makalingla kanato kon sila may kalabutan sa gugma, sa kalumo, sa pagbati sa mga simple nga butang, espirituhanon. Kinahanglan kitang moingon og oo sa kinabuhi. Ang nag-unang butang mao ang pagkat-on sa paghigugma sa kinabuhi, ug alang niini nga buhat sa atong mga samad .
Ang atong paagi sa kinabuhi mao ang pagpalayo gikan sa kahadlok ngadto sa gugma. Anaa ang atong kalipay, atong kalipay sa pagkahimugso, mabuhi, nga maglungtad. Apan ingon nga kini gipugngan, naa sa nahibal-an nga kinahanglan naton likayan ang pagkawalay alamag ug atubangon ang atong kaugalingon kung unsa mao ang, sa kasinatian niining tanan nga mga adlaw nga nagdala kanato sa ilang bahin sa mga sorpresa. pinaagi sa psychotherapy, apan pinaagi usab sa pagpamalandong ug pag-ampo, kinahanglan nato pasagdi ang mga butang. Kini pinaagi niining intelihente nga pagpugong, ug sulti sensory nga pagbati, nga adunay pag-abli sa kasingkasing .
Kinahanglan nga maghilak kita pag-ayo samtang giunlod ang atong kaugalingon sa panan-aw sa gamay mahimong, nagtan-aw sa usa ka matahum nga talan-awon, usa ka buhat sa arte, o pinaagi sa pagpaminaw sa a musika ug mga kanta nga nagsulti sa kasingkasing. Kini ang kahulogan sa kinabuhi. Ang Ang tubag mao ang pagpasakop sa kung unsa, pagbukas sa mga pagbati. Ang tubag mao “joie” .
Paduola kanamo ang mga bata, ang gagmay nga mga langgam, ang espiritu sa mga panahon kinsa nakapasar, ug labaw sa tanan ayaw pagsira sa pultahan. Init kaayo unya, mahutdan kami og hangin, Dili unta layo ang impyerno, … samtang naa pa daghan kaayo buhaton !
127