Si l’Homme se rencontre lui-même dans sa profondeur du plus bas,
du plus noir et méchant, il se trouve face à ses ombres, au dragon qu’il est au
fond de lui-même .
S’il est capable d’embrasser ce dragon et de s’unir à lui, c’est
alors qu’éclate le mystère et c’est le plein embrasement de la rencontre .
C’est l’aimer parce qu’il est
dans sa singularité .
Il n’y a pas à le comparer avec des canons de beauté, de sagesse ou d’intelligence, mais simplement à laisser la réalité être pleinement ce qu’elle est sans la rapporter à nos idéaux .
L’eau de la fontaine d’Orcival
est une eau particulière, proche de certaines autres bien sûr, surtout de l’eau
du robinet, de celle de la bouteille plastique, de l’éprouvette, de l’eau de
pluie, mais différente d’elles pourtant, et très éloignée encore de celle des
bénitiers .
Et bien entendu c’est sa différence qui m’intéresse, cette différence qui par son caractère absolu est essentiellement processus de relation entre le contenant et le contenu, entre l’eau et son usage domestique ou imaginal .
La lumière en son camaïeu rencontre le froid de la dalle.
Choc circonstancié du bas d’avec le haut, levée
probable de l’enfant endormi, passation de pouvoir entre la nuit et le jour.
La lumière est ainsi, à double emploi. la
rencontre de l’offert et du donné, le frisson qui nous comble d’amour en notre
vulnérabilité, l’approche du sans-repos, le plaisir d’un vol qui jamais ne
s’arrêtera car c’est au nid que l’on prend les oiseaux.
Tel le feu qui pénètre le fer quant celui-ci est jeté dans le
brasier …
Le fer garde la substance du métal mais il devient et réalise l’esprit du feu qui l’habite et le transfigure .
Ainsi vont les hommes lorsque le saisissement
d’une rencontre les convoque au retournement .
Ils se pourvoient alors en créativité, hors temps et espace, vers le tendre abandon de leur être existentiel, pour aborder le coeur en feu la vague du Mystère .
ça respire en nous sans que nous y fassions quoi que ce soit .
Eprouver cela est une expérience frappante de la
grande Force qui nous habite et nous maintient en vie sans notre intervention .
Et cette force fait l’admiration du monde végétal
qui n’a de cesse, à mesure de l’ouverture et de la fermeture de ses appendices
ailés, de créer le jour et la nuit .