Archives de catégorie : Année 2022

Mon frère de cœur

Voilà l'extérieur du cœur   
mon frère   
quand du chaos   
arriveront les visiteurs   
à même la pâtine vitreuse de l'aube   
à soutenir de l'intérieur   
la vision d'une autre vie.      
 
C'est toi qui parlera   
mon frère   
de cette absence   
après avoir versé le bol d'air   
sur le parvis du temple   
pouffant d'un grand fou rire
chaque image convenue.      
 
La rivière des mots coulera   
de pierriers en plages de sable   
poussant de loin en loin   
quelques branchages   
à même les rives de la recognition   
à couvrir les opercules langagières   
d'ailes de papillon légères.      
 
L'élan portera langage   
pour calibrer les ouvertures   
cédant devant le garçon en robe noire   
la colerette du savoir   
de rien l'instinct   
de ce que dit   
l'historien.      
 
L'aigle sera notre maître   
pour reconstituer le décor   
de notre envie de vivre   
l'officiant en toute simplicité   
dardant sa langue pointue   
devant les corps étendus   
femmes et taureaux mêlés.      
 
Je déchiffrerai   
mon frère   
les nœuds et la liqueur des arbres   
au lignage des âmes bien nées   
le néant ourlant   
d'une arabesque dépouillée   
l'aurore où tout se dit.      
 
La plaie essentielle    
sera de vertu première   
le sourire du père   
répondant d'une œillade tentatrice   
à ce que le poète   
en plein emploi de lui-même    
nommera devoir impératif.      
 
 
1115

La semence du sans-soucis

Il y a sur les murs   
le murmure des choses simples  
d'un fil l'autre   
au pampre d'hiver   
s'accrochant sans le secours de la règle   
les ondulations d'un ciel gorgé d'étoiles.      
 
S'amoncellent les pierres   
poudrées d'une chaux grise   
guidant le cœur immense   
de l'équilibre triomphant   
des ouvertures de cette vie   
gravée dans le dur.      
 
Des orbites sortes de boîtes à gourmandises   
suggèrent une affaire complexe   
d'aération et de recel   
que personne encore ne peut étiqueter   
si ce n'est l'envie d'y fourrer son nez   
mains dans les poches sans se faire remarquer.      
 
Babel est à mille lieues   
des cris d'enfants   
maraudant quelques feuilles sèches   
pour sur les pupitres   
énamourer de couleurs automnales   
une joie sans cause.       
 
Chemin de descente   
des chenaux vers la terre   
les souvenirs opèrent   
en résonance d'un souffle d'air   
brumes imaginaires   
écartant les doigts du silence.      
 
Chemin de montée   
comme frise le lait chaud   
accompagnant d'un solide brouillaminis   
les cristaux du rêve   
matière inhabituelle   
de boire en se raclant la gorge.      
 
Nous serons seuls   
et deux à la fois   
pour exhalter à hue à dia   
la satisfaction malicieuse   
d'en être là aux petits soins   
avec le rien faire de la journée.      
 
Passe ton entrain et me viens    
descente dégoulinante des eaux de pluie   
Sois l'émotion de l'extrême présence   
à gonfler de mots   
à point nommé   
la semence du sans-soucis.      
 
 
1114

Blue Man Me

Blue Man Me   
à se regarder sous un ciel gris  
et vivre encore   
en opération spéciale   
avec l'ange de la page blanche   
seul à seul   
ayant toucher le fond   
dans cette fin d'été   
au carrefour des visions   
portes ouvertes   
afin de recevoir   
puis de partir   
le GPS éteint   
à ne pas distinguer le vrai de la parure   
le sourire du désastre.      
 
Blue Man Me   
nous deux
encordés sur la crête des Evettes   
en douceur en douleur   
dans la fraîcheur d'un matin calme   
quand l'ombre remonte la couette   
vers le fond du cirque.       
 
Blue Man Me   
à quitter le contenu   
le regard ne s'égare jamais   
le doux regard du bébé   
perdu dans un vide   
où renier   
le prince marchant sur les eaux   
sans règle    
au hasard   
avec son grand couteau   
alors qu'il nous reste à découvrir   
la belle fleur de sang et d'amour   
brandi sur le tarmac d'une dernière audition   
avant l'arrachement final   
sans résister aux œuvres buissonières   
d'une identité dissoute.      
 
Blue man Me   
mon père
maladroitement   
distraitement   
distinctement   
enfui   
dans le claquement d'aile d'un papillon.      
 
1113

Quelques souvenirs à venir

Nous allions de par les prés   
mouiller nos sabots dans la rosée   
pour vaches égarées   
ramener la rebelle   
à l'écurie du roi Jean   
le berger de Labro   
engagé à fleurir la tombe des ancêtres   
de Saint Mary le Cros.      

Et sa bouche riait 
à l'horizon qui fume   
l'heure était au retour   
des dorures déclinantes   
d'un automne naissant   
brodant dans l'herbe aux doigts de fée   
quelques souvenirs à venir   
ombre de l'été.       

Minutes étouffées   
dans un sanglot sans reflet   
les châteaux éventrés   
dentelaient la fresque des brumes   
étalant l'ocre du soleil couchant   
dernières flammes d'un genévrier géant   
brassant dans la bassine aux lessives   
les clarines tintinnabulantes.      

Et moi maintenant   
près de la fontaine   
couché dans la chevelure des frênes   
à peine moins haute que le milan   
regardant écoutant   
papillons et criquets   
embrasser dans le cercle du ciel   
la présence de la Joie.      

 

1112

L’âtre des attentes

Nuages noirs   
et monde déviant   
le flot des aventures   
scintille   
à même les pustules de terre   
sur un tapis d'aiguilles sèches.      
 
Pas de main dessous la peau   
juste le pas de deux devant l'ailleurs   
à cette heure   
d'heureuse mission   
à regarder les choses roses   
à rebours du soupçon.      
 
Simples et centrées   
les caresses souples   
de charge et plénitude fardées   
sont de peine et de misère   
ce qui cerne de prêt   
l'expérience forte.      
 
A le dire   
avec effort   
d'éclats et d'aurores mêlés   
traduise l'Ouvert   
contre le cœur   
du poème mon ami.      
 
Survenu   
d'une vie recluse   
de carrières abandonnées   
le souffle prospère   
un soulier glisse   
sur la sente suivie.      
 
Ne plus gémir   
à se rouler sous l'édredon   
genre particule de l'espace   
à vivre en creux   
dans le maintien revisité   
du choc de l'esprit.      
 
Ohé ! ohé !   
le refroidi
au delà du premier bond   
réminiscence du passé   
l'écureuil de l'émotion    
aux couleurs rousses manifestées.      
 
Un cristal sur ton épaule   
et pan dans le mille !   
la torture caracole   
cortège des ombres   
étreignant d'un flot de sang   
la fraîcheur d'un matin vibrant.      
 
Au commencement   
le grand écart   
valse des soifs étanchées   
prononce énonce   
romance consommée
le mystère d'un coin de paupière.      
 
Chants se répartissant   
de débris en débris   
font des lumières mortes   
le grand soleil initial   
sonnant trébuchant   
le nez dans l'herbe mouillée.      
 
Affronter la mort   
sans répit   
à coups de maillet sur le ventre   
en retombée de l'été   
laisse automne apparu   
sans que traces subsistent.      
 
Vagues mucilages    
sifflant tel merle en campagne   
occasionnent passage étroit   
sans quoi tout droit   
serait permis le rondin de bois   
jeté dans l'âtre des attentes.      
 
 
1111

Le korrigan du bois venu

Si rien   
si peu   
d'attendre Sylvain   
aux yeux de myrtille  
sur la dalle son étal    
et que les arbres meuvent   
à corps à cris   
le korrigan de l'esprit   
se voire belle romance   
ce soir   
au carrefour des sentes éternelles   
d'avoir été   
d'être encore   
la pulpe et le jus   
d'un sourire   
d'un soupir   
pour d'amples brassées   
offertes au tout venant   
le korrigan   
des pardons et des abers   
en charge du chaudron   
à encourager   
celui qui   
celui quoi ?   
m'émeut et me nourrit   
de contes et de récits   
aux quatre coins de la table ronde   
à faire du cercle   
la croix et la bannière   
de la franchise   
payée cash   
tôles froissées   
à mi-chemin  
de la stance   
de moi venu   
sur le tard mordre une dernière tartine   
darder quelques lumières   
sur l'avenir étroit   
houppelande ouverte   
sur la lande   
le korrigan   
des brûlures d'estomac   
qu'aurait trop chargé la chaudière   
de beurre et de cidre   
" Patte velue "   
tout droit venue   
d'une cupule   
entre fougères et bruyères   
califourcher sur le rocher 
quelque manant   
en pente descendante   
vers la mer murmurante   
mouette rayant la plage   
d'une plume légère   
portée vibrante   
musique émise   
à effacer sa trace   
sur le rivage des allers venues   
un quart de ton   
en retour de mission.      
 
1110

L’errance des choses dites

Il convient   
de craindre ses origines   
pour    
mémoire passementière   
poser   
la légitime beauté   
d'une parole pure.      
 
Le sol de sang séché   
accumule les fragments de l'attente   
de ci   
de là   
la transparence   
au passage des oiseaux   
d'herbes et d'eau mêlés.      
 
Qu'importe alors   
l'errance des choses dites   
que ternit   
la vie du monde.      
 
Personne ne sait    
ni le peintre des morsures   
ni le sable de la mer   
fermer la fontanelle de l'enfant.      
 
Prononcer à l'oreille   
le vide des pierres   
enchante le rire des mésanges   
comme à la maison.      
 
Résonne   
le drap séché qui claque au vent   
comme parler de rien   
sous l'auvent du vide.      
 
Un merle chante   
note suivante   
une pensée vient   
je botte en touche.      
 
( œuvre de Pascale GERARD )

1109
 

Le singe au siège vert

Effraction faite   
de la main à la main   
" juste un petit sou Madame "   
pour me permettre de mener à terme   
le bien fondé de mon être.      
 
Fût-ce l'échec   
de ces maigres paroles   
un enténèbrement de la chose à écrire   
une adresse à mon père   
je sais que cela craque.      
 
Les chevaux de la pensée   
n'ont rien à faire d'un singe   
parvenu en ces années sauvages   
à se passer des jambes   
quand se cabre la souffrance.      
 
Tout est relié   
même le galero me tient de vêture   
moi le cardinal des offices   
décroché du prétoire   
telle icône désaccordée.      
 
Incinérer les allumettes   
est une réalité soufrée   
à réduire les livres en cendres   
d'une sainteté l'autre   
un verre de vin à la main.      
 
Les titres sont mes insultes amoureuses   
à se balancer le soir en été   
pour un  duel organisé   
dans les fossés de Vincennes   
sous les nénuphars du silence.      
 
Entre l'os et la peau   
il y a le vertige du regard   
à ne plus saisir la femme de papier   
là, assise sur le siège vert   
avec du sang par terre.    
 
( Le singe au siège vert -  œuvre de Sylvain GERARD  )

1108

L’outre mer

L'outre mer   
au lavabo dédié   
pustule caoutchoutée   
en bord de bar   
disposé à marée basse   
contre le zinc   
à se mirer   
près du tabouret de l'enfance   
disposant un Gauguin tahitien   
advenu   
coquille nue   
sur le vieil océan     
à vaquer   
bras levés   
vers l'apôtre des afflictions   
martin pêcheur   
des aventures triées sur le bâbord   
à signaler dans la brume poisseuse   
le bruissement de l'eau    
contre les flancs du vaisseau.      
 
Je t'attends   
près de la table   
je t'entends   
par les coursives désertes   
chanter une contine   
pendant que mère-grand   
dans son médaillon   
ressasse lèvres pincées   
l'amour des livres   
empilés au bord du lit   
sans que claquement de langue vienne troubler   
les espaces s'emboîtant tel logos 
dans le glacis des événements.      
 
Au loin la ville   
de La Rochelle à New-York   
tout doux mon fils   
nous y arriverons   
et franchirons les ors de l'absolu   
à piqueter de particules lumineuses   
la caravane des brumes   
mouettes perdues dans un ciel étrange   
alors que jaillissaient les notes graves   
du sans souci sans lieu sans projet   
jusqu'au rien.      
 
L'air en sa liqueur bleutée   
rejoignait le barbouillé du comptoir   
pour se hisser   
à hauteur du hublot   
à voler de crête en crête   
de mot en mot   
le sourire sous le casque fleuri   
en méridienne de notre cap   
un cran par dessus    
à saisir par le col   
le vide écran de nos nuits    
puis franchir les écluses bruissantes   
quant force était de se dresser   
un trait au dessus de la flottaison   
dans l'ardeur de l'écriture.      
 
Garde toi mon fils   
de l'écume des jours   
tout autour disposée   
sur nos têtes couronnées.      
 
Il se pourrait   
qu'en terre nous soyons    
le babil bienheureux   
de la vie incessante.      
 
Même éphémère   
le poinçon du nouveau-né   
contrariant en ses principes   
nos pensées impensées   
évaluera notre trait de côte   
le long des golfes sages   
marcheurs infatigables    
de notre distraction à être   
semence de l'oubli   
ultime ricanement   
avant le petit tas tout gris   
de nos jours accomplis.      
 
( Le médaillon - fusain de Sylvain GERARD )

1107
 

Un ange passe

De pâles lueurs   
dardaient en la demeure   
quelques langues d'amour   
à même d'élever   
sous le tamis des rêves   
la prière éternelle    
des corps enlacés.      

Ce bel ange   
indolent de la beauté du monde   
penché sur mon épaule   
palmes à la main   
échancrait à petits coups tout doux   
et ma bouche errante   
et mon cœur de douleurs ceint.      

Souvenez-vous    
grâce souveraine   
de l'ardent délateur   
des usines en mosquées   
brisant les usages   
pour que phrases se suivent  
telle salve d'avenir. 
  
Suivre le chemin   
corrige le dédain d'être seul    
le sang marquant chaque pierre   
de l'haleine haletante du crieur   
prompt en sa voix publique   
d'érafler par la ville encore endormie   
le pas des dames matines.       

 
1106