Ĉiuj afiŝoj de Gael GERARD

Preparu por ekstremaj situacioj, ĝi estas grava, estas malfacile

  Ĉu tio ne estas diri “Jes” ?

jes ŝanĝi, al la nekonata, ĉe disiĝo, ĉe nia konsistenco, al nia timo .

Kaj ĉi tiuj ne estas aferoj al kiuj ni alkutimiĝas !

Salto en la mallumo, paŭzo, la renkonto kun siaj internaj bestoj, malsupreniro en solecon, en depresio, restu salto en la mallumo …

La risko estas reala : ĝi estas io esenca, ĝi estas nia haŭto, nia celo, nia normaleco ludanta !

Incurro de la frenezuloj. Pri tio, kion ni faras ne komprenas, pri tio, kion ni ne regas .

Kaj tamen …  Nur eta vorto …  kun simpla intenco …  ŝanĝi la kurson de la aferoj ; fariĝi trapasilo, malkovri korpon kaj animon, kiuj transiras la malespero kaj la betono, kontakti la morton mem sen morti .

Estas sen garantio ke ni prenas la riskon de la nekonata, ke ni saltas en la mallumo, ke ni brakumas kio pli ol io alia timigas nin. Kaj estas en ĉi tiu punkto ke la rakonto baskulo, ke ni ne povus imagi povi meti piedon en malpleno sen retoj ! Do ekzistas ” renverso. “

Ekvilibro en la Nenio !

Malkovru do ke la Malpleno estas matrico de ĉiuj akuŝo , ke la Ombro estas la matrico de la Lumo , la silento matrico de la Verbo , la matrica dubo de Fido. Ke estas mondo malantaŭ la mondo, a percepto malantaŭ percepto. La ŝtormo faligas nin sur plaĝon nekonata, multe pretere “l’ alternativo neebla” kie naskiĝi vere .

Kaj se estis kondiĉo al ĉio ĉi : deflankiĝi de ĝia orbito ! Eniru la blindan punkton. kie vi ne povas vidi .

047

Ensemblo, niaj korpoj, niaj estaĵoj

 Le “konscia korpo”, niaj sentoj, estas kiel fino velŝipo, sentema trinkejo .

Kiam la akso de la masto, la pezo de la kilo, reĝustigi ilian renkonton kun la ĉielo, ni amas nin reciproke – ne sen doloro kaj ne sen risko ! – sed sen perdiĝi .

resti sur la kurso, vigleco de spiro. balanci la boaton, reŝveligi la velojn … Deploji estante, kuru kun la vento, favora aŭ kontraŭa .

Subtenu nian ŝelo. Edziĝu kun ĉiu, sia propra mistero, unuiĝinta kaj memfida, flanko kontraŭ flanko .

Iru kaj venu inter la brakoj de la ondo, gliti en la ventron de la maro …

Ankri sin en la centron de la esenco de la aferoj. En la intestoj, en la koro ! Movo kaj ripozo .

Sin mem enskribita en la movado kaj cetero de la Universo .

046

Floroj abunde

 Floroj abunde
figées par la photo
déjà depuis quatre ans
une pelouse en Bretagne
un pan de beauté qui jamais ne s'éteint
des souvenirs accrochés
en plein été
nous revenions du marché
c'était à Tréguier
nous avions rendez-vous avec les amis
et par dessus tout çà
une musique de biniou et bombarde
annonçant une odeur de moules frites
il faisait calme
nos corps étaient sans douleur
les cloches de la basilique se sont alors mises à sonner
sûrement la sortie d'un mariage
du riz que l'on jette
et pour point d'orgue
le bouquet de la mariée
lancé par dessus la compagnie
et rejoignant les fleurs à foison
figées par la photo
depuis déjà quatre ans
une pelouse en Bretagne .

041

Douceur

 Au calme friselis de la rivière
les berges tendres offrent
au promeneur régulier
l'accompagnement marial de l'entrée au temple .

Se penchent les bonnes fées feuillues
laissant leurs ombres arrières projeter en avant leur pollen
gatterie pour animalcules des eaux encore endormies .

La forêt en bordure
ombre de mystère le passage des génies de ce lieu .

Accoudé sur le pont
les odeurs de la nuit mouillée franchissent le parapet
et creusent sur le visage la contemplation des choses faites .

039

Estis tempo de racio

     Au creux de la maison
où l'œuf représentait
l'éclat magique d'une omelette de champignons
en fricassée s'entend
pour que les hommes rajoutent de l'ail
les femmes elles ramenant les fines herbes du jardin
pendant que les enfants chantaient à tue-tête
"six kilomètres à pied
ça use ça use
six kilomètres à pied
ça use les souliers."

039 bis

     Au creux de la maison

où l’oeuf représentait

l’éclat magique d’une omelette de champignons

en fricassée s’entend

pour que les hommes rajoutent de l’ail

les femmes elles ramenant les fines herbes du jardin

pendant que les enfants chantaient à tue-tête

six kilomètres à pied

ça use ça use

six kilomètres à pied

ça use les souliers.

039 bis

La ideo estas pura formo, senkorpa

 La ideo ekster tempo kaj spaco.

La Spirito estas tio, kio naskas, transformi, efektivigi ideojn. Ĝi estas la ekstera kontribuo de kiu ni ne scias de kie ĝi venas, kaj kiu povas eĉ veni de interne.

La Realo estas la aro de ĉiuj "aferojn" kiuj ekzistas ; li estas tio, kio enhavas kaj ligas kaj efektivigas ĉiujn ĉi aĵojn. Ĝi estas la rekonstruita ilaro kiu funkcias.

Ne ekzistas realo sen ideo ĉar kio estas reala nepre havas formon : pura senforma estas nenieco. La informo estas ĉe la punkto de kompleksiĝo de la kontakto kun la afero ia sublimina impulso venanta de aliloke kaj kiu tamen pezas. La Realo estas do Spirito ; la Realo estas Spirito, kiu pensas pri ideoj, inkluzive de la ideo de substanco, per kiu ideoj estas enkorpigitaj en aferoj por la apartaj konscioj, kiuj partoprenas en ĉi tiu Spirito..

Jen en la bildo, estas aferoj, kiuj ŝajnas ekzisti, sed kiu vere ekzisti, tio estas havigi sin al la ekstero - eks-stere - kaj montru, uzu la Ideon, kompleksa kunmetaĵo kolektanta la observanton, ĝia intenco kaj la fotila ilo. Tiel la sceno formiĝas kun la Spirito elŝipigita de la aktiva petado de la plasta inventinto. Kaj estas en ĉi tiu punkto ke ni povas paroli pri la Realo. Reala, kunmetaĵo de materio aŭ substanco aŭ aĵo, de peti Ideon kaj Spiriton.

De la Realo al la Spirito estas nur unu paŝo favora al ŝanĝo en la nivelo de konscio, al stimulo de racio por esti tie, en ne-duobla interkonsento, fari unu plian paŝon.


038

De ĉi tiu delikata flugo

Puissamment et savamment orchestré
en un couple aux ailes d'ange   
le fond du ciel laiteux   
accueille la quête de celui qui   
d'en dessous le filet   
rassemble les énergies   
au printemps de la nouvelle année   
élans à venir   
d'entre les mailles   
pour percer d'un coup sec   
le ventre mou de la sardine   
sans être la risée des rieuses    
prêtes à fondre sur le morceau de chair abandonné   
ultime sacrifice   
des sangs mêlés   
que prône la Vie   
cette Vie en tous ses états   
un doigt de sel sur le pare-brise de l'embarcation   
manière d'accompagner   
d'un bol d'air océanique   
le cri inouï de la délivrance.   

   
 037 

Le bonheur 1

      Le bonheur est une demande légitime. Seul un homme heureux a une chance de rendre les autres heureux.

Il est important de comprendre que c’est en soi que tout se passe et que les évènements extérieurs n’existent pour soi que de la manière dont on les reçoit.

Nous pouvons, à force de travail psychologique, modifier, améliorer, rendre plus satisfaisant certaines formes de notre conscience en passant en revue toutes les pensées, les humeurs, les émotions, les états d’âme, les peurs, les désirs, les joies, les peines, les envies, les refus dont nos existences sont tissées. Nous pouvons nous préoccuper de diminuer la puissance des souvenirs anciens emmagasinés dans la mémoire inconsciente.

Mais il est un autre niveau qui est ce quiEST”, intemporellement, éternellement.

Et cet autre niveau n’est pas celui de l’expérience, où les formes extérieures de conscience proviennent exclusivement du né, du fait, du devenu, du contingent, du conditionné, du déterminé.

Cet autre niveau est appelé niveau métapsychologique et est souvent comparé à l’eau de l’océan, substance de toutes les vagues mais qui en elle-même n’a aucune forme. Et ette réalité métapsychologique, au-delà de toute forme grossière ou subtile donne une réponse à l’inquiétude humaine. C’est la réponse absolue, sans but ultime.

C’est la Plénitude, la Perfection, l’Eternité, l’Immortalité. C’est la Conscience ultime. C’est le Non-Né, le Non-Fait, le Non-Composé : la Réalité. Je suis Cela. Je ne suis pas mes pensées, je ne suis pas mes émotions, je suis le Soi !

Mais cette approche directe si opposée à notre mentalité occidentale donne des résultats décevants.

Aussi, pour l’instant il est plus humble de considérer que nous ne sommes qu’une vague, mais toute vague est comme un hologramme de l’océan ; elle est l’essence de cet océan infini.

Et puis, il faut que le Cœur soit touché.

(texte inspiré par Guendune Rinpoché)

036

La vrille des prés

En son obstination elle accroche pâturages et taillis, haies et boqueteaux.

S’intensifie la puissance de la spirale qui nous happe d’un tour de queue habile et vigoureux.

Peur du refus, du refus d’un tel objet dans les prés, si prêt de nous, refus d’une réalité que nous savons comme évidente mais dont nous continuons à nier la présence en un tel lieu.

Enveloppement tenace. Passez, il n’y a rien à voir.

L’insecte qui viendra visiter sa proie n’est pas encore d’actualité. Il attend son heure. Ne le décevez pas quand il vous surprendra. Ne cherchez pas à l’éviter par un agencement intérieur de pacotille ou un voyage aux antipodes. Il saura vous saisir puisqu’il est ontologiquement disposé à être proche de vous ; puisqu’il s’agit de Vous, de votre Etre Profond.

Ne fuyez pas. Vous vous devez à vous.

035

Des serpents sortent de sa bouche

   L’homme bien mis, aux yeux dessinés, aux mignonnes petites oreilles de souris, au nez fin, aux narines dilatées, à la moustache lissée, à la chevelure ramenée sur le front à la romaine, ne montre pas sa bouche .

De cet organe ne s’élèvent pas de chants grégoriens mais jaillissent des serpents, d’illusoires fadaises propres à engendrer le trouble, la tromperie, la plaisanterie graveleuse, les calomnies et autres basses oeuvres .

Les serpents se pourlèchent de contentement. De la vasque aux acanthes académiques le crissement de leurs écailles jettent le trouble chez le passant qui, pressant le pas, cherche sans coup férir à se mettre à l’abri sous le porche silencieux des capacités de surseoir à cette inquiétante rencontre .

034