Archives de catégorie : Année 2023

Qu’est-ce que l’homme ?

Qu'est-ce que l'homme ?   
Un souffleur de verre   
Une baudruche que l'effort exaspère   
Ou bien le petit chien des amants   
Tout prêt de la fontaine   
À contempler la goutte d'eau   
Tombant de la margelle.      
 
Qu'est-ce que l'homme ?   
Un chaos à l'image de l'arbre mort   
Attendant le chant des oiseaux   
Sitôt feuillage  revenu   
Alors que maçonnerie montée   
Entre deux temps de distraction   
Exercer le pouvoir.      
 
Qu'est-ce que l'homme ?   
Un opercule ouvert   
Devant l'assaut de la vague   
Prompt en ses figures de danse   
De précéder d'un tour de force   
Le parler en recouvrance   
Des barreaux d'une cage le condamnant.      
 
Qu'est-ce que l'homme ?   
L'oublieux des douleurs   
Quant printemps revenu   
Le pépiement des oiseaux    
Raclant le fond des pots   
Il préfère condamner par le menu   
Les diverticules de l'esprit.      
 
Qu'est-ce que l'homme ?   
Cultivé et sauvage   
Méchant et passionné   
Sous la peau   
Raclant l'arrogance de la honte   
Puérilité de la quête imaginée   
D'une histoire de l'aurore à la nuit.      
 
Qu'est-ce que l'homme ?   
Le haut de forme   
Qu'on projette dans le ciel   
La cloche scaphandrière   
Précipitée au fond des eaux   
Alors que dispersée   
La véhémence nous hèle.      
 
Qu'est-ce que l'homme ?   
Celui qui cherche et ne trouve pas   
Alors que celui qui trouve n'est pas   
Aux nues les pleurs du verbe   
À la terre les fleurs de la passion   
Au génie de l'un la peur de l'autre   
Par crainte d'être dévoré.      
 
1236                                                                                                   
 


Célimène demoiselle noctambule

Célimène   
Demoiselle noctambule   
Passait le bief de son temps   
À demeurer sous la tonnelle   
Du passé sa passion.      
 
D'un dialogue l'autre   
Elle engendrait plus que de raison   
Le goût de l'aventure   
De cape et d'épée   
La soumission encalminée.      
 
À quatre mains sur le piano   
En fin d'exercice   
Elle recentrait de sève et de présure   
L'émotion de Caravage   
Poudrant perruque sur le tard.      
 
Un filet pour éviter la chute
Une flamme d'argent 
Sur le revers du veston
Pouvait alors s'écouler un peu de sang
Hors des attaches de l'esprit.
 
Poncée percée écartelée
À la recherche des origines
Juste un manquement au choisir de sa vie
L'aube pouvait venir
Histoire à reproduire.
 
La montagne où s'asseoir n'existe pas
Seul le roulement du tonnerre vitupère
Au passage des aigles
Le ruisseau murmurant goulée de plaisir
Par dessus l'instinct.
 
Prendre ou être pris
Par la guérison à petits prix
Fabrique de l'or au contact de l'intrication
D'une particule l'autre
En quête de bonne santé.  
 
( Détail d'une œuvre de Jean-Claude Guerrero )
 
1235

Picoti Picotin

Picoti Picotin    
Les petits chiens du train   
Arrachent le gris souris de leur entrain   
Aux reins de Rocamadour   
Les purs esprits   
Du dessus le four   
Enfournant colère et possession   
En chansons   
Comme petits pains   
Sortis de la panière   
À reculons des bonnes manières   
Sous le sourire épais de Luka Pacha.      
 
Ce type d'incident   
Nous exaspère   
Nous les pépères et mémères   
De la vie de la source   
À corriger par réflexion   
La croix et la bannière   
D'une génuflexion   
En avertissement   
Du rêve d'avenir   
Propice à remonter le temps   
Vers de plus amples trous noirs   
Consciemment reproduits.      
 
1234

Mais qu’est-ce que ça veut dire ?

Mais qu'est-ce que ça veut dire   
Cette peinturlure ?      
 
C'est pas sérieux   
Qu'un vieux   
Fasse de l'inclusion   
À pile ou face   
Avec l'émotion.      
 
Quelques bouquets de fleurs séchées   
Jouent à cache-cache   
Dans la canopée des illusions   
Valse vénitienne   
Donnant le change   
Au pont au change   
Des commisérations.      
 
Dans ce pays   
Y'en a pas que je haïs   
Seulement un peu du bout des doigts   
Trempés dans la saumure   
Pour que peaux délitées   
Faire rire Grand Guignol
D'un supplice sans varices.      
 
Être humain   
Me fait pousser des mains supplémentaires   
À fourrer dans la terre   
Jusqu'à ce que décoction faite   
Retrouver le roman de ses vingt ans   
Au contenu de glace pilée   
Au saut du lit de la défiance   
À regarder par la fenêtre   
Les étourneaux s'en retourner.      
 
Ainsi pour l'éternité   
Quelques bandes de papiers colorés   
Sur un paysage d'été   
À se remémorer   
Faiblesse ou paresse   
Du fond du trou   
Sans échos   
Une fille aux belles dents   
Pour que s'amourachant du chat qui passe   
Faire chanson du tout venant.      
 
1233

Oui

Dans le lacis des choses douces   
Perle la communauté des âmes fortes   
Segment invariant   
Des paroles futiles   
Échangées contre terre fertile   
Au détour de l'acceptation.      
 
Oui à ce qui est   
Bâtiments anciens et ruines fragiles   
Piano et chaise dans la coursive   
Embrasent les plaies   
Les chiens aboyant comme mère en détresse   
Au creux des vallons environnants.      
 
Loin des agitations   
Dont les doutes jaillissent   
Plus prêt les uns des autres   
La parure éphémère   
Travaille à découvrir   
La juste distance nécessaire.      
 
Il eût été possible   
Taille fine de l'esprit   
Que le crayon dessine   
Au sortir de la nuit   
La découpe des sarments de vigne  
Que la main signe.      
 
Nature profonde   
Du chêne au genévrier   
Repose l'aquarelle   
Aux ailes principielles   
Des départs et venues   
Du tout venant perçu.      
 
Affligé   
Par la fenêtre ouverte   
Les yeux clos papillonnant   
À ne voir que rosée   
Au touché léger   
De la paupière qui se ferme.      
 
Tête noire des braises éteintes   
Enseigne que le poème n'a pas d'histoire   
Et que commencer par la fin   
Nourrit le lendemain   
Pour qu'insupportable au tyran   
Recueillir le pourquoi du comment.      
 
Le libre jeu des respirations   
Convoque à minima   
La tenaille de l'avoué coupable   
D'avoir sonorités, sensations, images et pensées   
Découvert la clé   
De la prison.   
 
L'ordre secret du matin   
Est chatons de noisetier   
Au bord du chemin   
D'avoir à l'envie   
La vertu insensée        
D'une larme d'été.      
 
Balance promise
À l'aube
Entre lune et soleil
Se joue
Le libre accès aux perceptions
Narrant joies et tourments.
 
Se déposent
Les rayons des regards se croisant
Pour plus d'un mystère même
Accaparer les points de non-retour
De cette marche incessante
Merles et ramiers confondus.
 
A ne plus entendre l'appel
Même en catimini le souci légitime
De recouvrir du verbe
L'effluve des jours et des nuits
Caressant d'un revers dernier
Le coucher de soleil des demoiselles.
 
( Détail d'un œuvre de Jean-Claude Guerrero )
 
1232
 

Grande oreille avenante

Ce que j'ai   
Grande oreille avenante   
L'ai habité   
Sans le garder.      
 
je me tais   
Le silence mettant un peu d'ordre   
Par nature   
Sur ce qui se détache de l'œuvre.      
 
Point d'exhibitionnisme   
Juste une pincée d'illusion   
Sur ce qui donne à voir   
Bien plus que de raison.      
 
Ne pas revenir sur ce qu'on a été   
Convient au manieur de rêves   
De laisser distance compassée   
Alors que le roc est dur et ardent.      
 
Se donner en promenade   
Apparaître dans le chant de l'alouette   
Permet d'accueillir la traversée   
En bonne compagnie.      
 
Trouver des interrogations   
Il me semble   
Qu'elles parlent tout autour   
D'activités cachées.      
 
D'amblée parler doucement   
Devant la bougie   
Rend les êtres hybrides et composites   
Aléas de passage.      
 
Ne plus penser se dérober à la douleur   
Brumes dentellières   
Fenêtre ouverte   
Laisse entrer la lueur.      
 
Parler semble mensonge   
Gaspillage des forces qui nous restent   
Quand aiguillonné par la paresse   
S'engager en démesure.      
 
Se tenir légitime   
En bordure de méprise   
Augure du rembobinage des effets   
Au temps venu des sources douces.      
 
Tenter d'intervenir   
Prend de court   
Le désir d'être de l'artisan d'art   
Prompt à la démesure.       
 
A quel moment se rebeller   
Contre son adolescence   
Cette lumière vive   
Apte à l'effacement.      
 
 ( œuvre de Jean-Claude Guerrero )
 
1231

Le lieu des voix élevées

S'appuyant contre l'arbre   
Alors que la journée bégayait   
Une teinte laiteuse enveloppa le lieu.      
 
Voix élevée   
Voix en regard de ce qui nous relient   
Avons rejoint la blanche porte.      
 
Des fontaines point de rumeur   
Du tas de pierres la saveur   
Douce insomnie perpétuelle.      
 
Table dressée   
Nous ferons route ensemble   
Palabres subtiles à l'encan.      
 
Donner au silence   
Le visage du rouge-gorge   
Apporte liberté.      
 
Explosion des mots   
En nous tout contre nous   
Fol amour des terres vierges.      
 
Ne me traitez pas durement   
Sachez plisser ce qui vient   
Sans relever le gant.      
 
Tenir bâton   
A l'entrée du courtil   
Arroge le droit d'être amant.      
 
Frapper l'eau   
D'une douce volonté   
Relève le défi.      
 
Pour elle   
Cantilène des prés   
J'ai brûlé mes vêtements.      
 
Que de se cacher   
Que de se balancer   
Permet de vivre avant l'assaut.      
 
S'asseoir et se taire   
Compense chasse dernière   
Par une réalité retrouvée.      
 
Au petit matin   
Lèvre friande sur le devant      
Courir crinière au vent.      
 
Glisser le caillou sous la mousse   
Permet au jour   
De ferrer la cavale.      
 
Goutte d'eau en vis-à-vis   
Ouvre la sente    
Au glissando du vipéreau.      
 
Viens prends place   
Marmonne quelque douceur   
Pour moi droit au cœur.      
 
Toutes les mains sur la pierre   
Seront tarières    
Pour un regard de neige.      
 
Debout assis   
Qu'importe la saisie   
Au plus profond du secret.      
 
En bas mets ton paraphe   
Pour vie advenue   
Être le bourgeon de l'éveil.      
 
Le Westminster sera échangé   
Contre bouts de papier   
Sans que fièvre ne monte.      
 
Elégance du sommeil   
Apparurent coupe-frère et sœur   
Sans que nuage se brise.      
 
1230

La forme oblige

Rocailleux moussu   
Avec des arbres tout partout   
Allons chercher le passage   
S'ouvrant devant nous   
A mesure de la progression   
Mission oblige   
En ces temps de montée d'estive.      
 
Un arbre puissant   
Aux épaisses racines serpentiformes   
Épousait la roche.      
 
A son pied   
Un siège blanc   
Recouvert d'un manteau de cuir noir   
Marquait la présence   
De Celui   
Qui peu de temps auparavant   
Avait tenu séance.      
 
Une foule clairsemée   
Immobile et silencieuse   
Attendait la suite des événements.      
 
Fracassant un taillis   
La Goule a jailli   
Écumante   
Les yeux rougis   
Pour se figer là devant  
Nous invitant d'un hochement de tête   
A la suivre au profond du lieu.      
 
Un peu d'encre   
Versée dans le silence   
Agitait la saveur de la vie.      
 
Les moineaux piaillant à qui mieux mieux   
Révélant l'autre côté de la réalité   
La séduction.      
 
Friction de l'entendement   
Nos grands livres d'heures n'y peuvent mi   
Si ce n'est s'évader de la contingence   
Pour aller faire le lit de la surdité   
Puis à contretemps   
Sur le champ des morts   
Tirer à la courte paille la fin de la session.      
 
 
1229

Un coin de ciel

Le long de la côte   
Les falaises à perte de vue   
Un ciel sombre    
Des roches noires   
Un sentier à mi-pente   
Qui va se rétrécissant   
Où se tenir contre la paroi   
Sans trop regarder en bas   
Des cailloux roulant sous la chaussure.      
 
Elle va légère   
Me précédant   
Dans la lumière argentée de l'été finissant   
Et je force le pas pour la suivre   
Car je n'ai pas peur    
Seulement le vertige   
L'air est un poème   
Avec un peu de sel   
Pour arrimer l'esprit.      
 
En bas la mer   
Lèche la côte   
D'un ourlet moussu   
L'eau est transparente   
A distinguer les rochers et le sable   
Les algues ondulent   
Des oiseaux passent    
Un spectacle à portée de vie   
A se jeter dans le vide.      
 
La caméra m'échappe   
Happée par un cri d'amour   
Dans l'instant où tout s'envole   
Les événements comme les âmes   
Au creux des vagues   
Le volet de cristal à jamais tiré   
Devant le ricochet des souvenirs   
A même de darder le rostre   
Dans un coin de ciel.      
 
C'est là qu'Elle se retourne   
L'innocence   
Pour se laisser embrasser   
Hors du secret   
A la pointe de l'absolu   
Cantilène inconnue   
Nous obligeant à l'ultime   
D'avoir à vivre quelques heures encore   
Près du chardon ardent.      
 
 
1228

Mazette

Mazette a rencontré deux perles
L'une verte
L'autre mal faite.
 
S'en est pris à Dieu
De lui avoir fourgué 
Sujet à réflexion.
 
Que l'une ne soit pas rouge
Passe encore
Dans cet univers aux effets d'or.
 
Quant à l'autre la frippée.
Une visite au goulag
L'aurait rendu Baba Yaga.

Offrir à tous les enfants
Piécette d'argent
Rend le voyage louche.
 
C'est moi qui écrit ça
Et puis c'est pas moi
A toutes fins utiles.
 
Au bout du bout
Il y a la loi
La loi des malfrats de la gloire.
 
J'ose penser 
Que derrière la porte cochère
Tout est beau tout est frais.
 
Et qu'à croiser les mains sur le ventre
Augure dislocation venue
Suite à donner au destin.
 
Plume rêche
Dessinant le pourtour des lèvres
Accentue les lésions.
 
Loin de la mémoire
Juste quelques sottises
A chiquer au coin de l'âtre.
 
 
1227