Archives de catégorie : Année 2021

Le balbuzard

Tu parlais d'expérience   
et ne la connaissais pas   
devant la murette   
tu essayais de t'envoler.      
 
Plus de désagréments n'arriveraient    
si ce n'est la persistance   
de cette faiblesse, la dyslexie   
blessure amoureuse aux livres oubliés.      
 
Elle lèverait les yeux   
de son regard lavé de tout préjugé   
et sa légèreté absolue   
serait marche nuptiale.      
 
Elle entrerait dans l'attente   
sans que la volonté soit faite   
jusqu'à ce que les plantes acquiescent   
dans leur bouquet de senteurs.       
 
Elle se donnerait quelque temps    
pour parvenir   
à cette butte de granite   
aux cupules consacrées.      
 
Ni provocatrice ni retranchée   
elle évoquerait sa petite enfance   
avec malice   
la tête sortie de l'eau des rêveries.      
 
Alors je volerai vraiment    
cavalier du souffle aux cheveux ébouriffés   
déterminé et sans reproche   
la voix chassant les nuages.      
 
Je rejoindrai le balbuzard   
aux performances du corps accomplies   
portant son regard sur son ombre   
afin de la connaître mieux et de l'inonder de lumière.      
 
 
903

Sarbacane des bois

Sarbacane des bois   
aux feuilles d'automne jointe   
tu t'es nourrie des rencontres   
pour manifester le courroux des possédés.      
 
Qu'à cela ne tienne   
au Caravage tu as pris   
les amples gestes tournés vers la terre   
et les coloris pastel des mots de miel.      
 
Sourire écru sous la ramure   
le vide de l'entre-deux   
a mûri pour donner   
les cynorhodons de l'amour.      
 
Puissance quatre   
au carrefour d'une fidélité sans tâche   
tu t'es levé un peu fébrile   
pour souffler la flèche de l'écrit.      
 
Belle comète   
d'émerveillement aboutie   
tu as pu entrer en déraison   
dans la peau de la chose osée.      
 
Puisse me tenir   
en odeur de sainteté   
sarbacane entre les dents   
sur le devant de la nuit.      
 
 
902


Parler aux bergères

Mille plumes de geai   
forment ramage sur cette terre   
où l'eau coule   
et le sang des humains itou.      
 
Pour plus d'aplomb   
dans le sens des choses   
téléphonez-moi   
au 0683031759.      
 
Il se pourrait   
qu'il y ait friture    
mais ce sera pour le bien du monde   
avant que la vague nous recouvre.      
 
Alors sur le mont Ararat   
il y aura soleil   
et nous serons choisi   
par plus grand que nous.   
 
En ramasse   
de la neige des hauteurs   
nous descendrons dans la vallée   
parler aux bergères.      
 
Et si la Vieille nous cause   
engageons le bras de fer   
avec ce que propose   
la rigueur de la Vie.      
 
Salsifis et poudre de riz   
engendrent la courtoisie   
sans que le noir   
éteigne l'écriture.      
 
Alors étreignons-nous   
nous les poseurs d'artifices   
en nommant à hue et à dia   
les monstres intérieurs qui font notre grandeur.      
 
Allons vers nous   
traversons les secousses   
et lâchons prise   
devant la porte des amours.      
 
 
901

Ce matin à cinq heures

Ce matin   
à cinq heures   
j'ai jeté des bouteilles de verre au vide-ordures   
pour que brisées   
elles remontent en morceaux   
et qu'à mon corps défendant   
elles reflètent la denture   
d'une mâchoire de tyrannosaure   
et que pris de panique je mette mon falsard   
pour descendre dans le jardin   
désinscrire les cris et les S.O.S   
du végétal environnant.      
 
J'ai recollé les morceaux de bouteille   
mis les bouchons à l'envers   
le culot vers le haut   
pour épeler l'alphabet du ciel   
et qu'à temps   
relire tes lettres si belles et si dodues   
pour nous ouvrir 
au fond des dames-jeannes         
 à la soif d'autrui.
 
 
900

Le reliquaIre

En voici un   
qui finira par le travers   
à compter ses pas    
dans le jardin de l'aurore.      
 
Quand les fleurs se montreront    
souvenir émergeant d'une poche usée   
il y aura pluie bienfaisante   
sur toute la contrée.      
 
Mise en grâce   
la vie quotidienne sera calme   
au fond du lit clos   
des rêves à venir.       
 
Rien de bien exaltant   
que le temps qu'il fera   
pour contempler la nuit   
la dernière en écharde du secret.      
 
Tu ouvriras ton cœur   
le pommeau saillant   
d'une solitude extrême   
sans que le merle chante.   
 
A Vincennes sur Seine   
se baignent les vingt ans   
pieuse image   
de l'âme-sœur en instance.         
 
 
899

Mobilisation du règne végétal

En quête   
requête   
de la lumière   
quand gonflent les tensions    
venues des ordres du sol.      
 
Élévation serpentiforme   
des boursouflures   
en capacité   
de promouvoir le brut   
sans que le tronc vacille.      
 
A naître   
à s'épanouir   
le règne végétal mobilise   
et diffère l'anéantissement   
des profondeurs de la terre au plus haut du ciel.      
 
Dans sa marche vers l'éternité   
il écoute   
et se fait l'organisateur   
d'un étrange circuit   
d'énergies branchées les unes aux autres.      
 
S'épanouir au milieu des airs   
et connaître de l'intérieur   
la hiérarchie des rapports faussés   
par le proliféré de nos attentes   
crève le papier de soie des convenances.      
 
Il est alors temps   
de tailler en pleine pulpe   
une épaisse tranche d'humaine condition   
aux fins d'enchanter la journée   
d'un inattendu surgi du cœur des choses.      
 
 
898

Si prête si gauche

Si prête   
si gauche   
sur le parterre des fleurs du printemps   
ses orteils s'enfonçaient   
dans l'herbe en rosée   
sous le joug énamouré   
des coquillages de la toile.      
 
Il y avait là   
un petit personnage aux jambes relevées   
qu'une barbe abondante   
ancrait au solstice des épousailles   
et que l'instinct avait abandonné   
quenouille au milieu d'un pré   
à la livrée de page.      
 
Dans l'embrasure d'une fenêtre   
une parole créait le temps   
comme on se fourvoie   
sous les cintres du théâtre   
à moduler quelques sons   
alors que passent les âmes blessées   
des sortilèges passés.     
 
Élégamment agreste   
la main-forte d'un au-revoir   
chargeait les bagages de l'aube   
pendant que s'affairaient à petits bruits   
les acteurs de la marche du monde   
dans le piétinement   
fait des pépites de la fine fleur de l'être.      
 
 
897

À Frédérique Lemarchand

Tendrement   
au creux de mon épaule   
je t'accueille femme de lumière   
et t'accompagne dans cette ascension   
de cœur à cœur   
dans l'accomplissement de ton œuvre   
toi   
à l'état d'enfance spirituelle du vieux sage   
tu te prépares à ta naissance   
en empruntant le chemin des estives   
délaissant l'enveloppe   
pour que le noyau enjoigne la terre d'en haut.      
 
La Parole se répand   
quand initiation achevée   
elle ne sait pas elle-même ce dont elle va éclore  
ni au service de qui elle émet.      
 
Tu es parvenue   
icône 
véritable véronique   
et ta face enfouie dans le lin   
peut monter jusqu'en surface   
pour reconnaître chez tout un chacun   
la possibilité de faire Un.       
 
896

Ce mur de pierres sèches

Élevé à la va comme je te pousse   
contre les vents d'ouest   
nous refusâmes d'admettre cette prégnance   
et mal nous en pris.      
 
Ce mur de pierres sèches   
aux insectes fouisseurs destiné   
ne retenait de sa fonction première   
que le son des feuilles sèches   
le frictionnant avec délicatesse   
par nuit de pleine lune      
devant le cercle des poètes assemblés   
voix levées vers les nuages rapides   
pour que tombent les poussières d'étoiles   
sur la margelle des certitudes
raclant par le menu
quelques scories advenues.       
 
Mur aux mûres noires   
mur murmurant ton nom   
je m'épris de toi   
sur la plaque de marbre blond   
apposée en reflet de ton élévation   
aux mains jointes de l'Esprit   
baguenaudant au vol à voile   
des désirs de l'instant.           
 
 
895

Je t’aime

De la coque à la coquille   
il n'est que grenouille qui rit   
pour peu que passent les étoiles    
un matin de plein emploi de soi   
aux rives généreuses   
de notre allié le jour   
courbes douces avenantes   
à refléter cadenassée   
contre le corps soyeux  
de l'enfant malicieux   
la remontée des eaux de grande misère   
quand s'établit au suc du Maï   
l'erreur fondamentale   
sceptre tourné vers l'est   
en attente de l'arrivée   
des musiques mosaïques   
en pleins et en déliés   
équidistantes des ordres et désordres   
telles gracieuses étreintes   
sur le penchant cérémonieux   
d'avoir été   
épaule contre épaule   
avec le géant à la voix gutturale   
parure aux craquelures madrées   
d'un œil de traîne   
sous la carapace des nuages   
qu'un souffle disperse   
comme neige au soleil   
le temps de mettre bas   
le Prédestiné   
en agitant cloches et colifichets   
au nez des ensemenceurs du dimanche   
pioches et pelles appropriées   
devant l'épanchement de lave   
au havre des romances   
émises ad hominem   
en secours du passage furtif   
des reclus et recluses   
toutes voiles dehors   
à contempler le remplissage   
d'espaces vides de tendresse   
alors que sur terre   
arrimés aux permissivités   
le flasque des roues   
engendre le tintinnabulement   
des moqueries et autres mélodies   
effaçant par là les remords   
d'un revers de main   
et préparer la plage aux offrandes  
devant le tsunami des origines   
prompt à racler le fond des océans   
pour en mandorle   
proposer au profond du cosmos   
provenance inouïe   
d'une très petite voix de rien du tout   
qui vous dit dans un battement d'aile :   
" Je t'aime ".      
 
 
894