Pour David Bohm, il existe deux ordres du monde :
l’ordre explicite et l’ordre implicite .
L’ordre explicite est à portée de tout un chacun
par des objets, des particules et des événements qui se situent dans notre
espace-temps . Il caractérise des réalisations temporaires dans lesquelles les
choses sont dépliées, dans le sens que chaque chose s’étend seulement dans sa
propre région particulière d’espace et de temps, en dehors de zones appartenant
aux autres choses . Mais ces éléments ne sont que des réalisations temporaires
qui surviennent depuis un arrière-plan qui est d’ordre implicite .
L’ordre implicite, pour David Bohm, est un
agencement où les formes-événements sont repliées en une plénitude totale dans
une région à la fois vaste et unitaire qui sous-tend le monde explicite . Cet
ordre n’est pas accessible à notre entendement commun, à nos organes
sensoriels, tout en étant intuitionnellement proche de nous et surtout d’une
profondeur infinie . Cet ordre implicite n’intéresse pas la plupart des
scientifiques qui ne jurent que par le côté explicite de la réalité . Aussi
l’ordre implicite plane-t-il comme une virtualité plausible qu’on ne saurait
dévoiler qu’en présence de plus grand que soi, qu’en reconnaissance d’un monde
subtil que nous avons la nécessité de chercher à investir .
Selon David Bohm, cet état d’ordre implicite
existe dans tout l’univers . Quand un événement se produit et fait émerger une
forme visible, cette forme ne fait que promouvoir, ne fait qu’expliciter, sous
un aspect particulier et temporaire ce qu’il y a d’implicite à la source .
La nature de l’univers pourrait être alors un flux
d’ondes porteuses d’informations qui se manifesteraient à certains moments,
selon des conditions permettant un ajustement dans le monde explicite, et que
nous considérerions comme étant la réalité . Nous retrouvons là, les mêmes
caractéristiques du champ quantique, véritable matrice invisible de notre
réalité qui échappe à nos notions ordinaires d’espace-temps.
Connaître, c’est
affirmer une traduction des réalités du monde extérieur. C’est co-produire un
objet. C’est le tissage de sens effectué entre un élément du monde extérieur et
nos facultés à assujettir cet « élément hors-nous » à notre être, sujet
pensant, producteur de sens.
Nous sommes des
passeurs d’objectivité en perpétuelle défragmentation de notre être à
conquérir.
L’objectivité est
un produit qui s’ajoute à la donnée qui ressort, elle, de l’objectivité
scientifique. On peut aussi à partir de l’objet circonvenir le sujet qui de
participant et agissant de la création de l’objet devient, corrélativement,
devant l’émergence de l’objet, sujet conscient.
Un dialogue
s’établit entre le sujet et l’objet. Une logique récursive est là à l’oeuvre ;
nous produisons de la connaissance et les objets que nous avons produits
participent de notre production individuelle tout autant que les individus
produisent la société qui produit les individus.
Ainsi, connaître,
c’est rencontrer l’autre, c’est apparaître à l’autre et par l’autre en naissant
avec lui, c’est ouvrir la porte vers l’extérieur, c’est s’exprimer.
Connaître c’est donner une forme au paradoxe d’énonciation de la théorie
objective qui se conjugue avec le caractère subjectif du sujet.
Le paradigme .
Le paradigme est
une manière de lier des notions ou catégories fondamentales par inclusion,
disjonction, conjonction, exclusion, pour aboutir à un type de relation
logique. Le paradigme discerne certaines relations logiques plutôt que d’autres
en toute subjectivité. En ce sens il ne peut relever de l’objectivité par le
contrôle qu’il opère sur la parole mais crée néanmoins les conditions de la
péroraison , ce singulier couplage du syllogisme et de la résonance aboutissant
à une réalité de passage.
Le paradigme par
ses contours péremptoires alimente la polémique dont il structure les enjeux et
organise les modalités de confrontation. Par son entièreté exposée, il
rassemble les avis et convoque leurs auteurs à la raison tout autant qu’à la résonance
dans un double mouvement de joie conservatrice et de prise de risque dans
l’invocation de l’imaginaire.
Le paradigme
contrôle la logique du discours. Il est une opportunité de contrôler à la fois
ce qu’il y a de logique et de sémantique dans un discours. Il permet, dans des
conditions de liberté et de responsabilité assujettissant l’homme à son
environnement, et par son écartèlement propitiatoire entre ce qui est et ce qui
n’est pas, entre l’accompli et le non accompli, entre le fermé et l’ouvert,
l’accès à un autre niveau de réalité.
Le paradigme
couvre une large palette de la connaissance, de son aspect le plus simple à
celui de la plus grande complexité. Le paradigme de la complexité a besoin du
paradigme de la simplicité pour pouvoir asseoir son développement. Le paradigme
de la simplicité est un paradigme qui met de l’odre dans l’univers en tentant
de chasser la trop grande complication. La simplicité voit un élément et pas
l’autre élément. Le principe de simplicité soit sépare ce qui est lié
(disjonction), soit unifie ce qui est épars (réduction). Le paradigme de la
complexité part, lui, en vrille sèche devant la sidération causée par
l’inconnu, l’inconcevable ou le tout autre ; il engendre la complétude espérée
sur le mode de l’incomplétude concédée.
L’idéologie .
L’idéologie est
une notion neutre ; c’est un système d’idées qui peut prendre l’aspect d’une
doctrine, d’une philosophie, d’une théorie. Il existe une multitude
d’idéologies qui appartiennent à des groupes humains, à des cultures, à des
associations qui dureront un certain temps. L’idéologie structure, rassemble,
cadre et limite le groupe dans sa double acceptation sécuritaire et
liberticide. Ces idées sont ce qu’elles sont ; elles obligent le
« chercheur de sens » à l’acceptation de ce qui est, à la perspicacité,
à l’humilité, à une visée transdisciplinaire faite d’incomplétude, de non
séparabilité des éléments entre eux et d’ouverture à ce qui advient, à ce qui
est et sera..
L’idéologie n’a
que faire de la morale au sens universel du terme ; elle est transmorale et
engage l’être-conscient que nous tentons d’être à une disposition
comportementale faite de fluidité d’esprit, de coeur et d’acceptation de toute
forme de la vie dans ce qu’elle a de surprenant, de rationnel, d’irrationnel,
de bouleversant, de tonitruant et de merveilleux sur notre terre.
Ces systèmes codés
que sont les idéologies sont au dessus des lois. Elles nous engagent à être de
ce monde tout en laissant une ouverture à l’hors-monde, à tout ce qui ne relève
pas encore des domaines de la connaissance … mais dans les limites de
l’idéologie du moment.
L’idéologie ; le
chemin de l’affirmation de soi, le chemin de la soumission à plus fort que soi,
le chemin des noirceurs consenties par notre peur de réellement penser, le
chemin des formules sèches apposées au frontons des temples, le chemin de la
survie pour qui ne sait vivre.
L’idéologie,
nécessairement sujette à caution dès qu’on la saisit sous l’aspect de ses
multiples avatars – doctrines, religions, habitudes, coutumes -, et
qu’une analyse complexe de sa mise en place et de son évolution la confronte à
ses sources, se trouve être l’arène où s’affrontent le sujet et l’objet, entre
l’homme et son ombre, entre le bien et le mal, entre le tout et les parties,
rencontre bouleversante à court terme et créatrice de lendemains qui chantent
ou déchantent, rencontre à plus long terme, spontanée, pleine d’énergie et de
nouveauté, de rebondissements, de beauté, de coeur, d’innocence et de
dépassement de soi sur son chemin.
Je ne sais rien , et pourtant .Serait-ce ?Un camp de nomades campant entre mes yeux ?Un panneau indicateur du sens à donner à la vie ?La piste noire des atterrissages pour un dauphin céleste ?Le grand fleuve de l'air ?Le crâne des chants de l'essentiel ?Un rideau rouge qui s'ouvrirait dans le mauvais sens ?La levée d'une fleur au désert ?Le mirage doux amer d'un soir de solitude ?La charité engendrant le parfum métallique d'une rose des sables ?Un amour en infinie conversation ?Le cri suraiguë d'une larme de cristal ?Une anecdote colportée entre ciel et terre ?Une joie éternelle sans que l'architecte intervienne ?Un épervier à son zénith se mirant dans une naine blanche ?Un ange né dans la paume de la main ?Une très humble et douce pensée d'amour ?Les pétales de la dernière étoile ?Un caillou et puis son double en saccades réfléchi ?Le jet de tous nos soucis ?L'entre parenthèses du visage des nuées ?La trace des oiseaux de passage en route vers la pensée ?L'émerveillement ceint de deux festivités ?Un "6 mars 2014" de garde ce jour ci ?Un caillou en son centre dissout par une comète ?Le ventre décharné de la patience à bout de souffle ?Le bruit d'un papier que l'on froisse ?L'anémone pulsatile d'un frais printemps ?Une chambre d'or en ses rideaux de tulle ?Une petite fille qui mange du chocolat ?Le maquillage enlevé au soir du grand savoir ?Le creuset où rejoindre sa famille d'origine ?Un pied dans l'au-delà et l'autre en terre ?Une goutte de présence entre les lèvres de l'absence ?Une étiquette collée par les doigts de la foi ?La frêle relique d'un saint ?Le cri égaré d'un courrier en instance ?Le calme d'un torrent au sortir des gorges de la montagne ?L'adolescent tenant contre son flanc le hérisson de son enfance ?Un couffin de fruits et de légumes dans l'arche de Noé ?Le regard mystique qui fait exister le je ne sais quoi ?L'incomplétude essentielle à toute perfection ?La lumière qui s'attarde entre deux paravents ?L'humble vêture de la grande vie dont nous ne savons pas grand chose ?Le départ. Le libre court enfin donné aux étoiles dans notre ciel intérieur ?( Peinture d'Elianthe Dautais ) 194
A trois, renverséassez seul pour ne l'être jamaiscette avancée de couleurs à contre courant de l'énergie muette .Le vrai guérisseur ne s'embarrasse jamais des sources de son donil est, il le serail est de tout âgeveilleur de l'autre adepte de la différencepasseur de la clôturesa main magnétique se pose sur le cœur de celui qui demandeet tout irradiede par la flèche si légère dans cette mainfermeil est le calligraphe de la foi .Ici,j'acquiers, je devienset à s'y prendre je me méprendspour être infiniment seulà se souvenir des origines trinitairesà détecter les nappes d'eaux vivesà écrire l'inentamé sur les yeux clos de l'aiméau vent divin il demeure .Ici, personne n'est en haleine d'êtrerien que de la grenaille au fond du puitsjuste permettre hors apparenceau souffle de devenir trace,trace vivante des ombres et des lumièrespour qu'à l'aubelever le voile de l'épouséepasser les portes de l'oubliet neige éclose l'espace de nos nuitsoser le pas de troisun libre courtun commencement.
(peinture d'Elianthe Dautais)192
Écrire comme si on disparaissaiten cette usurepierre à pierreoù construire l'impact de la brûluredu regard sur les mots morts .Accumulation du verbiagesans choquer les contingences .Indifférence sans pli et sans coutureinondant de lumièrece que l'autre offre ,ce que notre peau de chairdonne en pâture à notre peau d'ombre .Menaces ,étincelles d'entre boue et ivresse ;se faire tremblementen totale allégeance à l'amitié,sans abondance ni oubli ,atteindre l'autre rivede joie et de tristesse mêléssur la jointure obsidionalede ce qui sursoit ,vers le résultat précieuxoù vanités excluesse fracasser sur le corps de l'écriture .189
Énigme du Grand Silence en posture aléatoire quantique résolument notre , en cette possibilité de convoquer l'infiniment actuel , l'infiniment partout , l'infiniment non existant , en soutien du respect dû à cette Nature si libre , si fragile , si monstrueusement violée , par l'oeuvre du serpent biblique apte en son rôle malin de faire éclater les asymétries à des fins de destruction .
Il est des nuits où se parant des flammèches d'un arbre de rencontre pourfendre les nuages de l'incohérence avec l'épée de la parfaite compréhension et effectuer aux confins de l'intelligence universelle les amples moissons de l'émerveillement .
De plus, ils sont passéssans omettre les vraies valeurs.Ils ont cherché, ils ont trouvéla semence du semblable.N'ayez crainte du récit en sa simplicité,soyez de mèche avec l'indicible.En face du trésorils se hâtent et lui crient leurs attentes.La trame se déferaitsans préparation, sans repentance.Au repas, des chants nouveauxle monde nous appartenant.Une longue histoire d'allianceentre le fonds et la forme.Les superstitions n'ont guère de substancesans le dégoût de la connaissanceLe deuil, la tristesse, l'oubli un champ dévasté par l'inondation.Dire faussement du mal de l'autrepuis s'en aller à reculons.C'est simple, c'est clair, c'est concret,les vrais pâturages de ton cœur.Les coulures de goudronsont les pleurs des tempêtes passées.Ma main, d'un reflux acidejamais ne jugera.En conséquencetoute réminiscence est oeuvre destructrice.Les sacs de cendres se sont ouvertsà bon port.Ta voix s'est fait entendrevoix miroir de mon visage.Ta voix planait sur les eaux,un don à recueillir.Ta voix,porte-greffe de la plante fragile.Ma voix, mon ange,derrière les friselis de ton rire.Si la mort creuse le champ de la désolationelle ouvre en même temps celui de la communion .Communion des âmes aimantes et aimantantes.186
Boule des songes des cultes à mystères de paillettes amputée virevoltante .
Pendule de Foucault sur la tête des fidèles couronnés de laurier et portant le ciste.
Orage ikebana des lumières au bout des tiges de fer forgé cliquetis de l'ensemble chants cristallins des rencontres océanes le flux des ondes repousse la poussière s'octroyant une pesée dernière des âmes sépulcrales sous les cimaises punaisées par ces temps de romances aux myriades d'insectes surgis des coffres de l'oubli aux olympiades des jeunes corps sachant rendre leur souplesse aux chercheurs de secrets .
Mon âme éternelle si prête déjà de la source des origines .