
Muse sanglière de ses sabots évasant la soue à coups de mufle elle replia ses atours mesurant ô combien de temps et d'espace il faudrait pour escargoter yeux dans les yeux la paille et la poutre riche fenaison en vue de la rencontre. 622

Muse sanglière de ses sabots évasant la soue à coups de mufle elle replia ses atours mesurant ô combien de temps et d'espace il faudrait pour escargoter yeux dans les yeux la paille et la poutre riche fenaison en vue de la rencontre. 622

Marmotte margoton à filer la quenouille sagement coite contre la ridelle fleur sujette passementerie à se passer du superflu hors du flux de la Nebbia correctement affublé de ce coutre buissonneux en cale sèche négligemment remisé à merci du vent peignant le vif argent sur le galet du Guil. 621

Puisommière s'appelait-il à ébrécher les pierres de son marteau avant la pose sur le lit horizontal du mur à la creusoise que le temps soit au chaud au vent ou à la pluie ses doigts durcis par la peine endurée d'être loin des siens. Aux veines de granite surmontant la douleur physique ses yeux se voilaient de poussières et de larmes toi le cheminot qui de chantier en chantier traînait sa misère une bouteille de rouge dans la musette la casquette figée par la sueur la barbe déjà blanche aux lueurs d'une soirée à rire devant le feu que les jeunes avaient préparé. 620

Virevolte de la face au tympan du porche ils démontèrent l'échafaudage firent venir le charroi aux bœufs teigneux hélèrent les bergers accoudés sur leurs bâtons noueux ramassèrent le bois mort pour le feu affaire d'initiés éclos au chant du ruisseau que la montagne aux flancs boisés évacuait aux vents violents soutenant de l'avant les fenestrons étrange soutenance au sang mêlé de miel que l'orage ne pouvait cerner sans que les anges battent rappel sans le charivari des eaux de fonte glaciaire émargement abrégé en bas de l'édit arraché pleines mains sans mâcher ses mots au goutte à goutte d'une conversation inchangée. 619

Souffle rauque de la bête en chute libre la roche dévala dans un bruit d'arbres broyés en fond de vallée jusqu'au torrent des ajustements. Les sapins laissaient voir la chair se détacher des os les mâchoires craquer les yeux jaillir en cette fin d'hiver aux bras des mariés en folie coquilles rêches plastron exhibant le scapulaire mandragore éphémère au sortir du sentier effaçant les traces du passé. Rugissante la bête entra dans le stade flamme dressée jusqu'au ciel foulant les charbons ardents de la déraison en cette fin d'été où d'ordinaire un faisceau de bois morts assurait l'œuvre d'un regain de vitalité. 618

Poussée rouge des calames à l'abordage un crêpe au veston porté à la sortie de l'église. La crème chantilly de la nebbia écarte ses paupières devant le réveil de la rosée aux yeux de laitance douces amandes des œufs de grenouille en bord de mare. L'éveil en coordonnées orthogonales se prend les pieds dans le cordage à cheminer par précaution en fond de vallée qu'il se complet le temps d'une pause à se pâmer d'eau pure l'espace du matin que le corps ablutionne. Immobile et serein malgré ses moustaches l'encadrement se mire en son reflet. Se répandent les silences sur le marchepied du train. 617

Surgi d'entre les fourrés
la pelisse rousse sur le dos
une peau de blaireau à la main
l'homme d'avant-garde.
Accroupi
tout en avançant par petits bonds
ses grands yeux tournés vers le ciel
il était la nature vivante.
Une charrette passa
granulant quelques graviers
un fouet claqua
le cheval se cabra.
Au profond des chablis
l'émoi fût grand
sans un cri
l'aigle s'envola.
Passa alors le maître des chaumes
l'embaumeur des solutions feintes
le traîne-misère des rassemblements
l'esbroufe de nos campagnes.
Fallait s'émouvoir, se congratuler
se tenir sur la pointe des pieds
en se poussant du coude
afin d'être là, sur la photo.
L'homme à la peau de blaireau se redressa
brassant l'air
de gestes mystérieux
tel un sémaphore en sortie de brumes.
Il revenait chez lui
après une longue absence
en bord de chemin
un large sourire trouant sa barbe.
Frère des hautes herbes
sois le papillon furtif
le joli hérisson qui m'attire
le cerf et le sanglier
au profond de l'âme
la venue d'une tendresse
parmi les fruits rouges de la haie
à rassembler nos habits du dimanche
pour chemin faisant
étirer les fils vierges
telle crépinette sur l'ouvrage de fin d'année.
616

Par fidélité à la source aimer et mourir. Point de sceau en bas de page. Passer le gué pieds nus purifie le cœur. Revenir en arrière ne paie pas de mine. Effleurer le temps étanche les souvenirs. A croupetons en bord de falaise la terre tourne. Remonter la roue de fer aurait suffi. En sandales descendre à la fontaine réveiller la vouivre. D'exil en exil tisser la couverture de survie. Et rire rire par dessus les nuages. Sans accroc à la toile la route est longue. Se sentir accompagné dès la sortie du tunnel. Ma conscience devant l'univers devance les saisons. De l'hiver retenons les réserves de l'écureuil. Au printemps soyons l'ours au sortir de son hibernation. A l'été respirons le vol de l'aigle. En automne rentrons nos blancs moutons. 615

Se masquent à demeure les roulements du tambour sans que nuit survienne Franchit les vallons le son ensoleillé des clarines Volte face des garants de l'oubli sueurs froides du fond du pré monte le chuintement brossé du mufle des vaches Encorné dépenaillé le prude agent des douanes rugit de plaisir Face de lune aux débours des ruines la forme blanche Effronté sans que le deuil paraisse un regard de molle passion La mailloche frappe la peau de bélier pour que les voix se lient Écume et fontaine se rencontrent narines bruyantes les araignées d'eau se carapatent Bisque risque d'une musique folklorique au bric-à-brac de l'authentique Ouvre tes yeux femme l'homme ferme les siens Aux cieux que des heureux la palme raie l'azur Glisser prestement la paresse de l'esprit contre ton sein Un manquement et pfuit la fumée blanche disparaît. 614

Essence magique errance à quand le carrefour du feu ardent tu mets tes chausses et rentre la chemise sans le dire une douleur vive au ventre tu recherches l'ombre toi le soleil en quenouille et pose la main sur la poutre maîtresse sans que les cieux pâtissent pommettes rougies passent par la fenêtre les retenues désuètes un feston de lumière au carême d'être tu prends la vague de plein fouet ne recule devant rien la gorge nue figure toi que je t'aime et fais bonne figure assis sur le siège haut le tilleul bruissant d'abeilles le chien court sous la tonnelle et lève la poussière accueille et tais-toi brûle d'une allumette la luette de l'esprit pour un sourire aux lèvres humides à l'éveil des âmes libres la pensée est sereine pétris tes souvenirs par une déglutition active demeure le goût du sang aux mains tremblantes au petit jour tu verras l'ouverture de la dure mère replète en ses ondulations au creux de ton épaule lâcher prise à la fibre secrète le pansement discret un bouton juste un petit bouton jaune pour désarçonner ton corps sage aux mille pertuis être de garde et d'estoc toi le millénaire des prairies de montagne sois la digitale bleue du signe mystérieux verbe incarné que le doute anticipe ma vie mon immense vie à l'angélus vermeil d'une coupe profonde vent ô grand vent souffle sans fatigue les girouettes crient 613