Archives de catégorie : Année 2020

sanctuaire de la métaphore

 

Sanctuaire    
guidance des dents sur le devant de la hampe    
à petits pas sur la sente des fleurs    
je hume les fragrances    
du mimosa    
mon abécédaire des hautes terres    
en appel des mots de miel    
écaillés par le crissement des cigales    
auprès des vagues    
à cheval sur la voix énonciatrice    
aux naseaux que le sel blanchit    
la poignée de salicornes    
à bout de bras
brandie vers la Victoire.        
 
Au trot    
à crû    
les sabots frappant le sable durci    
la métaphore    
sort de l'ombre    
vertèbres cliquetantes    
frisettes au vent.
  
le mégalithe capte    
le vol des oiseaux    
en bord de mer    
rapide passage du fusain    
sur la feuille blanche d'une sylve présence.        
 
 
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Cette aventure unique

 


Cette aventure    
au delà de l'objet de série    
courbe le temps    
adjonction pointilleuse    
recouvrant les décombres du mystère    
de parures pour rire    
et de superstitions outrecuidantes.        
 
Cette aventure    
au delà de la raison et de l'appel    
courbe l'espace    
mesures mortifères  
dont la contredanse ne peut être    
qu'immobilité    
fermement plantée sur ses ergots    
au centre du dialogue.        
 
Marchons à grands pas    
tous dehors et lui dedans    
là où tout se tient tout se marie    
dans l'auguste brouillard    
recouvrant les excavations    
de la paroi haute à gravir    
les mains nues    
à chérir le repère de l'aigle    
alors que dansent par le bas    
les divagations de l'esprit    
derrière d'hypothétiques tentures crépusculaires.        
 
Ne nous égarons pas    
qui refuserait d'ailleurs la pincée de sel    
sur la langue des ouvreurs de l'aube ?     
Soyons la flamme d'un monde de paix    
Soyons la grâce de l'architecture ouverte    
Soyons sans haine ni aveuglement    
les éléments pleins    
sans démêler le tien du mien    
à la portée de l'œil unique    
en livrée d'amour et de sagesse  
Soyons le baiser
d'avant la bascule des lèvres jointes.        
 
 
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Bonne année 2020

 

Nez contre nez

Quelques bribes
de mots au vent venus    
au risque de passer pour un vieil orignal    
aux bois velus.        
 
Puissent quelques passants    
les saisir en sourires    
à l'hiver vingt et vingt    
sans qu'oubli se fasse    
à l'aube de ce qui vient    
alors que tout est en nous.        
 
Sans prudence    
à consommer    
pour le meilleur de soi    
en ouverture à l'autre.        
 
 
550
 

Vigilance mon ange

Les Idées   
les pensées   
sève du rêve   
envol hors du temps imparti   
que n'ai-je été poussière fine   
crocs et becs évacués   
dans les marmites de l'oubli.      
 
La caravane passe   
le vent fait se soulever les voiles   
les sabots claquent sur le chemin ferré   
hors le passage des astres   
poursuivant leur insigne voyage   
demeure l'aube aubépine   
le retour du jour.      
 
Corps et cœur   
convoqués par temps cérémonieux   
la plage accueille les rescapés   
sous le crachin des orgues marines   
le bout des doigts glacés   
crispant le bâton des ancêtres   
~ la voix s'élève.      
 
Vigilance est là   
de couleur bistre   
orientée vers le dévers de la falaise   
à découper les Idées   
en menues lanières de cuir   
l'esprit voletant par les herbes courbées   
sous le joug des souvenances.      
 
Vigilance évalue la distance   
Vigilance recueille en sa besace   
les mille infractions   
commises par temps de paix   
alors que la soldatesque couvrait   
plaines et forêts   
d'éclats de fer clinquants.      
 
Vigilance mon enfance   
ne permettons plus   
aux coffres des trésors enfouis   
la remontée  du mal   
de signes et de poussière mêlés   
vers l'encorbellement de nos bras   
scellant l'arrogance des illusions.      
 
Vigilance   
mon ultime appel   
de ceintures dénouées   
ne laissons pas les Idées   
envahirent le sourire de nos aînés.      
 
Soyons fiers et simples   
devant le grand chambardement.      
 
 
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l’écart d’âge

 Si beau   
de mer en son écume    
la totalité du monde a des élans de printemps
que l'hiver agence      
 
J'arpente la tunique unique de ma peau   
que le désir caresse   
cet étrange voyage   
juste pour accomplir le contrat      
 
Je laisse s'effacer   
le visage de nos morts   
le long des racines aménagées    
par ces gens que j'aime   
ces gens du voyage   
à la marée   
dessinés   
sur le nomadisme des élans      
 
La vérité est royale   
elle est sœur du rien   
unique au vent glacé   
elle touche le cœur en son errance      
 
Révélé en première page   
au gré des ans   
me font signe par le fenestron    
l'au-revoir des gens que j'aime      
 
Je cherche la lumière dans le noir de l'esprit   
et vois le présent en ses rejets   
d'attentes réparties   sur la table   
parmi les miettes du festin      
 
J'attends le livre du sans-soucis   
sous le réverbère des vies enfouies   
comme une vitre sale révèle des traces de doigts   
tout autour du cœur qui saigne   
défaite pour ceux de ci-prêt   
organisant la fuite des migrants     
 
Echec inéluctable   
en opposition à ce que j'entends    
le son est une leçon    
Jacques mon frère de l'autre rive   
je gagne à être parmi les perdants   
comme chauve-souris clouée sur
la porte des granges      
 
Je triomphe   
en l'effacement du sacrifice   
dans les champs labourés   
sans cause sans conséquence   
je triomphe de mes pertes   
en souriant   
en claquant des doigts   
sans discours   
sans la science   
mais en sortant par la porte arrière   
laissée ouverte   
où naissent les brûlures du fourre-tout
des absences      
 
Alors je sombre   
devant le charivari des ustensiles
de cuisine jetés contre le mur   
un bol entre mes doigts   
un bol ordinaire   
un bol avec ses éclats sur le rebord   
un bol de mendicité   
oublié par le jeu des enfants   
effaçant l'attachement      
 
Passer le temps   
me berce d'illusions   
lorsque je tends la main   
à chaque étape   
sans que la belle expression parvienne      
 
Il faut vraiment chercher   
approcher de soi     
sans conscience   
ce que l'on est   
éprouver le heurt nécessaire   
nous éclairant   
pour qu'un peu plus de ce que nous sommes   
aille par là   
~  la marche du crabe      
 
Ne pas croire   
ne pas devenir l'image   
oser le roseau de la roselière   
être
le tiers courbé lors du dialogue   
remiser ses larmes dans la sciure
des ébauches      
 
Etre seul   
comme personne   
pour que la recherche avance   
par sauts de puce   
sur la vareuse du soldat couvert de boue   
figé par l'éclat du shrapnel      
 
Etre dans la joie   
sans méthode   
ne pas regarder ce qui blesse   
ne pas penser ce qui vient   
être la chance au hasard de la mitraille   
être vivant ensemble   
avec ce qui se rassemble   
en l'autre   
en soi      
 
 
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Sylvain Gérard.œuvre 2 – l’homme à sa fenêtre

 

 Visage émacié du jeune homme   
 au sortir de son éducation   
 déjà apte à saisir   
 le contagieux imbroglio   
 des amoncellements de la connaissance.      
  
 Et en effet il connaît le monde   
 le jeune homme au visage émacié   
 sans yeux, sans mains, sans jambes mais bouche ferme   
 il capte l'au-delà   
 lui le gardien du dehors   
 et dans son for intérieur   
 il est capharnaüm des accumulations   
 lui le récipiendaire des turpitudes et des passe-droits   
 au nez et à la barbe des anciens   
 il est le plus habile 
 à combattre le jugement   
 lui l'ingénieux à la destinée zigzagante   
 le rouleur de rochers   
 aux sources propitiatoires   
 lui coupable de brigandage   
 il offre sa vie par son supplice indicible   
 que s'emploient   
 les faiseurs de rêves, les poètes, les mystiques,   
 à ne jamais se méprendre sur les foudres célestes   
 pour s'entaillant le ventre une nuit ultime   
 être foudroyé par son ombre chaude. 
     
  
 Calme et ivresse   
 un masque gît devant nous   
 riche en sa mythologie avérée   
 un masque d'accueil des reconstructions   
 où rassembler les fragments de ce corps épars.      
  
 Ô épouse sœur   
 même s'il me manque le sceptre   
 j'ai interrogé et amorcé la vraie vie   
 celle de la loi des bulles   
 que seuls atteignent chamanes, poètes, prophètes,   
 "cordeliers" et "bouclés"   
 - (les tenants de la théorie des super cordes et de la gravité quantique à boucles)    
 tous adeptes de l'espace lacunaire des eaux retirées.      
  
 Il n'est de plus grand vide   
 que le chant des nuages  
 fenêtres ouvertes   
 nous les oiseaux du verbe   
 nous les remueurs de la force de l'envol.      
  
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