Archives de catégorie : Janvier 2020

la vie

 
 
 
      Accepter la Vie, être conscient, 
de cette part de nous-même 
qui cherche à grandir,
à pousser ses limites, à répondre
à une demande, à être en accord
avec ce qui est, par des actions
dont on ne connaît pas 
la complexité causale mais 
qui nous semblent juste sur le moment. 
ça brûle donc je me chauffe ; 
le tirage adapté viendra après.

      Tout est question de distance 
hors la perspective qui seule 
subsiste, une perspective qui 
n'implique pas nécessairement 
la Vérité, mais qui compense, 
qui pardonne, qui donne de l'énergie, 
qui aime et ne nous déçoit pas.
 
      Et si cela navrait toutes les 
incertitudes et nous orientait 
vers la prise de risque d'être 
en responsabilité sans préjuger de 
ce qui se passera !
 
      Il fût un temps de parousie affirmée 
où néanmoins nous prîmes la clé 
des champs, simplement pour n'être 
plus dans le cercle des habitudes 
et entrevoir les dérives du système.
 
      Avec raison et bonhomie au fil de 
l'eau il y eut bien des rapides 
et des chutes qui nous entraînèrent 
vers l'autre côté de soi, 
ce maigre affront à soi-même, 
cette outre emplie des vents 
de l'aventure.
 
      Le destin ourdit des bizarreries, 
le cadran de l'horloge a des 
hoquets de tendresse. S'arrêter 
près de la source aux loups 
prélude à la réflexion de manger 
ou d'être mangé, d'envisager 
le clair-obscur des visitations 
avec sérénité, d'être aux petits 
soins avec sa faim tout autant 
qu'avec son besoin de sommeil 
et de rencontres.

      Un brouillard recouvrit le fond 
de la combe, une bruine amena 
des gouttelettes sur le visage, 
le froid envahissait le corps.

      Un faon sortit du bois 
immédiatement suivi par une biche 
ce qui me remit sur pied contre 
le grand chêne outragé par des 
orages qui avaient entamé des 
branches maîtresses mais dont 
la force résiliente ébranlait 
mon être.
 
      Je repris le service d'ost. 
      Le seigneur m'attendait. 
      Il devait encore pleuvoir des 
grenouilles.  
      Le chemin montait. 
      Je savais qu'après la butte 
la pente serait descendante, 
que la place du village serait 
bruissante de couleurs et de voix, 
qu'une vitalité légère brasserait 
les corps et les âmes jusqu'à ce 
que le beffroi sonne les douze 
coups de midi.
 
      Alors je partirai, le travail 
entamé, escorté des trolls et 
des djinns vers le point de 
non-retour où la mort rejoint la 
naissance, au sanctuaire où tout 
s'apaise près du frêne et du 
tilleul. 

       Prémices du regain de 
la vie.
  
 553
   

sanctuaire de la métaphore

 

Sanctuaire    
guidance des dents sur le devant de la hampe    
à petits pas sur la sente des fleurs    
je hume les fragrances    
du mimosa    
mon abécédaire des hautes terres    
en appel des mots de miel    
écaillés par le crissement des cigales    
auprès des vagues    
à cheval sur la voix énonciatrice    
aux naseaux que le sel blanchit    
la poignée de salicornes    
à bout de bras
brandie vers la Victoire.        
 
Au trot    
à crû    
les sabots frappant le sable durci    
la métaphore    
sort de l'ombre    
vertèbres cliquetantes    
frisettes au vent.
  
le mégalithe capte    
le vol des oiseaux    
en bord de mer    
rapide passage du fusain    
sur la feuille blanche d'une sylve présence.        
 
 
552
 

Cette aventure unique

 


Cette aventure    
au delà de l'objet de série    
courbe le temps    
adjonction pointilleuse    
recouvrant les décombres du mystère    
de parures pour rire    
et de superstitions outrecuidantes.        
 
Cette aventure    
au delà de la raison et de l'appel    
courbe l'espace    
mesures mortifères  
dont la contredanse ne peut être    
qu'immobilité    
fermement plantée sur ses ergots    
au centre du dialogue.        
 
Marchons à grands pas    
tous dehors et lui dedans    
là où tout se tient tout se marie    
dans l'auguste brouillard    
recouvrant les excavations    
de la paroi haute à gravir    
les mains nues    
à chérir le repère de l'aigle    
alors que dansent par le bas    
les divagations de l'esprit    
derrière d'hypothétiques tentures crépusculaires.        
 
Ne nous égarons pas    
qui refuserait d'ailleurs la pincée de sel    
sur la langue des ouvreurs de l'aube ?     
Soyons la flamme d'un monde de paix    
Soyons la grâce de l'architecture ouverte    
Soyons sans haine ni aveuglement    
les éléments pleins    
sans démêler le tien du mien    
à la portée de l'œil unique    
en livrée d'amour et de sagesse  
Soyons le baiser
d'avant la bascule des lèvres jointes.        
 
 
551
 

Bonne année 2020

 

Nez contre nez

Quelques bribes
de mots au vent venus    
au risque de passer pour un vieil orignal    
aux bois velus.        
 
Puissent quelques passants    
les saisir en sourires    
à l'hiver vingt et vingt    
sans qu'oubli se fasse    
à l'aube de ce qui vient    
alors que tout est en nous.        
 
Sans prudence    
à consommer    
pour le meilleur de soi    
en ouverture à l'autre.        
 
 
550
 

Vigilance mon ange

Les Idées   
les pensées   
sève du rêve   
envol hors du temps imparti   
que n'ai-je été poussière fine   
crocs et becs évacués   
dans les marmites de l'oubli.      
 
La caravane passe   
le vent fait se soulever les voiles   
les sabots claquent sur le chemin ferré   
hors le passage des astres   
poursuivant leur insigne voyage   
demeure l'aube aubépine   
le retour du jour.      
 
Corps et cœur   
convoqués par temps cérémonieux   
la plage accueille les rescapés   
sous le crachin des orgues marines   
le bout des doigts glacés   
crispant le bâton des ancêtres   
~ la voix s'élève.      
 
Vigilance est là   
de couleur bistre   
orientée vers le dévers de la falaise   
à découper les Idées   
en menues lanières de cuir   
l'esprit voletant par les herbes courbées   
sous le joug des souvenances.      
 
Vigilance évalue la distance   
Vigilance recueille en sa besace   
les mille infractions   
commises par temps de paix   
alors que la soldatesque couvrait   
plaines et forêts   
d'éclats de fer clinquants.      
 
Vigilance mon enfance   
ne permettons plus   
aux coffres des trésors enfouis   
la remontée  du mal   
de signes et de poussière mêlés   
vers l'encorbellement de nos bras   
scellant l'arrogance des illusions.      
 
Vigilance   
mon ultime appel   
de ceintures dénouées   
ne laissons pas les Idées   
envahirent le sourire de nos aînés.      
 
Soyons fiers et simples   
devant le grand chambardement.      
 
 
548
 

l’écart d’âge

 Si beau   
de mer en son écume    
la totalité du monde a des élans de printemps
que l'hiver agence      
 
J'arpente la tunique unique de ma peau   
que le désir caresse   
cet étrange voyage   
juste pour accomplir le contrat      
 
Je laisse s'effacer   
le visage de nos morts   
le long des racines aménagées    
par ces gens que j'aime   
ces gens du voyage   
à la marée   
dessinés   
sur le nomadisme des élans      
 
La vérité est royale   
elle est sœur du rien   
unique au vent glacé   
elle touche le cœur en son errance      
 
Révélé en première page   
au gré des ans   
me font signe par le fenestron    
l'au-revoir des gens que j'aime      
 
Je cherche la lumière dans le noir de l'esprit   
et vois le présent en ses rejets   
d'attentes réparties   sur la table   
parmi les miettes du festin      
 
J'attends le livre du sans-soucis   
sous le réverbère des vies enfouies   
comme une vitre sale révèle des traces de doigts   
tout autour du cœur qui saigne   
défaite pour ceux de ci-prêt   
organisant la fuite des migrants     
 
Echec inéluctable   
en opposition à ce que j'entends    
le son est une leçon    
Jacques mon frère de l'autre rive   
je gagne à être parmi les perdants   
comme chauve-souris clouée sur
la porte des granges      
 
Je triomphe   
en l'effacement du sacrifice   
dans les champs labourés   
sans cause sans conséquence   
je triomphe de mes pertes   
en souriant   
en claquant des doigts   
sans discours   
sans la science   
mais en sortant par la porte arrière   
laissée ouverte   
où naissent les brûlures du fourre-tout
des absences      
 
Alors je sombre   
devant le charivari des ustensiles
de cuisine jetés contre le mur   
un bol entre mes doigts   
un bol ordinaire   
un bol avec ses éclats sur le rebord   
un bol de mendicité   
oublié par le jeu des enfants   
effaçant l'attachement      
 
Passer le temps   
me berce d'illusions   
lorsque je tends la main   
à chaque étape   
sans que la belle expression parvienne      
 
Il faut vraiment chercher   
approcher de soi     
sans conscience   
ce que l'on est   
éprouver le heurt nécessaire   
nous éclairant   
pour qu'un peu plus de ce que nous sommes   
aille par là   
~  la marche du crabe      
 
Ne pas croire   
ne pas devenir l'image   
oser le roseau de la roselière   
être
le tiers courbé lors du dialogue   
remiser ses larmes dans la sciure
des ébauches      
 
Etre seul   
comme personne   
pour que la recherche avance   
par sauts de puce   
sur la vareuse du soldat couvert de boue   
figé par l'éclat du shrapnel      
 
Etre dans la joie   
sans méthode   
ne pas regarder ce qui blesse   
ne pas penser ce qui vient   
être la chance au hasard de la mitraille   
être vivant ensemble   
avec ce qui se rassemble   
en l'autre   
en soi      
 
 
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