Archives de catégorie : Année 2016

apprendre la vie

 Se courbent
se cabrent
les molles idées sables .

S'affolent
en tombée de nuit
les effluves lasses .

Monte des fossés
la main leste des remontrances
omniprésence des situations inachevées .

Portes coulissantes à l'avenant
dans l'embrasure
le chant des steppes ourdit la plainte .

Salissures engrangées
bonne pesée et duo infrangible
les bras s'allongent .

Cheveux en bataille
le simulacre des discordes
fait se lever les errants .

Ne déchirez pas
les cadavres arbustifs
ce pourrait être votre enfance .

Menuet dansé
à la lumière du sémaphore
c'est même peau que la mienne .

Enchâssée d'encre bistre
la romance des âmes perdues
s'offre un dernier regard .

Souffle chaud
d'un démiurge incandescent
au chant infini des super-cordes .

Et le Maître parla
tonique et bienveillant
sur le parvis des cathédrales .

" Soyons lié à la vie
dans le mystère même
coule l'initiation qui nous rassemble .

 Soyons la voie
des acceptations contraintes
à l'heure du tocsin .

 Soyons l'abandon
des vérités suprêmes
nous les passagers de l'ombre .

 Décrochons du revers du veston
les breloques gagnées
au carrefour des incongruités .

 Soyons la houle et le clapot
des sorties en mer
en intention de se nourrir .

Ne rejetons pas l'étranger
le strangulé de la misère
que notre ère accule au départ .

Trouvons sous les pavés
le sable échéancier
d'un inaltérable bonheur .

Apprenons, comprenons,
marchons, construisons de concert
le sens des choses et des valeurs .

 Ouvrons-nous
au ressac du bonheur
à l'univers du lâcher-prise ."



287

émettre le plus intime

 Émettre le plus intime
saisir le sentiment le plus profond
être en relation d'amour
le Soi et le petit Moi .

Tirer sur le sein
pour que le lait monte
tout un monde à relier
posséder l'illimité .

Plonger la boule de feu 
en la gorge béante
d'une main assurée
être le vertige caché .

Ne plus être enfermé dans l'illusion
ne plus être un "être à part"
ne plus être l'aveuglement
ne pas avoir peur .

Loin des sentiers battus
élevons l'aérienne convenance
hors l'ignorance et l'individualisme
soyons notre propre maître .



286

Il vint sans mot dire

 En toute légitimité
il vint sans mot dire
au plus charmant moment
dialoguer de l'astucieux charpentier
paré de sa colombe .

Mon âme en exaltation
de conciliations en actes propitiatoires
répand sur la tourbe des moissons noyées
le voile des hypothèses
que l'engagement concède aux peurs .

Écartant toute chair
je m'enquis d'une rivière souterraine jaillissant à l'air libre
œuvre de joie hors le cloaque du monde létal
pour méditer sur la passementerie
tissage des sillons blonds de l'esprit .

Ne pleure pas
sois le doux écart
entre le chant du troglodyte mignon
et la perle de rosée posée sur la campanule
ma belle éphémère
de l'éphéméride quotidien.


285

La herse abrasive

 La herse abrasive  
 Coupa court au crâne pelé .  
 Puis agrippé au mur   
 Pétrifia les ressources migratrices .  

 Pommelée d'or  
 elle enfreignit la règle  
 ne conservant de la crème acrylique  
 que quelques moignons hiératiques . 
 
 Nous ne pouvions rester là  
 aussi ,   
 pupilles dilatées ,  
 nous approchâmes de la jugulaire  
 pollens en suspens  
 des stèles coopérant  
 à la dégringolade  
 vers le pourpre des nuits fauves  
 du couteau d'Abraham .  

 Flanqués de notre armada  
 il se fît que le minerai des origines  
 soit extrait des sources ardentes  
 de nos vitrifications .  

 Ô brillance !  
 sous tes sabots demeure la sécheresse de l'oubli  
 sous la fourrure des nuits , un jour blafard  
 sous ta lèvre , l'inimitable esprit  
 sous ta plume , le bourgeon johannique  
 sous les minéraux calcinés , l'avenir émergé  
 sous les baies énuclées , l'architecte du souffle .  

 Ma déchirure !  
 cette plaie où refléter nos visages   
 cette volée de cloches  
 rappelant la fumée des bûchers  
 d'une cosmogonie du temps passé .  

 Notre futur ,  
 la résine épiphanique  
 résiliant les frisures de l'épiderme  
 le pas de deux   
 sur l'horizon arc-en-ciel  
 telle une balle perforant l'Absolu   
 notre enjambement  
 cette énigme  
 où se fondre dans la vision . 


 
 284 

Elle marche en plein jour

 Elle marche en plein jour
 la logorrhée ductile
 patte duveteuse
 et peau bouillonnante
 elle ombre l'asphalte
 de sa quenouille d'Arc .

 Ennemie des perfections
 le baiser des visiteurs
 noircit le chambranle de sa porte
 bouleversante caverne
 où trône le Dieu
 que son profil aguiche .

 Désinence d'une substance infrangible
 elle monte méditante la colline aux trois potences
 aspect hésitant des coutumes de l'esprit
 elle remise le sabre des amants
 aux champs des Intouchables
 rasant
 fuligineuse
 l'ombre du néant .



 283

La vérité en villégiature

 Ne pouvant supporter
d'être en villégiature de la Vérité
je m'efforce
en face d'une vie mienne
de ne pas profaner
les tendres et sagaces
crinières du chant de l'obscur .

Je plonge et fouille
les magnificences de la nuit cathédrale .

J'accompagne les gerbes de terre et de sang
giclant hors des tranchées .

Je filtre et laisse passer
les pesantes pensées de l'espoir .

J'arrache à la mort ce qui n'est pas né
et dresse sur le bûcher des circonstances
les grandes rosaces de lumière .

Ombre
Cécité progressive
Graduellement j'éclate
et parsème d'une myriade de fragments
l'énigme des jours à venir
éblouissement ultime d'un crépuscule
à l'orée d'une dernière visitation .

Mains tendues 
j'implore le vaste ciel
et féconde notre terre
ultime élan à revenir vers soi
éternel retour du pourceau fabuleux
vers la source où se taire .



282

mystère du verbe

 A contrario du mystère du verbe
Il y eût l'illumination d'un soleil spirituel
Écartement des données primesautières
Splendeur reconstituée du désir
Sans que la phrase se dégrade .

Mienne est la tâche
Au passage inattendu de l'obscurité
Eclipse d'une vision première
L'énigme s'interpose
Sans que négligence fasse loi .

Fort de lumière
L'obscur vitrail révèle son envers
Martyre devant la porte des anges
S'ensevelissent les trésors de l'appartenance
S'enfle la transcendance du point final .



281

Conscience d’être cerise

 Conscience d'être cerise   
 Souffrir de tant de conscience   
 Sourire du noyau à la pulpe   
 Que me soit donnée l'âme   
 Irradiante âme   
 Au sortir de cette déchéance   
 Parfois souffrance   
 En illusion de tant d'absences   
 Coagulées au mirliton des afflictions   
 En rachat d'une tristesse humiliée   
 Puis vivre éternellement   
 Chêne liège naisseur de peaux parfumées   
 En sudation   
 Traces de laves pétrifiées   
 Au soleil qui verse la nuit   
 Au cœur même de la beauté   
 Rencontrer l'ours du pays des graminées souples   
 Puis disparaître  
 La partie saine propagée en épilogue   
 Au filtre du silence .   



 280

pensée errante d’une force terre à terre

 Pensée errante
d'une force terre à terre
précipitant l'imperceptible 
de l'action réalisée .

Révolte du fondamental
à rendre l'homme plus fort ,
sursaut de l'évolution ,
juste perception du pic d'amour .

Ouvrir les vasques du mental ,
briser l'illusion ,
craquer l'avant-tracé de nos désirs ,
paroxysme des morales .

Finie la transmission des choses dites ,
nous sommes en marche vers l'ère pleine ,
affouillant la grève des mers refluantes ,
sur les pas des bâtisseurs .


279

ne pas s’attacher

 


Ne pas s'attacher
en vibration
danser le feu
les bras ouverts
le silence pour transmission
chaque battement de cœur échangé
à découvrir la science et le beau
en fermant les yeux
ces images qui nous assaillent
sans comprendre absolument
frappé en intériorité
fasciné
engoncé
la pensée libérée
par étapes
sentir la présence 
écarter le faux 
sans abstraction
sans peur
sans question
avec vigueur
au gré des circonstances
se consacrer à l'étude
se nourrir de pain et d'eau
la joie ouverte
en intégralité
supprimer les barrières
par ondes développées
sans fragmentation d'avec la courbure
le sens du bien confié à tous
en conversation avec l'un 
de quête et de signe avec l'autre
nous faire décoller
en l'œuvre
par l'émerveillement
prononcer la parole
en intimité
accueillir l'évidence
tel éclat de rire
partir
ne pas faire l'intéressant
être le pauvre en don de soi
être le moi et toi
être le souffle
être la plume entrant par la fenêtre .


278