Tous les articles par Gael GERARD

les antennes du frère en terre

   De ses lèvres elle hantait la mastication des   intentions,   
Un souffle vint,   
De superficielles, ses dents reflétèrent,   
à l'entrée du temple, le péristyle des âmes blanches. 
    
Filèrent les sans noms de la haine,    
recroquevillés sous les antennes du frère en terre.      
Puissions-nous, passagers de l'oubli, racler nos derniers os, au rythme des mirlitons de l'enfance.   

Le Grand Jeu raffermît notre passé,   
rassemblant les fresques de nos errances,   
passage obligé,   
où planter l'organe éruptif,   
hors la périphérie de nos illusions.   

En creux de nuit   
la lune ourla la montagne,   
face sombre sous le réceptacle de nos attentes,   
et tout fût retourné.   


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A l’ombre en canicule

   A l'ombre, en canicule
s'ouvrir aux pensées remontantes   
s'ouvrir aux fièvres de la nouveauté   
s'ouvrir aux clarines du troupeau   
s'ouvrir au repas dominical   
s'ouvrir à la photo de famille   
s'ouvrir au portillon qui grince   
s'ouvrir aux miaulements du chat.   

A l'ombre
en canicule,   
savoir mûrir sans se flétrir   
savoir recevoir la parole qui vient   
savoir donner une parole à qui est là   
savoir remplir de lumière le regard   
savoir sourire à qui sourit   
savoir presque sourire à qui ne sourit pas   
savoir garder contre son cœur le précieux
de la rencontre.   

A l'ombre,
en canicule,   
remplir de bienveillance le frôlement du vivant   
remplir d'une sieste la fatigue du moment   
remplir d'attention la venue de l'enfant   
remplir de miel l'orage du conflit   
remplir à dessein la porte qui s'ouvre   
remplir de douceur l'écarlate d'une prise de risque  
remplir la gêne d'une brise légère.   

A l'ombre en canicule,   
remercier le verre d'eau de l'amitié   
remercier d'être entendu   
remercier la pomme qui craque sous la dent   
remercier d'avoir à gravir le quotidien   
remercier le petit matin qui nous sort du noir   
remercier le chant des insectes des champs   
remercier le temps qui passe.   

A l'ombre
en canicule,   
amener l'enfant à l'écriture de son avenir   
amener la mère à la vigilance des siens   
amener le père à la proue du navire   
amener le vieillard vers l'odeur des foins coupés   
amener le ciel à s'ouvrir entre mur et feuillage   
amener un air de fête sur la pierre dure    
amener la vie en communion fraternelle.   


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a fleur de peau un baiser s’est posé

   A fleur de peau      
~ un baiser s'est posé.

Papillon fol'enfant   
~ de nos rêves.   

Farandole des reflets   
~ des bulles en surface.   

Une louche d'étain   
~ pour mettre à nos lèvres.   

Le vent dans les frênes   
~ pour se rafraîchir.   

Le ciel bleu mission   
~ procès éternel.   

Quelques pas dans le ruisseau   
~ un sourire échangé.   

Mains jointes   
~ pour l'assoiffé.   

Une flamme sur ton front
~ l'œil si mystérieux.


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ma main fripée

   Éclisse vitupérante   
de ta voix   
l'astre de nos amours   
pleure la joie   
en remontée   
pente douce   
de notre échappée.   

Effrayé   
par tant de tendresse   
le soldat retourna son arme   
sous le bouleau frémissant   
de l'automne   
assomption de la balle   
sans que s'éteigne lune.  
 
Marcher   
marcher en bord de falaise   
se contenter de peu   
fermer le regard   
les embruns si bas   
sur l'horizon   
d'une sente ultime.   

Appeler le bedeau   
dites lui que je meurs   
entre campanules et bleuets   
sous le dais étoilé   
d'une voûte superbe   
que l'orage aurait rafraîchi   
de son charroi cliquetant.   


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