Qui l’eût cru

Scintillent   
à la queue leu leu   
les perles du mal au crâne   
étrange miroir   
à justifier les couleurs ajoutées   
sur le mur de refend   
pour que la nuit s'écoule.    
 
Nous connaître   
sans reconnaître   
l'herbe gelée dans le giron de l'aube   
à l'horizon bleu   
d'un hymen de circonstance   
en suppression   
du geste de l'horloger.      
 
Ouvrir les yeux   
et se tenir coit   
pour remettre   
le sourire à sa place   
les draps blancs du chenapan   
contre la parie de bois noir   
puis se précipiter dans le Léthé blanc.      
 
Croulent boules   
en disette d'un chemin d'apparat   
à tenir la coque de noix   
craquante entre les ruines   
tel le pas blond de l'enfant   
au plus près du ressac   
de l'as de cœur.       
 
Sans écueil point d'accueil   
de la poésie dégrimée   
à tordre les graminées     
à l'aigre ton d'une mer acidulée   
anarchiste à se prendre au sérieux   
et tordre le cou   
hors limites de l'espèce.      
 
Un lieu   
une frayeur   
posés là   
en délicatesse d'un corps nu   
sur la pierre étendue   
d'une évidence   
je le fus.      
 
L'art des mots  
grandiloquence assumée    
en prise sur le menhir vrai   
à mi-chemin de l'éclaircie et de la voix claire   
augures de la vraie vie   
de celle qui l'eût cru   
de signes et de sens liée.      
 
1133

Le sage et l’œuvre d’art

Le sage en ses scolies   
perpétue l'idée qu'il a de lui.    
 
À ses souffrances    
il est l'essence qui le fait naître.      
 
Et tout revient au même   
tout est égal dans l'indifférence.      
 
Ni aveugle ni stupide   
il est impartial et charitable.      
 
Au plus bas degré de sa liberté   
il est unique.      
 
Deux feuilles d'arbre   
de l'arbre des origines   
et pourtant discernables.      
 
Mis bout à bout   
les charmes de l'individu   
ont vandalisé   
disons vers le nombril   
et un peu plus bas   
la prétention à l'absolu   
pour regretter   
d'avoir eu à fluctuer   
entre monter et descendre.      
 
Page habitée   
page blanche.      
 
S'ouvrir à ce qu'on est   
c'est s'ouvrir aux autres   
et à l'universel.      
 
Au degré de notre individuation   
bannissement assuré   
à défaut d'être ce qu'on est déjà.      
 
De manière douteuse   
échanger ses besoins   
à l'épreuve du Réel   
nous rend contempteur   
de ce qui sera   
le lièvre ou la tortue   
par excès de délicatesse   
alors que dehors il fait froid   
et qu'à l'immobilité   
nous préférons tourner la page.      
 
A toute fin   
l'infini nous absorbe   
quand l'indéfini est sans limite.      
 
A propos de l'Univers   
" Une sphère infinie   
dont le centre est partout   
et la circonférence nulle part "   
( Pensée de Pascal .)      
 
Reste à faire le tri   
à petits bruits   
quand la parole se remet   
d'un jugement hâtif   
et d'encenser la Vérité   
sans fournir le bûcher.      
 
Tombent les peaux usées   
en conclusion d'avoir existé
dès lors   
que l'ego   
de clarté et d'ordre   
hypertrophie le moi   
survalorise la logique   
pour consentir à être seul   
comme œuvre d'art   
se dégageant de l'esthétique des je t'aime.      
 
( œuvre de Jean-Claude Guerrero )

1132

Ondine

 De grâce délicate   
elle ondulait le meilleur d'elle   
en passant place des Tournelles   
à manifester de son calicot vert   
l'élégance même.      
 
Sensible en sa noblesse de port   
elle était sublime accord   
avec les quatre éléments   
la confondant   
avec la lettre Qôph.      
 
Au patchwork indispensable   
elle avait joint le sucre   
pour abeilles butinant la fleur   
deci delà  
enchanter son ouvrage d'un miel d'orage.      
 
L'histoire de sa vie   
avait été l'histoire d'un échec   
dans lequel le réel avait été plus fort   
que la visée des résultats   
qui n'ont de but que de tromper celui qui les lira.      
 
Sa capacité de ressentir   
avait modulé ses efforts à se faire belle   
et tout était clair   
pour ses neurones-miroirs   
que le ciel avait magnifié.      
 
L'En-soi s'était estompé   
à mesure du temps passé   
devant le tas de sable de sa destinée   
limites floues   
de son enracinement dans la Terre.      
 
Toucher le fond pour rebondir   
était une énigme   
un problème mal posé   
à petits jets de probité   
sur le dos de la Bête.      
 
Elle ignorait le plein repos   
elle ignorait son vide   
elle oscillait de la souffrance à l'ennui   
sans que l'étrangeté la saisisse   
cette nourrice pleine des enfants à venir.      
 
Elle avait connu la question   
elle avait retenu la défiance   
désillusionnée et libre   
elle exigeait la remise des clefs   
de sa Race son Etat sa Nation.      
 
Être-là   
En un lieu proche de l'existant   
elle augurait de l'espace et du temps   
la morsure de l'événement   
en optant d'être-pour-la-vie.      
 
 
1131

Le paradoxe

Tu es partout à la fois   
et je t'ai saisi au moment "t"   
tu t'es tu   
et c'était bien comme ça.      
 
Je me suis arrêté de penser   
de bouger de vociférer de pleurer   
et nous avons reconstruit   
l'habitat de nos ancêtres.      
 
Tu es partout à la fois   
comme la première fois   
dans la ville de Reims   
conjoints dans le passé et l'avenir.      
 
Le gros cristal    
des intentions de direction   
n'en a pu mais   
een attendant que le train siffle.      
 
Tu es partout à la fois   
et mal m'en a pris   
d'être là immobile et tranquille   
dans la double fente d'une lumière tamisée.      
 
Voir écouter toucher goûter sentir   
sont entrés dans l'arène   
et j'ai tourné tourné tourné   
par loyauté pour le spectacle.      
 
Tu es partout à la fois   
je t'avais saisi au moment "t"   
sans propos en fin de marché   
pour bifurquer encore et encore.      
 
Tu es partout à la fois   
en quête d'usure de la foi   
en accumulation des éléments du moi   
en attente des trompettes de la renommée.      
 
Tu es partout à la fois   
dans le paradoxe du local et des inégalités   
pour intrication quantique   
faire tourner les polarisants   
au dernier moment   
et changer d'angle   
en renouvellement de la source   
et que vienne vie/mort   
quand l'Etoile paraîtra.      
 
1130

La tendresse des voiles

Passe repasse   
vole s'envole   
la tendresse des voiles.      
 
Lune prune blanche   
orée de l'attente   
d'un roudoudou d'amour   
fûtes essaim d'abeilles bruissantes   
devant lourd coléoptère   
coopérant pour la bonne tenue   
des prairies   
chargées des mille fruits et fleurs   
de notre belle Terre   
à jamais commune.      
 
Mâchouillant l'œillet du poète   
faisant ronds de jambe et approximations   
dans la tenue du livre d'heures   
il parut céans   
de tourner le dos   
aux sollicitations de l'esprit   
pour se carapater le soir venu   
dans la hutte aux étoiles   
déguster le plat de lentilles   
à la barbe d'un Dieu révolu.      
 
Passe repasse   
vole s'envole   
la tendresse des voiles.      
 
1129

Un chêne sur les pierres

Des pierres   
déposées par des géants   
là   
sur le pourtour de la tour   
ont évoqué le troupeau de chèvres   
qu'un jour je croisai   
bien avait la pousse du chêne   
pour quelques temps après   
me remémorer la rencontre   
d'une bénédiction   
d'eau et de pensées jointes   
en expulsion d'éléments indélicats   
et purification faites   
du lieu et de l'éther   
disposer d'un regard d'amour  
devant les offres de vie   
à saisir
avec la justesse du geste d'une princesse    
une plume de rêve   
sur le col du cabri   
de l'enfance éternelle.      
 
 1128

Hello du bord de l’eau

Hello du bord de l'eau   
songes du temps nouveau   
où changer le pourpoint   
pour cause d'usure   
par la chaleur d'un feu   
consumant et la paille et la poutre   
 accoutrement en fin de procession   
alors que gémissait   
dans un cul de basse fosse   
la Beauté d'avoir vécu.      
 
Palmé   
sérié de près   
au banquet des remontrances   
divertissant de couleurs vives   
les âmes bien nées   
l'évacuation des doutes s'effectua   
à grands coups de rapières   
têtes et culs à la va'com'j'te pousse   
alors qu'à l'extérieur   
un grand brasier clamait la décision.      
 
Pour plus d'une raison   
à demain par la main   
j'aurai retiré de l'horizon   
les pelures de l'instinct   
à se méprendre sur l'origine   
du qui que quoi comment   
de l'éventration de la digue    
alors que pliaient sous le harnais   
les thuriféraires de la parole   
que le fouet finissait d'enseigner.      
 
Se mirent   
en ordre de bataille   
les lettres arrachées au poème des attentes   
pour se dandinant    
en bord de fenêtre   
érafler les nuages du vieux chêne   
capables en cet instant   
d'éclabousser les strophes   
d'un cri de strangulation portant loin   
le message nucléaire.      
 
Emus et mus   
D’une perpétuelle éructation   
de hardes revêtus   
nous accompagnâmes le vol des hirondelles   
d'une pincée de sel   
les faisant dévier de leur météo habituelle  
pour que soit clamer   
la nécessité de partager   
au banquet d'éternité   
la joie de vivre et de chanter.     
 
1127

Le codex des années folles

Nous mène   
sur le chemin   
de forte présence   
par le travers   
en persévérance de la lettre   
à faire ressemblance   
dans le désenchantement   
sourdement entendue   
de cette voûte   
pressée de prendre souffle   
devant faiblesses et tourments   
de toutes parts annoncés.      
 
J'ai faim et soif   
et froid   
mendiant de moi-même   
à gésir dans la gueule des annonces écornées   
maniant l'illusion   
en imitation des années passées   
à dévider en sourdine   
le codex des années folles   
bouche soumise   
aux cris et vociférations   
qui d'un battement de cœur ultime   
laisse échapper la plume d'ange.      
 
Se tenir au bord du désert   
à tendre l'oreille devant le souffle   
à l'ombre des palmiers   
mêler à l'écheveau du hasard   
les déchets du naufrage   
éparpillés sur la grève   
roulis perpétuel   
ramenant le berceau de papyrus   
sous le reflet de la charpente   
régurgitant la force de l'eau   
dans un glissement du sens   
en progression spiralée vers l'outrecuidance.      
 
La grande échelle   
dresse le vertige à venir   
contre le mur des contrefaçons   
paille à paille considérée   
comme annonciatrice de la nouvelle humanité   
en cette existence   
où l'élan du marcheur   
agençant le sol sous sa semelle   
calme les ardeurs du faiseur de rêves   
au risque de repérer l'exosquelette du futur   
proie de choix   
pour le chercheur de significations.        
 
 
1126

Intrication 63

Les mots au garde-à-vous dans la guérite   
se sont bien gardés de faire le malin
roides de la jaquette.

Pusillanimes par l'œillade
à faire l'examen de passage
ils ont quantifié la relation.

Piètres moucherons de l'esprit
aux limites de la lumière
ils ont confirmer l'étreinte.

Puis
par deux fentes à la fois
passer la barrière d'Einstein.

Intriqués jusqu'à la mœlle
un fil invisible les a reliés
unique cocon à des kilomètres à la ronde.

Sans us sans coutumes
la levée des corps sera photonique
devant le prisme des dynamiques.

Dans l'allée des Alyscamps
finiront de passer les belles dames
au bras des cols et plastrons empesés.

Un soir
le simple frottement de l'air
hélera la cigale.

Aux portes de la ville
la barrière tombera
sous le ronflement du veilleur.

Pouces levés
les footeux offriront le ballon d'or
aux greniers d'Ukraine.

Une dernière fois
à reculons
le vide propitiatoire sera interrogé.

Et pour plus de malignité encore
auront les mêmes propriétés
d'un photon l'autre.


1125


Le grandir de l’Être

Echo éclos   
de toi en bas   
délivre-moi Seigneur.      
 
Abandon à tout   
aux creux des roches   
coule la source.      
 
Le cœur s'ouvre   
en cette chaleur de l'eau   
la tête a visage unique.      
 
L'esprit vrille   
au travers des racines rouges   
la cible du lendemain.      
 
Paix à mon âme   
je le veux je le peux   
Seigneur accorde-moi.      
 
Juste un instant   
fugace et doux   
le corps nous est donné.   
 
Notre Être dans un élan   
se mêle   
à ce qui n'est pas nous.      
 
Cette sagacité   
d'être dans la foi   
jusqu'aux confins mêmes.      
 
Prendre le risque   
de quitter son promontoire   
et conquérir l'instant.      
 
Eclairer un peu   
l'obscur de notre vie   
concerne la Terre.      
 
Ne pas avoir   
à s'écarter de la perfection   
du grandir de l'Être.      
 
A fleur de peau   
mûrit   
la voix de l'aède.      
 
L'œuvre est obéissance   
le programme dépassement de soi   
de ce que nous croyons agir.      
 
Aux chemins de lumière   
délicate et fraîche dans l'embrasure   
Laurence aux mille soleils.      
 
Somptueuse violette   
oiseau du ciel invisible   
pour une plume d'or ramassée.      
 
Paroles d'aube   
en aval du royaume   
somment de transmettre.      
 
Des canaux d'eau vive   
décrivent à même la fontaine   
la madeleine des enfants terribles.      
 
Franchir la mystérieuse barrière   
- seconde mort -   
exige d'affronter l'invisible.      
 
Connaissance induite   
compréhension d'âme   
précèdent l'envoi.      
 
 
1124