Il y a le monde en ses excès et puis l'aigrette blanche en son immobilité.
Au coucher du soleil il y a l'homme sensible le trublion des marais salants la lèvre moussue. A marée basse traces sur le sable du cygne en son envol un frisson pour se remémorer. La nuit organise les songes trémie des gouttes de pluie pour une danse sacrée sigisbée de notre errance.
Cette remontée du centre de la terre
A belle allure vers le commencement du monde
Cette perspective où s'essouffle le père invectivé
La brûlure des anciennes alliances que l'on découvre à demi-mortes le matin
La plainte des animaux égarés en d'étranges contrées enfin créées
Cette fuite vers des aubes promises
Cet élan brisé contre la vitre des immobilités
Cet éclair rouge sang du couteau contre le ventre
Ce suçon de paix donné à la va-vite le temps de l'éructation
Ce court-circuit des émotions vraies qu'un sourire enserre entre quatre planches.
Ils sont partis
Ils ont fuit
Le courage à deux mains repliées sous la chape des convenances
Ne les arrêtent que la fatigue et le soir qui tombe
Errant de ruine en ruine
Dans un chariot de bric et de broc assumé
Le rétameur s'est éloigné dans un nuage de poussière
Et la route fût longue et par trop inhospitalière
Père et mère confondus à la craie graphés sur la carriole
Leurs noms écorchés à demi effacés
En vaines contorsions l'outil de braise fume en se mêlant à l'eau
Je bave et m'extrais hors de cette chape carencée
Pour la parole habileM'élever à la croisée des salves de l'entendement et du vertige.
La chaleur d'un désir tendu sous la toile
Éclair blanc au zénith
La coquille éclate
Le jaune se fait soleil rayonnant
De cet éclat consacré au profond des origines
De cet imbroglio d'os et d'organes disjoints
Je pus grandir entre fiente et humidité
Poussé sur le devant de la scène
A noyer par l'alcool
Ces myriades d'étoiles alors entrevues
Si puissantes si fascinantes si monstrueuses
Dialoguant avec ce corps douloureux mon âme mon dieu .
J'ai conduit l'attelage jusqu'à son terme
Vers les plaines légères de pluie fine de vent soyeux de douce lumière
Ce ne furent que grâce et beauté
Entre les barreaux de ma cellule à ciel ouvert
Entre les rayons de mes roues ces interstices à mon déplacement si particulier
Mon chapeau de lutin vissé sur la tête
A dire et à redire des "je t'aime"
Aux pattes douces mes frères et sœurs en création
Mon unique raison
Ma déraison ultime.