Millésime du mime
Mieux qu'une nymphe
Aux désirs brûlants
Proférant de nature
Quelques échos orphiques.
Les couvrant de sa voix
Un courant d'éternité
Dans l'alcôve froide
Elle parcourut
Et la nuit et le jour.
Point de limites à la quête
Au sortir du train fantôme, le but
Comme un arbre
Étrange tubulure d'amour
Aux entrailles du vitrail.
Ce serait-il agi de rassembler
L'encre et le pinceau
Devant le désarroi
À manifester
Et la peur et l'espoir.
Écrire que la vie est simple
Qu'elle file limpide
Par l'issue qui lui reste
Rend à l'âme de l'enfant
Sa douceur éternelle.
Du cœur
L'émeraude jette un dernier feu
À proximité des fraternités
Tel le mystère
De continuer d'avancer.
1367
S'asseoir
Et se taire
En contentement d'être.
Compter les moutons
À la queue leu-leu
De l'imagination.
S'époumoner à dire
Qu'on l'a bien cherché
En nos temps de lèche-vitrines.
Et qu'à vider le porte-monnaie
Amène bien des soucis
Quand on aime la vie.
Saperlipopette
De la blanquette à tous les plats
Fait le chou gras.
D'un houppelande lourde
Entre bruyères et genêts
Guider l'esprit avant la nuit.
Et de porter sur les chemins
Les mots simples qui apaisent
Un cœur de bon aloi.
Ni roi ni reine
Parmi les violettes
Juste la vibration de la cordelette.
Une légende
Prête à verser dans le fossé
Le dernier charroi de l'année.
À même de se retenir
Du bout des lèvres
Oser le baiser charmant.
Ruisselle la sueur grise
Sur la joue à fossettes
De l'eau courante à souhait.
Pour se pencher
Une dernière fois
Sur ses rondes gouttelettes.
D'attendre que la fenêtre s'ouvre
Offre par le détail
Le frisson qui précède.
Tout est nu
De la parlotte de l'inconnu
Au moscato à la régalade.
Du reflet
L'âme frêle
Engendre manigances.
Au mâle chatoiement
D'un matin
Opposer le cerveau du lendemain.
Le chat
Emberlificoté dans ses lois divines
Suçait un reste de sel.
Sans que le pas coûte
Une goutte de sang pantelante
S'est mise à roussir de désir.
À trop regarder l'aube
Rend le pétale fragile
Pour la fleur sans épine.
Aux complaintes
Associons quelques rêves d'enfance
Au poudroiement des croyances.
Où vas-tu de ton pas menu ?
Danser dans le bow-window
Où saillir la merveille.
Un cœur au sang frais de l'attelle
Priait, gémissait, avant d'offrir
De l'air froid en soupir.
Avec toi, contre toi, sans toi
J'ai raclé la paroi des cavernes
Sans que résignation vienne.
Et pour de bon et pour demain
L'homme créé
Sauter les dix-sept marches.
1366
Mirlitonner
De mille dieux
À la coque mère
En sortie du terrier
Miladiou.
Crapette écorniflée
Des eaux dormantes
Une chanson d'amour l'autre
Le renard autour du cou
Miladiou.
Bougonner
L'espérance
D'une romance apprise
Au qu'en dira-t-on de l'esprit
Miladiou.
À cavalcader
Les chevaux de la pensée
Rassemblés
Tel du papier froissé
Miladiou.
La communauté à cru
Feignant, figeant, maraudant
Un petit poème
À goût de mandragore
Miladiou.
Péquenauder
D'une lumière crème
L'ordre tôt venu
Au dos d'une lettre en feu.
Miladiou.
Jaillissement
D'images permises
Arrivées par grappes
D'une écriture admise
Miladiou.
En sortie de l'oubli
Les cloîtrés de la glotte
Auront belle parure
Et parlotte aiguë
Miladiou.
1365
Ils s'en vont
Après avoir été tissés
Les poèmes de ma vie
À petits cris de souris
Dans le silence de la nuit.
Laissent quelques traces
De vers luisants
Près des buissons
Les mots qui piquent
Pris au piège d'une flèche meurtrière.
Et pour en profiter
En boucle
Tiroirs ouverts
Fleurs séchées
Jeter la clé aux orties.
Et si paroles troublent l'écrit
C'est pour battre tambour
Dans l'effondrement des ex-votos
Loin des listes faites
Sur les plaques d'argile de l'épiphanie.
Grésillent se dandinent
Les contrepoints de la forme épistolaire
Dans l'antre béante
Des mâchoires d'encre
D'entre les vivants et les morts.
Un moineau pense
Enfin je le suppose
Avant de prendre
À tire d'aile
La poudre d'escampette.
D'avoir lancé la parole
Vive et scintillante
Dans la cour d'école contre le mur de la récré
Révèle l'enfant qui s'ennuie
Pas loin du tout du Paradis.
Avant d'écrire
Avoir faim
Puis se poser
Le céans vibrant
Les yeux levés vers un sursaut d'azur.
Puiser à pleine main
Dans la sacoche du facteur
Les écrits timbrés et barbouillés
Du compositeur avide
D'avoir été.
Et de renaître
Dans la caravane
En sortie de vallée
Quand le feu volant de crête en crête
Anime les particules.
Et de mile en mile
Les milans de s'envoler
Sans plus attendre la sonnerie
Qui déchirera le voile
Des raisons partagées.
Creuser
Pour se trouver
En file indienne
La limpidité de l'instinct
Chevauchant notre âme d'enfant.
1364
Ça tombe bien
De se revoir
Après les errements d'une journée
D'avoir eu à organiser
La rencontre des athlètes
Aux jeux olympiques de la consommation.
Avec patience
Le livre ouvert à la bonne page
Celle du silence
À ne pas clôturer d'un point d'interrogation
Les vives couleurs
Dirigées on ne sait où.
Je ne dirai pas que j'ai failli
Que des terres lointaines
J'ai exhumé
La tirade des tenanciers de l'écriture
Moi, le beurre clarifié
Des tartinades du matin.
J'ai tremblé à Treblinka
Jusqu'à ce que la légèreté des mots
Envase les plaies de l'horreur
Pour dégager d'un court sourire
Le braconnage du temps
En sa folle allure.
Soulevant poids et haltères
J'ai chargé d'une présence altière
Les us et coutumes de l'appel
Virant au sirop d'orgeat
Quand la nuit
Une pluie fine court autour de la maison.
D'un écrit de trois fois rien
J'ai entouré le champ de neige
De Moaï des Galápagos
Énigme au dernier degré de la transfiguration
Par l'effet provoqué des deux mots de garde
" Écorce de la bienveillance ".
1363
Allégorèse du chemin de détachement
À suivre
À dessein
Par de petits soubresauts
D'effacement de ce qui est.
Ombre première
Donnée éternelle
Donnée de la vie psychique
À couronner avec modération
D'un peu de laque sur la tonsure.
L'éclosion spontanée d'un symbole
Aux contenus mystérieux
Rend les forces et apparitions lumineuses
Pareilles aux anges
Couvant de leurs ailes la levée d'une paupière.
S'asseoir sur la montagne
Exhorter à crier et parler
De manière à ouvrir l'expérience mystique
Cette vigilance appliquée à soi-même
la face recouverte de blanc céruse.
Frotter et découvrir de nouvelles images
Arroge à la phrase poétique
Absurdité et plasticité
Dans cette progression à faire émerger
Ce qui ne l'a plus été.
À mi-vert de l'Univers
Au déploiement d'un plancher aux mille rainures
La tâche sur le mur
Étincelle surgie au contact
Du rien-à-voir et de la distraction.
1362
Le monde des rêves
Montait vers ses origines
Ourdi d'un fripé lumineux
Là où les esprits enseignent.
Acquérir le pouvoir, élargir sa conscience
La fleur au revers de la veste
Cela fleurait bon la vente au camion
D'une sortie d'autoroute.
Figure emblématique des forêts profondes
Dardée de répliques tectoniques
Elle gambillait quelques techniques de transe
En vu de répandre le subtil sur la terre acide.
Et le verbe de cesser d'être audible
Parce que le message était faux
Et qu'éclairait le givre
En lisière sous la brume.
De grâce élevés
Les mots vides se mirent à danser
Gorge blanche et chevelure déliée
Dans l'inopiné de la douceur d'un rai de lumière.
À frotter leurs sabots
Ferrures contre le rocher sonore
Elles entonnèrent chant de sorcière
À quand reviennent les vertes années.
Pour plus de nuages encore
Échevelés en bord de ravine
Nous eûmes le cerveau vidé de sa vigilance
Tension d'amour tension de sang.
L'âme relevée d'un noir chagrin
Le barde aux boucles rousses
Se remit à mugir
Et les pierres de se fendre.
Elle était belle
Cette montée en alpage
Où le front obscurci par les orages traversés
Le guerrier tomba à genoux.
Pour plus d'un cœur
Donné à l'oracle
Nous fîmes trace dans la neige
Vers l'horizon aux blafardes couleurs.
Un vent violent arracha la tête des sapins
D'une franche cognée
Sans que les chants ne s'effacent
Dans la clairière disposée au sabbat.
Aboutir à l'échange
Des souvenirs la digne compagnie
À vous aimer toute la vie
Toi le vieillard aux yeux lavés de tendresse.
1361
Ce matin un colibri
S'est perché sur un coin de la Bible
À moins que ce soit du Coran.
Chercheur de je ne sais quoi
Il a écarté les mousses et les algues
Pour voir le fond du bassin.
Puis il est parti
Sans un bruit
Et je me suis couché sur la paille.
Cette paille
Du moins ce dont il restait
Du ridicule de mes démonstrations.
Ni marche ni vol
Pour l'idéologue
Que les chemins condamnent.
Les écorces
Corsent l'addition
De l'écarté en suspicions.
Puis il fit nuit
Silence et glace
Enveloppèrent le grand commencement.
En bord de fenêtre
Le colibri pas effarouché du tout
M'effleura de sa plénitude légère.
Le connaître
M'encaver en lui
Mais à quel prix ?
Le mériter
L'empenailler de mon soutien
Jusqu'à me blesser le cœur avec son bec.
Revenir sur ses pas
Laisser la courtilière des forêts
Remonter le temps.
Retrouver la petite fille aux yeux tristes
Assise sous l'arbre
À compter les châtaignes dans son tablier.
1360
Grand Chat est passé au jardin
En visite
Avec sa puissance d'être
Queue verticale
Yeux dans les yeux
Se frottant le flanc allègrement
Contre nous.
Point de bonheur, point de nostalgie
L'automne arrivait
Et il était là
Sur le fauteuil en bois
Étendu
Prenant pose royale
Dans le soleil déclinant.
Et nous,
Statuant d'une aussi noble visite
Avons pris posture close
Pour qu'il se retrouve
Cet être dynamique, ce messager des opéras
Après deux années de mise àdisposition
Pour assurer la cohésion sociale.
Ayant crainte d'être ignorés
Nous n'avons pas pris de suite la posture ouverte
D'accession à l'expérience mystique
Fondée sur l'amour et ses sommets humains
Pour liberté intérieure émergée
Engager l'élan créateur
Par un échange à cœur brûlé.
De cette rencontre entre corps
Avons accueilli l'esprit
Sans les mirages de la représentation
Sans fleurir les abords
Ni les opinions carénées par le temps
En nous libérant un choix
Pouvant nous entraîner dans l'impasse de la tristesse.
Impact positif
Où la joie passive se transforme en joie active
Avec en amont le tissage de la pièce maîtresse
De bonne saison
Avec en aval la passion intense
De rassembler brindilles et rondins de bois
Pour le grand Feu où brûler les atermoiements.
Noël, Noël, Grand Chat est revenu !
Et repartit
Le mistigri d'automne.
1359
La vie se succède à la vie
Et sa langue est la mort individuelle.
De chaque secret l'ombre est la résultante
Une ombre qui permet d'espérer.
Et si je me trouve d'un côté
Pour atteindre la vérité
C'est de l'autre côté
Que l'étincelle surgira.
À la mort d'une personne
L'âme claire gagne le ciel
Et son âme sensible réintégre la terre.
À terre les fruits consument les saisons
Parturientes régulières d'un recours insensé.
Loin du rivage
À la mer à la voile
Nous tenons fine tempête
La puissance des eaux
À la merci des tentations
Qui fondent le caractère.
Et le ciel de s'enhardir
Au lever du jour
D'une parure jaune et rouge
Lever une dernière étoile
Dans sa paume sphérique.
Pour plus loin
Quand l'orage éclaté
Barque fracassée
Sur la côte rugueuse
En basse continue
Éparpiller les conditions de la beauté
Attachement et arrachement.
C'est alors que des lanternes vacillantes
En bord de mer dans la nuit noire
Se conjuguant avec le ressac
Révèleront la présence
Des suppliciés du destin
En marche vers le haut fait d'Être.
Venant de l'Univers
Sommes dans l'honnêteté d'admettre
Que relevant de la sophistication stupéfiante
De ce qui apparaît
La voie du souffle divin
Dialogue avec le mystère de toute chose
Vers le joui-sens
Corps et esprit convoqués au grand bal de l'histoire de l'humanité.
( Peinture de GJCG )
1358