Bien au-delà du cachot

Bien au-delà du cachot

Au ciel blanc et noir
Parfois si beau
De le posséder du regard

À la mer
Sereine et aussi déchaînée
La peur et l’aventure mêlées

À la terre
Gardienne de l’herbe et de la fleur
Où reposer sa tête

Le chemin
Incliné vers l’aval
Comme table ardente
Sur laquelle la bougie cohabite
Marqueur rieur
Pour l’être nu et décharné
Montrant du doigt
Les premières tâches d’encre
Sur le cahier de classe
Alors que dehors
Le jour décline
Dans la poussière du soir
À l’arrière du charroi
Une fiancée sur chemin de campagne
Agitant une dernière fois
Cœur en linon
Orné d’une large dentelle à l’aiguille
Mantille légère
En souvenir de la galette noire
Partagée sur les bords de la Leïta
Sans bond sans forme
Pour respect de l’arc-en-ciel
Jailli des flocons de neige
Parcimonieusement distribués
Accueillir l’âme éternelle
Bondissante
Par-dessus l'allée couverte.

1506

Bleu « blue »

Bleu "blue"
La lune en chute libre
Cataracte à point nommé
Entrer yeux fermés
Au cœur d’une prière
Que les forces du ciel déballent
À même la pente
Comme pour protéger
L’autre vie
Celle de chair et de sang
Aux dépens d’une suspension du souffle
Parole fatiguée
D’un attachement hors pair
Que l’obscur faut sien
Devant l’affamé
Part manquante des contrées océanes
À la voix remontante
D’un ciel déchiré
Par l’enfant allant à l’adulte
Comme l’adulte à la mort
Se dépouillant de tout
Dans l’effondrement
D’une identité de pacotille
Devant le rien nu et fraternel
De l’écart de langage
Attisant quelques mots de braise
Sur le devant des fenêtres d’avenir
En échange de la création
Toutes nuances de papier crépon
Enfouies dans la fente
Entrailles frémissantes
En retombée de l’alliance
Si près
Tout autre
Aux ressources d’intime
Inaugurant la venue
Hors la loi
Comme faire parvenir de l’encre
En limite d’apnée
Là où désadhérer la coque de noix
De la naissance au beau désordre
Vie vivante
Amoureusement neuve
Des pas sans entraves
À folle allure
Aux sources apaisées
Sur les terres découvertes
Propriété invisible
D’une clarté finissante
En sortie de la nuit
Egrenant le ballant de l’horloge
Main dans la main
Avec l’interlocuteur privilégié
Celui qui sait
Pour qui le temps est
Ultime décision
Avant de quitter la vie-proposée
Pour la vie-en-existant.

1505


L’aigrette garzette

Passer le temps dans le noir
Et quand l’oiseau est blanc
Ouvrir la fenêtre

La toupie des phrases
Tourne tourne
Sur l’onde au diapason

L'aigrette garzette
Organise la venue des mouettes
En remontée de la marée

Fine résille
Posée sur la vase
Elle caresse le reflet de la merveille

À dévisager le coucher du soleil
Un masque d’or
Couvre le regard

Se sentir
Et approuver que nous sommes éternels
Propose le pur silence


1405

L’allée aux vingt-et-un pas


Large et lumineuse
Ne brille au soleil
Que la conscience

Plus précieux
Que les nuages
Et la terre s’émerveille

À la radio
Un vol d’étourneaux
Manque sa cible

Le héron du fond du lac
Claque son bec
Au crépuscule

Se lèvent
Les lèvres sages
À lécher le fond des cieux

C’est si bien que ça
Six doigts sur la clenche
À fêter le dimanche

Humeur vagabonde

Papiers envolés
L'ange raccroches ses ailes

À l’extrême-droite
Du domicile conjugal
Le fouet de l’enfant

Au sycomore des champs
Branle de la tête
Le caducée des aigles

Ces femmes
Ça monte au cœur sans bretelles
Sous le dais des émotions

Passante passagère
En remontée du mystère
Courir terre à terre

Les mots
Des roches sans coquilles d’escargots
Dans l’allée des souvenirs

À la marelle
Sauter de dalle en dalle
Armé de la cuirasse des illusions

Manuscrit bouclé
Lourde est la folle avoine
Des relents de l’été

Les parements d'or
De ma poitrine d’airain
Ont ensemencé la Leïta

Cette plume
Qui jusqu’à terre
Rassemble les énergies de l’air

La lourdeur rassure
La légèreté fait horreur
Vivre la vie qui frotte

S’ouvrir et s’écarter
Pour que bascule se fasse
À la clôture du moi

Toutes nuances d’amour
Passant de l’un à l’autre
Un bouquet de roses à la main

Rien
Juste diminuer la lumière
Pour que clarté advienne

Au vingt-et-unième coup de minuit
Arrêter de compter
Donne au silence sa tendresse

1504

Créations

Création
D’herbes et de fleurs mêlées
Enclave
Des attachements aux pierres d’angle
Naît et meurt
Le monde séparé de l’outre-mer
En fin de dissolution.

Songe à demi
Cette fantaisie
Du ventre mou ballotant
À même le bout du bâton
Glissant sur le goudron
Brutal et fascinant
En libération du chemin.

Bigaille
Des sommités de l’ortie
Arrachées
Au monde mouvant
D’un état de veille éternelle
Portant semailles fraîches
Sur le brûlot de l’instinct.

Eu bord de berge
La gouaille est de mise
Comme conscience infinie
Sans début sans milieu sans limites
Pour fluidité de la forme
Impacter d’un verbe haut
Ce qui n’a de raison d’être.

Plume agile
Portant romance huilée au dispositif
Engendre au pochon d’amour
Le froissé des choses dites
En aparté de la venue
D’un bon moment
Ni trop tôt ni trop tard.

La burle retroussait les lèvres
Le givre ne fondait pas
Les mains à fond de poche
Dansaient la bourrée des alpages
L’ongle menu raclant
Les miettes de pain
Rassemblées dans la couture.

Faîtes la fête
Pour ne manger le pain blanc
Qu’avec le lard de gros sel piqueté
Suspendu à jamais
Aux poutres couvertes de suie
Accompagné du reginglot noir languedocien
Qu’un coup de langue adoucit.

Il y avait de la garbure
Dans l’écuelle aux yeux gras
Espadouillant la cuche replète
De vibines sculptées à la hâte
En remontant le temps
Ombres de soi
À la merci d’un coup de vent.


Dialogue avec le prince des émotions
La belle âme brillait
Induisant les petits mots d’esprit
Dans l’encoignure du mur
Simple perception visuelle
Du retour aux apparences
Pomme d’Adam étirée vers le haut.

Arguant du coup de pied de Buridan
En bordure du cauchemar
Le remède fût de poser
Quelques grains de sable émaciés
Dans la panière

Disposée livre ouvert
À même l’ordalie effectuée.

Effet d’annonce
La parenthèse s’est refermée
Dents dedans dents dehors
Coquille écrasée
À la corne du cerf
Que le brame repére
Près de la Dame Blanche.

Effleurement
Du râpeux de l’oubli
Contre l’averse carnassière
Nous fûmes jetés comme sac de jute
Sur le quai des coïncidences
Sans que le péquin ne s’offense
Au beffroi des instances.

1503

Aux portes du château

Flux de rêves
Effluve éphémère
Fleuve caressant la montagne
De la gauche vers la droite
Comme page d’écriture
En apparition du plaisir
D’égayer le ciel d’une sueur orangée.

À mi-pente
À portée du lieu immuable
Aux lourds blocs de basalte
Avons imprimé de mains noires
Le souffle des braseros
Effilochant par delà les hautes cimes
La brume du matin.

S’amoncellent
Des tombereaux d’argent
De quincaille et d’offres en tous genres
Pour la montée singulière
Aux pas lents des bœufs
Vers le temple des extases telluriques
Accumulant les graines d’avenir.

Accablement
Des soldats du quatre vingt douze
Rassemblant sans y paraître
Les vestiges du passé
Au son des fifres et des tambours
Ligne rouge de dissuasion
À la rigidité exempte de reproches.

Filent hors cadre
L’eau lustrale des officiants
Sur la pelouse grasse des réminiscences océanes
Pour d’un geste coutumier
Assujettir l’ordre républicain
À la joie qui demeure
L’espace d’une fenêtre d’opportunités.

Il n’est de herse abaissée
Que la comparution immédiate
Des moutons de l’espoir
Aptes au débrédinoir des convenances maniérées
En l’an de grâce 2024
Aux portes du château
Que d’aucuns montraient du doigt.

1502

Petit Pierre sous la lune

Jacasser en dentelles fines
De trous en dentures
Le vêtement de saison
Porte l’envers du nuage
À perte d’horizon.

Maugréer plus de raison
Cause quelques dégâts
Sous les soupentes de la maison
Alors que dehors
Le soleil se carapate.

Négligence
Marquée au fil blanc de l’oubli
Permet à l’œuvre poétique
D’être levée de ricochets
En bordure de côte.

Le chat en sa garrigue
A mis son chapeau de conscience
Sur la dalle de calcaire
À mesure de l’avancée de l’intuition
Sur l’air du qu’en dira-t-on.

Fleurs de lande
Fleurent bon la marche à petits pas
Devant le silène
Hôte de ces lieux
En instance d’un changement de direction.

L’illusion calme l’analyse
Le catéchumène range son livre d’heures
Les korrigans dansent dans le sous bois
L’allée couverte brille sous la lune
Petit Pierre met un sou dans le jukebox des circonstances.

1501

La gerbe des couleurs

Un dimanche
D’images fraternelles
À propos de l’enfant perdu
Dans sa chair et son esprit
Nous gardions
Comme coquille d’argent
La portée de grande joie de frayeur.

Macérée
En descente vers les profondeurs
Elle brilla
Astre noir minuscule
À se dilater
Puis se rétracter
Par cette densité phénoménale.

Des bois environnants
Les racines jaillissaient
À juste titre
Sans un rire
À mi-corps
Dans un fléchissement des genoux
Travail exalté et raffiné.

Du ventre extrait
L’oiseau débarqua
En amitié de vertige
Réconfort et confort assurés
Retour aux nuits pensantes
D'un regard levé
Telle flamme babillarde.

Solennel
En rupture d’haleine
Il inonda de sarcasmes somnambules
L’assiette
Aux tranches généreuses
Tout autour du livre d’heures
Disposé sans brusquerie.

Flexibule des entrées en matière
La vision attendue
Tint son rang
Pour plus amples emplettes
Inaugurer du sceau de la nature

La gerbe des couleurs
De toute éternité maintenue.


( œuvre de Michel Bole du Chomont )

1500

Ces deux mondes au bout du chemin

Ces deux mondes
Au bout du chemin
Le ciel et la mer
En partage sage.

Curviligne élan
Des pas vers la gauche
Comme trace oblongue
Des senteurs océanes.

Poser le pied
En investigation intérieure
Mène à la réalisation
Du petit homme de la lande.

De ses mains de sel
Il a ôté l’imaginaire des rôles
Pour dé-coïncider
Le paraître de l’être.

Accueil des herbes et des fleurs
Hors fougères et épineux
Au creux de la sente sableuse
De soi à soi en solitude.

Passe et repasse
La voile blanche
Sur l’Unique
Le vestibule de nos attentes.

Perles de rosée
À marée haute
L’au-delà des jours
À la pointe des mots.

Le sainfoin de nos cœurs
S’est joint aux nuages
Pour brûler quelques soucis
À l’ombre du sans-ombre.


Perdu
Au vent léger de la raison
J’ai entrevu
Ce qui décline à l’horizon.

À pas comptés
La vie simple
File à l’oreille du douanier
Le chant de la Recluse.

Ici, point de contrebande
Le contrat éternel
Stipule la circulation infinie
De la liqueur bleue de l’air.

Pour maintenant
Retenu par le liseron
Être le lecteur éternel
Toutes antennes dehors.

1499

Une journée fondamentale

Une illusion
Que cette journée passée
À éradiquer
Le long des golfes clairs
Sans charme ni séduction
Les multiples facettes
De l’erreur fondamentale
Sans nuance ni violence
Pour cette cause entendue
Hors mise en garde
Lors de l’ultime transaction.

À la racine
Dans la courbure de l’esprit
L’organon s’était ouvert
Tel atome investi
En sortie de session
De l’instinct vernaculaire
À plus d’un sens négligé
Quand tout était permis
Par cette pensée hors les murs
Aux couleurs du radon.

Farigoule
De la goule
Aux formes prestes
Pour bassinée de jouissance
À entendre
À comprendre
Quand jours de plaisir accumulés
Il fût convenu
D’aller de concert
Vers l’après des choses
De son propre soi-même.

Pouvait alors survenir
Dans l’entre-deux des sollicitations
Le désir de possession
Pauvresse aux yeux de biche
Que les pleurs
Nourris par le fil de cette histoire
Amoncelaient de terril en terril
Verroteries de toutes les couleurs
Jetées à la volée
Contre le flux des formes
De ce qui n’est pas.


1498

La présence à ce qui s'advient