Archives de catégorie : Octobre 2025

Ce matin j’ai vu ma tête

Ce matin
J’ai vu ma tête
À contre-jour en contre-plongée
Noire
Sur un ciel bleu de Manche claire
À heurter du coude
Des nuages gonflés de blanc.

Il y avait de l’eau
Enfin le bruit de l’eau
Sur les bas-côtés de l’allée
Toute droite filant dieu sait où
Et je me suis arrêté
Pour réajuster ce sac-à-dos
Dont les bretelles glissaient sur les épaules.

Ce matin
J’ai vu mon visage
Un peu vieux comme aujourd’hui
Avec des cheveux blancs
Voletant tout partout
Comme les feuilles rousses du merisier
Qui n’en avaient pas fini
De remplir la pelouse d’un coloris de colibri.

L’écran de l’ordi
Laissaient voir ses icônes
Petites et variées
Accumulant les instantanées
D’une fin d’été
Puis laisser filer le vent d’automne
Comme perpétuation de l’espèce.

Ce matin
Il y avait de l’entrain
Les oiseaux gazouillaient
Le radiateur se mettait en marche
Le mug déposé hardiment sur la pile de livres
Livrait régulièrement des lampées de douceur
Qui doucettement me réchauffaient la panse.

Le caillou noir venu d’Islande
Configurait l’heure d’hiver
En ce lieu de bois et de papier
Pourvoyeur de bulles d’or
Et de blessures
Pour un long voyage à venir
Au pays des choses rudes.

Ce matin
J’ai vu les traits de mon visage
Enfin de ce qui se laisse voir
Derrière ses poils blancs
Encalminant avec sureté
Les orifices de l’échange
À la merci du tsunami de la parole.

Je n’ai pas joué de la guitare
Ni du trombone à coulisse
J’ai juste pris papier et crayon
Ouvert le carnet
Et jeter quelques mots
De pleins et de déliés dédiés
À cette vie de blés mûrs.

Ce matin
J’ai ouï
J’ai oint
De mercis à foison
L’ordre des saisons
Si prêt de ma naissance
En rebond des anciennes contrées traversées.

C’était loin d’ici
Encore et encore
De hautes cheminées fumaient
Le bruit des laminoirs
Ombrait l’entendement
Des textiles souillés accrochés aux épineux
Faisaient fleurs de beauté.

Ce matin
Je me suis rendormi
Sous la couette
Rideaux tirés
Pour me garer de la nuit
Sans souci du jour qui vient
Face au visage qui est mien.

Un rai de lumière
Passera au travers des volets
Ma sœur se réveillera
Le Godin s’illuminera
De l’autre côté de la paroi
Des voix des pas une porte qui claque
Papa et maman toujours là.


1684

Un trou dans la neige

Un trou dans la neige
Et puis rien autour
Si ce n’est l’invisible danse
Des trucs et bidules
Palpables
Sur la pointe des pieds
Gesticulation du sanglier
Poussant du groin
L’ordre et la méthode
À brouiller les pistes de la guignolée
Sans retourner la pelouse.

À l’orée du trou
La boule au ventre
J’ai interrogé ces instants
Tapissés d’humus et de branchages
Pour cautériser le terrain mis à nu
Béance douce
Suscitant l’appel en différé
D’un fond où le silence parle
Caresse même
Les fruits de la latence
Au lippu d’un hoquet.

Pigmenté de cocottes en papier
J’ai vagabondé
Sur la partie fraîche des rencontres
Moi le bavard ordinaire
À l’étiquette chevêche
Contant l’actuel et le virtuel
Par le bourgeonnement des mots
En sortie cœur-poumons
D’une transplantation
Où souffle embrase et tinte
Les clochettes du chaos.

Camarades !
Je relance le fracas des sens
À la source des instincts
Sans parodier le lendemain
En prise directe
Avec le tic-tac de l’horloge
Quand le silence fait sienne
Par l’aiguille des secondes
L’errance à qui mieux-mieux
Dans la vastitude de l’écran blanc
De nos attentes.


1683

La plaque métallique

Cet air de savoir où on est
D’où l’on vient
Où l’on va
Corps et âme
Errance de l’action-pensée.

Se dédoubler
En portant son propre tourment
Dans le cœur des choses
De nuage en rivière
Par-delà l’oiseau de nuit.

Apporte porte
Aux couleurs échangées
Qu’hante mon désir
De mousses rongeuses
Dont les pieds s’enfoncent dans le temps.

Même envie
Du mouvement d’un corps humain
Interrogation éternelle
À se heurter contre les masques
Du suprême mystère.

Courbé sous le poids du cosmos
Ma première attention
Ira au captif
De la palette du peintre
Teintes d’automne à l’unique respir.

Prends garde aux verroteries de l’esprit
Leur prisme est sauvagerie avérée
Se donnant au plus intime de soi
Irradiées d’une lumière brumeuse
Aux larmes de plomb.

Les rivets ont sauté
L’univers descellé
S’est enfin disposé dans le rien
Point mathématique
À lever la beauté du monde.

Poète des temps modernes
Rongé par la rouille des principes
Il a fallu brasser le flux des redites
Pour qu’émanent les mots de jade
Magique substance archétypale.

Charmant à point
D’une naïveté devant les figures imposées
Cette nature humaine s’est parée
De l’insondable sagesse
Du jeu des enfants.

Se mêlent les couleurs
Dans la supposée transparence
D’un tourbillon d’électrons
Concrétions révélées
Du parler de la voie lactée.

Le corps est pourtant parfait
Les courbures assignées aux marées
Vision océanique d’une assemblée gominée
Promouvant les idées comme coques de noix
Agitées sur les vagues de la suffisance.

Plus de parties laissées au rebus
Les couleurs se lient à la plaque métallique
L’univers est une vision de beauté et d’amour
La croissance revêtue d’objets-pères
Disposés au sein de notre mère-nature.


1682

Griffures

Sans forme
Et pourtant éconduit
Le nuage
Aux instants de sa perte
Inocule franges d’amour
Au paradis des afflictions
Que la main distendue
Disperse
Maints moutons
Faisant découpe à contre-jour
Perchés dans la rocaille
En quête d’herbes rares
Parant de toutes parts
Les gestes de terre
Montés à sa rencontre
Musique en tête
À parcourir d’un regard large
Les flancs de la montagne
Auréolée d’orange douce
Onde octroyée
Par le démon des alpages
Immergé dans les noirs sédiments
Fosses marines d’un temps révolu
Prêtes à l’accueil de nos sœurs
D’origine parturientes attentionnées
Quand passent par la césure
Des tranchées terreuses
Les remontées mécaniques
Hurlantes du désir de perpétuer
La parade des textiles fluo
Parodie des crépuscules d’antan
Prompts à la reconduction
D’effluves volcaniques
Faisant des arbres morts
Les visqueux émoluments
D’un travail perdu dans la tempête
Telle énonciation à rebours
Des affres coutumières de la forêt primaire
Gardant en ses clairières
Le reflet d’étoiles mortes
Jetant à profusion leur mosaïque
Dans le gargouillis des abysses
À merci
De la supplication d’une meute de chiens de mer
Proférant quelques aboiements caverneux
En médiation du plaisir contemplé
À bas bruit
De l’entrée en silence
De celui qui vient
Dans l’aimance du retour à nos origines
Conforter ce qui est
Griffures du vide
À notre univers

Suspendues.

1681

Un homme une femme

Il fait sombre dans la forêt des hivers
Le sol est humide
Pointent les dernières lueurs d’une journée grise
Les branches effeuillées révèlent un dernier passage.

Les pistes cavalières se croisent
Devant l’arbre-maître une femme attend
Je vais vers elle et marchons ensemble
Nos pieds s’enfoncent dans la terre meuble.

Un étang apparaît au raz du sol
Le silence et le bruit de l’eau conjuguent l’instant
Aux pieds des arbres une mousse ferme
Permet de s'arrêter et d'écouter.

Des feuilles mortes se sont collées aux chaussures
Passe Sylvain sur son char égyptien
Le visage tourné vers le ciel
À ne pas répondre à l’appel.

Un homme une femme
L’homme cache quelque chose dans la poche du manteau
Le tissu prince de galles se tend
Un temps suspendu.

La femme s’approche
Elle connaît le mensonge de l’homme
Cette pierre crayeuse chanfreinée
Avec des signes runiques inscrits.

La femme caresse les signes
De la pulpe du doigt le sang jaillit
La pierre rosit
À cheval sur le caillou un elfe surgit.

La protubérance du manteau s’amoindrit
Serait-ce une arme ?
Un index tôt dressé
Dans l’échange des regards ?

La femme s‘approche
Elle enlace l’homme
Comme pour lui pardonner
Elle l’aime il me semble.


1680

Crillailleries

Crillailleries 
Des enfants à la ronde
Jamais ne franchissant la grille
Chape posée
Sur ce qui pleure et saigne
Parmi les grandes tombes
En forme de chapelles.

En ces lieux
J’ai refusé l’alignement
Pour creuser d’étroites sentes
Chemins creux et ferrés
Dans l’épaisseur vibrante
D’une volée de cloches
De l’église Saint-Lambert.

Reflets sournois apparus
Dans le trouble des regrets
Font belle chaleur
Au monstrateur de fruits mûrs
Cadenassant de ses dents de lait
Le soleil qui grésille
D’humour et de conseils.

À dériver
Calme et serein
Parmi les pâquerettes du printemps
Fait pis que pendre
Des petits verres d’alcool
Levés sur le zinc
En l’honneur des récipiendaires de l
'instant.

Navré d’être des vôtres
Bouche susurrant baiser d’amour
En bout de langue
Venus saluer les saints de plâtre
Défroque pâlotte
Têtes roulant dans la poussière
De notre misère.

J’approche
Pour que tâches de rousseur
Évoquées à la veillée
Plat de lentilles sur les cuisses
Remonter le cours de l’histoire
Et planter de par labours et plaines
Le charme du travail bien fait.

Toc-toquer
De courtoisie assumée
À la porte des étables
Augure faux souvenirs
Déposés sans effet d’annonce
Pour que lance-flammes des instances
L’écriture mélodique se lover.

Pile-poil
En descendant de Salpaleine
J’ai ressenti le charme de la tristesse
Puis l’âme sourcilleuse
Des outils de sabotier
Étalés en devanture
D’une boutique inoccupée.

L’alcool de foin
Serpentant comme silex en plein vent
Posés sur des rails luisants
Prolonge par lampées successives
Le déroulé des brumes paresseuses
Accompagnant hors songerie
L’éveil de la vallée.

De courts mots vibrionnaires
Ont enchâssé les syncopes de l’esprit
Au mur de la Hount
Deuil à dire et à faire
Quand traversent le matin
En marche vers les ministères
Les travailleurs des Tuileries.

Homme-rhizome des gravats
Peau de balle
Et balle dans le crâne
À la une à la deux
Dans les souterrains de Gaza
De n’avoir pu échapper
Aux circonvolutions des destructions.

Là-bas au bout du bout
Darde le « pas-gelé-du-tout »
De la bassine où faire tremper
Le linge souillé
Des casseurs de pierres
Au regard fier
D’île et de mémoire à venir.


1679


L’écureuil de l’amandier

Pleure la nuit
Du jour la compagne
En basse plaine
Dans la risée d’une pluie fine
Que le temps presse
Au sortir du bouillon de culture.

Avidement prenantes
Les coulures de l’esprit
Font tâches sombres
Sur le manchon du bourdon
Suivant à petits pas
La muse débonnaire.

Filet mauvais
Posé à l’estuaire des contingences
Nous pûmes relever à heure dites
Les esturgeons de la présence
Emberlificotés dans les mailles
D’un grignotage de circonstances.

Plume fine
À portée de rien
Sacre bleu des tenues vestimentaires
Il parut étrange que s’ouvrent enfin
Les pages du missel
Sur l’image du communiant.

Ravageant la contrée
D’un coutre rageur
Il enfila la perle des substances
Avec la magnésie des occurrences
Heureux en cet instant
D’être dans le monde.

Copié-collé
À la crème Chantilly
Les gâteaux de Mère Grand
Ont pris mauvaise mine
Quand couvercle soulevé
Les bulles gémirent.

Amené la corde au cou
Sur l’esplanade de la concorde
Nous pûmes recueillir
Les confettis de la fête
Ourdie en son ardeur
D’un début d’une fin.

Chorégie au théâtre des instances
Doigts liés
La vie devint rose bonbon
Près de la poudre Soir de Paris
Collée sur la nuisette
Tel Saint-Esprit en goguette.

Effluve à portée de main
Soutenant la belle fermière
D’un doigt de tâcheron
Nous pûmes sauvegarder
À la pointe du mât
Le rictus des cœurs perdus.

Éclat de voix
Sorti tout droit de la geste
Inferno rangea ses atours
Dans le coffre de cuir
Sous les vignes disposées
À promouvoir l’avenir.

Celtibères en bonne compagnie
Conjuguant à merci
La fumerole du chaudron
Avec les manigances d’une pensée
Tous se tinrent coi
Devant la porte des lumières.

Masque de circonstance
Posé sur le museau
Nous musarderons
En rond
Coque de noix offerte
À l’écureuil de l’amandier.


1678





La bête en toi

La bête en toi
Irriguant de ses mucus
Quelque aspect de ta parure
S’est offerte en sa dualité.

Posidonies aux longues feuilles
Renaissantes en surface
Sur le marbre des représentations
Vers la source de nos profondeurs.

Naguère ivre de cambrures
Le cavalier s’est appliqué
À pratiquer le suicide
Emporté par son animalité.

Mordille et croque
Les directions perdues
Par cette empoignade
De l’intrication des origines.

Tu as beau bander l’arc des similitudes
En voie de régression
Ta perpétuelle immobilité
Neutralisera tes forces.

Elle attend
Femme aux deux voies offertes
Conjuguant l’exercice de vie
Aux régressions de l’exposition.

À petit feu nous fûmes bloqués
Par ce retour aux origines
À l’assaut d’une conscience
Sur le point d’expirer.

Le mariage est à ce prix
L’harmonie composée
La paix instantanée
Aspiré par la diastole de l’âme.

Distillé au cœur de l’être
L’assaut permet l’anneau des noces
Amené par l’un l’autre
Les aspirants du tellurique.

Franchir les obstacles
Bannir les difficultés
Mèneront à la solution adaptée
Autour du nectar de l’accompli.

Éclore et s’épanouir
Fusion consommée
La chrysalide
Fera place à la perfection.

Au repos maintenant
Contemplant la lente maturation
Nous aurons conquis
La composition ternaire unifiée.


1676

Espace de joie

Gracilopettes
Verbiage des prairies
Affranchi d’ordres mineurs
Se plaît sous la pluie
D’un paradis aux plis de rose
Feuilletant l’aube du jour.


Sanglant combat
Apostrophe des ruines runiques
Ancrées féroce parricide
Au levé de l’outrage
Qui de pas à pas
Ourle de sa colère haineuse
L’oiseau noir de la vague
Raclant les regards mollusques
D’un océan vibrillonaire
À pleines dents déchiré
Aux abysses terminaux.

Visage accrochant la plume
Du goéland des dunes
Sur le pommeau de l’épée
Sacrilège rêche
Des bois de cerf
Dans l’ombre quiète
D’un feu d’octobre
Raclant le marais des outrages
À portée d’une danse sacrée
Essartant légère
Les herbes sèches de l’hiver.

Pelote lotte
Enfouie dans le sable
Sarabande sarbacane
Effleurant de son souffle
Le candélabre des offices
Aux voix vociférantes
À cru
Parade sous le dais
D’une forêt primaire
Que le froid pique
D’arbres moussus
Sans que les nuages fassent pression
D’un arpège obscur
Les crèches au calame étroit
Contre le papyrus
De sang et d’or ceint.

Hors la fuite à l’encan
Des druides chevelus
Passagers du mystère
Aux mains d’ocre vieilli
Verrues du temps qui passe
Tourniquet des songes
Habitant la faille
Organes à fleur d’eau
Crispant le pan de lune
Reflet sagittal
Des accords perdus de l’harmonium
Perles devenues rares
Roulant sur le granite
De cupules en mousses douces
La géométrie des arcanes.

Effluve des marais fluorescents
Au mufle vitupérant
Dragon des alpages
Fenêtres énuclées
Sagaces pensées
Perçues menues
Pour un espace de joie
Pointant museau de musaraigne
À la pointe d’un défit
Irréversiblement lumineux.


1676

Les deux amis

Au silence des jumeaux
La flétrissure de ne pas se taire
Se paye cher.

La pierre est lasse
Des attentes mémorielles
Quand radie l’énergie de la terre.

La souche ombre du grand arbre
Honore la fougère
D’une figurine ongulée.

Hors tout sous la ramée
A jailli
Le Moi de la créature.

Discerner le minéral du végétal
En leur complétude
Permet la Présence.

Au bon endroit
Se mêlent les onguents des participants
Du jasmin à la sauce satrape.

Se tissent de concert
Les tourments de la veille
Sans que savoir progresse.

Résister et passer inaperçu
Comme n’être attaché à rien
Composent fidélité et loyauté.

Claudication embuée de larmes
Occasionne par le travers de l’âme
La fuite du désir.

Siègent les deux amis
De l’ombre et de la lumière
En l’accès à devenir Soi.

Forme opaque
En limite du sous-bois
Recèle passage au quotidien.


1675