Archives de catégorie : Janvier 2017

seul au pas de porte

   Seul au pas de porte   
se trouver entre vivants et morts   
à la proue du navire   
couvrant un avenir incertain   
sous les patères du vestibule   
vêtements dépareillés   
par l'errance obligée .   

Claque l'oriflamme   
le temps qui cogne   
offre ses parenthèses   
au crépon de nos plaies   
sans qu'apparaissent   
les coquelicots de l'enfance   
mariage éternel   
d'avant le grand chambardement .   

Dans l'auguste fissure   
en attente du jour   
d'une marche lourde   
s'en va le vieil homme   
sur le chemin poussiéreux   
des souvenirs à venir   
accueil radieux    
se détachant du trop connu .  
 
Alors offerte   
cet embrasement des couleurs   
à pleines brassées   
aspiration enchantée   
de nos pas comptés   
sur le gravier crissant   
de la douce venue   
de ton sourire .  

 
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De la terre rouge sous la neige

 De la terre rouge sous la neige  
 pour le noir de l'infini  
 vers le blanc des évènements.  

 Traces volatiles  
 sous le cristal du mouvement  
 le givre craque.  

 Grande écriture chiffrée   
 rencontrée parfois   
 à l'intérieur des montagnes.   
 
 Perdu en lisière  
 l'enfant contre son cœur  
 serre le viatique des belles pensées.  

 Consommer sans se consumer  
 le comble serait de croire  
 et d'en faire parure.  

 Dans le noir de l'encre  
 il y a le vide de l'espace  
 cette page de silence pure.  

 Pour les papillons de nuit  
 point d'obstacle  
 juste le fermoir actif de la révolte.  

 Les pavés de l'oubli résonnent  
 trotte-menu du génie de passage  
 sur le lin blanc du poème.  

 Ça crisse sous les pas  
 se déclinent les nervures de l'illusion  
 au ressaut d'un vide d'air.  

 Brouiller les cartes  
 faire un grand feu  
 l'amour fait des claquettes.  

  ( Photo de Caroline Nivelon ) 
 
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Mourir en pensées

 
Mourir en pensées  
atteindre l'autre rive  
sans que mémoire survienne .  

Accrocher aux basques du temps  
la sensation  
sans que reflet  ne vienne .  

Effaroucher le pigeon  
d'un geste lent  
sans que poussière se mêle .  

Écorcher le lapin des songes  
au saut du lit  
sans que remords parviennent .  

Essarter la plaine  
au souffle des animaux de trait  
sans que fin du jour n'advienne  .  

Moucher les bougies  
entre pouce et index  
sans coulure ni brûlure .  

Élever le pavois  
par lente ascension  
sans les hourras de la foule  
psalmodier quelque refrain de lumière .  


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