en captation de soi

 Reflux de la mer   
avant un dernier saut   
le béton se fissure   
claquent les veines de verre   
sous la griffe salée   
les ferrures gémissent   
les oyats divaguent   
ce que racontent les marins   
aux temps lointains des terre-neuvas   
morsures d'un froid tenace   
le vent arrache les arbres   
les boues emplissent les fossés   
les barges se soulèvent   
les bouées volent   
en gerbes d'écume   
le long de l'estran   
les vagues claquent la digue   
les lisses brinqueballent   
le sable emplit le moindre trou   
le ciel se fait tohu-bohu   
en cette feinte d'estoc   
les mouettes  pirouettent   
au profond du blockhaus   
la nausée aux lèvres   
un cri   
inouï   
de silence   
les heures sont bulles de savon   
cavalcade effrénée   
les chevaux caracolent   
les galets fricassent   
en surplomb du bastingage   
corrigeant d'un trait de plume   
l'œil des souvenances   
l'ombre se fait surface   
les creux emplissent de leurs suçons de vase   
les plate-bandes de la plage   
naissent brisures de terre   
les crocs de la bête   
écarlate en son outrance   
recroquevillée et mal aimée   
sale et refoulée   
rebelle et courroucée   
exposée aux quatre vents   
n'étant plus que souffle   
une charogne   
la plaie offerte   
en bordure de bocage   
aux nervures fossiles   
roulent les tambours   
craquent les lucioles   
sous le talon    
rempart contre le bitume effondré   
l'amertume   
d'alternances noires et blanches   
en captation de soi   
la mort dans l'âme .   

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