
Feu de feuilles sèches décollées du frêne
En finitude d’un ciel de traîne
Les nuages rouges vif de l’automne ont chu
Flammes et fracas cinglant changement de cap
Au travers des tuiles et solives
L’arbre centenaire est tombé
Brutalisant faisant jaillir brandons et fumées
Dans la zébrure d’une fortitude.
Pierrot est mort
Ce soir les anges d’Indochine pleurent
Le GMC s’immobilise dans une fondrière
L’auriculaire droit se tend une dernière fois
Un fusil mitrailleur s’enraille
La jungle frémit d’un ébranlement soudain
Des branches craquent les oiseaux se taisent
Des hommes verts sortent des bas-côtés.
Dans la chambre
Ce soir le fils est entré
De violents coups de pioche
Il a terrassé le père
Puis s’est emparé du dossier vert
Ordure dépenaillée sortie de l’enfer
Il a pris la Mercédès
Pour disparaître dans les rues désertes.
Parcelles de terre d’Auvergne
Vendues à la criée
Le mausolée mégalithique arraché
Du pré de Lacombe la blonde
Les mots du ci-devant descendant
Éparpillent par delà la sueur des anciens
Quelques souvenirs de vacances
Couronne incandescente d’une brassée de joie.
1691





