La librairie des trois savoirs

Se joignent se rejoignent   
À la librairie des trois savoirs
La liberté de penser
L'éclairage du cœur
Et le manifesté de l'apaisement.

De l'or en paillettes
Vous dis-je
Qu'il y a sans fausse ressemblance
Sous l'escalier
Des amours grands.

Facteur X
Dans l
a délicatesse d'un soir
Nous pûmes relancer
Les harmoniques du son et du sens
Au hasard des pages feuilletées.

De l'autre côté de la rive
Laissons l'Autre
Celui du monde à vaut l'eau
Tissant dès l'aube
La toile des regrets.

Au-delà du temps
Passaient au raz du sol
Les candélabres de l'aptitude au bonheur
S'enrichissant aux heures creuses
Du fil à fil des rencontres.

À respirer
Nous serons les témoins de la terre brûlée
L'ordre imaginé d'un subtil défi
Aux incandescences diaprées
De notre marche à blanc.

À mieux pratiquer l'arrimage
Arrive ce qui pourra
L'œuvre infime au chevet de la légèreté
L'absolu
D'une écriture de chèvrefeuille.

Aux fulgurances de la raison
L'amant amour des heures perdues
Vrille avec sensualité
Un rien de souffrance
Dans le cosmodrome des attentes.

Plus de pétales rouges
En rebord de fenêtre
Le vent lui les a chassés
Le vent de trop
Le vent tard venu.

Rester
Rester immobile devant l'appel
Rend l'herbe sèche plus apte
À l'écoute du souffle
Qui s'éloigne sans prêter gare.

Au goutte-à-goutte
D'un toucher de lune
Je me suis balancé à la pointe du fusain
Pour en finir avec le minuscule nouveau-né
Le Sylvain d'un éclair de griffes.

C'est encore loin
Et pourtant
Celui qui décolle de Coltines
Emporte avec lui les oies bernaches
Loin très loin du jour qui fuit.

1320


C’est un jour où aller marcher

C'est un jour où aller marcher   
En glissant en riant   
La plaisanterie   
Qu'il y aurait là   
Une occasion de se revoir.      
 
Et que si l'attente est longue   
Comme d'être au clair   
Dans un brouillard persistant   
Acheminer tout en sifflotant   
Quelques missives des jours de fête.      
 
J'ai besoin de toutes mes nuits   
Dans ces temps à marche forcée   
Pour tendre la main    
Au fragile du bonheur   
Épicé d'un possible retour en arrière.      
 
Lancerons les Lancelots du Lac   
Le concours du plus méritant   
Le long de ce chemin de chèvre   
Entre paroi et torrent   
À précipiter la demande en mariage.      
 
Caresses   
Fluidité du corps en mouvement   
Chevelure au vent   
Le lève-lèvres de ses yeux rieurs   
Cadenassait l'estime de soi.      
 
Et puis rien   
Que de se hisser vers le matin   
Porte envie de se plonger   
Mais très doucement   
Dans une demande en amour.      
 
Et puis tout   
La distance se réduisant   
Devant l'étrange annonce   
D'avoir par la danse   
À convoquer et le corps et l'espace.      
 
Des mots   
Mes frères et sœurs des Entommeures   
Laissent sortir du port   
Quelques feux grégeois   
Sur une mer consumée à l'envie.      
 
Un abri creusé
Par la rigueur des éléments
Me rassurera
D'avoir osé
La bifurcation en dépit de mes peurs.
 
Et de resurgirent
Le refus des rites de passage
Alors que cela semblait acquit
Que de se parer de l'abaya
Reproduirait le paraphe des dieux.
 
Ils ont regardé
Aucune allusion
C'est ce qu'ils souhaitaient
En voletant d'une branche l'autre
Sur l'entrelacs du dépliement de l'âme.
 
Le chagrin
Pend au clou
À la place du crucifix
Mouvant et vivant
Vers la promesse du panier en frêne noir.
 
1319

La route blanche

La route blanche   
Entre les parois   
À l'intérieur de soi   
Dans un corps atomisé   
Parfois le désir d'une étreinte.      
 
Ce goût épicé   
De la tisane   
Comme celui du mot   
Cette saveur souterraine   
Dont on ne sait pas faire grand'chose.      
 
Et de recommencer   
D'errer   
D'avoir le droit de se tromper   
Devant la tentation de vivre   
Assis sur un banc de pierre.      
 
La route blanche   
Jusqu'à la vallée blanche   
Recouverte de moraines arrachées à ses flancs   
Sans que se grippent les articulations   
Dans l'émergence à la solitude.      
 
L'enfant le bel enfant   
Lové en son sein   
Par la lumière tamisée   
De l'arbre tremblant   
Devant l'avalanche.      
 
S'approcher   
Coûte que coûte   
Sachant que la parole   
Mènera l'ombre de l'autre voie   
Jusqu'à l'apparition de son destin.    
 
1318

La folle du logis

La folle du logis   
Je l'attends   
Je l'entends   
Je l'accueille   
Aux marches du palais.      
 
Et que nenni   
Cette surveillance policière   
Abondée par la raison   
Aux hortensias   
De la contemplation.      
 
Laissez passer   
Les oiseaux les enfants et le vent   
Effluves empanachées de liberté   
Par soucis de desserrer les freins   
De l'exploitation.      
 
Suffit de témoigner   
Que nous sommes en mission   
Les ayant-droits de la gentillesse   
Faisant feuilles sèches   
De nos pas glissés.      
 
Partir serait de mise   
Mais pas avant d'avoir ouvert quelques rigoles   
Où épancher les plaies de l'esprit   
Ce je ne sais quoi   
De l'enfant délicieux.      
 
Le voyage sera gai   
Par la rêverie et l'impromptu   
Que nous rencontrerons dans les arcanes de la grâce   
À ouvrir les bras et le cœur aux sourires 
Devant nos sacs de larmes.      
 
Et de palper le mystère   
D'une humaine gestuelle   
Par le contact avec l'expédition même   
La départie de tous buts   
La liminaire de ce qui est.      
 
Entre ciel et terre   
Une effusion me transporte   
De forêts en vallons   
De palais en simples maisons   
Jusqu'à l'écoute du doux et de l'inspiré.      
 
De chair, d'os, de voix, de sang   
Nous avons pris corps   
De par les collines ensauvagées   
De la contre preuve   
Cette énergie rayonnante.      
 
Il est là   
Sans témoignage   
En échos du cosmos   
À mille lieues d'un prosélytisme historique   
Aux marches de la fraternité humaine.      
 
Regarder l'autre comme un frère   
Faire taire les armes de destruction   
Saisir le pas des chamois en tombée de nuit   
Éteindre la lanterne   
Être l'aube nouvelle.      
 
Il a été   
Il sera   
Le fruit gouleyant   
Au parfum musqué capiteux   
La dernière exhalaison d'épices et d'ambre mêlés.      
 
1317

Virevolte des occasions

Virevolte des occasions   
À la pointe du Raz   
Ai remonté le casier des homards
Pour devenir humain.      
 
Et de s'entretenir   
Sur la table d'opération   
De l'entrelacs des contusions   
Que le suroît recouvrait de varechs.      
 
Éveil métonymique des flammes   
Là-bas où demeuraient   
Les jours par la fenêtre des embruns   
Au grand dam des étoiles filantes.      
 
Recherche du langage   
Sous les brumes d'avenir   
Au centimètre près   
D'un crâne bien à soi.      
 
Avons quitté la maison   
De bonne foi   
Avec valises et fracas   
Sans avoir broder ses initiales.      
 
De couper avec ça   
Ne fût pas chose facile   
Comme de recevoir une inspiration   
Et l'exprimer sans ordre.      
   
1315

J’ai clos mes mots

J'ai clos mes mots   
Dans la pâture d'en bas   
Près de l'arbre roi   
En menant par le sentier de l'amante   
Mes pas vers l'aube   
Sans réponse   
Sans lever le moindre haïku   
Sans que le coup de vent ébouriffe la particule   
À la mesure des traces   
Laissées à contre-champ de la voie   
Pour que le jour advienne   
Telles sauterelles de l'esprit   
Par delà la pente des andins   
Et que monte le regard   
Vers la cime des grands pins   
Figés dans un ciel laiteux   
Échos des moutons   
Cliquetant de la clochette   
Parure floconneuse offerte à l'herbe rase   
L'infini faisant halte   
En toute rigueur   
Sans emprisonner ce qu'il dit   
Sans même transmettre par la pensée   
Le moindre objet de cette pensée.      
 
1314

Ici plus tard

Ici   
Plus tard   
En fin de journée   
Au sein du silence   
Ces mots justes   
Sortis de l'ombre   
Pour remonter la voie   
À bout de bras   
Vers la mezzanine   
Où poser sur la table basse   
Les heures lasses   
De la journée   
À guetter le Mont Blanc   
Entre les nuages   
Afin qu'un temps   
Je me souvienne   
Qu'à Crest-Volland   
Il y avait l'enfant.      
 
1313

Ce regard étonné

Soudain
Ce regard étonné
Dans les virages du Villard
Un instant d'inattention attentionné
Entre le four à pain et le petit pont
Comme une pluie soudaine
Ni trop forte ni persistante
En l'été où tout s'éclaircit
Avec de branche en branche
Les guirlandes guinguettes
Conviant au grand festin
Les yeux colorés
Globulant la danse des phalènes
Quand le geai traverse la prairie
De son vol plongeant
Sans un cri
Juste une virgule sur la page blanche
Démarche immémorielle
D'un passé chargé de fleurs
À disposer dans l'urne
Auparavant vidée près du grand chêne
Un lundi où tout s'était dit
En bout de table
La nuit faisant silence
Avant d'épouser sa faille.

1312

Un repas pour deux

Un repas pour deux   
Un vrai   
Pas au rabais   
Avec des frites et du beef   
Ça se prend entre amis   
Sur un air de saxo   
Dans un bon restau   
Entre le marchand de glace   
Et le sourire de la fermière   
Sans que les sabots des chevaux   
Ne claquent trop sur le pavé   
Pour qu'on s'entende un peu   
À nous dire   
Ce que la vie a été    
Et que les chemins pris   
Depuis belle lurette   
À la porte du saloon   
Quand soufflait le vent du désert   
Roulant ses boules d'épineux secs   
Ce qui amusait fort les enfants                         
Issus d'hypothétiques rencontres   
Par la loi d'un ailleurs meilleur   
Au gré des vagues du vieil océan    
Magique errance   
De nos expériences de père   
A cheval sur le coudrier des rêves   
Filant grand train   
Vers l'inconnu   
Syndrome du marche ou crève   
Écueil fragile   
Auquel s'agripper   
Porte ouverte aux rituels de passage   
Et tout ça pour de vrai   
Un repas pour deux   
Pas au rabais   
Avec des frites et du beef   
Qui se prend entre amis   
Sur un air de samba   
Cette fois.      
 
1311

La présence à ce qui s'advient