Droit devant la Cène

 Le geste est lourd   
la pente raide   
les cailloux roulent   
les insectes stridulent   
l'orge d'une caresse ondulante   
signe le souffle invisible. 
    
Les pensées vol au vent   
s'offrent au silence primordial.   
  
La poitrine gonfle   
je pleure
au passage d'un soleil absolu   
traces de goudron posées   
sur le pavement   
descendant vers le port   
à l'odeur exhalée   
par la vibration de l'ordre postural.   
  
Droit devant la Cène   
la nourriture jonche la table   
les mains se lèvent   
pour se joindre en plénitude   
au fil de la paix souveraine.   
  
Appel au plus haut degré   
Éclat de lucidité.   

  
427

récitation du vol des étourneaux

   Récitation du vol des étourneaux   
 devant les ruches bruissantes   
 entrer en cérémonie   
 empiler les hausses   
 abeilles énamourées   
 aux innombrables voyages   
 pour note à note   
 élever la clameur   
 sous la voûte des hêtres.   
   
 Se loger à petit prix   
 dans l'hôtel d'en face   
 se perdre parmi les ruelles   
 redorer le blason de la raison   
 redonner au silence sa vérité   
 ouvrir la valise   
 en sortir le dossier des âmes perdues.      

 Je me débrouillerai seul   
 au charivari des métaphores   
 à lancer les fléchettes   
 contre la porte de bois   
 après avoir écrasé le mégot   
 dans le cendrier   
 offert par une marque d'apéritif.    
 
 La lampe a cligné de l'œil    
 puis s'est éteinte    
 dans le temple où tout est consacré   
 les allées et venues du marcheur   
 se sont faites plus mystérieuses   
 par accommodation  
 pour terminer par un baiser
 la descente en crypte.
 

    
 426

par les frisures de l’esprit

   En un clin d'œil   
juste de quoi donner signe de vie   
avant le saut. 
    
Par les frisures de l'esprit   
accumuler les dattes sèches   
aux portes du désert.   
  
Claquer la langue   
sous la voûte romane   
où tout est réuni. 
    
Plus bas encore   
nu au milieu des corps nus   
saisir la grenouille ventrue. 
    
De ravine en ravine   
l'arbre notre refuge   
guide la respiration. 
    
Marcher jusqu'à fatigue extrême   
où les herbes folles   
nous invitent à voler. 
    
De grands yeux    
comme des porte-manteaux   
collectent les semences du hasard.   
  
Le soleil à l'affût   
crêpe le mur de pierres   
du voile de la mariée. 
    
L'on dirait en contrée
l'arrivée de l'ermite
à petits pas moussus.


425

Ce visage si sage

 Ce visage si sage   
 par le défilé ardent   
 donnait aux houppes forestières   
 la nébuleuse essorée d'un soir d'orage.  
    
 Çi devant la rogne du torrent   
 ponctuée du cri d'un rapace   
 encensait d'une étreinte étrange   
 la corniche aux propos échangés.   
   
 L'homme et la femme   
 par leur altérité feinte   
 encensaient leur quête de vision   
 sous la cascade consacrée.  
    
 Ô ! Oui, ce que tu as vécu a un sens,   
 d'avoir saisi ce moment des rencontres   
 par les synapses de ton puzzle   
 te permet de revêtir la toison d'or.    

  
423

Vue d’entre les gouttes

 A même le sol   
 gouttelettes de rosée à contre-jour   
 se proposer   
 sur les anneaux concentriques   
 de sortir de la grotte   
 de danser   
 illuminé par la mer des origines   
 alternance d'ombre et de lumière   
 aux limites incertaines   
 engendrées par retour de tradition   
 sans que cela soit imposé   
 en bas de page   
 à pousser la pierre devant l'excavation     
 comme s'il était facile d'y arriver seul   
 à cette chambre   
 aux cages d'oiseaux accrochées aux parois   
 portes ouvertes   
 à ne plus tenir debout   
 descente rapide    
 franchir les crevasses
 vers le débrédinoir  
 empli des ossements de nos ancêtres   
 à se tortiller dans le boyau des arrivées   
 pour finalement franchir le seuil   
 et retrouver la Vue.  

    
424

De voyager librement me fût permis

 De voyager librement   
 me fût permis   
 d'entrer par le trou des origines   
 voir l'animal au pouvoir remarquable   
 sans cavalier et indomptable   
 sous les brumes   
 révélant à mesure de la montée du jour   
 la respiration matriarche des grands hêtres.   
   
 Deux fois je me retournai   
 et repérai le chemin du retour   
 au passage de l'ondine   
 pour ficher dans le sol la planche de cèdre.  
    
 J'entonnai le chant des âmes   
 les conques ouvertes aux paroles phylactères   
 et dansai   
 les pieds en sensation de terre   
 les oiseaux de leurs ailes tressant une couronne    
 sur l'eau aux bulles ondoyantes   
 que le pont des réalités encombrait   
 avant que s'agite le mouchoir des au-revoirs.    

  
 422 

Édit de mai 2018

   Eclosion de bienveillance   
Que valent les écueils   
Devant la Beauté   
Sous la coupe des vents   
Passent   
Notes étrangères   
Le palanquin des jours sans fin. 

    
S'offrent   
Les souvenirs   
Le piétinement de la foule   
A l'entrée des lieux saints   
Que la gerbe rassemble   
Dans la danse des esprits   
Que notre main désigne. 
    
Dieu    
Que l'univers est grand   
Que nous baignons dans un monde primordial   
Hors dogme   
En cette activité qui nous dirige   
Retrouvant l'union avec le Tout   
Et sa caresse d'Etre.   
  
De jouer   
Avec notre code   
De favoriser le retour à la source   
En énergie de conscience   
A distance des temporalités.
   
S'offrir   
A la pluie des particules     
Aux portes de la perception.
 
Voyager   
Sans peur et sans tabou   
Aux marches des palais.
 
S'autoriser à mettre le doigt   
Sur l'Invisible   
Sans renier la Vérité     
Cette présence   
cette transparence   
Où affleure l'Absolu.
 
Demander   
De défragmenter nos pensées et nos manières d'être   
De participer au dialogue des Eaux Vives   
C'est ça le plus important.   
  
Sans brusquerie   
A mesure du doux et du cordial   
Etre à l'écoute    
Du fin et du superbe   
Faire le travail   
En plein emploi de soi   
Puis repartir. 

       
421

dans le drapé des jours venants

   J'ai tondu l'herbe   
aux pâquerettes invasives   
en évitant les campanules    
près de l'amandier   
puis il y eût le merisier   
les pommiers   
les lilas    
et la glycine,   
à éviter.
      
éclosion printanière du principe d'amour   
fulgurant en son apparition   
cachottier en ses dispositions   
avec la pousse des feuilles   
parure encorbellant les mois à venir. 
    
J'ai marché dans l'herbe couverte de rosée   
esquissé quelques mouvements de qi qong   
inspecté les pots, vasques et bacs   
des fleurs et arbustes
nos respirs. 
    
Puis, assis sur la chaise de bois   
j'ai plongé en errance   
dans l'immobilité vivante   
les mains applaudissant   
les souvenirs surgis   
de nos jardins croisés   
en cette vie mienne     
à contempler   
le drapé des jours venants,   
décoction du cosmos,   
notre père.   

  
420

nul n’est hostile

   Nul n'est hostile   
quand monte le cri de la nuit   
mouvance ajustée   
au crêpe des fascinations. 
    
Se parent de mille feux   
le cœur des Anges   
et son échanson, l'Inaugural   
au temps de la moisson. 
    
Épuisés et vindicatifs   
le Sacré par la cheminée   
le Secret par la parole humaine  
Tous montèrent dire adieu à notre mère. 
    
S'épuisèrent devant pillage   
à ravaler en commissions occultes   
les ambiguïtés du massacre   
des animaux en leurs entrailles. 
    
Serions-nous de trop   
devant l'éclaircie de l'Être   
à céder notre place   
à la clarté de l’éther ?     

 
419

Patrie des ondes murmurantes

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est P1000092-1.jpg.
  
S'échappa par delà la colline   
 divine et médisante Mélusine   
 cette rencontre nuptiale évoquée   
 par un matin de méditante pensée. 
     
 S'attardant au déploiement des origines   
 au sens du sens que le berger pagine   
 le bouc du Parnasse à demi-nu   
 afficha l'éternel oubli de l'être. 
     
 Silencieuse flamme en bord de l'Analogue   
 éphémère parole   
 promesse fidèle à son appel   
 de l'intérieur le chemin fût gravi.  
    
 En l'azur du destin   
 par la clarté naissante   
 l'âme en pèlerinage   
 battait la campagne.  
       
 Patrie des ondées murmurantes   
 havre de nos cœurs vagabonds   
 les sépias de l'enfance   
 déposèrent la trouvaille.  
    
 Grenaille disposée en éventail   
 vous fûtes si nombreux à demander le corps   
 que s'enfla la rumeur   
 d'une reconstruction prétendue humble.   

   
418

La présence à ce qui s'advient