De monter vers l'aiguille
précède la descente en abîme
la collerette sage du barbu de l'oubli
courbure d'une main
mon âme fleurie
sur le rebord en fenêtre
signe d'élans
de pas dans la neige
à regarder se dépouiller
les branches de leur manchon de miel
chute lente mais néanmoins audible
menus sourires s'époussetant
le bras tendu vers l'horizon
qu'appelle le soir venu
le trait de lumière
annonçant sous la porte
le retour des oiseaux
vers leur niche nocturne.
437
sortir des eaux
Sortir des eaux
s'ouvrir à la présence
penser pourquoi être là
comprendre ce qui advient
ne pas confondre le ressenti et ce qui est
consacrer sa vie à l'énoncé de formules de haute intensité.
Serviteur inutile
faire son devoir
en donnant à manger aux petits
en protégeant ses petits.
La Vie demande autre chose
la Vie demande de l'Amour
alors je mange l'Amour
et mon cœur se réchauffe
car l'Amour est nourriture
l'Amour est Esprit.
Devenir le Serviteur du Serviteur
avoir pitié du Maître qui n'a rien compris
arrive le moment où dépasser le devoir
sortir de la morale
changer les choses de fond en comble
nommer l'orgueil
nommer la toute puissance
être léger tout léger
devant la brise qui se lève.
Alors,
provenir de ce qui a été
afin d’être à nouveau
dans le provenir de ce qui vient
le bien céans des choses de l’Esprit.
436
Rejoindre les miettes du festin

A la tombée du jour Quand le vieil océan racle les galets. Oui j'accepte D'être de mots démuni Devant le vol ultime D'avant la raison. Marcheur obstiné D'arbres et de pierres sèches constitué La mer devant soi Être vertical À l'appel du dernier regard. D'ivresse point Juste cette douleur à la hanche Stigmate du dernier combat. Je rejoins les miettes du festin Disposées tôt matin. 435
le volet crisse
Au fil tendu
monte la verte raison.
Quand passe la huppe
reviennent les souvenirs.
Le clapot du ruisseau
reflète la note souveraine.
Au plein bleu du ciel
la découpe sommitale.
Le vent frais du matin
courbe la houppe des arbres.
Deux doigts posés sur le hublot
pour que vive la mère morte.
Le mugissement rauque de l'avion
fait se lever la noire image.
Le volet crisse
il va falloir se lever.
Illustre moment que celui de la remise des prix
quand le pas se fait lourd pour gravir l'estrade.
431
c’est le sel qui fait ça
C'est le sel qui fait ça
c'est le ça qui fait mien
c'est le mien pour le tien.
Passent la fricassée des étourneaux
aux pépiements de nos instincts
une remontrance
et pffft !
sans préséance
la chair à vif
empoigner le manche de l'outil
pour enfoncer le fer
dans l'œil du cyclope.
Il est des colères
qu'embrase le trop dire
lorsque se lève le vent mauvais.
433
Nous élirons le plus charmant

De toutes parts Montent des gouffres Les animaux tristes. Hors de l'assemblée Point de joie Juste du papier froissé. Dans les couloirs de l'amour Ronfle l'assentiment Du jeu de perfusions. Trop de vagabondage Nous élirons le plus charmant L'homme au polo blanc. Il n'est d'avis qui demeure Face aux tragédies Les circonstances provoquent les dérapages Que les vrilles de la vigne Encanaillent d'un sourire. Passagers clandestins en sursis Les fleurs du printemps suffirent à nos désirs D'alignement du temps en syncope. 434
Au temps du sourire étoilé

Que ça dise quelque chose de ce que je sais déjà m'afflige et me contraint à la romance. Faire ce que le vent porte rend libre de dériver, puisse la mémoire même être lumière de fée. Larmes de cristal gesticulations de l'esprit portées en déraison sous l'œil du tigre. Du puits de l'oubli monte par temps de pluie l'accord mélodieux du murmure des traditions. Du choc de la charrue contre la pierre enfouie naît la marque blanche des stridences de l'énergie. Il est du chant du merle ce que le syrinx permet, une plume d'or vive sur la dalle du silence. 431
sortir d’un orage des cœurs
Au silence des lieux
ces bras autour de ton corps
renouvellent l'élan
sans éveiller les peurs.
Reviennent les chansons échangées
au long des rives du passé
murmure de l'eau
au vent courbant nos illusions
paupières mi-closes
le vol du martin-pêcheur
trait de sagacité
sur la rivière aux âmes bavardes
crissant sous le talon de guingois
les bras liés par cette alliance
sans que parole soit
en oubli du temps des sangs échangés
passage étroit d'une rive l'autre
accompagnant l'étreinte
livrée au ciel disposé
à nous recevoir
toi et moi
au sortir d'un orage des cœurs.
429
Sur le feu la marmite bulle

Son corps de gaze ses cheveux de jais sur la plage au matin des senteurs océanes. Griffant de sa robe l'ondulation de ses reins elle chevauchait la vague d'un rire de sirène. Brassant l'air de ses bras de femme peintre elle signait l'avenir d'une étreinte ultime. Elevant ses doigts vers la prunelle opaline elle offrait sa joie au chas de l'aiguille. Aux chants de la terre elle préférait la note claire remisant à demain la couronne de thym. Eclat lunaire de sa marche de farfadet les oyats caressaient sa cheville en renouvelant l'appel. Poussière étendue à la virgule près Par les mots que le vent vole l'acmé de ses désirs élevait un temple. Sur le feu la marmite bulle de l'errance d'un soir présence en cela au sel de l'histoire. 430
file et me viens cheval à la crinière brune
File et me viens cheval à la crinière brune
aux écluses de vie
monte la palinodie des animaux de l'ombre.
Règle usuelle à consulter
sans que mémoire opère
effluve venue du camaïeu des souvenances.
A se réveiller en milieu de nuit
sans frayeur à tâtons
être quête absolue.
Gagner le silence
faire l'expérience de la ressource
vers l'efficace du secret.
Ne jamais revenir en arrière
au risque d'être visible
quand la rumeur progresse.
Son pouvoir est parfum de mai
enjouée est la réalité,
accomplissement de l'Un.
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