Kategoriya arxivlari: Yil 2021

La rue

 
 
 D'une crème périmée    
 au fond d'un pot en carton    
 il a fait son repas    
 telle une mouche hésitante    
 sur le rebord de la fenêtre.        
  
 Le banc de bois était sale    
 un journal fera l'affaire    
 pour se poser    
 dans son manteau durci de crasse    
 sous une pluie fine.        
  
 Puis se lever chancelant    
 pour le long du trottoir    
 vaciller quelques pas    
 vers l'allée des arbres droits    
 aux feuilles dentelées.        
  
 Il est des jours     
 où le nuage épais    
 hésite à percer devant la misère    
 où nous fûmes poussé    
 dans la ruelle des morts.        
  
 De bagages, point    
 un bon K-way, point    
 des chaussures fermées, point    
 des gants de laine, point    
 un soupçon de sourire, point.        
  
 Hirsute, les cheveux ébouriffés    
 il allait de rue en rue    
 s'asseoir au pied d'un immeuble    
 entre deux merdes canines    
 en serrant son cabas noir.        
  
 Sur le bout de papier il devait voir un docteur    
 mais il avait oublié    
 et l'assistante sociale    
 itou
 un grand chat gris passait à pas feutrés.        
  
 Au soleil couchant    
 fallait trouver l'endroit    
 pour s'affaler peut-être s'allonger    
 dans le bruit incessant d'une circulation    
 qui irait en s'amenuisant.        
  
 Il connaissait le coin    
 depuis le temps qu'il errait    
 l'homme de notre époque    
 à la portée d'un regard    
 qu'on pourrait lui offrir.        
  
 Il avait un viatique    
 une peluche aux oreilles rongées    
 par le chien qui l'avait accompagné    
 quelques temps de canicule    
 et de froid polaire, successivement.        
  
  
 741 

Un avenir initié

 


A regarder derrière
la véranda de l'abri coutumier
les fleurs de mémoire piquettent
le chaume des champs.

Qu'importe le temps qu'il fasse
les feux passent à l'orange
élargissant le présent
hors passé et futur.

Il y a de l'électricité dans l'air
entre les pylônes du barrage
qui ne prêtent pas à rire
juste à friser les poils sur les bras.

Les neurones plongent dans la chair
il fait froid
les articulations se grippent
la carriole grince.

A l'expir
conserver un peu d'air
permet la remontée
vers les pâturages d'en haut.

A trop fendre la bûche
l'éclat de bois saute sec
sur le sol détrempé
par l'orage de la force pure.

Il est des jours comme ça
où du fond de la terre
montent les reflets de nos entrailles,
mitraille sèche sur la plaine rase.

Plus bas à droite
contre le talus
la pierre plate des origines enlevée
sans flagornerie extrême.

Bombant du torse
l'orgue a crevé la voûte
de son barrissement épais
faisant lever la poussière.

Fallait sauver les apparences
sortir en catimini du confessionnal
pour défiler bannière au vent
sur le parvis de l'église.

Une tourterelle traverse le ciel
puis une deuxième
le couple se forme
sous le dais du printemps.

Ornez de rameaux
l'entrée du temple
soyez le pain et le vin
d'un avenir initié.


740

Tepaga va pastga

 
 
 M'élevant de long en large
 sur le panneau de bois
 les clôtures de l'âme
 avaient fière allure.
  
 Il y poussaient des fleurs sauvages
 à cru tels nos rires joyeux
 pigmentant de nos instincts
 des gouttes de sang sur la pierre blanche.
  
 Du doigt sur la gâchette
 en corrigeant la mire
 la leçon héraldique
 prenait corps contre le frêne.
  
 Au matin
 sur cette ardoise de hasard
 se formaient des îles et des presqu'îles
 à petits jets de vapeur humidifiante.
  
 Aux tendres larmes
 sur la joue de la repentance
 répondaient la fièvre des cendres
 sous les crocs de l'absence.
  
 Caresse œdipienne
 à la flûte traversière
 l'élan fût grave
 un deux trois soleil.
  
 Mêlant ombres et lumière
 à la proue victorieuse
 là où la vie se gagne
 s'engagèrent des nuits sans sommeil.
  
 Pour le cierge émondé
 bannir de nos instances carcérales
 le lingot d'or
 des ténacités événementielles.
  
 Me vint tout contre
 l'aspect des choses simples
 cette pensée de fièvre :   
 que disait-on de moi ?        
  
 A la une, à la deuxà la trois
 de nouveau le soleil
 me permettant la fuite parfaite
 dans les halliers de la forêt.
  
 Histoires partagées, opinions acquises
 nous pûmes rejoindre nos pénates
 en cercle sous l'arbre aux palabres
 échanger le thym et la lavande.
  
 U yerda bor edi
 tant de tendresse et de franchise
 que chaque mot gorgé d'orgeat
 clochetait aux pinacles de la mémoire.
  
  
  
 739
   

U o'z o'rnidan tushgan edi

 

U o'z o'rnidan tushgan edi
ozg'in va qo'ng'iz
qo'zg'atmoq
metall taxtalarda
pushti qo'ng'iroqqa o'xshardi
soatlar ro'yxati
tez bajarildi, yaxshi bajarildi
sizni chanqagani haqida
agar kerak bo'lsa, sahnaga chiqish.

Flamenko juda uzoq davom etdi
faqat tap raqslari va kastanetlar
ularning magnit bilimlarini yirtib tashlash
metonimik takliflarga
à cru et à dia
ayollarning ko'zlari
g'azabga rozi bo'lishga majbur bo'ldi
ko'z hujayralari rozetkalaridan tashqariga chiqadi
yirtqichning kulrang ko'rinishisiz.

Shu vaqt ichida
don yig'ilib qoldi
mash'al nuri bilan
tremollari bilan tirnalgan
yotqizilgan bunkerlar bilan ishchilarning loftlari
qichqirayotgan xanjarsiz
yomon shoirni qanoatlantirmaydi
bu chegara topshirig'i
shamolning rahm-shafqatiga sezgir bo'lgan.



738

Sumkasini minib

 

 Sumkasini minib    
 emplie de troubles et de fureurs    
 l'homme des fourches caudines    
 s'est épris du jour qui point.        
  
 L'endroit est instable    
 le corridor de la mort    
 prélève à jets circonspects    
 le miel des dernières levées.        
  
 De maintenir la mâchoire inférieure    
 de la pocharde griffue    
 envenime la situation    
 hors la courbure du temps.        
  
 Ne bougez plus    
 monstre des addictions    
 soyez la continuation des grillons de l'enfance    
 abaissez d'un cran le besoin de volupté.        
  
 Quvonchlar nomini ovoz chiqarib    
 shudring tirnoqlari og'riqdir    
 chekinishning suv o'tkazmaydigan devorlari    
 hech qanday sababsiz gulsiz o'tloqlar.        
  
 Bu parda ostida hech qanday tabassum yo'q    
 qo'llar kelib chiqishi yoqani taklif qiladi    
 quyosh o'z sirlarini buzadi    
 erta turish vaqti keldi.        
  
  
 737 

Suv juda shirin

 

 Suv juda shirin    
 qotillarning qo'lini tozalash uchun    
 Shunday qilib, Muqaddas Masih    
 ba'zi yutuqlarni to'qish.        
  
 Shunday qilib, menga xabar bering    
 mahkumlarning avfini olish    
 va kunlarni hisoblang    
 mening yolg'iz hayotim.        
  
 Hayvonlar deraza ostidan o'tib ketishdi    
 yulduzli shivirlar kechasi    
 ximeralar bo'lindi    
 katta zarbalar bilan.        
  
 Olmayman lekin    
 Men otam va onamga qo'ng'iroq qildim    
 yerning qornidan    
 yalang'och daraxtlarning sochlariga.        
  
 tushundim    
 ekipajga hamrohlik qilish uchun    
 arqonlarga ilinmasdan    
 ushbu ish uchun topshiriq.  

  U yerda bor edi   
  va mushk va yara
  faqat vilkada
  kun zo'rg'a kengayib borardi.


 736
   

Men yuraman, shuning uchun men borman

 
 
 Men yuraman, shuning uchun men borman    
 va menga ko'p narsa kerak emas    
 qo'ng'iroq chalinsin    
 qo'shinlarimizni olib chiqib ketish.        
  
 Ular bizning jasur askarlarimiz edi    
 ularning nolalarining soyasi tushganda    
 ruhning kechasi oldidan chayqalib ketdi    
 olovli bulutning mos singlisi.        
  
 Tabiiy ofatdan keyingi o'tlar    
 yog'li va teksturali edi    
 xuddi damask kabi    
 ayollar qoni bilan qizarib ketgan.        
  
 Bir qadam, keyin boshqa    
 tanasi titray boshladi    
 quyoshning o'pishi oldida    
 g'ijimlangan bulutlar tomonidan azoblanadi.        
  
 Dalalardagi bug'doylarda    
 mast kapalak bilan    
 Men olov nurini yig'aman    
 tiriklarning qaytishi uchun.        
  
  
 735
   

So'z juda ko'p

 
 
 Ne pas lever le mot de trop    
 croix de bois croix de fer    
 vont en enfer    
 les enfants du mouroir.         
  
 Éteindre à petit feu    
 les restes de la veille    
 de cendres mêlées    
 ces offrandes aux Dieux que la raison vénère.         
  
 Il n'est de pire effroi    
 que la chasse à courre    
 derrière le cerf    
 puis d'élever la croix des flammes.        
  
 Appeler le vertige et la nausée    
 quand le silence se fait complice    
 des remords à rendre l'autre coit    
 ishqasiz.        
  
 Livrez le suc admirable    
 des mirabelles mes sœurs    
 où se livrer en miroir    
 aux belles nuits d'été.        
  
 De main de maître    
 naître au charbon des excavations    
 du riche pouvoir des mots gentils    
 pour faire gouzi-gouzi aux fils de l'esprit.        
  
  
 734 

La poésie c’est ça

 
  La poésie c'est dire    
 c'est rire du rien    
 c'est partir sans se retourner    
 pour que la vérité advienne.        
  
 La poésie accrochée au Levant    
 refait les gestes d'antan    
 en guettant par le trou de serrure    
 l'arrivée du printemps.        
  
 La poésie c'est attendre    
 c'est atteindre    
 c'est attenter aux bonnes mœurs    
 en soupçonnant le mal d'être de la partie.        
  
 La poésie c'est le claquement sec    
 d'une fin de partie    
 où restent après la représentation    
 les diamants purs du néant.        
  
 La poésie c'est la terre    
 et le ciel et la mer    
 quant au rythme d'une escarpolette    
 le revenez-y t'appelle.        
  
 La poésie c'est mourir un peu    
 au fond de la caverne    
 à convertir en mots    
 les aléas du dehors.        
  
 La poésie c'est vivre à bon escient    
 la chair fraîche des tempêtes    
 lorsque le livre replie ses pages    
 la mèche allumée.        
  
 La poésie c'est être hors tout    
 à vif à blanc    
 au feu de l'occasion    
 et mourir sur le flanc après la mitraille.        
  
 La poésie c'est grand et carré    
 à contresens des fleurs bleues    
 lorsque les yeux de flanelle    
 jaillissent d'un crâne éclaté.        
  
 La poésie c'est mignonnette et compagnie    
 sur le bord de la soucoupe    
 à compter les boudoirs de l'affliction    
 à cinq heures de l'après-midi.        
  
 La poésie est tueuse    
 et colérique et monstrueuse    
 pour mâter le rebelle endormi    
 aux marches de la déraison.        
  
 La poésie c'est être autre    
 au plus bas comme au plus haut    
 au coin de la rue telle l'abeille    
 à guetter le bourdon.        
  
 la poésie tripatouille    
 pour s'infiltrer dans le manchon de fourrure    
 quand sonne le béton    
 sous la santiag de l'optimiste.        
  
 La poésie pleure le divin perdu    
 pour enquêter sur ce qui demeure    
 dans la cité aux quatre vents 
 ouverte à la parole.    
                                                               
 La poésie c'est lettre molle    
 aux lèvres de l'humanité nouvelle    
 à lécher fraternellement    
 le retour vers l'Absolu.        
  
 La poésie c'est Dieu et pas Dieu    
 sans violence sans virulence    
 toutes lances dehors    
 en gardant ses distances.        
  
 La poésie est paresseuse    
 quand passe le marchand de sable    
 allégorie des cieux intérieurs    
 au service de sa progéniture.        
  
 La poésie c'est penser    
 sans y penser    
 mais jamais s'agenouiller    
 devant la prise de pouvoir.        
  
 La poésie cette rebelle    
 tourne autour de soi    
 et détoure la figurine de l'amour    
 des avances de Narcisse.        
  
 La poésie manque à l'appel    
 en contournant l'auto-dérision    
 lorsque le plaisir vous hèle    
 sur un air d'accordéon.        
  
 La poésie est là    
 source d'angoisse    
 les vaisseaux brûlés    
 au port de l'astreinte.        
  
 La poésie c'est le bon père de famille    
 qui furtivement    
 de sa sacoche au verbe haut    
 fait jaillir le génie de la lampe.        
  
 La poésie c'est moi c'est toi    
 c'est ce qui heurte du chef    
 les poutres du grenier    
 en verticalité assumée.        
  
 La poésie c'est une caresse    
 sur la joue du vent    
 lors les larmes de la louve     
 appeler ses petits.        
  
  
 733
   

Éloigné des romances

 

 Éloigné des romances    
 équarri au sceptre divin
 le carénage des vieilles autos  
 fait la nique aux icônes    
 à travers champs    
 shunday kumush o'q    
 piquée au cœur    
 que les sapeurs    
 retrouvent sous la herse du temps.        
  
 Sonnailles de tous les jours    
 orgue tenant la note sous la rosace    
 le pas des moines    
 glisse sous les arcades    
 à l'unisson du pont-levis    
 caressant de ses chaînes    
 les pierres usées du porche    
 à l'approche souffreteuse    
 d'une claudicante valetaille.        
  
 Mesurez vos approches    
 ne gardez en mémoire    
 que la main leste de l'entre-lignes    
 derrière l'étroit vitrail    
 de ces feuilles glacées    
 que le givre a scellées    
 au vent des pleurs     
 de l'enfant épelant l'alpha et l'oméga.        
  
  
 732