Tous les articles par Gael GERARD

16 et 17 juillet 1942

Pluie d'étoiles   
cette nuit de juillet   
à marauder l'Univers   
à murmurer leurs noms   
ne coûte pas cher à l'insomniaque.      
 
Sagement mis   
en place pour de vrai   
engager sa responsabilité   
augure quelques contreparties   
se rebeller est chose pratique   
sans griller le feu rouge   
l'avenir reviendra toujours    
en deuxième semaine.      
 
Traficoter dans le tiroir de la commode   
sonne l'heure de l'incompréhension   
rêve délirant à même la nuit qui passe   
le diable force le sourire.      
 
Une affiche sur le mur   
juste une affiche avec des coins qui rebiquent   
pour appeler au programme d'été    
les enfants en haine de leurs parents.      
 
Désignant du bout de la canne   
la montée vers le ciel   
il éteint l'affect   
et fait disparaître la peur.      
 
Des abeilles par milliers   
segmentent au tableau d'honneur   
les figures de la répression   
pour plus de miel encore   
corriger la condition humaine   
à petits pas à petits cris   
d'une plainte ahurie   
emplir la gueule des bêtes fauves   
du cou gracile des enfants de l'oubli.      
 
1082

Verbe haut

Verbe haut   
à la portée de l'entrant   
quand résonne le pas brinquebalant   
du pèlerin héraut.      
 
A genoux   
sur la dalle profonde   
les mains   
occupées à saisir la corniche   
la boule au ventre   
de ce corps qui refuse le dépouillement   
quand survient le regard intérieur   
de la quête absolue.      
 
Les intentions sont pures   
faisons demi-tour   
pour s'arrachant à la matière   
pleine du reflet de l'au-delà   
tenir la corde   
suspendue dans l'entre-deux des apparences   
égrenage du chapelet des intentions.      
 
Tout est écho     
dans ce retour aux sources   
pour levée permise   
par un signe   
propulser le corps   
hors la gravité.      
 
1081

Cette Présence où Tout est Là

Le vent s'est levé   
il a gonflé la voile   
sommes partis   
telles ailes mirabelles   
sur un air de country   
à être libre   
en perception du Réel   
buisson ardent   
batifolant affriolant   
infiniment ouvert   
dans la poussière de l'Esprit   
à la merci du Souffle
en acceptation   
de ce qui nous habite   
hors mémoires   
hors traumas   
pour louer   
le diamant pur   
nous les Êtres pour la mort   
regardant silencieusement   
par delà le mental   
les brassées de sensations   
la Vérité   
en ajustement à ce qui est   
dans le quotidien   
à former de nature en aventure   
d'efforts et de grâce mêlés   
la Présence où Tout est là.        

( œuvre de Frédérique Lemarchand )
 

1080

Être là

Être là   
Avec ce qui est là   
Avec ses pensées   
Avec ses émotions   
Avec ses répulsions   
Avec ses attractions      
 
Accepter   
Accepter cette part de silence   
Accepter cette part d'inconnu   
Accepter cette attention portée à notre pensée   
Accepter cette lumière dans notre pensée   
Accepter cette paix   
Accepter notre corps qui s'agite et nous trouble      
 
Revenir dans la singularité de la présence   
Respirer plus doucement   
Respirer plus profondément      
 
Ne pas avoir peur du silence   
Ne pas avoir peur d'où vient la vie   
Ne pas avoir peur où la vie retourne      
 
Demeurer dans l'espace   
Respirer pour le bien-être de tout et de tous      

 
1079

Prune populaire

Prune populaire   
posée sur le pare-brise   
des affres en douce mise   
robe défaite   
devant les origines   
se joignirent   
à petit prix   
à petit bruit   
le possible et la patience   
pour marquer   
du sceau de la bonne croyance   
la voûte ajourée   
des incendies brutaux   
à la régalade   
consommés   
visage au monde offert   
opercules ouvertes   
sur l'intransigeance   
des mariages qui usent   
au profond des cavernes   
à la beauté renouvelée   
de celui qui aime    
toutes nuances d'amour mêlées   
sa main passant par la fente   
entrailles frémissantes   
pour tenaille sans entrave   
faire folle allure   
et sauter de joie 
la pesante armure.      
 
1078

Manquer n’est pas jouer

Six versions il y eut   
de cette accusation portée en Haut Lieu   
qu'un regard a suffi   
pour passer à autrui   
le flambeau des  incantations.      
 
En quête de vérité   
soigner ses plaies   
n'augure d'aucune manière   
que la sagesse   
soit le remède vital.      
 
En démonstration   
de ces yeux de l'Esprit   
se rapprochant de l'Universel   
elle fût libre   
de gouverner le peuple frère.      
 
Point de masque   
l'asservissement fût épique   
la lumière s'éteignit   
par devant les Écritures   
pour divine prophétie advenir.    
 
Des signes à tous les carrefours   
accompagnaient sa marche nuptiale   
et tout était relatif   
dans cette exhortation   
à s'élever en félicité.      
 
Béate et fidèle   
en ses instincts dédiés   
de larges pièces de bonheur   
se dépliaient au vent mutin   
de l'idée qu'on a.      
 
Miracle à la Cour   
alors qu'il s'agissait de donner explication   
elle, bric-à-brac de sa nature auscultatrice   
s'enquit de la raison   
à la lumière d'une bougie.      
 
Pas de panique   
à chacun selon son destin   
le nez dans les critères de la bienséance   
elle énonça la liste des Vaillants   
en contrition d'avoir failli.      
 
Griffant de ses ongles noircis   
les nuages bas et lourds   
il y eut comme une ironie   
de sucre glace saupoudré   
sur les origines du Manque.      
 
 ( peinture de Frédérique Lemarchand )


1077

Viens

Viens   
et me retiens    
de mettre à mort   
le matador des offices souterrains.      
 
 Viens   
et me mets hors du préau   
à recevoir les gouttes d'eau   
auxquelles nul n'échappe.      
 
Vois   
ce sera sympa   
d'être simple   
comme parole en goguette.      
 
Vois   
de là où tu es   
passer les saisons   
au rythme de la chanson.      
 
Ecoute   
la pesante incantation du poème   
devant le mur des lamentations   
à quérir l'illumination.      
 
Ecoute   
ce que l'on dit de toi   
quand souffle l'Absolu   
au cœur de plénitude.      
 
Va   
redresse toi   
à la frontière des vivants et des morts   
il y a du foin à raison.      
 
Va   
et te retourne pas   
n'aie pas peur d'avoir peur   
tout passe tout revient.      

 
1076

Les yeux d’Isadora

Dans ses yeux   
il y avait plein d'enfants   
et nous amarrions aux berges de la vocation   
raides de la faim nous tenaillant   
pour plus d'application encore   
à revenir en tradition.      
 
Surgie de l'obscurité   
la nausée nous guida   
passage obligé   
du compagnonnage d'Isidora   
à se montrer du doigt   
la Bête dévorant la forêt.      
 
Chenille rampante   
que certains aiment à sucer   
provoquant diarrhées et constipations   
de la mer à la terre   
le tsunami tel hôte inattendu    
occasionne tourments et balles perdues.      
 
Charge nuptiale   
d'un débarquement l'autre   
des choses de la vie   
que de lèvres saigneuses   
ai-je goulûment imaginées   
en ces contrées d'abstinence.      
 
De plus fortes secousses   
barrent mon front d'un vol d'épervier   
sous la nichée improbable   
d'une kyrielle d'oiseaux de nuit   
écrasant la pastèque   
dans l'ombre des pensées.      
 
D'en bas   
puis d'en haut   
au bienheureux passé   
déposé au pied de l'arbre   
succède la baliverne   
griffonnée sur le carnet des attentes.        
    
 
1075
 

Le mémo de mes mots . partie 2

Et puis il y a le reste   
derrière les mots   
le sens des mots   
ce que cela veut dire   
telle la vague du malaxage des roches   
depuis des millions d'années   
fluantes et refluantes   
pressées, chauffées, transformées   
au gré des amours mortes
au gré des amours vives   
en accueil d'une conscience renouvelée   
au gré de l'Univers en expansion   
devant les trous noirs de nos inspirations.      
 
Dans la grande marmite des effets de matière   
il y a la Parole   
ce dit-toujours-on-verra-après   
cette verrue inopérable   
cette verrue première des occasions perdues   
cette parcimonie à saisir le rebond   
plutôt que la chose elle-même   
pour que dans les interstices enténébrés de la quête du sens   
appréhender le sens de la lumière   
qui brille dans l'Obscur   
en s'évertuant de saisir le pourquoi du comment   
de cette transfiguration   
hors du noir de la lumière blanche   
de la lumière invisible   
qui prenant corps dans notre perception   
invalide la matière plus ou moins lourde et sombre   
pour que la lumière devienne phénomène   
au premier geste de persuasion   
dans l'espace-temps de l'ici et maintenant   
Ombres de mes ombres de mon fors intérieur   
alors plus apte d'atteindre la lumière   
pour la comprendre   
la contenir   
cette lumière incréée   
qui siège dans les profondeurs de l'Être.      
 
Alors je parle   
je vaticine   
je me baguenaude   
en quête d'Altérité et de Transcendance   
aux limites du phénomène   
de cette lumière qui demeure invisible   
au cœur même de ce qu'elle donne à voir   
jusqu'à l'étincelle ultime   
qui ne sera jamais ternie   
par le poids de nos Cendres   
car Lumière est là   
qui ne sera jamais souillée par nos impuretés.      
 
Au fond  
en bout de nuit   
une braise infime   
attend la bienveillance d'un Regard   
et la caresse illuminée du Souffle.      
 
Ceci, éternellement   
près de la Source    
des eaux d'en haut 
des eaux d'en bas   
qui ne saurait se tarir   
puisque Témoin de la Lumière.      
 

1074
 

Le mémo de mes mots . partie 1

Des mots à fleur de peau   
des mots de tous les jours   
des mots pour toujours   
des mots de rien   
des mots lourds   
des mots à la volée   
des petits mots   
des gros mots   
des mots ralistes   
des mots cœurs.      
 
J'opère à mains nues   
je manie truelle et compas   
je tournicote   
je fais des ronds de jambe avec des mots écrits ou parlés   
des effets de style   
des effets d'équilibriste au bastingage des illusions.      
 
Des mots avec leur humeur rimbaldienne   
je signe le rien du tout   
d'une parure de ruine romantique   
j'écorne l'arbre des significations   
de brisures académiques   
ou pas   
je presse le fruit du sens   
à la recherche d'un langage mien   
qui soit néanmoins accessible.      
 
Je cherche l'Autre avec mes mots    
je cherche l'alter ego   
je me cherche   
je Nous cherche   
je joue à cache cache   
et coche mes rencontres   
en vue d'une Œuvre participative   
en réconciliation de la Conscience avec le Vide.      
 
Je suis Nu   
et dénué de soupçons   
je rends mon bavoir de gros bébé   
pour le tablier de cuir du forgeron   
me mêlant aux travailleurs de l'esprit   
faisant jaillir quelques étincelles de l'enclume   
et ça brûle   
mais que c'est beau d'avoir le nez en l'air   
d'être sorti des sourates du couvige.      
 
Et les mots de venir   
des mots ricochets issus de bien plus loin que moi   
des mots d'émergence de ce qui est là   
des mots de première instance   
dans cette salle des pas perdus   
ce lieu d'accueil de qui de nous deux rira le premier   
ce présent sans avant qui présume du lendemain.      
 
J'hérite   
parce que je le mérite   
parce que je me nourris des petits cailloux-mots   
des capsules de bouteille trouvées dans le caniveau   
et ça quincaille dans la tête   
dans l'usine des recyclages événementiels   
pour éjecter sur la paroi du crâne   
le reliquat proposé par les travailleurs de l'à-propos   
en vue d'importuner le qu'en dira-t-on   
et libérer de sa gangue    
l'important qui mérite d'être dit   
comme étant le portant des mots d'oiseaux   
à refaire chanter le fil de vie   
d'un matin de jouvence.      
 
Ces mots petits cailloux   
sur le chemin de la perdition   
hors du foyer d'origine    
proviennent des poches trouées   
de culottes élimées   
sur les bancs de la reconduction scolaire.      
 
Il y a dans le florilège des mots   
des perplexités isolées   
des souvenirs   
des rêves   
des images   
des sons   
des odeurs   
des sensations   
des ressentis   
le rejet des choses inutiles    
des émotions   
des pulsions de créativité   
et ces élans à l'introspection.      
 
Tout ça fait du bruit   
ça se mêle   
tout se concocte   
ça s'invective   
jusqu'à créer des amorces de clarté    
quand rencontre fortuite   
proposant le silence   
hors de l'orage des grêlons   
tambourinant sur les protections sécuritaires   
jusqu'à briser les lignes de pensée.      
 
Alors sur le champ des morts   
passent les drones   
pour au grand œil déceler quelques éléments   
tels cairns   
murailles et murettes de berger   
dégageant un carré de verdure   
où planter table et chaise   
au poète susurrant à petits jets d'imagination   
du bout de son crayon sur la papier blanc   
le collier des cardabelles associées.      
 
Un regard nouveau ébranle l'horizon      
les avens se creusent   
les lavognes accueillent les moutons   
l'orage éclate   
la musique élague à grands coups de serpe   
une tranchée dans les nuages   
pour grenaille des perceptions nouvelles   
par les cinq sens   
par l'esprit de la naissance   
par l'épée de la discrimination   
ouvrir la porte de l'élargissement imaginaire      
colmater les brèches causées par la vitupération   
et proposer le tableau tachiste des réalités.      
 
Cela ne dure qu'un temps   
car toute limite même infime   
circonscrit l'œuvre   
en l'accrochant aux cintres de la curiosité.      
 
Passe alors la baguette du sourcier   
sur l'étrange conglomérat des choses inavouées   
pour avec davantage d'humanité   
faire sien des éclats passés   
la matière des usages d'aujourd'hui   
Pavillon levé haut des errants   
en marche vers eux-mêmes   
par l'ascension de la montagne engagée   
découvrir notre fragilité   
cette soif inextinguible de l'Altérité   
du Non-Être notre quête   
aux fins de Transcendance.      
 
Marcher   
Ecrire   
Lire   
Rire   
pour en parler   
le soir à la veillée   
avant d'aller faire un tour dehors.      
 

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