Le jour se réjouit

Mille tournures d'esprit   
Se sont empenaillés   
Devant le Chat Bleu.      
 
Parution immédiate   
Des bonnes pages de la recension   
Au gré des vagues lasses.      
 
Présence en fidélité   
De la vie simple   
Hors des sanctuaires.      
 
Au brusque assaut d'une pensée   
La vôtre était chemise sèche   
Sortie des larmes discordantes.      
 
Conforté par l'arôme de la présence   
Je sus à nos dépens   
Que la nuée ardente pouvait ensevelir.      
 
Esprit ô Esprit   
Des Maîtres au-delà du mystère   
Votre légèreté me fait totale destinée.      
 
Sillonné par la tendresse du Bâtisseur   
Le tronc se le tint pour dit   
Juste deux trois mots à la sortie.      
 
Condamné au profond amour   
Nous errions aux frontières   
L'audacieux sourire aux lèvres.      
 
À souffrir très haut   
Toute voix échappant à la bifurcation   
Le lignage s'affairait à prendre la pause.      
 
Inconscient   
Sans fleur ni durée de prose   
Le poème illuminait le matin.      
 
À se prendre par la main   
La fière lumière des sous-bois   
Agençait le désordre originel.      
 
De grandes âmes dévalaient   
Braves et célestes   
Des rives boueuses du pas de l'oie.      
 
Stupeur   
Seule source à portée de ferveur   
Nous voilâmes le plein des choses sages.      
 
Et le sens dans tout ça 
Jusqu'aux temps passés   
Refluait de son audace d'avoir été.      
 
En marge d'un rêve élégant   
Descendaient les rayons d'or   
Gorgés de lumière noire.
 
Percée Bercée Dansée   
La forêt d'ambre figée embarrassait la brise   
Levée en contemplation de par la plaine immense.      
 
Au jeté des couronnes par dessus le bastingage   
Correspondait les feuillages d'antan   
Frissonnant à la loyale sur la fixe mémoire.      
 
Une à une   
À la lueur des réverbères   
Les voix de l'Opéra sortaient par la porte cochère.        
 
Menuet incandescent aux pétales pétrifiés   
Le silence glacé du grand calme dédié   
Dévidait le chapelet de ses outrances.      
 
L'infini juste un ciel nu   
S'échappait à la ressemblance de l'Océan   
Cité des bassines résonnantes.      
 
Douces hirondelles gazouillantes   
Au chef oscillant à portée de nid    
Le jour se réjouit.      
 
1397

La table aux pâquerettes

Terre mère associée   
Au regard de lune  
Les lattes de bois   
Inaugurent dans l'encoignure   
Les pâquerettes épanouies.      
 
Tâches de son   
Sur sa peau cérusée   
Rencontre des fleurs du mal     
En sulfureuse compagnie   
D'être toujours ailleurs.      
 
De l'ombre dans les décisions   
Au creux de la matière   
Engage plaisamment   
La vie dès maintenant   
La vie à chaque instant.      
 
Le regard lavé de tout préjugé   
À prendre source sur le banc des réfugiés   
Face contre face sont   
La merveille et l'obscur argumentant l'instinct  
De scansions fines comme respiration.     
 
Perdure en la maison   
Quelques enchevêtrements de la raison   
Pour peu qu'on enrichisse   
D'une coupe de laser   
La fuite du temps hors de notre galaxie.      
 
Il y aurait grabuge   
Sans louanges à postériori   
Juste un marque-page   
De quoi repérer   
Le grissement de la plume sur le papier.      
 
Le diamant raye la vitre   
Coupure au raz de l'âme   
Des choses belles à ne pas posséder   
Pour traces en fond de cour   
Engager la pensée.      
 
J'ai accroché la cible sur le mur du jardin   
Par mégarde à la pointe du canif   
Dire OUI placidement   
Aux grappes de glycine   
Croulantes sous le mâchouillis des mots.      
 
Un coup d'éponge fera l'affaire   
Renvoyant la tâche de café   
Aux douves du château   
Pour grenouille à la gorge vibrante   
Faire gaîté avec le blanc du lait.      
 
La grâce de la journée   
Traverse les faubourgs gris   
Jusqu'à point d'heure   
Assister au départ des convives   
Le mouchoir savamment amidonné dans la pochette.      
 
Plus de graviers aux jointures   
Le livre s'ouvre à la bonne page   
De quoi comprendre la geste pure   
Du ciel léger   
Que le savoir accapare.      
 
La nuit en fin d'horloge   
Paraît sur le parvis   
Gloire cachée absoute de ses conditionnements   
L'échancrure avide   
Renversant le silence des couverts.
 
1396
 

L’Ami du temps qui passe

Regard à ne point quitter cette terre   
Enfilade souple à l'ombre de l'Ami   
Cet hêtre à l'heure de la Cène   
Aux pas grondants d'un cœur lourd.      
 
Au Très Haut que le grain active   
En semblance d'être la poix brûlante   
Sortait des mâchicoulis de l'Esprit   
La fureur apparue comme image sainte.      
 
Fermée était la lettre adressée   
Au silencieux du tonnant ciel d'orage   
L'écriture sacrée n'avait plus court   
Éternel étant le chérir du temps passé.      
 
Les boulets du château avaient trouvé place   
Par excès d'amour sur la colonne commémorant   
Le passage des jeunes gens au pied de l'église   
Destin offert à la dent du dragon.      
 
Douceur de la traversée   
Au faible souffle d'un rêve à croupetons émis   
Comme soie du printemps réflétant la langueur   
Des jours de fête après bombance.      
 
Restait à danser pour de bon le poète   
Régulant l'ordonnance aux vapeurs fumantes   
D'un feu de paix s'étouffant à petits bruits   
Telle parole solitaire reflétant le paradis.      
 
Ô plaines du désert   
Accaparant le respir des nuages   
La barque tremble quand de l'autre côté du songe   
S'échappe captive grinçante la girouette des lieux.      
 
Dominent aux limites du bleu simple   
Le ciel minéral à qui le regard est nu   
Palme à mi-fond d'horizon   
Dardant sa destinée sur les bourgeons de l'ailleurs.      
 
Ainsi tout bouge   
À portée du fulgurant éclat de lumière   
Balafrant la fenêtre brusquement ouverte   
Telle étreinte de l'abîme.      
 
Tout autour la voûte murmurante   
Enveloppe d'une ample brassée   
Le tintement familier des cloches   
Les vaches montant à la saignée.      
 
Ce qui d'un trait dépasse la ligne rouge
Ronge le lieu sacré de la délivrance   
Chevelure déliée comme aile de l'aigle   
Bravant l'écho du rire des anges.      
 
Puissant dodelinement de la quadruple frondaison   
L'allégresse fût grande   
Quand se posa dans les hauteurs vibrillonantes   
Le visage gracieux de l'horloge des cieux.      
 
1395                 

Que me dis-tu Grand Chat

Que me dis-tu Grand Chat       
 
Que je te salue bel homme du premier étage   
Qu'il y a de l'amitié entre nous   
Que le pépiement des moineaux me fait lever l'oreille   
Que la neige a fondu   
Que l'aménagement du jardin a changé   
Que le camion poubelle est bien passé ce matin   
Que tu me regardes avec davantage de profondeur   
Que je redoute de venir te voir tant la rue à traverser est dangereuse   
Que la fenêtre du trapillou est encore fermée   
Que j'aime faire mes griffes sur l'amandier   
Que les volets de la voisine sont encore fermés   
Qu'il faut penser à acheter des croquettes   
Que les dalles de la terrasse sont froides   
Que les premiers perce-neiges vont venir   
Que je n'ai pas encore croisé les écureuils   
Que le cabanon n'est pas ouvert   
Pourquoi les lauriers roses sont encore emmaillotés   
Que je viens d'apercevoir les premiers bourgeons des noisetiers   
Qu'il y a toujours des hélicoptères dans le ciel   
Que j'aime m'étirer au soleil   
Que la terre fraîche sous le merisier est parfaite pour mes besoins   
Que j'ai croisé un blaireau cette nuit   
Que la famille des hérissons saute d'un jardin l'autre   
Qu'un vol d'oies bernaches a traversé le ciel   
Que les pâquerettes tardent à sortir   
Que le chat  en céramique est là sous la glycine   
Que le coq rouillé monte la garde du compost.      
 
 
Puis, retournement effectué, Grand Chat s'est enquis      
 
De purifier mon regard   
De favoriser mes retrouvailles avec l'âme de l'enfant   
D'atténuer ma timidité chronique   
De laisser mon rire déflagrer   
De recueillir du bout des lèvres la rosée du matin   
De rassembler les atomes errants de mon être   
De m'essayer au chant choral   
D'esquisser quelques postures de Qi Qong   
De devenir arbre en face de l'arbre   
D'avoir confiance en l'intuition   
De me confronter aux deux tyrans que sont l'espace et le temps   
De planter des fleurs   
De rayonner quand l'intime est à son dénuement   
D'aimer ce qui n'est pas moi
D'être sur le chemin de halage du grand fleuve de l'Esprit   
De bifurquer quand l'harmonie se présente    
D'avoir le cœur traversé par la douce joie   
De maintenir le lierre sur le mur du fond   
De faire silence quand l'après-midi s'avance   
De s'émouvoir devant le parfum du tilleul   
De faire un signe de tête quand je rencontre le voyageur   
De lever le nez au tintement des cloches de l'église   
De toucher de sa peau le destin qui se dérobe   
De suivre de fiévreuse manière la Lumière jusqu'au pas de l'ombre   
De chercher la bonne place pour faire la sieste   
De soupirer devant la coupelle d'eau aux oiseaux   
De me laisser approcher par le sculpteur de vie   
D'offrir mon divin délire   
À ce voleur de feu.      
 
1394

Grâcilopette

Grâcilopette   
Volupté d'être   
En soutenance de l'existence.      
 
Brinqueballant de la carosserie   
Il avait soulevé le goût des armes   
À dessein au plus fort de l'instinct.      
 
N'agir que scruté avec curiosité   
Par la morale profane   
Augurait le déboire du sacré.      
 
Croire, accroire, accroître   
Cet espace infini qui nous enserre   
Porte au gouffre de l'aveuglement.      
 
Brume généreuse   
À contretemps de la sérénité   
Modèle l'harmonie à l'image des nuages.      
 
S'éveiller à notre innocence   
En toute vulnérabilité   
Mène à la grâce.      
 
Saluer l'élan hors conditionnements   
Nous rend fils et filles de l'air   
En ouverture vers l'accomplissement.      
 
Creuse et mixe les marbrures de l'esprit   
Offrande singulière   
Sans rien à cacher, sans se vanter.      
 
Dansent les angelots   
Tels lamantins des basses eaux   
En quête d'effet-miroir.      
 
Un cadeau de l'autre et pschitt !   
Partir en catimini   
Ayant désir mine réjouie.      
 
Âge de fin de cycle   
Au centre du cercle   
Demeurent les bleus de l'âme.      
 
Comme sortis du bocal à bonbons   
Froissent en se dépliant   
Les petits papiers à rebours du passé.      
 
1393


La coupe franche du laser

Au laser   
Coupe franche   
Des ombres de la terre   
S'engagent   
Les branches terminales   
Vers l'au-delà   
De l'oblongue baiser   
Tant que fidèle   
À bercer la barque des ans   
Vers un ciel qui rassemble   
Les damnés   
Aux puissantes mâchoires   
Glissant pesamment   
De leurs montagnes de neige   
Quelques souffrances   
À faire se lever  
Les yeux de la prairie   
Vers des lieux   
Où l'arôme des pampres et des pins   
Là-bas enseveli   
Au tournant de la route   
Perdu en la tourmente   
À inhaler le métal rougi   
Étalé tel napperon   
Sur la table des offrandes   
Où passe frémissant   
Le vent par la fenêtre   
Gommant au passage   
La douce pluie   
Fraîcheur allègre jointe   
Inoculée   
Dans la serrure aux astreintes   
Hors de l'estrade coutumière   
Le crépuscule doux-amer   
D'un décor empanaché   
Pour l'homme aux vers luisants.      
 
1392

Recension d’avant l’éveil

Alors le Verbe se fit pénétrant   
Aux roses de Damas   
Était la recension   
Des pleurs d'aimer.      
 
Simple jalon posé sur le Chemin   
Que déjà la native innocence   
Déchirait la vêture   
Aux marges du voyage.      
 
Sont venus   
À la ressemblance   
Les signes de la Terre   
De s'arracher du Tout.      
 
Nous les mendiants   
Caressons les nuages   
En retombée de pluie   
Pour être pluie soi-même.      
 
Creusons les ornières   
Pour laisser passer le charroi   
De l'errance d'avoir à Être   
À même la joie et l'éclat de la Vie.      

Ouverture de l'âme   
Dans son manuscrit   
À petites retouches   
Sur les lèvres fiancées.      
 
La feuille est tendre   
Devant la saillie   
À rendre les colonnes du temple   
Palpitantes jusqu'à l'instant.      
 
Vague puissante   
Au cœur du Soleil   
Quant l'autre source s'alimente   
À l'écho du plus que Soi.      
 
Et l'Enfant lumineux de s'étendre   
À côté du Vieillard   
Magnifique pantin malicieux   
En parfait état pour la représentation.      
 
Douce déchirure   
Contemplée le soir à la veillée   
Quand se calme la vie tumultueuse   
Des conditionnements obtempérés.   
 
Pour ne pas marcher   
Sur les blessures de l'an venant   
Invitons l'arc-en-ciel   
Du beau après l'orage.      
 
À retenir du mirage   
La pulpe endormie   
Il est passage divin   
Pour le baiser du lendemain.      
 
1391

Mélusine la rouquine

Frais neigeux   
À la mode des perce-neiges   
Que rencontre le coutre charmant   
Du bleu des terres lointaines.      
 
Chaude brûlante   
Aux assises portée pâle   
La longue capeline   
Comptait ses interludes.      
 
Non loin non voulu   
Le déversoir aux rases sèches   
Restait bloqué à Pierre Blanche   
Au nom de la raison.      
 
Furent-elles de mèche   
Les mines anti-personnelles du Laos   
Perçaient jusqu'à l'os   
Le frêle enfant du bord de l'eau.      
 
Mêlant la sueur et la terre rouge   
Le fleuve jaune coulait   
Rapides à fleur d'écume   
Sur la peau rose de l'ami d'Oz.      
 
De la voix   
D'un tour de main   
Le pagayeur ramena la clarté   
Le long de la berge apaisée.      
 
Épousant du regard   
La jungle silencieuse   
Les morts pouvaient attendre   
Leur sépulture.      
 
Et de narguer la pleine lune   
Les officiants des cultes anciens   
Couraient pieds nus sur le chemin   
À peine caressés par la poussière.       
 
Piquetant quelque rare nourriture   
Les volailles se mêlaient aux entrailles   
Du porc tué la veille   
En Souvenir du Grand Esprit.      
 
La guerre roulait ses souvenirs   
Un ciel rapeux   
Empreint des cisailles de l'hélico   
Portait haut le fléau éternel.      
 
Main posé sur le front   
Il fallait le regarder   
L'homme blond au sourire de misère   
Saisissant la vie de sa harpe irlandaise.      
 
Il y avait rumeur au château   
Près des coteaux aux pampres roux   
À la fenêtre Mélusine   
Laissait voguer sa musique.      
 
( Peinture de GJCG )
 
1390

Belle infante

Gamine des prés sacrés    
À l'étamine courbe   
Que danse et brûle   
La parure du soleil   
Dans ses yeux doux amers   
Luit Lumière   
Et se cache   
Ô surprise   
Le chant des anges    
Ombrant de leurs rondeurs   
Palme océane   
En souvenir des morts   
Ce qui nous rassemble   
Nous les petits hommes de bien   
En Esprit   
Compagnons de voyage   
Suivant légion disciplinée   
Le bourdonnant vol de la Reine   
Que le jour accompagne   
D'un plaisant apparat   
Pour barbes rêches   
Et scories des chemins secs   
Contempler   
D'un baiser d'amour imaginé   
L'évanescence   
Du cou penché   
Jeune fille couronnée   
Déprise de parentèle   
Jaillie comme une fleur
Dans la coudée du coudrier   
Belle infante   
Évaluée au bruissement du chêne   
Brassant ce que le vent dérobe   
Sur les plateaux sableux   
Pour diriger   
Chef oscillant d'une tendre manière   
Les moutons et chèvres de l'Aveu   
Vers les sources de la Vérité.      
 
1389

Silouane et Élise

Silouane   
De loin paraissait   
Le dernier sapin de la lignée   
Pour qu'un peu on le plaigne.      
 
Songeant à la terre noire   
Qu'il quittait à petits pas   
Son bâton toucha la pierre   
Des derniers passants déposée.      
 
Ne jamais admettre   
Que le mal sévissait   
Pour aller quérir    
Le rire et la joie.      
 
Filant grand train   
Dans les halliers   
Le sanglier froissa sa méditation   
D'une bouffée de souffle chaud.      
 
Ne demeurer pas   
Sur le passage de la Bête   
Les poils et la souille étant glyphes sacrés   
Pour le compagnon des terres grasses.      
 
Collines et vallées se succédaient   
Avec parfois un torrent à traverser   
Sous les rais de lumière   
Des feuillages de la rive.      
 
Remonter la pente   
En évitant racines et  branchages   
Augurait du point de vue proche   
Déjà là dans l'effort consenti.      
 
Préférant l'heure qui vient   
À l'avenir à tout prix   
Il demeurait devant les portes d'airain   
Cet inconnu à l'âme assoiffée.      
 
Aux frontières du désordre assumé   
Lui, l'indompté des terres basses   
Ne pouvait reprendre haleine   
Que dans un aveuglement circonstancié.      
 
Et de rencontrer le bâtisseur   
Et de guider voiles serrées   
La barque vers le doux savoir   
Du langage des êtres purs.      
 
Pleine et délicate   
La lune en montée graduelle   
Gardait par devant elle   
Quelques nuages de défiance.      
 
Pour maintenant   
Charmante Élise   
Boitiller bas derrière le dernier fils   
Silouane, de céleste portée.      
 
1388

La présence à ce qui s'advient