Paume de la main
Ouverte aux quatre vents
Que ne t’ai-je attendue
Frisant d’un large regard
La Margeride et ses nuages.
Se casser le nez
Contre le granite des murettes
Triste et amère parodie
Du retour de l’enfant prodigue
À la vie ordinaire.
La Chaire de Saint Mary
Forme apocryphe d’une tendre hébétude
Le cheval tourna casaque
Pour galoper ivre de renaissance
Vers le Mont Journal de notre enfance.
Des jeunes gens surgirent
À creuser de leurs mains nues
Le sol herbu du sommet
En gracieuse compagnie
Des Belles de Lusclade.
Le vieil Immortel avala les brumes bleues
Comme oublieux des illusions
Qui jadis le séquestraient
Lui la fleur de Planèze
Au-delà des narses bulbeuses.
Le Sans-pensée de la réalité
Gazouillait de ses oiseaux contenu
Pour cheveux blanchis
Au sortir de la grotte
Tendre la flèche dans la bonne direction.
1416
Lourd comme le plomb.
L'éléphant des incantations traversa la place.
Jetant à profusion les fleurs de la raison.
À même l'esprit sagace d'outre-tombe des profiteurs de biens, des goulus de la puissance, puisant à même la terre nourricière le trop, le plein, l'Hénaurme hors norme et laissant sur le pas de porte des générations à venir le si peu, la paille dans les sabots et dans l'œil de la voisine.
Sous le dais des atomes ravageurs, ventre à l'air, il éclata tout à trac, viscères pendus aux moulures de la sculpture, un soir de février quand les lévriers des plaines basses montèrent vers l'Occident vider les bourses et les cœurs avant de rire pour de bon.
Ta main douce m'est alors apparu.
Je l'ai saisi.
Un vent léger faisait se lever les papiers laissés par les touristes.
Le malin avait encore plus d'un tour dans son sac.
1415
Bruissement des élytres
Au petit bois des Combes
Dont l'orgue des accords profonds
Rompt le silence.
Esquive errante
De l'arbre glacé
Au vertige des voix
Que le cœur accapare.
Sainte enveloppe
Des narrations vécues
À point d'heure
Au café de la Destinée.
En attendant par la fenêtre
J'ai vu monter la menace des egos
Des visages lisses aux rires cyniques
Des dispensateurs de mort.
La fuite en avant des encenseurs du mal
L'armée des manipulateurs
Des détrousseurs de vérité
Arpentant le pré carré de la violence.
La chair amère collées aux blindés
La gangrène des blessés
Les bruits assourdissants des explosifs
La crainte de ne pas revoir les siens.
La guerre est là
L'obsolescence programmée
Rassemble ses dernières munitions
Avant de redescendre le fleuve oublié.
Égarement du nouveau-né
À découvrir par soi-même
La sournoise décomposition des valeurs
Devant le sifflement des missiles.
Les barreaux de la prison
Pleurent
La Haute Présence
De nos terres dévastées.
Incapable d'élargir le spectre visible
Sans pitié sans espoir de délivrance
Avons conçu chose effrayante
Les liens qui nous aliènent.
De jour en jour
Entre les bras de l'aube
L'enfant a bien grandi
Jusqu'à toucher le ciel.
Au vert soyeux du printemps
Ont succédé les frimas
Pour un retournement vers les enfers
Et l'abandon des justes causes.
Accablement du sans-respect
Les pierres ont été retournées
Montrant leurs ventres terreux
À l'éclat du phosphore.
Dents de loup autour de la dépouille
Égarée contre les barbelés
Jaillissent à point nommé
Les chenilles métalliques dans le pré dévasté.
L'épreuve est grande
Le sens en est absent
À la craie sur la porte de l'aveuglement
La croix des condamnés.
Crénom de Dieu
Aux paysages abandonnés
Par une terre irradiée
Portons secours aux vivants !
Notre temps celui de l'emportement
Aux vieilles connaissances de la disgrâce
Boursoufle la peau vitreuseCaillots de sang pour la sublime entreprise. Il sera enterré dans le sol gelé
Jusquà ce que chevreuil apparaissant
Le dicton des grands-mères
Rétablisse destin plus doux.
Jamais n'entreront dans la nuit claire
Aux travers des branches basses de la forêt
Ces hommes cupides à l'âme étroite
Calquant leurs pas sur Margaval le Monstre sanguinaire.
Bégayer l'obscur
Rend calleuse la main des femmes et des enfants
Pour qui nul ne peut habiter notre monde
S'il n'a été nourri au sein de l'Univers.
C'est qui le Roi
Sur cette terre noire aux effluves grasses
Montrant du doigt le chemin du bon droit
Bien au-delà des champs de mines.
La cause est entendue
Faisons ceinture des vilenies de la veille
Regardons le soleil et la lune
Soyons la mèche des civilisations de demain.
Puissions-nous circonvenir ces manquements à la vie
Pour aller voir ce type et lui dire
Que son pays est digne d'être aimé
Et que nous attendons la paix et la joie si jolie.
1414
Sous l'arche du feuillage
Un feu de ville s'est consumé
Étrange goût de la mémoire.
Paressant figé
Le dos d'âne assumé
Maint homme aurait refusé de remonter jusqu'à la source.
Ruban d'asphalte
Au creux des reins de la prairie
Évoque journée d'amour sans soucis.
Point de bruyère point de chevreuil
Seul en son absolue délicatesse
Le silence berce l'esprit.
Ô douceur
Ombre sans ombre
Le bercement de la brise fait sien la parure de l'horizon.
Jarre à demie pleine
D'effluves végétales
Quand le jour et la nuit sont de même longueur.
Sous le pied des poteaux de bois
L'herbe en fructification
Corrige la fenaison.
Joie de la Vérité
Une dernière fois
Éviter les orages à venir.
La Parole expire
L'Écho fait le gros dos
À nourrir son image propose le chaos.
Œuvre comme lièvre en chaleur
Traversant la pâture
Contempler ce qui fût.
Au refus des émotions
L'angoisse vous serre le cou
Au son du mirliton.
Au très haut dans le ciel en ses nuages
Passe et repasse
La destinée immortelle.
À même le goudron
Fine pellicule d'huile
Permet l'empanaillage dans les barbelés.
Et le temps !
Le temps à la porte du temple
Énigme pour le doigt de Dieu.
Beauté à la loupe
Rectitude du chemin
Pour les vaillants de la montée triomphale.
Parfois la pie travers la voie
Éclosion du noir et blanc
Dans la vertige du vert irlandais.
À marcher du bon côté des choses
Occasionne tristesse acidulée
D'une parole l'autre la lassitude.
À marcher de guingois
Rend la bifurcation possible
Sur la Voie des occasions.
Arrive le bateau de Fellini
Avec ses roues caoutchoutées
Et son orchestre de foire.
Tout est permis
Farandoles et coups de klaxon
À la merci de Belle Jeunesse.
Pour de loin
Par la lunette arrière
Repérer le coquin des andins.
1413
Sous le pont de mes bras passe
Le signe ostentatoire
Des lueurs boréales
Et me plaît à marauder
Le firmament des causes révolues
Pour peu que pâtisse
Cette admonestation
D'avoir été vivant.
De bonne heure
Au déversoir d'un regard
Ai shampouiné la philippique
Du courage de ma mère
Étendue hors souffrances afférentes
Sur le terre-plein de mon enfance
En plein vent
Avec les chants d'oiseaux pour instant.
Ô Reine enfouie sous la mousse douce
Sœur des pâtissons
À portée du jardinier courbé
Que la terre accapare
Avons échangé le déni des louanges
Contre un peu de pain
Afin d'y voir flamber
Le plaisir quotidien.
Amour de l'escalier des vignes
Creusé dans la muraille
À mesure que la fièvre amoureuse
S'évanouisse en l'écho réverbéré
Au plein du chemin
Avons gober les baies sauvages
Sous la voûte familière des feuillages
Au son des fifres et des tambourins.
Prise d'antenne
À la portée des musaraignes
Tristesse de la source tarie
Encapsulée dans sa bure de béton
Le chantre des nuits de lune
S'en ira collant ses mains épaisses
Contre la parure du destin
Hautes pensées jaillies de rien.
Le lichen recouvrira le bois
À l'ombre de ce qui fait semblance
Par vision simple
De rassembler les crocs des cris de l'âme
Encline à ressasser le débat éternel
Du Muscle et de la Tendresse
Accolé au linteau des miséricordes
De la Terre et du Ciel rejoints.
1412
Brûle-parfum
Du hêtre qui dit Oui
À ce qui est.
Épanoui, appuyé
Disant le mieux-disant des ans
Il a conquis sa place.
Pierre et bois
Quoi de mieux
Pour affecter la perpétuelle autorité.
Pas étonnant
Que quelque animal ait ressenti
Son exercice de vie.
Forme presque entière
Que prend la conscience
Sur le point d'éclore.
Face-à-face
Ombre et lumière
En perpétuelle contemplation.
Mariage de la pleine différenciation
Pour une harmonie assurée
Riche d'expériences cumulées.
État d'équilibre parfait
Purifié et allégé
Pour les oiseaux entre terre et ciel.
Point de blessure en cette topographie
Juste la patiente observation
D'avoir à franchir le temps qui passe.
Repos après l'épreuve
Achèvement et transformation
Créant l'inclusion.
À quel plan avons-nous à faire
Si ce n'est cet état d'équilibre dans l'invitation
Des longues oreilles du lapin à chatouiller le ciel.
Et de bondir
Agile et griffu
Dans l'enclos où le corps et l'âme brûlent.
Alterner de lumière et de ténèbres
Les solstices
En préparation du séjour dans la matrice des origines.
Descente et engloutissement
Sont le passage obligé avant la naissance
Comme la fourche soulève la gerbe.
Point de fil à plomb
Pour magnifier le mariage
Juste le sourire des anges.
Devenir aveugle pour mieux voir dans l'obscurité
Engage notre masculin
À féconder le féminin.
Débouchons du côté de l'infini de l'être
Afin de travailler la pâte vivante et fertile
De l'outre de vie.
Soyons avide du lait de la terre
Avec le tellurisme terrestre
Le dos appliqué contre le tronc de l'arbre.
Et pour que se referment les blessures
Soyons le créateur actif qui donne
Et le générateur passif qui se recharge.
Le verbe vibre
Aussi ouvrons la bouche
Pour faire fleurir les mots.
À toucher le centre de la cible
Permet la direction à prendre
Et suivre le plus hardi de soi.
1411
À la divine fête
Au miroir par derrière
Le jeune homme de devant
Fait sien le dieu vivant
Fine consolation
Pour un songe à l'immortelle Présence.
Eux, sont les aveuglés
Séiant forme humaine
À l'assise de la noblesse
Leurs vaisseaux bondissant loin des rives
À la nage le retour près du jour
Comme feulent les hyènes dans le noir.
Vertige du souvenir
Que l'âme prisonnière altère
D'une sombre parure
L'attente prolongée
Vertige des lamentations
Là, près des petites lumières de la maison de l'ogre.
Hors les cariatides du délice
Pampres et jambons à foison
Culminent à céans
Tels porteurs de torches
Glissando de rêve
Se propulsant vers l'outre tombe.
Le silence ronge
Au front penché la démesure
Au loin les jardins couverts de givre
Aux fraîches fontaines la glace craque
Devant la morsure d'une musique des rues
Un loup gémit.
Dépité
Dépouillé
Au désert les mains tendues
À jouer de la flûte
Le soleil exaspère
Le sable infini de son éternel déploiement.
Tout diffère
Même les chants
À la note fragile de la soprane
Montent et brisent le verbe
Audace de l'énergumène
À combler le vide par l'éveil.
Les yeux ont paupières lasses
Sans le mépris de l'audace
À voilure basse
Aux propos ajourés
D'une quête mélancolique
Font parjure au tourniquet de la grâce.
Une si belle voix
Là est la mesure
De la neige qui poudroie
Quand de la contrainte même
Monte le regard doux
Des passagers de l'instant.
Un jour
Nous entendrons
Le son du canon
Les cloches des pestiférés
Telle douleur atteinte
Au summum de l'uranium.
Rien
La terre est sèche
Le ciel est sombre
Les dieux usent de subterfuges
Pour engendrer le brillant de l'offre
Au caravansérail des catastrophes.
À la source
Tout se joue
Au jeu de la crapette
Les allumettes siéent
Un cran dessous
La terre de nos ancêtres.
1410
Être tombé sur terre
A fait de nous des frères
Au moment opportun
Sans les envois de l'aube
Hors les liens de famille.
Terre d'imaginaire
À la mouvance d'un frisson
Avons inoculé de blancheur
L'abîme des couleurs
Au passage du grand fleuve.
De la bonté étendue à la grâce mère
Quelques accrocs cillèrent
Sur nos chemins de dentelles
Ointes de lumière éternelle
À ne pas choir sur des épines.
Un son subtil s'élève de l'esprit
Le chant ancien de l'homme originel
Magnanime et secret
Gave d'une pincée de susceptibilité
L'amour de la Sainteté.
Épargnons l'architecture
De toute demi-mesure
Pour coiffé de la bourguignotte
Presser le dragon des ancêtres
Aux lieux calmes dedans comme dehors.
Cérémonie du flair
À la moindre liberté
Sans être la risée de tous
Il fût bon de prendre la main
Quand gargote badigeonnée de cendres.
Bienveillance de la page vierge
Terra incognita pour la Gygantostéologie
Il fût aisé de perdre ses moutons
Quand enclos cassé
Vieillir au plus près de soi.
Les oiseaux au bec jaune
Narraient leur aventure
Aux fleurs de lotus
Pour houppes au vent
Tordre le cou au crapaud de la lune.
Située près des falaises
Pensée souveraine recouverte de rosée
S'élevèrent hors la nuée
Les rêves de fer les rêves de mer
Sans que lanterne apparaisse.
Fureur du vent
Vigueur des nuages
Montèrent des brumes océanes
Le clair accord avant l'envoi
D'être des enfants pour toujours.
L'eau qui gèle devient glace
La glace en fondant redevient eau
À même de fendre la montagne
Au va-et-vient des poussées de la terre
Sans nécessité de renaître.
À fuir les mondanités
Le monde s'ouvre
Sans appui sur les opposés
À se demander
Si les chiens errants voudraient encore de nos biscuits.
1409
Il s'était égaré
Au commun des mortels
À rassembler le ciel
Par branches éperdues
Tout autour du bloc aux hirondelles.
Et tout s'était tu
La méfiance comme douce fleur
Sur le chemin long
À la pente rude
Vers le douzième étage où nous demeurions.
Fidèle et pur
Seul le chaos pouvait nous faire advenir
Avec burins et drilles
À la volée dispensés
Au risque de sa vie.
Pure était la source
De ces années passées
À contempler le vide
Obstacles débiles et lumineux
Accrochés aux moulures de l'esprit.
Les pirouettes n'y pourront rien
À ce cœur confus
Que la raison exaspère
Au corps à corps avec l'absolu
Brigand de nos âmes perdues.
Au sein des choses douces
À la parabole consentie
S'alignent engeance rare
Les ventres pleins et chauds
De la sortie de table.
Les cauris ont jailli
Blancs et bleus à la fois
De la couleur du lait parfois
Éparpillés sur le formica
À l'aveugle comme fleurs de neige.
Les dents grincent
Aux portes-fenêtres les voix débordent
D'un rire de pastourelle
Faire d'une boule de shit
Le mortier des aspirants.
Au creux de la sébile
Avons recueilli les grains de sable
Évacuation tardive du sang des justes
Tout chargé de paille
Au profond de nos sabots.
Je réclame le petit poème de trop
Celui qui jeté par dépit
Rebondira sur la dalle
Aux sandales vagabondes
Vers le mastroquet des soirs d'hiver.
Rien de spécial
Juste l'avenant au texte sacré
À gérer remède prescrit
Comme perle de valeur inestimable
En fin de nuit comptable des autres.
Comment peut-on faire
Le tour et les détours
De la tour extraordinaire
Si ce n'est tirer la flèche
Vers la lune sans visage.
1408
Comme il était content
De transporter sans rien éliminer
Le chaos de son corps
À la merci du laisser vivre
Face au regard qui absorbe
Au risque d'une ouverture
Ardente copie du laisser faire.
Appelée l'Inspiratrice
Au bon accueil de sa reconnaissance
L'homme aux sept orifices
Fût sailli par la bienveillance
À l'œuvre d'un encapuchonement
Finement tendu
Par la granule du temps qui passe.
Si proche par ailleurs
Et pourtant indolente épouse
Que la pièce de tissus couvre
D'une texture légère
Au vent venant soulevée
Chaussée de ballerines
À même les os glacés de l'amertume.
À perte de vue
Ce que disent les gens
Au clic-clac des convenances
Pourrait prendre recul
Pour l'auteur du parler vrai
Si bien nommé
Dans l'ombre de l'amitué.
À l'arbre d'endurance
J'ai remisé le paquet
Pour printemps à l'aller
Faire liberté
Des poussières et des herbes
Puis coup d'œil vers les nues
Préparer l'attelage.
Décrue lente pleine d'innocence
Âme naïve amenée sur la terre noire
À chaque pas reconsidérée
J'ai entendu le son d'une cloche
Mystérieuse tenancière du cabaret des amoureux
À point nommé
Proposer au poète une assise éternelle.
1407