Pūranga Kāwai: Mei 2024

Explosion de l’arc-en-ciel

Immensité de l’Intime
Explosion de l’arc-en-ciel
Le ciel se dévoile
Comme sagesse et solitude
D’une vie unique
Réfléchissant le profond des choses.

Femme sauvage
Madeleine des oubliés
Icône d’un regard intégral
Vous êtes l’œil de la nuque
L’œil du cœur
Vide et Création de tous nos spectacles.

Homme égaré
Pour qui assumer n’est pas sauver
Et qui frémit devant l’énergie révélée
Vous êtes nuage s’évaporant
Pour disparaître dans l’espace infini
De l’infime ouverture à Soi.

La Vie se donne
Dans la spontanéité de l’instant
Elle croît comme l’herbe croît
En mouvement avec ce qui est
En restant à sa juste place
Avec humour et légèreté.

Se suffire à soi-même
Grâce aux nanotechnologies et à l’intelligence artificielle
Expose à l’imminence de l’explosion atomique
Petit Poucet se frayant passage étroit
Dans la volonté de toute puissance
Vision égocentrée du monde.

Alors la sensation reconnecte
L’intuition le sentiment et la raison
Pour être source et fin
De la célébration de l’homme ailé
Aux ailes d’amour
Riche de la Conscience incarnée.

1460

Au torturé de l’arbre

Énergie de l’humide
Au torturé de l’arbre
Avons appris à sortir de notre pré carré
Pour formule non scientifique
Emmancher l’avenir à coups d’étrille rêche.

Il n’est de raison
Que l’arrivée des trains en gare
Quand le jet de vapeur oriente
Le système bielle-manivelle
Vers une vision ouverte du monde.

Le désir non arrêté
Des courbures de l’esprit
Amène à croire
Qu’à la houppe du pin
La grâce est dans l’accord de nos rythmes.

Pliure circassienne
Seul le trésor de la patte du vent
Nous comble
Après nous avoir vidé de nous-même
Sur ces chemins de montagne.

La voie est abrupte
Grimper nous sauve des outrages
Pour dans l’instant
Verser hors du temps
De commencement en commencement.

Conscience des consciences
Un pas de plus et nous basculerons
Dans le grandir de l’être
Pour sortant de la normose
S’incarner dans un silence « virginal ».

1459

Le dolmen de Saint-Nectaire

À fleur du tertre
Il se fait admirer
Crissant par ses pensées
Il ouvre le bec
Vers le gazouillis des oiseaux.

Sous la lune le crapaud coasse
Le promeneur flâne
La brise caresse ses joues
Parmi le frottis sec des branches du printemps
Un vieillard tout seul assis.

À se dire
Que dans le passé
Il y avait les monts bleutés
Au dessus de la prairie parfumée
Et mille chatons velus aux arbres.

Que nous construisions une hutte
Nous les enfants de la charrue
Chemise déchirée
Bras déployés vers le soleil
À encenser le cœur d’une princesse.

D’élever quelques vaches
Capables d’avoir cinq ou six veaux
Qui se multipliraient à l’infini
Permettant de nourrir la famille
Joyeux comme abeilles et papillons.

Au doigté caressant le granite
Répondait le frisson des herbes
Pour des cheveux blancs rappelant l’inéluctable
Une fois sur la Voie
Point de retour.

1458

En plein feuillage

En plein feuillage
Point d’ordre protocolaire
Mais néanmoins un large panorama
Sur la montagne et ses éboulis
Progressant en lacets
Vers la paroi de roc ferme.

À vue d’œil
Le cadran fiché dans la verdure
Inexorablement
Rabattait ses housses
Et bouclait ses grilles
Avant de plonger dans les abysses.

Planté de guingois
Surmonté d’un nid de pies
Le bancal de la situation
N’avait d’imbrication dans le réel
Qu’à l’aune des arrière-cours
Proches de l'ivresse somnolente.

Point de portes secrètes
Dans cet accoutrement de verdures
Si ce n'est Le rencontrer
Bouquet de fleurs à la main
En narrant par le menu
Le destin de Verdurin.

Au triple galop
Nous avons poussé le coursier des états d’âme
Hors des sentiers oublieux
Désinvolture inepte
Pour s’occuper de soi
Et chanter la nuit au clair de lune.

Blanche était notre foi
En cette vie multiple
Où la recherche de la gloire
Occasionne forces plaies
Alors que de passer son chemin
Nous fait penser seul et mourir seul.

1457

Euphratès et Boulguemine

Euphratès et Boulguemine
De concert en bord de mer
Se sont abstenus d’un long discours
Échangeant seulement de glottales paroles
Sur la qualité de l’Environnement.

L’eau était verte
En marée haute les moules couinaient
Le ciel échangeait quelques nuages
Contre la posture sage
D’une après-midi de flemme.

Boulguemine le premier
Osa évoquer les Européennes
Ces belles dames à la dent longue
Que la dernière houle
Avait déposées sur le rivage.

L’on entendait au loin
Les enfants d’une colonie de vacances
Criant après un ballon indécent
Que le vent de fil en aiguille
Faisait sauter de maille à partir.

Euphratès s’enquit alors
De la qualité du sable
Où la présence de mégots suggérait un laisser-aller
Des hôtes de ces lieux
Enclin à la fumette coupable.

D’une marée l’autre ils se haussaient ou se rapetissaient
Découvrant les pierres blanches
Déposées là de toute éternité
Par nos ancêtres
Les pré-gaulois de nos livres d’histoire.

Régulièrement le soleil se couchait
Alors que la mer fille d’un autre monde
Montait et descendait selon le cycle lunaire
Dont le jour et la nuit disposaient
Selon une équation particulière.

Boulguemine et Euphratès
Aimaient la même femme
Celle du bout de la plage
Qui l’heure venue
Dressait la chaise haute entre deux fanions de couleur.

Boulguemine s’emballait pour le rose
Euphratès lui préférait le vert
Tous deux saluant la prestance
Du jeune homme à la bouée
Plongeant à la recherche du noyé de service.

Finalement
Ils eurent bien du courage à vivre ensemble
Sous les cieux d’Oléron
Que les mouettes rieuses encensaient
À fleur d’eau raclante et moussue.

Boulguemine s’était ému du temps qui passe
Euphratès du sel trop blanc
Tous deux s’enhardissant à baisser le nez
Quand planait l’oiseau aux griffes acérées
La géante des marais à la robe de feu.

L’histoire se répandit alors
Le long des salines et canaux
Qu’Euphratès regardait l’horizon
Quand Boulguemine était tourné vers Euphratès
Façons d’être en Chemin.

1456.



Pom-pom girls de la guirlande

Pom-pom girls de la guirlande
En troupe
Déambulant de long des quais
Pour apparaître en beauté
Sous les balcons du patron.

L’éclaircie se levait
Éconduite de la forêt
Elle venait rafraîchir l’heure avancée de la nuit
Puissamment disposée
Au ras des brumes.

Lavée et arrosée de frais
La petite maison différait du cloître
Alors que la silhouette de l’édifice sacrée
En son assise massive
Humait le vent avec componction.

Foulant les entrailles de la terre
À la merci d’une coulée de lave
Nous avons suivi les barrancos
Pour basse plate-forme du bord de mer
Accueillir le ressac des retrouvailles.

Luxuriance
Du champ de bataille revisité
Par un fatras de végétation
Alors que voletait le monarque
De branche en branche comme en quatorze.

Brinqueballés
Par l'exode précipité
Nous avons rassemblé nos fripes
Pour nous enjoindre à quitter le pays
Sans amarres sans attaches.

À brasser les eaux profondes
Nous libérions et ramenions en surface
Ces extases de sensibilité et de ravissement
Fouettées de plain-pied
Par la faconde de l’étonnement.

Fleur à fleur
Dans le rouge seyant du pommier
Nous avons rejeté l’information
Pour prendre au-dessus du panier
La poésie de l’œcoumèné.

Au chant du coq
Don modeste du matin gris
Le chaperon rouge tarda à nous rendre visite
L’horloge battant rappel
De sa régularité charnelle.

La feuille verte
En errance derrière la beauté
N’hésitait pas à se casquer
Afin d’éviter les gravures religieuses
Apposées sur le mur de chaux grise.

La coupe luisante
Tendue à bouts de bras au-dessus de l’autel
Promeut les vertiges de l’âge
À qui plonge dans le songe
Comme laver son linge au clair-obscur des remontrances.

De retour des Ombres

Le navire Argo s’est présenté
Déroulant son ancre
Devant le manège aux chevaux
Afin d’inonder de lumière le ponton des attentes.

1455




Page tournée

Page tournée
Est apparu le Sans Nom
Ce type à l’inépuisable regard
Portant considération aux armes de la tribu.

L’œil unique dardé sur elle
Et la vie de l’enfant fût menacée
À jamais figurée
Sur le registre des entrées.

Golem à la fontaine
Me dit que la guerre des Mondes
Était pour demain
À la tombée d’un jour sans fin.

Effroi des éclairs sortis de nulle part
Fenêtre sur cour pour l’imprévisible espoir
Comme projet rangé au fond du tiroir
Sans que brouille n’écope le flot des larmes.

Présence indispensable
De celui au regard intérieur
Que la prégnance des ancêtres
Rend casuel à l’air libre.

C’était écrit
Comme graffitis sur le mur du temple
Que frapper du sabot
Rend le combat prévisible.

Césure infernale
En lumière rasante
Rien ne rassure plus l’officiant
Que de tourner les pages du missel.

Au centre la forme pure
La verticale de l’élévation
Le prochain sermon qui devait saillir
Au sortir des divagations à l’unisson.

« Parle
Sur la pointe des pieds
Oreilles tendues vers l’écho gominé
Des amplitudes verbales
Qu’à s’entendre dire
Que ce qui est dit
Est dit
Comme rayons de soleil
Inondant de ses tubulures
Le mouchoir bleu de la Vierge
Clé de voute rassemblant
Le subtil arrangement
Des us et coutumes
Du lieu où revêtu de l’aube blanche
Entrer dans les maisons vides du royaume désert
Où tout se sait
Avant d’effacer les traces. "

( Na Jean-Claude Guerrero te tuhi )

1454

Le Vieux

Parcheminé par l'aubépine
Le Vieux du chemin creux
Ploie sous le suint et le crêpi
Que les amants du moment
Ont déposé à son encan.

Tiède pluie ruisselante
Emolliente comme tisane
Le sombre vermiculé de son écorce
S’enhardit à montrer ses blessures
Au courant d’air d’un vent d'hiver.

Le djinn des origines est de sortie
D’un déhanchement féminin
Il s’est extrait à petits mots de poésie
Du vert foncé compatissant
À grand renfort d’un ciel d’ardoises.

Le lichen l’adoube
Aux marches d’une profonde entaille
Exhalant l’impeccable cartographie
De lourdes couches basaltiques
Ensemencés de cernes jaunes.

Le rugueux soulève ses croutes
Au passage de la main
Assignation écervelée
Sortie des douves noires du castel
Fixant à cru l’ultime dévotion.

Reste à hauteur d’yeux
Quelque fatigue poussiéreuse
Contemplant à la fraîche
D’un matin de convergence avec le temps perdu
La prégnance des aubes à venir.

Les cellules en excursion roborative
S’accouplent à portée des ravines
D’où monte le chant pusillanime
D’un magma globuleux
Bien au-delà de la terre noire des labours.

Brume légère filant quenouille
Aux arbres de la haie
Caresse passementière
Portant dentelles et guipures
Pour la Belle des bois.

Cœur battant
Au sortir de la Grand Roue
La tête penchée sur le tronc
J’ai ouï le son mélodieux
D’être amoureux.

1453

Le lierre à la fenêtre

Même en plein jour
J’ouvre et me ferme
Dans la zone interdite
Sur le mur que le lierre étouffe
Pour qu’à grandes lampées
Être l’artiste
Du craquement des feuilles chauffées à blanc.

Une odeur de cave
Monte du sol caillouteux
Au vertige des verdures
Broutées par la guillotine
De bleu parée
Apte à tresser couronne de laurier
Prompte à fleurer bon la fleur de farine.

Un trait de Mélusine
Calfeutre le bas de la paroi
Comme vole la poussière dans l’arène
Au sortir des frisures d’une clameur
Abat-sons permettant
La juste flexion
D’une fureur tarie en proie à la déraison.

Les claquettes métronomiques
Caressent d’un hochement de menton
La marche primevère
Des ombres et lumières
Au pion et trait
Du devoir accompli
Dans la couche d'une marquise acidulée.

Peut-être s’est-il usé
Le fermoir de la boite
Cliquetant avec élégance
D’une position l’autre
Lorsqu’à grands bruits
Claque le volet contre le mur
Devant l’œil surréel de l’enfant ébahi.

Puissions-nous en fin d’été
Clore cette partie de chat perché
En remettant à demain
La poussée de vitalité
Heurtant la limite des convenances
Pour enivrer de picots de pluie
Le huileux d'un feuillage sous l'orage.

1452

Se joignent se disjoignent

Se joignent se disjoignent
Les accolades du soir
Dans le noir profond
Porte cochère ouverte
Sur l’avenir sentinelle.

Âme éternelle
Si jolie si menue
D’un arc-en-ciel l’autre
Callée entre les ridelles du char
Parmi les odeurs de foin coupé.

Naissance rêche
De l’enfant qui suivit
Calembredaine des bleuets
Au rythme des ornières
Dans la gaité nue du matin.

Hic cecidit
En caresse d’être
Ce fût le temps des étreintes lentes
Contre les paillous de blé
À l’odeur craquante du pain sortant du four.

Poursuite haletante
S’achevant au carré princier
Sans hâte sans lendemain
Dans un présent tranquille
Plaisant et coi.

Écarquillant les yeux
D’une fine dentelle
Au poudroiement d’argile
Elle vint armée d’une gaie ferblanterie
Jusqu’aux portes du paradis.

1451