Pūranga Kāwai: Oketopa 2020

De grandes portes dorées

De grandes portes dorées s'ouvraient    
dans le feuillage d'automne du merisier    
la mariée était belle    
le flot de nuages altier.        
 
Ce ressemblait à cette barrière      
si haute qu'elle colmatait le trou noir    
de l'horizon sans que lumière s'apaise    
nous étions sur le départ.        
 
De fines bandelettes de tissus    
brodaient l'air de spasmes    
et tout était happé    
par une missive dernière.        
 
Ne chantez plus    
égarez-vous    
soyez le miel des petites manières    
soyez malin.        
 
Éloignez de l'Esprit    
les coutumières effractions    
unissez vos mains    
pour plus d'amour encore.        
 
 
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He mano nga puawai me nga pupuhi iti

Ostensiblement soi     
aux débours de quelque monnaie du pape       
cette haine carnassière en cale sèche    
secoue en ces temps de misère  
la pensée à la plume légère.        
 
Poème de la mer    
que ne suis-je un noyé paisible
à compter les perles de lune       
au marigot des incantations.

Je sais de la mer    
ce que l'homme a cru voir       
d'émulsions vives 
aux abysses profondes.

Il aurait voulu    
il aurait fallu
mais ne jamais croire.    
 
Cette écorchure aux genoux  
cette dictature de la haine
devant les galets de la grève.        
 
De presser le nez    
violace la paroi
 pendent les mucilages.
        
Au saupoudrage de la poudre de riz  
Soir de Paris
l'errance d'être    
fait de l'enfant sauvage    
une âme traversant l'ellipse du futur    
pour sans retard
d'un rebond l'autre    
être les yeux gris de la poésie.        
 
Demeurer libre    
à minima    
dans la cage aux poules    
souille les vitrines de noël    
d'une vapeur d'eau et de feu    
aux clapets de l'esprit.        
 
Enfant mort    
trop érudit enfant    
aux savates traînantes    
jamais ne sera    
sous les roues caoutchoutées du fauteuil   
les heures évasives des nuits sans sommeil.        
 
Etre compris est indiciblement veule    
alors que prendre le temps 
d'une poussette devant le vide    
incite à la culbute.        
 
Etre le myste du sacrifice 
devant la carcasse d'un bœuf 
offert au sable des arènes.        
 
Palpation des grands espaces    
au lever d'un jour d'airain
main de miel sur ta joue.    
 
Enjamber le  parapet  
au petit jour d'un jour nouveau
fait la vague sujette.        
 
Soulever les pleurs  
tel vortex sans pesanteur
annihile le doute d'exister.        
 
Chapeau bas messieurs de la haute   
descendre la rue pavée
en faisant sonner ses souliers 
bras dessus bras dessous    
permet au pauvre chagrin 
d'être le bonbon de l'imaginaire.        
 
Accessit au jeu des successions    
cette obligation de dire    
l'outil 
bien avant la loi    
afin d'être le "je" en création de soi 
fait la grenouille plus grosse  
et la cervelle plus étroite.
 
Soyons la joie du miroir    
en extraction du visage  
pour excavation disposée 
renouer avec ses gestes.        
 
Grotesques rires    
quand la mer se retire    
amère succion des coquilles vides.        
 
Hors la fleur sensible    
et le magot des émotions    
être sans Dieu ni maître   
le clepsydre sablé 
que les mains écarquillent    
en pleine conscience    
dans la contemplation d'un univers résolu.        
 
Éraflures des mots pensés
au stylet d'un scribe madré    
permet à la vie de mûrir.        
 
Observer est donc mystère    
sage prescription que le désir adresse   
dans l'innocence du cœur  
à la fraîcheur de la page blanche.        
 
 
669
 

Waiata kei te haere

Waiata kei te haere    
i runga i te wai    
kohikohia nga mahara    
silhouettes tupurangi    
i te hohonutanga o nga moemoea    
ko nga tuhipoka o te piana roimata    
ki te paipa momotu.        
 
Kua Reri te takutai    
i roto i nga ra me nga po    
en syncope souple   
i te kei puwhero    
tutaki manene    
kahore he marara o te chimera    
whakaaro ki te rangi marino.        
 
Haere ki te whenua maroke    
purapura nga moana    
kowhatu me te rimurimu    
kawe i te puna o te hunga aroha    
des puna taries    
ki te heke mai      
ki te hurihanga nui o te whakarau.    
 
Iri mai i te weriwe o nga arai    
hoki mai nga ringa awhi    
tere tere    
i raro i te hihi o te marama    
whiti ahurei    
ka pa te ngakau    
i roto i te tangi
o te tereina e wehe atu ana.        
 
 
668

ki te kore

ki te kore    
follicules moites    
à la pointe des aigles    
passent et repassent    
les cohortes romaines    
dans l'allée majestueuse    
des grands arbres    
à la Force aboutie.        
 
Il n'est de domaine    
que l'enfance abandonnée    
en bord d'océan    
à guetter le vol des cingles    
aux cris de cailloux    
frottés avec vigueur    
sur le vent sauvage    
qui fait plier l'alpha.        
 
 
667
 

Le battement d’un cœur


Le battement d'un cœur
la marche de la loutre
ondulante en sa reptation
tout concorde
des nuages voués
aux voix de femmes
ourses aux pleurs dispersés
qu'enflent les exsurgences de nos écarts de vie
en flux dense
des voix gutturales
écorchant
tels éclats de pierres stellaires
l'ombre de nos pensées
déroulées fraîches et permissives
sur la fresque de notre conscience
aux lèvres épousées.
 
 
666
 

Félibrige inconnu qui abuse

Un chat dopé    
au lait de coco    
prenait le frais     
près de la fenêtre.        
 
Au loin les yeux    
mystérieux d'Elsa    
étaient du soir     
les éclats de sa voix    
et d'Inde    
les ballots de sa peine.        
 
Passèrent nécrophages    
des pas dans les parages.        
 
Ne dites à personne    
cette étrange manière    
d'y pourvoir sans raison.        
 
Amis donc    
i runga i te huarahi    
prenons grande attention    
aux visions et mirlitons.        
 
Chauffons le poêlon et la châtaigne
et les beignets dorés     
sous les poutres noircies du sérail.

Éloignons les cafards    
d'enfantillages point    
juste les culots     
des bouteilles renversées.        
 
Pour plus de rouge encore    
la pensée mellifère    
à la pesée émargea    
la déprogrammation du cœur.        
 
Kotahi ki te rua    
le coléoptère s'envola    
à minuit moins le quart    
quand passe cliquetant    
le car Drouin de la plage.        
 
Amusez-vous bien    
soyez le gratin des pastèques    
menez au taureau    
près des arènes    
la balustre déglinguée    
la perle et le sainfoin    
de ces anneaux dorés    
à pleins poumons    
les déchets de la journée.        
 
Accumulez la bonne chair    
au ragoût des saveurs    
soyez le soleil bruissant    
du cri des colibris.        
 
Je gère je digère    
l'étrange corps    
qu'on m'apporta    
chargé d'écumes bulleuses    
devant l'escalier de ma salle    
une sale salle d'échos affublée.     
 
C'était James    
l'horloge déboutonnée    
en bord de falaise    
cheveux défaits    
suintant les affres d'une finitude extrême.        
 
Aux rhizomes dorlotés    
le ménate parla    
la langue de Molière    
crue et advenue    
telle punaise des bois    
menant grand train    
dans les halliers de Champfleury.        
 
La muse à la corde tendue    
au soir de ses déboires    
évacuait quelques roucoulades    
le claque de travers    
sans décider du lieu de ses amours.        
 
 
665
 

He makariri , he makuku nga pakitara

He makariri    
he makuku nga pakitara    
sous l'ongle le salpêtre    
sur les carreaux le gel.        
 
S'asseoir contre la cuisinière encore tiède   
entendre les souris grignoter le plancher    
le robinet suintait un goutte à goutte    
sous le lino les tôles de panneaux publicitaires.        
 
Les voisins du dessus faisaient ripper leurs chaises 
une maigre lumière frisait les rideaux    
le vent coulis passait sous la porte    
la serpillière mouillée pendait sur le fil.        
 
J'avais gardé mon bonnet à oreilles    
les mitaines de même    
je me frottais les genoux    
pour que l'onglée parte.        
 
La terre battue d'entre les bâtiments    
n'avait pas d'herbe    
un maigre pêcher fleurissait au printemps    
mais n'arrivait jamais à terme.        
 
Sur la table carrée    
la toile cirée aux fleurs    
accompagnait les petits coureurs    
les dés étaient jetés.        
 
Dans mon lit à cosy    
j'écoutais le poste à galène    
des voix dans un grésillement    
selon les manipulations sur le plomb.        
 
 
664

Tukua koe kia whaowhia

Tukua koe kia whaowhia    
uru ki roto i tona mauri    
i roto i tenei waahanga whakahirahira    
me te kore tenei hiahia ki te taipitopito i te whiunga    
e ai ki nga paanga marama    
he nui te pouri o te hunga rapu pono.        
 
Haere kia rite ki ta tatou whakaaro hanga    
te manga i waenganui i nga ngutu    
te iroriki i roto i tona ngakau    
o te tae matomato    
u tonu ki ona paanga moiré    
e haere tahi ana te manawa.        
 
Tirohia tenei whetu e noho ana i roto i a koe    
ko koe te kahurangi o te whetu tohu rima    
ka uru koe ki roto i te crypt me te kore wehi kaore he kare    
e whakaatu ana koe i a koe ano ka whakaaro koe i to oranga    
me te kore e tino marama    
ka whakatata koe ki te takutai o te aroha.        
 
 
663
 

po hohonu

po hohonu    
que ne suis-je pas ton ombre secrète    
à ce niveau d'élévation    
où flambent les habits de lumière    
pour se vêtir du grand amour    
qui nous adombre à la source.        
 
C'est à ce niveau d'âme    
dans le respect que l'on se doit    
pour se porter aux autres    
que l'identité singulière s'affirme    
conscience d'appartenir au groupe    
en pleine solidarité avec l'évolution.        
 
Lors les nuées s'ouvrent    
importe peu le soleil ou la pluie    
il y a de l'inclusion dans toute pratique    
les règnes de la nature sont reliés    
les sphères tintent    
le guide est là au plus prêt de soi.        
 
 
662