Elle a vol à voile de ses yeux à ciel ouvert caressé les monts et les vallons. Elle a lessivé de ses pleurs les continents à faire déborder les océans. Elle a marché sur les brisures du temps effondrement soudain de trou noir en trou noir. Elle a secoué les nuages et les marées aux quatre points cardinaux de la sainte alliance. Elle caresse les étoiles au vent solaire d'un excès de lumière sans que l'ombre la pénètre. Elle est visité par des corps de gaz de roches et de vent pour mourir et renaître. Elle rafraîchit d'une once de hasard les élans de la cause première essence même de l'homme. Elle est l'ancrage sage de l'existant et du surnaturel danse et passage d'un silence sensé. Elle est boule et tourne en élipse sur elle-même chemin à l'issue mystérieuse. Nulle oreille ne l'entend draperie aux ajours lumineux enchâssée dans son offrande. Terre ô ma terre mère la terre est belle terre ô ma terre. 390
Pūranga Kāwai: Noema 2017
Caresse d’ombre
Si menues les mains de Marie que l'orgue émet le chant des oiseaux gazouillis d'entre les voiles de la montée vers l'aube. Sur l'âne musicien j'ai mesuré du regard la distance du moi au soi une pichenette d'éternité. De crânes à même le sable tohu l'obsidienne par contre se lamentant d'ordres laissés là. Noire de peau et blanc d'écume dans l'encadrement de la fenêtre une fumée s'élève douce et tracassière. Ils sont beaux et bons les chants de l'Être outres ouvertes des enfants d'Emmaüs libres d'angoisse et de néant. Caresse d'ombre sur le gril du soleil d'une quête danse l'amour à l'avenant. 389
Ces mains qui ne ressemblent à rien
Ces mains qui ne ressemblent à rien pas même à la plaie se refermant. Cette embrasure de porte franchie pour respiration se faire forte. Ce regard si lointain sans que lève le voile là contre l'épaule cadrage des jours tristes à contempler les fusains de Sylvain revenus à flots nausée au court-bouillon les cafards de la mémoire crachotant leurs déjections au rythme d'une cigarette. La fenêtre était ouverte les mouettes tournoyaient le vent suça la moelle des os kotahi te wa whakamutunga puiser l'eau du puits de la Vieille un bruit derrière la porte je savais qu'il ne viendrait pas mâchuré au vertige de l'oubli du vent dans les venelles à encorner le diable et s'y mirer mousse douce au limon des jours fertiles une bougie sur le devant une lanterne à l'arrière. 388
avant que le sel ne te ronge
Bâtir
pour ne plus avoir à devenir.
Ignorer les morsures quotidiennes
pour plus de légèreté dans l'élévation.
Savoir recueillir le reste des échecs
en démarche de conscience.
Etre le loup en lisière
et feindre d'ignorer le barbelé des grandes plaines.
Écarquiller les yeux
devant l'expansion du vent d'ouest.
A l'aube se séparer des preuves de lune
pour marcher vers la lumière.
Économiser la chandelle
sans que brûle le bûcher des souvenirs.
Sacraliser la myopie intérieure
au linge froissé des nuits de repli.
Savoir tourner la roue
pour que s'épande le sable.
Se lever encore et encore
malgré les plaies de l'enfance.
Devenir perle trouée
avant que le sel ne te ronge.
386
Asseoir son arrivée
Une nuit en tendresse d'élans pulvérisée les feuilles d'automne orchestrent la retombée sur terre. Du bruit dans la lessiveuse une clé par inadvertance laissée dans la poche un oubli pour trop peu dire. A niveau se mettre céans et puis rien un rayon de soleil par le volet à claire-voie. Partir tout doucement papillonnant au gré du vent sans ressentiment juste un œillet entre les dents. Asseoir son arrivée sur la pierre dure de l'entrée sous les barreaux de la fenêtre Ô Mère Grand ! 387