Ne pas être le "bravo"
qui brave le silence
être la racine sèche
la mousse assoiffée
le champignon rabougri
être l'accueil
pour soupe offerte
lentilles et lard
être la main tendue .
Etre l'homme
le petit
le prêt à vivre
la danse des femmes
nos initiatrices en amour
amulettes d'avenir
semailles tendres
aux flancs des collines vertes
un vent chaud
fricassée d'étoiles
sous une lune partagée
nous les errants
les mange-cœurs
vifs en remontrances captatrices
dolents en espérance
les fauconniers du beau .
234
Pūranga Kāwai: Hōngongoi 2015
Dieu, une évidence
Ne pas éviter les crocs de la raison plantés sur le râble des choses connues fractale blessure à la mesure des choses dites . La divergence canaille souple d'entre les roseaux de l'évitement rassemble les coques vides du festin . Un grain de riz peut nourrir les gendarmes du désenchantement . Du bol la multitude asservie sera jetée sur les couronnés du mariage assumé . Evider , faire le creux sous les yeux du démiurge reconnu , excaver à la barre à mine , à la Barabas , les alcôves de l'oubli , rassembler, puis danser une évidence entre matière et esprit le long des golfes clairs la vérité apparue . Et que de choses advenues en cette inconnaissance Dieu Dix yeux de merveille . Le cadre des enchâssements de la logique . Le point de fuite d'où tout vient et tout converge . Le toit des masures de l'homme en construction de lui-même . Les mains de la rencontre au petit matin mutin des " bonjour comment ça va ?" . La plaie à lécher convergence de l'algue avec la langue mer et terre confondues . Le réglisse noir au feu racinaire des obligations d'une discipline . Le crissement rêche du calame sur l'argile sèche . Le creux des songes en amenée tendre sous l'amulette du chamane . L'arc en ciel des coloriages de l'enfance en quête de reconnaissance . La levée du regard vers des cieux intenses au crâne de l'ultime . Absence d'explication ... Instance de présence ... Dieu , cette évidence . ( photo de François Berger ) 232
Des cris
Des cris l'appel des mots de miel l'ultime comme roc sur lequel retentir . Le claquement sec de l'orage dégoupille ses vasques d'eau au caravansérail des rencontres . Femmes en coursive haute le regard musique les pieds dans le dur du granite . Elles chantaient clameur gutturale montée des désirs puisant une énergie de louve protectrice sous l'amoncellement des feuilles mortes . Transe en sous-bois les trompes racolèrent les défaits de la nuit chiens battus recroquevillés au dévers des choses dites à la va-vite . Il inventa la ronde danse L'infinie lumière éperonnée à l'avant du charroi nga waewae wiri aux portes du temple . Mon âme élevée d'un léger signe de la main à l'aplomb d'une joie vespérale vers l'envol de l'oubli . S'alignent les sourires les hochements de tête sous les cintres de la scène sans applaudissement au juste silence en soi coquillage vermeil retenu par la respiration . Nous nous mîmes en marche devant l'inconnaissable cherchant la clé de la cité de niveau en niveau comme pour être là le cœur en fête dans d'improbables anfractuosités . L'homme vert sortit du bois la chevelure lichens le souffle dragonesque l'allure souple l'appareil photo en bout de bras . Il suffisait ... heoi ano les hardes ne nous couvraient plus la moue aux lèvres les yeux piquetés d'ardentes échardes le pourtour de nos suggestions en limite de rupture les chevaux éructèrent il y avait tant à faire le sable coulait de l'écarté des doigts un petit tas se forma nous y mîmes notre espérance notre joie notre peine même à l'arrivée d'un enfant faisant château en bord de mer en reflux des vérités . L'ultime en un claquement sec rompit les amarres d'avec l'illusion . Tout s'écroula il y avait à vivre . 233
les écus flamboyants
Parés de leurs écus flamboyants
les chevaliers d'Elianthe débarquèrent
de vapeurs de couleurs d'essences parfumées
le souffle puissant
l'amble souple
captant de leurs sabots
l'énergie des choses recouvertes .
Point de cliquetis d'armes
point de visages farouches
point d'accoutrement médiéval .
Juste un coup de vent léger
gonflant le voile de tulle
à l'entrée capitulaire .
Se sont enquis de qui étaient là
de l'ordre des cérémonies
du tréfonds des choses secrètes
de la brume légère des regards
de la demande des oubliés de la vie .
Les destriers se cabrèrent
devant l'estrade des inter-vivants
enfilés finement
brochette rieuse
voyageurs de passage
nantis de la bénédiction de l'icône grave .
Des fleurs et des mots
des rires et des yeux noirs
l'humaine cohorte des cœurs brisés
s'ébranlait
léger marouflage sur notre terre mère
virevolte des danses à larges robes
la musique faisait et défaisait
l'ordre des choses établies .
Nous entrions dans la nuit de l'âme .
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( na Elianthe Dautais te peita )