Archives de catégorie : Année 2023

J’ai joint les deux mains

J'ai joint les deux mains   
Et s'en est fallu de peu
Que l'entre ciel et arbre
La fusion des mots et des choses
Se remplissent des animaux de l'ombre.

Depuis des lustres
J'accueille et je retiens
Sans rajouter d'étages à ma conscience
Alors que vents et marées
Ont haussé la mire.

Ne peuvent apprécier
Les marais de l'arrière pays
Que les tenanciers de la langue
Tirant à boulets rouges
Sur le "oui" de l'autorité.

Aussi j'ai rejoint
Le lac bleu des montagnes
Pour suivre nuages changeants
Et se mirer, se réaliser, s'identifier
À ce que je suis.

1326

Au doigt levé

Il a marché sur le pierrier des instincts   
Et cela a fait mouche
À un degré
Que la méditation n'a pas suffi
Pour calmer ses ardeurs.

À mi-chemin
Il y eut le mauvais sang
Retournant vers sa base profonde
À faire se lever une volée de moineaux
Dans sa fricassée de cris.

Gorge chaude à l'ingéniosité prolongée
L'entablement des peurs
Fût pris par des imprécations
Saccageant à l'envie
La maison d'enfance.

L'homme n'est pas parfait
Et ne saurait contrôler le désir de santé
De son corps, de son mental
En quête jamais atteinte
D'une perfection à saveur sainte.

Et de prodiguer l'amitié
Le doigt de Dieu dirigé vers la montagne
À grappiller les traces du passé
Pour disposer le long du sentier
Les lueurs de la scène nue.

1325

Ce matin j’ai triché

Ce matin j'ai triché   
À ne pouvoir chasser la tristesse
Du fond de mon teepee de Gergovie.

J'ai cru que c’était pour toujours
Qu'accepter faisait moins souffrir
Et qu'à communiquer
Portait pommade à ma plaie essentielle.

Maintenant je suis seul
Et tisse l'insignifiant de la pensée du monde
Auquel j'ajoute quelques bourgeons de contrition
Par cette déambulation nocturne
À la mi-nuit d'une pluie fine
En compagnie des saints
En compagnie de mes défunts
Ouvrant d'un éclair magistral le tronc de mon Être
Faisant sien la fréquentation des heureux et des sages
Au centre des deux yeux
L'orage claquant le cœur du jeune daim
Sur la paroi métallique d'un justaucorps de circonstance.

J'use et refuse
Au temps qu'il me reste
De compatir aux phrases fourrées de miel
Et préférer l'amble d'un cheval ferré
Hennissant naseaux gonflés de nacre
Par soir de lune bleue
À même notre mort éternelle.

1324

À dire ou ne pas dire

À dire ou ne pas dire   
Des mots comme des chiots
Batifolent autour de leur mère
À se mordiller
À se califourcher
Entre deux tétées.

Ainsi passe la vie
Quand le passé est mort
Quand le corps recouvert d'un linceul
Le mental est fait de purée rose
Les arbres poussés au printemps le peuvent
Cette façon de joindre par les deux bouts
Et le tenace et le compréhensif
D'un chemin sans famille
Cherchant parmi les taupinières
Le mieux du moins
Ce qui reste de la dernière glaciation
Fervente discipline
À discerner le bien du mal
Jusqu'à ce que la volonté lâche
À même le seuil de mourir et de naître
La cendre finissant par se confondre avec la neige.

1323


Miss Deux mailles

Miss Deux mailles approche   
Qu'imaginer est un soucis
Pour loin de loin
N'avoir rien à prouver
Et progresser
Pour que la bise soit familière
La bise du soir
La bise du matin
Rose au lever du jour qui point
À la merci d'un merci.

Qu'avancer c'est être

Propre sur soi
Dans l'ivresse de la présence
Sans que cela soit terne
Lunettes bien en place
L'humanité sans trompette
Où tout est permis
Les papiers pliés en quatre
Remémorant le Saint Esprit
Pris au piège de la beauté
Sur un banc de bois usé
Comme Lahurlette
Et sa miss Tigrise
Sans se faire prier
Plein de fleurs des champs dans la main
À découvrir le visible
Sur la pente ami-ami
À faire des projets d'adulte
Sur la tubulure de l'ouverture
Mon sourire
Mon vertébré amour
À te parler vrai
Tel franchouillard de rencontre
À ouvrir l'horizon
Une huître vous dis-je
Au futur du mascaret
Ce matin
Où tout est solide mon petit
Et ne puis rien te dire
Au vert de gris de la balustrade
Que le parti prit pour romance
Au bric-à-brac de notre enfance
Alors que nous partagions l'animal humain
À coups de langue de bois
Parmi les biches de bon aloi
À vu
Pétales tombées
Sur la pierre des oublis
À refermer le tabernacle
Derniers regards troublés
Sur la passerelle
Épée à la pommelle dorée
Saillant d'un vertige
En souvenance
De ce rouge-gorge
Perché sur la plus haute branche
Signifiant par cela
La pertinence des choses partagées
Ouvrant grand les bras
Devant l'enfant lové en son ventre
Le bel œuf
Aux phrases courtes disposées.

1322

Compagnons de voûtes

Tu es venu   
Pour me dire ça
Que l'absence c'est la présence à venir
Et que gravir l'échelle
Cause la fracture éternelle.

Puis tu es parti
À remonter
les torrents
À fond la caisse
Sous le pas des chamois
Sans foi ni loi.

Lui ou moi
Qu'importe la journée
Toujours il y aura
Quelques mots de poser
Sur le papier par gratitude.

Que publier
Que naître
Que témoigner
Du secret des choses et de nous-même
Mène aux marges du monde.

Pour que là
Au soleil de la place des Fêtes
Il y est toujours
Le zozo à moto
Pour tirer son portrait.

À la mine de plomb
J'ai fait l'incroyable rencontre
De la force du rire
Haranguant une volée de moineaux
Dans un nuage de poussière.

Compagnons de voûtes
À décrypter la part du doute
Sommes assis sur le banc de pierre
Dédicaçant au scalpel
Le regard fraternel.

Je pense donc je fuis
Comme poncé lavé jusqu'à l'oubli
Faisant apparaître au grand soir
Portes ouvertes
Le merle blanc chantant à tue-tête.

Se déplacer sur la page
Augure de brûlantes rencontres
À refléter la brillance
De ce qui fait souffrir
De ce qui fait nous ouvrir.

Il est des parois vitrées
À l'entrée du chœur
Des instants de bonheur
Où pousser la balancelle
Sous une pluie de mirabelles.

Devant le pire
La masculinité
Il nous reste à découvrir
Le pauvre diable
Le marchand de couleurs couvert de poils.

D'une bordée l'autre
Aux vibrations que le soleil donne à la toile d'araignée
Soyons le retable des ardents
La béance des bêtes
Clouées sur la porte des granges.

1321

La librairie des trois savoirs

Se joignent se rejoignent   
À la librairie des trois savoirs
La liberté de penser
L'éclairage du cœur
Et le manifesté de l'apaisement.

De l'or en paillettes
Vous dis-je
Qu'il y a sans fausse ressemblance
Sous l'escalier
Des amours grands.

Facteur X
Dans l
a délicatesse d'un soir
Nous pûmes relancer
Les harmoniques du son et du sens
Au hasard des pages feuilletées.

De l'autre côté de la rive
Laissons l'Autre
Celui du monde à vaut l'eau
Tissant dès l'aube
La toile des regrets.

Au-delà du temps
Passaient au raz du sol
Les candélabres de l'aptitude au bonheur
S'enrichissant aux heures creuses
Du fil à fil des rencontres.

À respirer
Nous serons les témoins de la terre brûlée
L'ordre imaginé d'un subtil défi
Aux incandescences diaprées
De notre marche à blanc.

À mieux pratiquer l'arrimage
Arrive ce qui pourra
L'œuvre infime au chevet de la légèreté
L'absolu
D'une écriture de chèvrefeuille.

Aux fulgurances de la raison
L'amant amour des heures perdues
Vrille avec sensualité
Un rien de souffrance
Dans le cosmodrome des attentes.

Plus de pétales rouges
En rebord de fenêtre
Le vent lui les a chassés
Le vent de trop
Le vent tard venu.

Rester
Rester immobile devant l'appel
Rend l'herbe sèche plus apte
À l'écoute du souffle
Qui s'éloigne sans prêter gare.

Au goutte-à-goutte
D'un toucher de lune
Je me suis balancé à la pointe du fusain
Pour en finir avec le minuscule nouveau-né
Le Sylvain d'un éclair de griffes.

C'est encore loin
Et pourtant
Celui qui décolle de Coltines
Emporte avec lui les oies bernaches
Loin très loin du jour qui fuit.

1320


C’est un jour où aller marcher

C'est un jour où aller marcher   
En glissant en riant   
La plaisanterie   
Qu'il y aurait là   
Une occasion de se revoir.      
 
Et que si l'attente est longue   
Comme d'être au clair   
Dans un brouillard persistant   
Acheminer tout en sifflotant   
Quelques missives des jours de fête.      
 
J'ai besoin de toutes mes nuits   
Dans ces temps à marche forcée   
Pour tendre la main    
Au fragile du bonheur   
Épicé d'un possible retour en arrière.      
 
Lancerons les Lancelots du Lac   
Le concours du plus méritant   
Le long de ce chemin de chèvre   
Entre paroi et torrent   
À précipiter la demande en mariage.      
 
Caresses   
Fluidité du corps en mouvement   
Chevelure au vent   
Le lève-lèvres de ses yeux rieurs   
Cadenassait l'estime de soi.      
 
Et puis rien   
Que de se hisser vers le matin   
Porte envie de se plonger   
Mais très doucement   
Dans une demande en amour.      
 
Et puis tout   
La distance se réduisant   
Devant l'étrange annonce   
D'avoir par la danse   
À convoquer et le corps et l'espace.      
 
Des mots   
Mes frères et sœurs des Entommeures   
Laissent sortir du port   
Quelques feux grégeois   
Sur une mer consumée à l'envie.      
 
Un abri creusé
Par la rigueur des éléments
Me rassurera
D'avoir osé
La bifurcation en dépit de mes peurs.
 
Et de resurgirent
Le refus des rites de passage
Alors que cela semblait acquit
Que de se parer de l'abaya
Reproduirait le paraphe des dieux.
 
Ils ont regardé
Aucune allusion
C'est ce qu'ils souhaitaient
En voletant d'une branche l'autre
Sur l'entrelacs du dépliement de l'âme.
 
Le chagrin
Pend au clou
À la place du crucifix
Mouvant et vivant
Vers la promesse du panier en frêne noir.
 
1319

La route blanche

La route blanche   
Entre les parois   
À l'intérieur de soi   
Dans un corps atomisé   
Parfois le désir d'une étreinte.      
 
Ce goût épicé   
De la tisane   
Comme celui du mot   
Cette saveur souterraine   
Dont on ne sait pas faire grand'chose.      
 
Et de recommencer   
D'errer   
D'avoir le droit de se tromper   
Devant la tentation de vivre   
Assis sur un banc de pierre.      
 
La route blanche   
Jusqu'à la vallée blanche   
Recouverte de moraines arrachées à ses flancs   
Sans que se grippent les articulations   
Dans l'émergence à la solitude.      
 
L'enfant le bel enfant   
Lové en son sein   
Par la lumière tamisée   
De l'arbre tremblant   
Devant l'avalanche.      
 
S'approcher   
Coûte que coûte   
Sachant que la parole   
Mènera l'ombre de l'autre voie   
Jusqu'à l'apparition de son destin.    
 
1318

La folle du logis

La folle du logis   
Je l'attends   
Je l'entends   
Je l'accueille   
Aux marches du palais.      
 
Et que nenni   
Cette surveillance policière   
Abondée par la raison   
Aux hortensias   
De la contemplation.      
 
Laissez passer   
Les oiseaux les enfants et le vent   
Effluves empanachées de liberté   
Par soucis de desserrer les freins   
De l'exploitation.      
 
Suffit de témoigner   
Que nous sommes en mission   
Les ayant-droits de la gentillesse   
Faisant feuilles sèches   
De nos pas glissés.      
 
Partir serait de mise   
Mais pas avant d'avoir ouvert quelques rigoles   
Où épancher les plaies de l'esprit   
Ce je ne sais quoi   
De l'enfant délicieux.      
 
Le voyage sera gai   
Par la rêverie et l'impromptu   
Que nous rencontrerons dans les arcanes de la grâce   
À ouvrir les bras et le cœur aux sourires 
Devant nos sacs de larmes.      
 
Et de palper le mystère   
D'une humaine gestuelle   
Par le contact avec l'expédition même   
La départie de tous buts   
La liminaire de ce qui est.      
 
Entre ciel et terre   
Une effusion me transporte   
De forêts en vallons   
De palais en simples maisons   
Jusqu'à l'écoute du doux et de l'inspiré.      
 
De chair, d'os, de voix, de sang   
Nous avons pris corps   
De par les collines ensauvagées   
De la contre preuve   
Cette énergie rayonnante.      
 
Il est là   
Sans témoignage   
En échos du cosmos   
À mille lieues d'un prosélytisme historique   
Aux marches de la fraternité humaine.      
 
Regarder l'autre comme un frère   
Faire taire les armes de destruction   
Saisir le pas des chamois en tombée de nuit   
Éteindre la lanterne   
Être l'aube nouvelle.      
 
Il a été   
Il sera   
Le fruit gouleyant   
Au parfum musqué capiteux   
La dernière exhalaison d'épices et d'ambre mêlés.      
 
1317