Kategoriya arxivlari: Yil 2022

La voie de l’arbre

A peine lumière tamisée   
que de noirs nuages accumulés
sur l'arbre aux ailes déployées
ont fait leurs, du visage, les pleurs.

Une voix pure
palpitait et chantait
le cœur en émoi
extase assumée.

Par les frisures de la mousse
à parcourir les brèches
et croiser le fer
le vent taillait crayon de vocation.

Se revoir porte grinçante

le groin offrant mystère
à saisir la bûche rugueuse
des instincts, le feu du poète.

Le jour se lève le ciel est grand
les rochers sont par le silence
la menue monnaie des anges
d'une légende l'autre, la voie.


1146


Rêve primevère

Cette fleur en équilibre
à quai de l'enfance
s'est refermée brève et claire
dans le cri de Merlin.

Destin sévère sans le père
éloigné en quête de sa voie
la notice biographique
en errance d'être.

Les ressorts intimes se sont affinés
pour fidélité sans faille
au vertige du dialogue
substituer la poésie.

S'égarer est tendre incertitude
à faire quelque chose
embrasement cataclysmique
de l'attelage du prince pharaon.

Le sphinx garde la pause
le sourcier sa source
devant la couche des mots d'amour
primevère d'un rêve.

( détail de l'atelier de Sylvain Gérard )

1145

Conscience nue

Cette main sur l'arbre   
appuyer le papier   
pour trait de fusain assigné   
obtenir distinction.      
 
Marié secrètement   
au visage de l'écorce   
te faudrait-il à la une à la deux   
enfoncer le clou du charpentier.      
 
Se retirer de l'ouvrage   
vider ses poches   
geste d'ombres fragiles   
en marche vers sa source.      
 
Pomme ou poire   
sait-on jamais   
ce que rencontre augure   
sur le quai d'une gare.   
 
Au point de fuite   
des faits accomplis   
saisir le bon épi   
de la conscience nue.      
 
( œuvre de Sylvain Gérard )


1144

Engoulevent

Devine qui farfouille   
dans l'auguste bassine
des désirs endormis
à même de frémir.

Sous le ciel la montagne
ceinture que berce
le flot des pensées confidentes
d'un assentiment céans.

S'élever
paraître pyramide éternelle
puis se lover
dans l’anneau des noces.

Ami des souples évidences
au chuchotis de la rose ardente
sur la crête à contre-jour
j'ai vu battre ton cœur.

Engoulevent au vol effrayé
de ta parure extraire
le trait de plume
radieuse écriture fine.


1143

Un mot du bout des lèvres

A petits pas de nuit   
hors de l'alcôve sauvage
permettre un dernier mot
à ce qui sera beau.

Le goût amer de l'aurore
offrira ses larmes de lune
en dernier compromis
pour se taire à nouveau.

Nuages enveloppant
de caresses brèves
l'échange de nos souffles
héritage de l'ange.

Battent rappel
les doigts dans tes cheveux
derrière la maison
présence de l'autan.

L'arbre au sourire noueux
dénudera la flamme
fuite guerrière
d'un mot du bout des lèvres.

1142

Au défi de l’infini

Plus de mille ans   
séparent l'offre qui me fût faite  
de naître   
de ce que je suis devenu   
avaleur de ce que je perçois   
ravaleur de façades.      
 
Malaise   
devant le berceau fleuri   
en vitrine   
sous l'auvent des disciplines   
pris d'un tournis      
quand défilèrent les soldats aux braies rouges.      
 
Mal armé   
consterné   
à tomber à la renverse   
dans l'arrière-cour de l'officine   
devant les lumières clignotantes   
sourires réverbères des chemins de la haute ville.      
 
Point d'accalmie   
dans la nuit noire de l'oubli   
montent des faubourgs   
l'haleine de l'usine   
l'odeur des œufs pourris   
les rugissements du laminoir.      
 
D'allure débonnaire   
l'homme au crâne mutilé   
claqua sa langue   
au palais des outrages   
histoire de se prendre les doigts   
dans la porte palière.      
 
Lumière et ombre   
chantent d'une même voix   
dans le couvige   
que même le Bien commun   
à genoux devant la guillotine   
se prend pour le Roi.      
 
Les rayons du Soleil    
sont venus roussir les blés   
à quérir le bleuet et la marguerite   
jetés hors de l'enfance   
à rougir de plaisir   
accroupis sous la caresse du vent.      
 
J'aime la Beauté et l'Art   
prends soin du détail   
ai l'esprit d'équipe    
sans être le leader   
en serviteur du monde dévoué   
ayant créé son propre maître.      
 
Boule de suif   
Archange Saint Michel   
Marennes aux coquillages à tous les étages   
ce qui se fait sur Terre reflue 
panière pleine de pignoles 
notre dernier viatique.      
 
Luciole en son écrin   
réponse sèche en pays de Cocagne   
au stade où nous sommes   
sandales de cuir ajustées   
pour fouler la cendrée   
de l'Infini notre défi.      
 
 
1141

Bifurcation de mise

Changer de train   
en laissant ses bagages à quai   
accepter   
ce qui est.      
 
Signe après signe   
la vie saigne ses reprises   
remettant à demain    
la flûte des souffrances.      
 
Avancer les yeux bandés 
en secondes noces   
puis en troisièmes   
croquer sa destinée.      
 
Le peuple approuve   
coupe-gorge de l'aventure   
brumes et pensées effacées   
à l'orient de tout.      
 
Le peuple gronde   
de dire et d'être dit   
voix en élocution lente   
pouffée de rires devant l'inattendu.      
 
Un regard une émotion   
marées et brumes   
permettant l'effraction   
accès à l'écriture.      
 
Un jour pourtant   
sur ce quai de gare   
un moine souriant   
déposa sa bure devant l'oiseau.      
 
Solitaire par bois et collines   
nous continuons de cheminer
d'un élan vif et naïf
parmi les mots qui rusent et nous amusent.    
   
Par grand vent      
avons lavé le sang et les larmes   
dans la gargote du langage   
espiègle intuition de la mission.      
 
Te chercher , toi    
après cette errance    
landes et bruyères parcourues   
korrigan de l'enfance.      
 
Si la mort survient   
recommençons à zéro   
manier dialogue et métaphore   
crée le bon grain.        
 
Le jour suivant   
avec la goutte de pluie   
au bec du colibri   
ouvrir le livre des images.      
 
Et déambuler   
Grand'rue ouverte    
cherchant le feu   
au carrefour des sens      
 
De rouge et de noir enceint   
zébré du jaune gentiane   
inviter l'horizon chimérique   
à jouer de l'organon dans la brise.      
 
Le jour enfilera ses gants de soie   
pour pépiement d'oiseau   
tendre le vieux bol   
au ras de l'aube.      
 
Se rencontrer   
point encore   
feuilles et racines   
doivent s'unir.     
 
Ciel et terre se mouvoir   
en incubation de soi   
succubes du bastringue   
à la foi de portefaix.      
 
Les étoiles de tomber dans la main   
pour faire une histoire   
à petits cris de souris   
accueil de l'offrande.      
 
Point d'exorcisme   
juste la pointe de l'épée   
découpe ardente
des feuillages figés.
   
Tâtonnant de la philosophie   
la flèche vibre
percussion de l'outil
sur cymbale de cuivre.
 
Vague fidèle
à nous lécher les pieds      
autre monde apparu  
celui d'un vélo sur le fil.            
 
Fidélité à ce qui vient   
penser est exprimer l'irrévocable
feuille morte dansant un dernier menuet
révérence muette.  
 
Puîné d'une lignée   
engendrer le bruit de la pluie   
sur les tuiles fragiles   
regard levé vers le ciel.      
 
1140

Poésie des mots tôt venus

S'écouter danser   
se voir dormir   
braire   
à se casser la voix   
tendre l'oreille   
au vertige sans pareil   
d'une aurore boréale   
qu'aurait mis l'idéal   
en pots et en bouteilles   
merveille merveille   
pour se dire qu'on est là   
au bord du lac   
à compter les ronds   
profonds profonds   
de l'eau    
de l'eau delà   
qu'on chante menthe à l'eau   
ou pleure en bord de mer   
à se rincer le blaire   
en sirotant l'esprit   
à midi à midi   
contre le pie des chèvres   
maigre convenance   
des lèvres même   
sur un air de pistache   
de mots mis à la tâche   
sans bavure sans rature   
pour que les mots murmurent   
les mots de trop   
les motos   
les mobylettes   
les moqueries   
les mots d'amour   
d'amour sans jalousie   
d'amour à petits cris      
dans l'innocence d'une naissance   
enfance à prix réduit   
pour poésie de la magie 
enfance à prix réduit  
pour poésie de la magie.


1139

Voyage en terre connue

Il se balance     
le Grand Louis   
sous la poutre de la grange   
à regarder par la trémie   
les hirondelles à tire d'ailes   
aller vers l'outre-tombe   
des cris en queue d'aronde.       
 
Faudra passer faucheuse   
sur les prés énamourés   
de mousserons bien ronds   
enrubannés par la rosée   
des coryphées de circonstances   
semant par la fenêtre   
les mots de l'oubli.      
 
Figure sur l'aplat gris souris   
d'une romance épatante   
un sac de noix   
cognant cascade sèche   
les croque-dents de l'enfance   
pour écarter du pouce et de l'index   
la lèvre des amours.      
 
Dans la douceur de l'été indien   
les vaches ruminent   
couchées dans l'herbe haute   
de canicule et orages le fruit   
à épouser d'un regard grave   
la légèreté des libellules   
filant lumière sous la tonnelle.      
 
Il est des échancrures de sang séché   
dont le verbe de l'inconsolé   
refuge des contes de l'air   
nourrit les milans tournoyants   
à la barbe des sages   
offrant notes superbes   
sur la guitare des rêves.      
 
Mission de plein emploi de soi   
en descendant de la montagne   
vous fûtes à même d'égrainer    
parmi les roches noires de la cheire   
quelques dizaines de chapelet   
à la dérobée   
en souvenir des wagons plombés.      
 
 
1138

Il est tard ce soir

Des nuages gris   
une musique   
aux notes rondes   
de nuit   
la présence d'une mère   
frêle et douce   
comme la pommelle de la rampe   
vers la cave menant   
au piano des souvenirs   
miel de nos mains jointes    
contre les stores éventrés   
par le souffle du missile.       
 
Les soldats de l'an II   
ont les entrailles à fleur de peau   
pour sortant des fossés de Vendée   
entrebâiller la porte   
d'un regard doux   
branche de houx posée sur le manteau de cheminée   
en effacement des formes-pensées   
sur le fond muet du mur de chaux   
où évaluer le libre essor   
des forces palmées   
d'insectes noirs   
s'agitant au dessus des ferrures de l'instinct   
et chambranle passé   
se mettre à l'abri   
au creux des reins blancs   
draps relevés jusqu'à l'envie   
d'une âme   
à la faculté   
d'accueillir la parole vive   
au sacerdoce d'un sac d'os   
laissant paraître   
la dérision du retour à la maison.      
 
Du passé   
prêt de toi   
en fraternité d'être   
la mémoire rappelle l'histoire   
échangeant   
vieilles photos écornées   
la pulpe des fruits mûrs   
ragaillardie par l'éclat rose bonbon   
des joues de l'enfant blond aux eaux calmes   
proie d'une lamproie   
crispant de quelques coups de queue   
la marge du cahier d'écolier   
à décoller   
en prise directe   
la déréliction du temps venu.

 ( détail d'une œuvre de Jean-Claude Guerrero )  
 
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