Kategoria Artxiboak: Abuztu 2020

Bleu sidéral

Bleu sidéral    
perles d'amour    
en corps 
et encore    
dans l'infini    
du nid des choses tendres  
sans que blessure vienne    
la joie    
effiler la trame des jours    
au gré du passage des nuages.        
 
Bleu impérial    
de la confiance    
en ce qui vient    
sans attente    
sans plier celui-ci à nos désirs    
en ce qui surgit    
en bonté    
sans que cela s'explique    
avec ce zeste de manque    
notre lumière à tous.        
 
Bleu blanc bleu    
en sa cohorte d'anges    
soudain réconfortante    
ce presque rien    
dans cette secousse    
qui fait nous ouvrir    
hors le cadre du regard    
pirate de l'âme    
à l'assaut des merveilles    
que le cœur dépose en bonne compagnie.        
 
 
647
 

Acculé au mur


Acculé au mur
dans l'impasse de la rue Gignoux
il griffait la pierre
de ses ongles en sang.

Il tomba
avant que l'alouette finisse sa trille
aux longues tiges du blé dur d'antan
succédaient des tiges courtes aux lourds épis.

L’œillet entre les dents
il se souvenait juste un moment
du bouquet de bleuets de Nogent
caressé par la houle .

Des pensées brûlantes ourlaient sa casquette
et ses yeux tournant au blanc
offraient à tous
l'éclat d'un sourire innocent.

Dans l'impasse rue Gignoux
à genoux contre le mur des Fédérés
griffant la pierre de ses doigts éclatés
il y avait déluge d'obscurité d'où montait la lumière.


646







Nous marchons

Nous marchons    
encore et encore    
sur le dévers des plages    
du matin au couchant.       
 
Au loin le regain se lèvera    
il y aura des rires dans le jardin    
les nénuphars cloqueront     
sous les yeux des grenouilles.        
 
Le soleil déversera l'ultime saut    
devant le pont de l'alternance    
un peu de rouge sur les lèvres    
rendra propret le baiser des nuages.        
 
Nous nous regarderons    
un sourire sous le coulis de framboise    
le bleu des yeux organisera le départ    
au matin léger du dernier jour.        
 
Le visage fissuré par les rodomontades    
sautera d'arbre en arbre    
cherchant à tâtons    
le sirop d'érable de mère grand.        
 
Aux rivières    
l'eau des fêtes éteintes    
refluera par les plaques d'égout    
sans qu'émotion se joigne.        
 
Modérez vos élans    
laissons place nette    
pour la succession    
la cessation de toute activité.        
 
Quelques secondes suffisent    
pour vivre éternellement    
pour continuer de marcher    
sous la nuée limpide de l'esprit.        
 
La vie ne s'arrête jamais    
aucune mort n'est éternelle    
de l'autre côté de la cloison de papier    
la cible d'une autre vie dans notre vie.        
 
 
645

Aux riches heures


Aux riches heures    
la plainte des Anciens    
nous faisait sortir le dimanche  
à pied le long des trottoirs gris.        
 
Je lisais dans les lézardes du goudron    
l'apparition du végétal    
l'enlacement des êtres    
hors les fenêtres silencieuses.        
 
Ma peau était rose    
les écorchures aux genoux    
croûtaient à profusion    
la poussière sentait bon après l'averse.        
 
Cette lettre    
je l'eus en main    
et n'en fit rien     
dans l'anonymat des sollicitations.        
 
Je pris de la résine    
pour boucher les yeux des poupées    
le vent agitait les grands arbres du bois    
il y eu de fréquentes promenades jusqu'au lac.        
 
A mesure du temps    
la peau se fripe    
les sens tout à leur usage    
essentialisent la pause.        
 
 
644
 
 

Mes maisons

Maisons    
de fond de cour    
de ville    
de village.        
 
Maisons    
de parpaings    
de briques    
de bois.         
     
Maisons    
de l'enfance    
de vacances    
d'adolescence    
d'aujourd'hui.        
 
Toutes à flancs de colline    
vers les nuages de l'esprit    
et je suis resté coit    
en bordure du chemin    
à ranger mes jouets    
une dernière fois.        
 
Plein de coquillages des îles    
borduraient la boite de laque    
le tiroir regorgeait de capsules    
les petites voitures roulaient sur le lino.        
 
Il y eut de tendres moments    
de solitude    
à deux avec sœurette    
etxearen aurrealdean    
le roucoulement des pigeons    
et les fais pas ci fais pas ça de maman.        
 
La farandole s'élevait    
joyeuse estampe chinoise    
chargée de brumes    
de ravins et d'arbres    
vers la lumière    
une lumière de dépossession    
une lumière de duvet et de crépi    
s'enroulant tels liserons    
autour de la barrière des limites.        
 
Un souffle chassait l'écriture    
une masure défraîchie en bordure de forêt    
vit entrer l'homme différé    
la gratitude pouvait advenir    
en émerveillement devant la porte de l'invisible.            
 
 
 
 
643

Les sept aspects de Perrotine

Aux sept aspectts de Perrotine    
nous joignîmes nuage de lait.

Aux yeux brillants du matin
la poudre de perlimpinpin.

A la grenouille aventurière
le vitrail de l'aube.

A l'huître perlière
de perler sans pierre.

Au giron des grands-mères
la frimousse des petits mousses.

A l'aspect un de Perrotine
ne suspectons plus.

L'aspect deux
à trois fait la paire.

L'aspect trois
Trypanosome du sommeil.

L'aspect quatre
quatre à quatre virer de bord.

L'aspect cinq
cingla vers l'ouest.

L'aspect six
siffla en ses vergues.

L'aspect sept
savait tant de choses
qu'il ascensionna vers le prince des nuées.

Aspects
Habeas corpus
mes mots
mes mosaïques.

Mes glottes d'août
n'arrêtent ni le maigre ni l'huître
en bonne compagnie
Gainera
Sauvignon à la poupe
entrâmes dans le port
des sollicitations culinaires
l'air de rien
à bicyclette
de la plage
pas abandonnée du tout
par la forêt
sans claudiquer
glissement de squale
ailerons lustrés
pavillon de haute mer
lunettes de plongée
et œillet de poète à la boutonnière.

Aux sept aspects de Perrotine
nous joignîmes nuage de lait.


642

La terre fumait en sortie d’averse




La terre fumait
en sortie d'averse.

La houle claquait son fouet
sur les galets sonnants.

Le phare d'une œillade
fermait la nuit.

Père Louis pipe au bec
vint céans sur le banc des attentes.

L’herbe salée mouillée
ourlait ses sabots d'étoiles luisantes.

Un volet claqua
Faby à sa fenêtre.

Des rais de lumière
zébrèrent la mer.

L'arc au sept couleurs
s'éleva sur l'horizon.

Cela méritait chanson
l'abbé prit son violon.

Et Fanette l'aimait
sortie tout droit de l'oraison.


641

Chez Mylène



Chez Mylène
vestes lourdes aux patères
on poussait la porte d'une main ferme
pour entrer en gargote.

Ça parlait fort
tout le monde fumait
sur les bancs de bois
des formes s'agitaient.

Le feu ronflait
la vapeur s'élevait du chaudron
la lumière oscillait
les ombres dansaient.

Puis ça chantait
grave
sous les poutres
où séchait le hareng.

Des voix du fond des âges
à s'escagailler le ventre
griffaient l'assemblée
des hommes de mer.

Une femme
d'une table l'autre
de son pichet de grès
servait le rire et le boire.


640

Marine avait deux ans

Marine avait deux ans    
et un bien joli minois.        
 
Elle babillait d'étranges sons    
de bulles de salive agrémentés.        
 
Ses sabots traînaient un peu    
trop grands pour elle.        
 
De sa sœur aînée    
ils étaient passés à ses pieds.        
 
Et la vie se déroulait douce    
dans la chaumière au chaume épais.        
 
Si l'on tirait verrou    
c'était pour le plaisir.        
 
Si porte restait ouverte    
c'est qu'il faisait beau.        
 
Et si la pluie grignotait le pas de porte    
nos yeux brillaient.        
 
Il y avait de l'amour dans l'âtre    
et de bonnes odeurs de poisson bouilli.        
 
Au retour du père    
l'on se mettait à table.        
 
Eta hori ona da    
de tripoter des paroles fraîches.        
 
 
639
 

Fallait bien du courage

Fallait bien du courage
pour remonter du port
la brouette pleine de paniers
recouverts d'algues.
 
La roue ripait sur les encoignures
des pavés
frères et sœurs à ses côtés
dans la brume du matin.
 
L'humide sériait de près
les touches colorées
de cette toile insensée
que le vent effilochait.
 
De l'écume
beaucoup d'écume
éclatait en bulles fines
sous le pinceau de Roland.
 
Puis une touche de noir
vint terrasser le cadre
passage corbillard
d'un souvenir prégnant.
 
Pour sur la pointe des pieds
murmurer au vieil homme
l'adieu vespéral
capuche rabattue sur son oreille coupée.
 
 
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