Victor

 Il y a un demi-siècle. 
Un homme, son arrière petite fille et un jeu .
Cela se passait au début de l'été . 
Nous avions décidé de pique-niquer .

Avec son couteau usé qui ne le quittait pas, 
le vieil homme, surnommé "pépé tic-tac", tailla 
sur un chardon robuste à tige creuse
un morceau d'une vingtaine de centimètres
ayant d'un côté une terminaison simple 
et de l'autre trois bouts se rejoignant en un même nœud. 
Cela semblait une petite fourche à trois dents. 
Puis sur le même chardon il alla prélever a 
courte tige.
Avec le poinçon de son couteau il fit un trou 
au milieu de celle-ci pour ensuite l'enchasser sur la dent
médiane de la fourche de bois .
Tenant l'ensemble par son manche et le faisant 
rouler entre ses doigts, dans un sens puis dans l'autre, 
il donnait un mouvement de va et vient 
au chardon creux qui alors frappait 
alternativement les deux dents extérieures de
la fourche .

C'était ludique, dinamikoa, captivant, eta 
choc répété des bois créait un son sec et mat 
rappelant quelque insecte aux élytres 
bruissantes .

Un jeu. Une culture. Du temps où les enfants 
jouaient avec des objets naturels réaménagés, 
alors portés par l'imagination au-delà de 
l'utilitaire simple, au-delà de la parodie 
réductrice du strict geste des adultes.

Se dessinait ainsi une théâtralisation 
artisanale intégrant gorputza, l'âme, bihotza 
et l'esprit pour interroger la source eta 
mystère des origines de toutes gauzak 
représentée par la nature.

Au delà du jeu, il s'agissait aussi, de la 
rencontre du vieil homme et du jeune enfant 
autour d'un objet-reflet, clé d'un rite 
initiatique où l'enfant accède par une
reconnaissance active à un monde qu'il cherche 
à mieux appréhender grâce au don aimant de 
l'adulte éducateur et par sa propre expérimentation .

Le Vieil Homme. 
Un Passeur 
rappelait la Tradition 
pour Ouvrir à la Vie. 

Puissions-nous continuer 
d'être sur un chemin 
de connaissance et de croissance
en relation avec la nature.


051

 

 

L’homme cet ego altruiste

 Au sein d'un groupe capable de solidarité, 
d'entraide et de fraternité, chaque individu
a davantage de chance de survivre,
que dans une horde qui ne connaîtrait
que le chacun pour soi, la violence et la rivalité .

L'homme est capable de souffrir
de la souffrance de l'autre par la compassion,
de se réjouir plus rarement de sa joie
par la sympathie
et de trouver son plaisir
dans ce qu'il donne, autant ou davantage
que dans ce qu'il prend ou reçoit.

L'amour réconcilie égoïsme et altruisme.
Quand nous faisons du bien à celui
qu'on aime, nous en faisons aussi à nous-même ;
puisque sa tristesse nous attriste,
puisque sa joie nous réjouit.


050

Guérir nos êtres

Dominés par la société de consommation 
fondée sur la croissance économique, guk 
devons impérativement nous orienter vers une 
évolution intérieure, mais aussi sociétale, 
se traduisant par le passage d'une 
logique quantitative et mercantile 
- qui va à notre perte - 
à une autre logique, qualitative, 
mettant l'homme et le respect de la nature 
au centre de nos préoccupations .

C'est par cette voie que nous pourrons 
redécouvrir des valeurs universelles, 
telles, la vérité, la liberté, la justice, 
le respect, l'amour et la beauté .


 049 

Erreka bat dabil haitzartean behera harrizko labialezko frikasa handiekin

 En décélérations irrégulières
 d'un goulet l'autre,
 d'un élargissement inclinant 
 à une reprise de souffle 
 à une zone de rapides 
 suscitant une effervescence moussue.
 
 Il se fraye un passage 
 en force 
 airea eraginez 
 et faisant monter 
 l'odeur d'ozone de l'eau 
 en une bruime inhalée 
 avec euphorie, 
 il va vers les basses terres.

 L'Esprit est torrent.

 Les idées surgissent, disparaissent, 
 ou s'organisant 
 contactent alors la pensée 
 qui frappe à la porte du Réel 
 et demandent 
 à devenir Formes 
 à être prises en considération.

 Si ce n'est le cas dès lors qu'on se fige 
 en une posture définie par le souci de sécurité 
 ou le vouloir tout comprendre, 
 les émotions parasites 
 telles les peurs, haserre, 
 la haine, l'orgueil, le quant-à-soi 
 font alors barrage à la vie ; 
 il y a souffrance.

 Une voie de sagesse 
 consisterait alors à faire siennes 
 les turbulences du torrent, 
 à devenir fétu de paille 
 balayé par plus fort que soi, 
 bota, l'agitation passée, 
 les basses terres 
 en vue, 
 être par l'Esprit advenu, 
 la Réalité 
 en accord lumineux avec son Mystère.

 041 

Baldintzarik gabeko maitasuna ez da erabateko tolerantzia

Ongietorria da eta ongi etorria denari 
hemen eta orain.

Bihotzaren irekiera bat da.

Orduan sorpresa etor daiteke. 

Eta naturaz espero ez duguna sortzen da 
erabilgarritasunaren bidez, uztearena 
ados gaitezen.

Lurraren eta zeruaren arteko argia bezala, 
norberaren arteko ukipenetik eratorritako numinosoa 
eta ingurune batek garapena ahalbidetzen du 
sostenga gaitzakeen hazkunde-ziklo batena 
gure gauzatze sakonenera .

 042 

Gizakia etorri baino askoz lehenago

 En de vastes espaces montagneux
 couleur ferrugineuse
 des coulées de laitance blanchâtre
 s'amoncelaient le long des pentes
 errance totalement libre
 d'un esprit facétieux et immensément présent.

 L'on entendait parfois
 le son des cymbales monter de la vallée
 cinglantes et pulsatives
 elles accompagnaient des voix gutturales
 caressant d'un contact viril
 les sombres forêts environnantes
 alors que les ahanements s'amplifiaient
 que les muscles se crispaient
 que la sueur perlait
 en attendant l'aube poindre
 où regards fixés sur l'horizon
 le retentissement d'un cri aigu et prolongé
 faisait jaillir le premier rayon du soleil
 dru, éclatant, chaud, persuasif, insistant, nouveau.

 Alors les êtres arrivèrent
 légers et lumineux
 tenpluko atean.

 Précautionneusement tu te retournais
 souriais
 les ouïes ouvertes
 pour émettre un son doux à peine articulé
 tout contre
 le jour définitivement abouti .

 Tu t'endormais . 


 045 

Aurrez aurre bat, leiho bikoitza, trefoil haizagailu bat

 De la pierre et de la lumière. Se dire la vie comme un conte frais sorti du fond des âges. La vie, c’est en trois temps qu’on la décline.

D’abord chercher à se prémunir physiquement et psychiquement, à protéger le corps et éviter la désintégration des buts fondamentaux. C’est le stade de la survie, du confort et du plaisir.

 Ensuite donner à sa vie les valeurs de la communauté familiale, religieuse ou de voisinage. L’on ne peut vivre qu’en relation, dans le face à face avec l’autre.

Enfin développer une conscience autonome ne se conformant plus aux diktats de la société. C’est être véritablement libre mais toutefois en maintenant la cohérence avec son environnement .

Par le tissage de ces trois éléments l’individu devient alors unepersonne”, une personne connaissante, alors disposée à interroger le mystère de toute chose .

043

Maitaleen esaera

  Sentitu beti berdin zure bihotzean.
Berdin izan ematean eta jasotzean.
Izatean berdina .
Eman zure aberastasuna. ez ezkutatu
zure pobreziaz .
Ez eman zeure buruari "janzteko" elkarri.
Elikatu bizitzaren onez,
parteka ezazu, baina ez aprobetxatu gosea .
Ez ezazu zure burua leporatu. Ez bilatu a
errudun .
Izan zaitez aberats askatasunarekin, erabilgarritasuna, , onarpenarena, hutsa dena bezalakoa baita
beteta dagoena .
Partekatu zure ahultasuna .
Arriskatu harremana. Konprometitu posturarekin,
maitasunaren praktikara. Postura hori da
irekitasuna eta umiltasuna. Praktika
auto-sakrifizioarena da .
Ez da zure errendimendua, zure
perfekzioa ezta zure ahaleginak axola duena, gehienak
zure konfiantza Maitasunaren perfekzioan .
Harreman erromantikoa ariketa bat da, arte bat,
une batetik bestera eraman zuen. Baina ez da
ez menperatzeko artea, ezta Maisua berdintzeko ere
baina Arte honi edo Maisu honi ematea, tel
zarela .
Helburua ez da ona edo harrera egitea, gehiago
erreserbarik gabe isuri zaituzte Bizitzan .
Ireki bestetasunera, Ezezagunari, kotxea
oraindik, geure buruari ematen dioguna, bere buruari ematen dio
zuri .
Zure Maitasuna izan dadila uzteko lekua
zure gutizia konpultsiboarena, zurea
desegokitze obsesiboa .
Zure Maitasuna izan dadila zure betetasunaren lotura .
Batez ere elkarri leial izan .

048

Prestatu muturreko egoeretarako, garrantzitsua da, zaila da

  N’est-ce pas dire “oui” ?

Oui au changement, à l’inconnu, à la séparation, à notre cohérence, à notre peur .

Et ce ne sont pas des choses auxquelles on s’habitue !

Un saut dans le noir, une rupture, la rencontre avec ses animaux intérieurs, une descente dans la solitude, dans la dépression, restent un saut dans le noir

Le risque est réel : c’est quelque chose de vital, c’est notre peau, notre raison d’être, notre normalité qui se jouent !

Une incursion de l’insensé. De ce que nous ne comprenons pas, de ce que nous ne maîtrisons pas .

Et pourtant …  Il suffit d’un petit mot …  d’une simple intention …  pour changer le cours des choses ; devenir un passe-muraille, se découvrir un corps et une âme qui traversent le désespoir et le béton, contacter la mort elle-même sans mourir .

C’est sans garantie que l’on prend le risque de l’inconnu, que l’on saute dans le noir, que l’on étreint ce qui plus que n’importe quoi d’autre nous fait peur. Et c’est à ce point que l’histoire bascule, que l’on imaginait pas pouvoir prendre pied dans un vide sans filets ! Alors il y aretournement. “

Se tenir en équilibre dans le Rien !

Découvrir alors que le Vide est matrice de tous les Enfantements , que l’Ombre est matrice de la Lumière , le Silence matrice du Verbe , le doute matrice de la Foi. Qu’il y a un monde derrière le monde, une perception derrière la perception. La tempête nous dépose sur une plage inconnue, bien au-delà del’alternative impossibleoù naître vraiment .

Et s’il y avait une condition à tout ça : dévier de son orbite ! Entrer dans l’angle mort. Là où l’on ne voit pas .

047

Ensemble, nos corps, nos êtres

 Le “Corps conscient”, nos sens, sont comme un fin voilier, une barre sensible .

Lorsque l’axe du mât, le poids de la quille, réajustent leur rencontre avec le ciel, l’on s’aimenon sans douleur et non sans risque ! – mais sans se perdre .

Garder son cap, la vigilance du souffle. Equilibrer la barque, regonfler les voiles … Déployer l’être, courir avec le vent, favorable ou contraire .

Appuyer notre coque. Epouser chacun, son propre Mystère, solidaires et confiants, flanc contre flanc .

Aller et venir entre les bras de la vague, se glisser dans le ventre de la mer

S’ancrer an centre de l’essence des choses. Dans les entrailles, dans le Cœur ! Un mouvement et un repos .

Eux-mêmes inscrits dans le mouvement et le repos du l’Univers .

046