Tous les articles par Gael GERARD

Retour au bercail

Moleskine du carnet des écrits  
mots d'estime de la flamme
mots d'esprit encapuchonnés
tels les pénitents
du temps des lanières lestées.

Nonobstant les périls de la nuit
elle s'est levée
encoquillée par la métaphore
sans barguigner
la flamme de basse intensité.

La fouillade terminée
à grandes brassées
de par le monde
les vêtements ôtés
pour plus d'allers venus exigüs.

Curieux paroxysme
d'avoir été ballotés
affinités spoliées
que d'aboutir
dans la touffeur du souffle vivant.

S'allongeant
flamme éteinte
dans la stéarine des affidés
devant l'humble demande de surseoir à la révélation
il fût exigé de rejoindre le bercail.


1202

Écart de langage

Écart de langage   
au soleil levant
alors que la rosée perle
sous la semelle
s'est enquis à l'oreille
que la poésie pouvait faire sienne
de son chant de toute part avéré
lyrisme et émotion
dans le bouquet des pâmoisons.

Mais il faut donner sens
hors la sérénité et l'alarme
pour marquer le territoire
d'un accord partagé
étant le passeur
de l'âme et des gens de cœur
quand le forgeron racle en fond de gorge
à même l'enclume froide
le ciselé du bijou.

Est visible
de par la main du matin
en fond d'œil
la chair de la terre
s'ouvrant au Souffle de l'Espace
devant l'indivision du ressenti
collège des afflictions
restant à même l'horizon
la mémoire du big bang.

Serions-nous en exil
de l'encre noire répandue
à même la page blanche du désir
et qu'à posséder le marqueur d'identité
nous infliger la découverte d'un traducteur
pour qu'à l'instant magique
résultant de l'effort
oublier les mots pour le dire
dans un trop plein de Lumière.



1201

Une brèche dans le mur

Une brèche dans le mur   
au lieu-dit Gergovie   
réfugié de moi-même   
derrière les pierres sèches   
j'ai vu s'élever la mélopée cristalline   
des siècles les siècles   
que les Immortels ont généré   
derrière le rideau de brume  
de l'impalpable langueur   
des jours les jours   
passé à subir   
la contrainte d'avoir été   
le dépositaire de l'instant unique.      
 
La nature est métamorphose   
pour qui   
taraudé par les désirs   
descend du bois de la Montagne   
tirant le buisson de genévrier   
sur le chemin poussiéreux   
à changer de main   
quand douleur se fait sentir   
et guetter là où se rendre   
vers la lueur vacillante   
du tunnel de l'esprit   
la maison globalement indispensable   
pour le propre agir.      
 
Je me lèverai à l'aube   
et j'irai vers Toi   
le grand le petit je ne sais   
à bordurer la détresse   
d'un lieu inenchanté   
de chair et d'os habité   
que nous avons eu la sottise   
de laisser se déliter   
alors que dehors il faisait froid   
nous les immobiles sans nourriture   
guettant la fin du poème   
avec les moyens du bord   
en échange d'un peu de sang.      
 
J'ai peur   
j'ignore   
qui lira ces mots   
vanité des vanités   
au sanctuaire de ma solitude   
la boite à double-sens   
où je vis   
arrête de me dire merci   
sans racine   
feuillage à vaut l'eau   
au vu de l'orient où tout repose   
j'ai bu mon café   
dans le vieux bol cassé.      
 
 
1200

Assemblage

Il est des assemblages   
semblables à la plage   
entre mer et rivage   
nécessitant l'épure   
d'un processus de réciprocité.      
 
Je suis ce que je vois   
mais qui voit quoi   
de l'endroit où je suis   
qui est bien plus que moi   
et pourtant c'est moi qui voit.      
 
Achalandage   
éclats posés là   
capuchon sur les yeux   
à maugréer   
qu'on ne saurait échapper à la règle.      
 
Et d'ajouter quelque élixir   
en réduction de sa vision   
à la surprise extrême   
d'avoir déceler   
l'univers vivant en dérision.      
 
D'espérer une réponse   
rend impossible de saisir   
la source sous-jacente   
à l'origine des mots émis   
par des lèvres toscanes.      
 
 
1199

La fée Carabosse roule en tracteur

La fée Carabosse   
passant par là   
m'a fait venir   
au bout du bout   
 " d'emmenez-moi ".      
 
J'ai failli perdre un œil   
au grand virage de la vie   
à mi-route   
en contrebas   
le sensible du goudron.      
 
Pour me faire à l'idée   
de ne pas posséder   
et de près et de loin   
rend la route facile   
mortelle assurance de l'instant.      
 
Suivre à mesure   
le tracteur   
donne à l'aveugle la lumière   
quand le soleil roule dans le noir   
et qu'éclate le rire.      
 
En venir   
sans éviter l'accroc   
au maintien du normal   
jugé comme vrai   
sans se prendre pour le Bon Dieu.      
 
 
1198

Nora de Mur

L'éolyre de la mire   
s'est mise à chanter   
au clair obscur   
d'une passion fragile.      
 
Verbalement reconnus   
par plus grand que soi   
les anges persistaient à nourrir   
les feux de l'amour.      
 
A grandes lampées de sang et de vertige    
le matin a jailli   
pommade fraîche   
sur le nez de la petite.      
 
Sommes passés par là   
au caramel mou des attentes   
nous les croques-vie   
de la maison creuse.   
 
A se parer d'une lumière   
de fin d'été   
avons conçu le vide-poche   
en sortie de conversation.      
 
Régis par nos proches   
nous fîmes d'un tapis d'herbes   
l'accueil irradiant   
d'être vivant.      
 
Et furent   
au cours du cycle des saisons   
ce retour à la case départ   
par manque d'humilité.      
 
Os blanchis
sous les ors d'une causerie vaine   
la fin de siècle   
s'annonçait morne.      
 
L'enfant de grand-père cerise   
connaîtra le roman de son origine   
sans que soit nommé l'autre   
au rien du ciel.      
 
 
1197

Craille

Craille   
des échos entre la flamme et le foyer   
entre ce qui devrait se faire et ce qu'on nous cache  
aux grandes verges   
la valetaille disposée.      
 
Se balancent   
musique claquant de la langue   
kilt narrant les assauts d'un vent hilarant   
sous la calme écoute   
du vertige.      
 
Allons   
sans y prendre garde   
de par les cours de récréation   
sans se détruire   
par la pudeur d'une conclusion hâtive.      
 
Accueil en virtuosité   
d'une généalogie arthurienne   
à creuser couche par couche   
les élans de la foule  
en proie au plus radical des tourments.      
 
Se glissent par la fente éternelle   
le ça du là   
le tralala des festivités   
aux lombes rebondies   
de l'espace du plaisir.      
 
Pure fiction des souvenirs   
aux rivages que l'extase appelle   
un point dans l'absolu   
en sagesse d'être rangé   
parmi les signes faisant souffle.      
 
Livrée de galets   
pour que la mouette rigole   
à portée de main   
du cybernéticien   
déroulant son parchemin.      
 
 
1196

Le tilleul en hiver

Ficelle et boule de gui   
se sont partagées le chambranle   
sous l'œil tremblant de la maréchaussée   
reflétant la mue de l'année   
à point nommé.       
 
Sautant telle sauterelle à midi   
ont écarquillé la trace des nuages   
effaçant la nuit   
petites touches d'encre fraîche   
de la journée attendue.      
 
Deux bougies de guingois   
ont signifié promenade parfaite   
du matin aux rêves disparaîssant   
devant les premières paroles   
de la rose en humilité.      
 
Taper des mains   
pour entendre que la nature existe   
par cause de soi   
mais si peu   
à côté de l'essentiel.      
 
Frapper le sol du talon   
amuse les entrailles du magma   
permettant aux subsides communautaires   
d'abreuver de marche et d'air frais   
les touristes nos frères.      
 
Voix ferme et motricité assurée   
nous avons perçu les valeurs de l'objet proposé   
pour que personne digne d'esprit   
être rassuré d'avoir un prix   
dans cet instant inanimé du réel.      
 
Le tilleul en élégance   
l'hiver   
se penche à la fenêtre   
pour murmurer   
l'éclat du mystère.      
 
 
1195

Le tas de bois

Viole de gambe   
aux grandes enjambées   
caressant les cordes de boyau  
d'éclats de silex   
le torrent furieux.      
 
Surgissant d'on ne sait d'où 
langue verdie   
par l'ortie consommée   
elle grava la note   
sur le linteau de la porte d'entrée.      
 
Falsifiant ses papiers   
meurt ma belle amie   
les feuilles virevoltantes   
sur l'onde des attentes   
du silence aux veines figées.      
 
Accordage   
assigné   
de prêt   
au violoncelle   
de la sixième suite.      
 
Plume éclose   
fasse le bond de trop   
gorge déployée   
en respect de ce que fût   
la corne d'abondance.      
 
Pour plus d'une note   
la boîte aux lettres fît chambre à part   
déliant la liasse des lettres d'amour contenues   
à grands renforts de oh! de ah!   
sans que Gargamel s'en mêle.    

A petits bruits   
à petits pas   
nous entassâmes le bois   
du four à pain   
sur le rien du destin.      

  
 
 
1194
 
 

L’arrosoir de l’enfance

Dégoupillant du regard   
le cabochon de notre amour   
avons rassembler les pierres du cairn   
près de l'arrosoir de l'enfance  
pour petits petons
détalant sous la tonnelle   
claquemurer l'ambiguïté.      
 
Farfouillent   
se redressent de l'étal   
les demoiselles aux oreilles roses   
chassant d'une main   
ce qu'elles retiennent de l'autre   
sous le vol impérieux   
d'un gazouillis d'hirondelles.      
 
Ô flammèches du désir   
recueil du bien penser   
de l'amour dévolu à ce qui n'est pas nous   
mais si proche de nous   
cantilènes fraîches   
seyant de près   
les ors de la rencontre.      
 
Brise de mer   
quatuor des rondes enfantines   
passer muscade d'une vie   
à se tenir rides offertes   
au dessein de ce qui sera demain   
fine mouche de l'instant   
à découvrir pimpante.   
 
In folio c'est plus rigolo   
de se faire connaître   
l'arrosoir de Coco   
barrant la sente    
pour étouffer d'un peu d'eau fraîche   
le feu d'herbes sèches   
à demeure d'un souvenir sans fin.      
 
 
1193