Tous les articles par Gael GERARD

Au travail camarades !

À distance   
Se faire plaisir
Et que ça protège pour de vrai
Cette armure de surhomme
Dont je ne puis me passer.

Extraire l'énergie de l'environnement
Figer son corps
Dans une posture de prédation
Pour donner pain et eau
À l'inconditionnel du système.

Ça barzingue de partout
Cet accoutrement de métal et de bois
De cuir et de plastique
À être de ce monde
Attelé aux trémies.

Tout se tient tout se fait
Dans l'imbroglio des échanges
Même les chaussettes proviennent de ci de là
Pour que marché prospère
Sur un air de valse musette.

Le verre, l'alu, le titane, et les terres rares
Engrangent les bénéfices des nouvelles technologies
Récital hurlant sur la nef des fous
À mettre le rationnel en dentelles
Par le bien des contrefaçons.

Ta puissance est grande
Tu crées et tu danses
Du coffrage au moulage
Sur le ventre de Terre-Mère
Pour le bien de l'humanité.

Balivernes que cela
Engendrement des chimères
Ouverture de béances
Les lèvres de la mer se régalent
Les plaques tectoniques craquent.

La dernière charrette passera
Du bleu de l'ouvrier au mufle du patron
À brinqueballer
Jusqu'à épuisement des cheminées de fée
Dans la vallée des Saints.

À coups d'engins de défonçage
Vingt quatre heures sur vingt quatre
Sous la coupe des trompes de brume
Amenant les travailleurs de la lune
À travailler pour la thune.

Dans le tunnel de la vie
Y'a des poussins, des coqs et des poules
Tout partout dans la prairie des amours
Fleurissent mille fleurs et bons mots
Pour se dire qu'il y a autre chose à faire.

Queue de comète apporte quoi se mettre
Du berceau au cimetière
Défileront parades et flonflons
Afin de garer sous le matelas
Quelques doublezons pour les poupons.

Pluie, vent et mât de misaine à l'ouvrage
Les camarades des champs, les camarades des villes
Auront pour messe funèbre
Un tour de piste chez Gégène
Au grand dam de Notre-Dame.


1262

Prière du Silène

Silène épanoui   
Assis contre le mur de sa vigne  
Murmurait quelques comptines   
Apprises dans l'enfance.      
 
Plus de hasard   
Plus de bouche à bouche avec la réalité   
Son endurcissement était conditionné   
À ce qui se fait de beau   
Le dos tourné.      
 
Et de renchérir   
Dans la Comté   
Que le grain est plus gros cette année   
Et que là où règne la loi   
Nous pourrons jouer le rôle   
Du dépassement du visible   
Pour nous ouvrir à nos prolongements.      
 
L'Emprise était considérable   
Les choses sérieuses devaient commencer   
Dès valise à bout de bras   
Se diriger vers la sortie.      
 
Là, pas un cri   
Juste les recommandations de l'assistance   
Ce mirador des choses promises   
Qu'à tout bout de champ   
Nous ramenait à table.      
 
Et de frapper du poing   
Devant l'assertion   
Que le hasard n'existe pas   
Qu'à nouveau la souffrance nous fige   
Que les coïncidences nous défient   
En nous gratifiant de combinaisons improbables.      
 
Obstacles que tout ça   
Notre emplacement est inscrit   
Sur la grille de départ du nouveau parcours.      
 
Perdre   
J'ai refusé de vivre   
Pour n'avoir pas à refaire   
Le désapprendre de la routine du mal.      
 
Maman   
Dis-moi que la terre est un lieu d'épreuves   
Et que mourir pas trop vieux   
Permet au diapason du temps   
De passer à la suite.      
 
Au bas de l'échelle   
J'espère encore ton soutien   
Mais que notre empreinte terrestre est lourde   
Que l'ascension se fait sans repère   
Que la pensée   
Etant identique à ce que je fus   
L'astre de ma révolution   
Tourne à l'envers de sa vie   
Que mon orbite est belle   
Et seule.      
 
N'y pouvant mais   
Je recueille   
Et j'adhère à l'âme des lisières   
De la Lumière   
À cette re-visitation de notre vie   
Acceptée ou refusée   
Qui fondera notre enfer ou notre paradis.      
 
Les pénalités seront lourdes   
Pour ceux qui atteignent des records de longévité   
Et qu'à trop soigner son Entrée   
On écope à n'en plus finir   
Le trop plein des émotions vécues.      
 
Et de décider d'évoluer   
Dans le sens de la croissance   
Et de la montée   
Léger   
Toute soif de satiété effacée   
À éprouver   
L'éblouissement spiralé    
De l'ascension   
Cette descente en nous-même.      
 
1261

Souvenirs . 1

Rares coulent et roulent   
Les souvenirs   
En leur grésillement d'ondes courtes   
Jusqu'à l'aride   
De leur accomplissement.      
 
Du bout du nez   
À la pointe du pied   
Les souvenirs   
Tels démons et farfadets   
Tenaient ripaille le long des chemins de traverse.      
 
Ne chantent plus   
Les souvenirs   
Dès soleil couchant   
Fantômes éconduits   
De la fête chez Meaulnes.      
 
La saillie ne les fait plus sourire   
Les souvenirs   
Le vent sur la Lande   
À pousser du bâton les vaches du troupeau   
De cornes et cloches énergétisées.       
 
Déroulent la Beauté des jours heureux   
Les galoches raclant la poussière   
Sur le chemin de Laroussière   
Les souvenirs   
Aux yeux bleus des trois sœurs.      
 
D'une aile l'autre   
Sans peur et sans regret   
Les souvenirs   
Caressent du bout des doigts   
La chair odeur de foin.      
 
Le frêne    
D'un saute de vent soudaine   
Balaie la cour aux bouses fraîches   
Des souvenirs   
En sortie de l'écurie.      
 
Sortir le livre de la musette   
Amusait le garçon   
Des souvenirs   
Merveilleux breuvage du calice offert   
À qui le temps ne comptait pas.       
 
Table mise rallonge tirée   
Banc et chaises glissés   
Les souvenirs   
Aux genoux pliés   
Avaient le bois pour complice.      
 
Le lit ne chômait pas   
La nuit aux feuilles de bouleau   
Bruissait à la demande   
Des souvenirs   
Le doux reflet d'une lune galante.      
 
Nous étions tous les deux   
À se montrer du doigt   
La chouette sur l'armoire   
Souvenir d'un silence infini   
Que le sommeil finit par recouvrir.      
 
Et que me voilà seul à présent   
À dévaler dans l'air glacé   
Des souvenirs   
La pente de l'Aspavoune   
L'œillet de poète aux lèvres à demeure.      
 
1260

Lumières . 1

Des lumières   
Dans le ciel   
De la nuit   
En merveille.      
 
Fleurs de sel   
Au contact du jour qui demeure   
Dans le sombre   
De nos âmes.      
 
Accueillir d'un sourire   
Le prompt jaillissement   
Du flot coloré   
Des souvenirs.      
 
Les étoiles   
Dansent et bruissent   
Cercle printanier   
Des pas sur le gravier.      
 
Tu es parti   
Très bien   
Et nous pendant ce temps là   
Nous continuons à vivre.      
 
Le passé révolu   
Doute encore de ses feux   
Cette montée douce amère   
Des voix de nos aïeux.      
 
Le passé affleure dans le présent   
Dépose du linceul des ans   
À même la terre des Précédés   
Quand passe le cortège.      
 
Fusion du rêve   
En la réalité du soulevé   
À portée de l'ombre   
L'inexprimable.      
 
Et claque   
L'ardeur souveraine   
D'entre les mots   
Les yeux de l'aube.      
 
Bulles éclatées   
À l'orée du désir   
De ce qui fût   
Le spectre de l'autre temps.      
 
Frôlement des vapeurs   
Hors de l'incandescence du foyer   
Soins du corps et de l'âme   
Aux portes de l'oubli.      
 
La mèche est posée   
Arguant d'une poussée dernière   
Sous le regard   
De l'outrepasse à petits pas.      
 
1259

Le pic épeiche

L'oiseau bêche de bec   
S'est posé sur l'amandier   
Sans demander son reste   
Si ce n'est demeurer à distance.      
 
L'explosion   
Est venue de la fleur   
Courage de la fleur   
De parader en ardente compagnie.      
 
Effleurant la parenthèse du vide   
Il a éveillé branches et feuillage   
Pour un parterre aux subtiles palabres   
Alors que tout semblait à vau-l'eau.      
 
N'y tenant plus   
De visage en visage   
Il a grossi le trait   
Pour plus de flamme encore.      
 
Grattant son plumage hivernal   
Il annonçait nouvelle parure   
Pour l'incendie des jours heureux   
Qu'il passera à chercher compagne.       
 
Point de mesurette   
De son cri le silence   
Sans offenser    
Le fruit.      
 
Toucher de son ombre   
Viendra soleil bas   
Quand les traces font rêver   
Le poète des champs.      
 
Dans nos jardins   
Préparons l'eau et le grain   
Pour l'ouverture venue   
De la nouvelle civilisation.      
 
Et pour que n'éclate   
La douleur de la moisson   
À venir soyons le souvenir   
Des cœurs en pâmoison.      
 
Le printemps se capture   
Tel le dard de la guêpe   
Dont le sourire à cru   
Enfoui la déchirure.      
 
Redevenue parole   
Et provocation silencieuse   
La Beauté hauturière   
Devient pavillon de corsaire.      
 
Poésie à jamais retenue   
D'immenses espaces la rend apte   
Aux ténèbres   
La résonance en tabernacle.      
 
1258

Satellite

Satellite   
De la quille au bois d'or   
Le chien dans le ciel   
Est venu me dire   
Qu'il m'aimait.      
 
Aussi près des frondaisons   
Ai-je ému le qu'en-dira-t'on   
Des commisérations   
Pour guignol de guingois                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       
Terminer la saison.       
 
Se sont vus   
Se sont entendus   
Les organistes de la rencontre   
À échanger menus potins   
En avril de bon matin.      
 
Finalement épris   
Du jour et de la nuit   
Ils ont inauguré   
Le masque de la fidélité   
À l'ombre du frêne.      
 
Glissons la main dans le pétrin   
Sachons remercier ce qui nous expose   
Cette auscultation d'un roman de gare   
Barrant la route à la dérision   
Comme écrire une chanson.      
 
Fresque écarlate   
Dans l'entre-deux de la rencontre   
Il eût été de coutume   
De remettre à plus tard   
Pince-mi pince-moi.      
 
Ne souriez pas   
Ne prenez pas la pose   
Soyez de mèche au mépris de l'instant   
La corde et le gibet   
De ce que propose le frisson.      
 
À se moquer de tout   
Les nuages deviennent des visages   
Que l'ample conformité de nos habitudes   
Façonne du murmure de l'esprit   
Collagène importé d'une contrée lointaine.      
 
Battons le pavé   
À coups de fourche acérée   
Qu'enfle la rumeur et les pleurs   
Des âmes abandonnées   
Au bastingage de leur âge.      
 
Occulter le plaisir   
Permet d'embrasser à l'autre bout du fil   
Le battement d'un cœur   
Tout près de l'événement majeur   
D'avoir à dire merci.      
 
Si légère cette parole   
Qu'en sa cible les paupières se révèlent   
Hongres des plaines du nouveau monde   
À la portée d'une pensée   
Griffe posée sous la cognée.      
 
Filons   
Le temps est à l'orage   
Sable glissant entre les doigts   
Façonnons le courage d'être de passage   
En quête de la juste cause.      
 
1257

Un soir

Il faisait noir   
Le mistigris de nos soucis
Tenait à peine dans nos mains
Alors qu'il fallait ascensionner cette passerelle de fer
Lentement
En provocant embouteillage derrière soi
Pour aboutir sur un palier
Pousser la porte vitrée
Et arriver dans un lieu surchauffé
Qui se trouvait être une cuisine salle de vie
Emplie d'ustensiles accrochés aux murs
Avec une table couverte d'une toile plastique à carreaux rouges et blancs
Alors que vapeurs et odeurs montaient de la cuisinière
Que régentait une femme au fichu sans âge
La maîtresse de maison

et son tablier fermé par des cordelettes dans le dos
Et ça sentait bon les rognons et la choucroute
Alors qu'au fond de la pièce se trouvait l'atelier du Monsieur
Au visage parcheminé de cire brune
Figure aux yeux de braise
Eclairant un local empli d'anciens vélos retapés
Avec leurs tubes de vives couleurs
Leurs sonnettes, dynamos et lampes

Leurs selles de vieux cuir
Leurs gardes-boue, leurs chromes
Et même des bavettes aux bouts des gardes-boue
Rivetées, caoutchoutées, virevoltantes comme papillons en printemps

Sans oublier les porte-bagages
Pour arriver devant un four
Aux miches de pain toutes chaudes
Et des gâteaux
Que l'homme aux vélos devenu boulanger pâtissier
Nous enseignait la fabrication
Comment il les avait fait
Et comment il fallait les déguster
Tout ça avant d'aboutir dans la salle des textes
Dont pendaient du plafond jusqu'à terre des ficelles de chanvre
Reliant des morceaux de papier
Provenant d'une boule de gui
Haute perchée
Dont les fruits blancs claquaient
À la mesure de nos regards
Pour laisser se dérouler le roudoudou des mots
Phylactère rejoignant la terre battue
Mots de mise en phrases
Mots de mille manières rassemblés
Dans un flot de lumière et de sens
Formant vademecum
Nous indiquant la sortie
Vers ce qui nous attend
Nous les démunis
Prêts à recevoir
Bouche mobile
Front frondeur
Sourcils vibrants
Le poing serré
Ce qu'à coups de ciseaux
Délicatement l'Homme découpait
Formes géométriques
Lanières et confettis
À nous déchirer le cœur
D'une intelligence sensible au poison du mot
Du profane de la science au grand silence des outrances
Du ouï-dire du Vide aux lettres d'or.

1256

Un mantra pour écritoire

Tout s'écrit   
Une pincée de sel
Comme un souvenir enfoui.

Tout s'écrit
Tard la nuit
Une boisson chaude devant soi.

Tout s'écrit
Le camélia dans sa coupelle
Qu'hèle le frigo au gros dos.

Tout s'écrit
Même l'envie de silence
En fin d'inspiration.

Tout s'écrit
Cette présence essentielle
De la main sur le papier.

Tout s'écrit
À défaut de se dire
Quand passent les visions.

Tout s'écrit
Des phrases peu sûres d'elles
Sous le préau des mots.

Tout s'écrit
Comme tâches de gras
Sur la table du matin.

Tout s'écrit
Comme boire le breuvage de santé
Dans le mug habituel.

Tout s'écrit
Des douleurs de l'âge
Le cristal de leur apaisement.

Tout s'écrit
À la source une araignée d'eau
De visage à visage.

Tout s'écrit
À pas de neige
L'animal recueilli par grand froid.

Tout s'écrit
Telles veines bleues
Sur la main du vieux.

Tout s'écrit
Des personnes quittées
À l'ultime pensée.

Tout s'écrit
Du mardi au mercredi
À la sortie de l'école.

Tout s'écrit
Du jeudi au samedi
Quand viennent les cloches de Rome.

Tout s'écrit
Le dimanche des vacances de printemps
Quand les poules caquettent.

Tout s'écrit
Quand décampent du jardin
Les ombres de l'hiver.

Tout s'écrit
Et tout se tient
Pliée en quatre dans la dernière missive.

Quand il est écrit
" Je vous aime "
Antienne éternelle.

( Œuvre de Pascale GERARD )

1255

Vingt et une pâquerettes en déclivité de la raison

Ces corps qui se heurtent   
Etrange chahut d'arrière-garde
À s'éponger le crâne.

D'une oreille l'autre
Bonnet de laine enfoncé
Ces fillettes hirsutes.

Aucun mot d'ordre
Bavarder n'accuse personne
En très petite compagnie.

Le hululement des sirènes
Par dessus les toits
Le premier jeudi du mois.

Courir comme des dératés
Sur la chaussée humide
Augure le gadin.

Rébus du temps des comptines
Un deux trois c'est évident
Quatre cinq six c'est plus grand.

Pense à la mort
Guerre à demain
Un fieffé salaud que ce maquereau.

" Pas bien nettes les pâquerettes "
C'était écrit au revers du veston
Dans l'intention d'en donner la raison.

Ouvrant une brèche
Elles avançaient étranges cavalières
En prise sur l'éloquence muette.

Elles offraient à tous leurs bras mûrs
Et même un pneu de rechange
Donnant donnant.

Cette invitation à s'asseoir
Une demi-heure durant
Faisait oublier la règle.

Je dors donc je suis
D'images et de symboles épris
En fin de nuit.

Corolle à ne pas mettre entre toutes les mains
Et pourtant
Tige gracile de benjoin.


Mémoire d'émotion
En instance d'être détruite
Rebelle aux sentiments.

Que n'eussent été années durant
Pétales gracieux offerts au vent
Le réceptacle de tant d'élans.

Pour peu que le regard soit
Hors critique et sans engagement
Réponses associées assurées.

De calme et de paix
L'indifférence mène à dessein
Vers ce qui est bel et bon.

S'écoule la nuit
De sa charge émotionnelle
Afin de vivre sainement.

La journée
S'est tournée vers la lumière
Pour le soir s'affaisser librement.

Mouvement simple et sans fin
En caresse d'être
Il n'y a plus de division.

Au zèle passionné d'avoir regardé
Succède le suspens des souvenirs
Pour que l'observateur se retire.

1254

Enfants de la conscription

Démarche fine et légère   
Il oscillait comme cherchant un appui
Pour s'arrêter de glisser.

Les murs n'avaient plus de plafond
Juste le support oblique d'une poutre
Barrant la nuit étoilée.

C'est là que poussait le champignon
Élevé en sous-main par la radiance des humains
Résistantes aux intempéries.

Et ne parlons pas de la volée de l'escalier
D'où provenait l'indécence
Des lanières de caoutchouc.

Ils y retourneraient
Tel silure en eaux profondes
Vers le déversoir de la Centrale.

Fibule de l'ami
Enfoncée dans la gorge de l'ennemi
Visages impassibles posture incandescente.

L'acte était de justice pure
De l'âme recouvrant ses ailes
Libérée de la matière impure.

La mousse silencieuse
Recevra nos pas de loup
Pour vivre et aimer.

Puis croyance absurde
Fumer le cigare
Sur le cadavre de l'Honni.

C'est un métier dangereux
Que d'être le porion des mines de charbon
Il se pourrait que l'aube vienne.

La hulotte nous réveille
Krouitt ! krouitt !
Un ricanement pour de bon.

Et le jour effaça les ombres
Pour énergie de lumière
Étendre le drap recueillant la rosée.

Reste le silence à observer
Alors que s'éveille le merle
Entre les bâtiments de la cité.

Une branche du rosier s'est cassée
Après le vent de la nuit
La liesse du matin.

Et ce fût sans témoin
En absence de tout danger
Que de marcher chez les vivants.

Et s'il se mettait à pleuvoir
En retour de promenade
Cela serait de bon aloi.

Pluie neuve
Rires de joie
Faisons sciure de ce bois.

Hep ! Taxi
Tendez-moi le potage
Avant de salir le calepin.

Réunion chez les Petites Sœurs des Pauvres
Des enfants de la conscription
Aptes à défendre la patrie.

Que de tuhu-bohu
Dans les jardins épargnés du chagrin
Quand l'œil s'ourle d'une larme.

Il y avait fête
Et pour toujours
La clarté déclinerait la raison.


1253