Tous les articles par Gael GERARD

Pluie de passation d’esprit

Pluie de passation d'esprit   
À culbuter le temps   
L'ogre se mit en danger   
Plus de jeunes chairs à l'horizon.      
 
À s'agenouiller près de la fontaine   
À brouter l'herbe odorante   
Ô ciel d'orage   
À la pointe du bâton, une goutte d'eau.      
 
Bienvenue dans le cycle de la nature   
Même les pierres ont une âme   
Et leurs amours avec le lichen   
Permet à la petite fleur violette de s'arrondir.      
 
Large et plate   
De gorgées d'eau saisie   
La terre moussue s'est chargée   
Du son du tambourin.      
 
Plume à la chasuble de lumière   
Pas hésitants de l'enfant   
Les crocs jaunes de la forme   
Accablèrent la souche boréale.      
 
La peur d'être privé de nourriture   
Rend le blizzard arrogant   
Sans le scintillement de la cornemuse   
Avant le déluge.      
 
Prenons notre temps   
Soyons du peuple des astreintes consenties   
Nous les condamnés à errer   
Prêts à se venger des affameurs.      
 
Nous tressions quelques pensées   
Sur les flancs de la montagne   
Pendant que montait dans un frisson   
L'onde des poètes disparus.      
 
Enclume d'à côté   
Donk ! Donk ! Donk !   
À sauter sur le tronc des arrivées   
Occasionne le départ des donateurs.      
 
Les caresses escarbouclent les fientes d'oiseau   
Le saute-ruisseau peaufine son dessein   
Les cernes alunissent   
Du non-humain la sève se repaît.      
 
Page tournée   
À regarder le timon du char   
La pression d'une conscience attentive   
Rend sur l'étagère la potion inadaptée.        
 
Alors tombent les théories   
Montent les applications pratiques   
D'un dédain l'autre    
Il eût fallu être debout.      
 
1332

Ai cru vivre

Ai cru vivre   
La pensée comme un serpentin
Sur la route de l'instinct.

Cela défile
Infinie dérobade
Entre assises improbables.

Se reflètent les chardons du passé
Dans les tractations de l'accaparement
Où l'ego fait sa marmelade.

Ça me parle tout ça
Grand et fort
Tourné vers la vérité.

Paisible et sensible
La gomme arabique s'efface
Reste le face à face avec le chat.

De l'extérieur à l'autre
Tout est soumis au changement
Comme nature réelle.

Tout mène à l'expérience
Du reflet l'aporie sublimée
Un grain de sable sur l'écritoire.

Maître céans sur son fauteuil perché
Par l'histoire intéressé
Se trouva du mental dépourvu.

À lâcher ses pensées
En retour d'exil
Nous pûmes utiliser la parole.

Faire conscience dans le tunnel des observances
Agite marionnette en sortie
Pour peu que le vide soit.

À part l'homme monté sur l'estrade
L'assemblée fût au comble de l'apoplexie
Quand nouvelle illusion se fit jour.

Et de retomber au matin
Les quatre fers en l'air
L'œuvre désirable à respirer.

1331

Comme à la maison

À flétrir la différence   
Poussent les graviers au bord de l'eau   
Entraînant le discours   
Du pour et du contre   
Hors des offres de l'altérité.      
 
Et de s'abstenir   
Quand les pensées n'en peuvent mais   
Cette impression de non-agir   
Qui rend la tâche ardue   
Avant de rentrer chez soi.      
 
Finalement finalement   
La perle n'étant la parente   
Ni du futur ni du passé   
Fût le fruit du manquement   
Cette cage à la porte ouverte.      
 
Au loin   
Besace pleine   
La berge rectiligne   
À la crête de coq jointe   
Était la quête de créer.      
 
Point d'église ni de château d'eau   
La partie se jouait   
Une pensée d'action au dénouement déroutant   
Évacuant la peur d'être entraîné   
Comme à la maison.      
 
1330

Ma flèche est pure

Ma flèche est pure   
Elle ne va pas droit au but   
Entre la naissance et la mort   
Elle est l'instant.      
 
Et si l'éclair de la vérité la révèle   
C'est que le blé est mûr   
Hors désir et exigence   
À la merci de sa propre réalisation.      
 
Ma fille éclaire   
Le manque de mes errances passées   
Mais que puis-je faire face au temps   
Si ce n'est être silencieux.      
 
Écrue de toi   
Comme le croassement des corbeaux   
Qui partent de la ville le matin   
Pour retrouver bois et prairies.      
 
Sans se déplacer   
Il interroge les amis dormant sur une étagère   
Puis regardant par la fenêtre   
Saisit la fuite des nuages.      
 
Et de lire jusqu'à l'éblouissement   
La réponse du guérisseur   
Au cœur-enfant profond   
"D'essayer d'aller par là."      
 
1329
 

Le lézard vert

Le lézard vert   
Sur sa pierre
À se réchauffer
Pensait peut-être à ce qu'il deviendrait
Demain
Quand douce mort viendra le cueillir.

Un autre, de même, en l'effet d'être
Un homme avec une conscience d'homme
Pour s'essayer au grandir de soi
Et se libérer des préjugés
Des attachements
Et des croyances.

De changer de forme
Est le monde qui à chaque instant
Se désincarne puis s'incarne
Comme si de prendre naissance et mort
Ne prend jamais naissance
Ni ne meurt.

Le lézard dit :"Je suis laid
Et pourtant je suis beau
Par la trace des ans que je révèle
Afin de soulager les souffrances
D'être le dernier désir
Avant d'atteindre le bris de chaîne."

Végétal même sec
Roche chaude
Suffisent qu'on expose l'animal
Pour que friction de l'âme et du poème
Engendrer le renouvellement
Et laisser les choses faire.

Accompagner sa vie
Tant qu'elle nous survit
Serait-il l'impasse
Où la voie d'amour et de service
Loin de l'intérêt personnel
Peine à s'extraire.

1328

À ne toucher la Réalité que du bout des rêves

À ne toucher la Réalité   
Que du bout des rêves
Les Ombres deviennent durables
Pour mécaniquement
Revenir à l'atome
Avant la grande explication.

Alors que respiration ralentie
Quand la brume vacille
Valsent chemins et coursives
De l'habitacle notre lieu
Pour recourir à ce qui touche le cœur
L'Énergie pleine et sans forme.

Au passage des nuées
Devant la porte cochère de nos représentations
Le son et la lumière
Organisent le tintouin de la fête
Éclosion de Présence
Mêlée aux impacts de la Conscience.

Nous irons bientôt en Loyauté
Nous mirer dans ce qui a été
Pour vol des trois instances
Être l'esprit
Être l'âme
Être le corps auquel revenir.

Ici, point de jeu de mots
La langue est celle du silence
Et si les gestes cliquettent
Dans l'assomption quotidienne de notre tâche
Il est toujours un endroit
Où la Lune et Vénus se rapprochent.

Plaque de métal apposée sur ma porte
Les démons se sont cassés le nez
À mesure que disparaissaient
Le mimétisme des années écoulées
Pour aller là où les gens sont sourds et muets
Offrant des bulles d'air sur fond d'humanité.

1327

J’ai joint les deux mains

J'ai joint les deux mains   
Et s'en est fallu de peu
Que l'entre ciel et arbre
La fusion des mots et des choses
Se remplissent des animaux de l'ombre.

Depuis des lustres
J'accueille et je retiens
Sans rajouter d'étages à ma conscience
Alors que vents et marées
Ont haussé la mire.

Ne peuvent apprécier
Les marais de l'arrière pays
Que les tenanciers de la langue
Tirant à boulets rouges
Sur le "oui" de l'autorité.

Aussi j'ai rejoint
Le lac bleu des montagnes
Pour suivre nuages changeants
Et se mirer, se réaliser, s'identifier
À ce que je suis.

1326

Au doigt levé

Il a marché sur le pierrier des instincts   
Et cela a fait mouche
À un degré
Que la méditation n'a pas suffi
Pour calmer ses ardeurs.

À mi-chemin
Il y eut le mauvais sang
Retournant vers sa base profonde
À faire se lever une volée de moineaux
Dans sa fricassée de cris.

Gorge chaude à l'ingéniosité prolongée
L'entablement des peurs
Fût pris par des imprécations
Saccageant à l'envie
La maison d'enfance.

L'homme n'est pas parfait
Et ne saurait contrôler le désir de santé
De son corps, de son mental
En quête jamais atteinte
D'une perfection à saveur sainte.

Et de prodiguer l'amitié
Le doigt de Dieu dirigé vers la montagne
À grappiller les traces du passé
Pour disposer le long du sentier
Les lueurs de la scène nue.

1325

Ce matin j’ai triché

Ce matin j'ai triché   
À ne pouvoir chasser la tristesse
Du fond de mon teepee de Gergovie.

J'ai cru que c’était pour toujours
Qu'accepter faisait moins souffrir
Et qu'à communiquer
Portait pommade à ma plaie essentielle.

Maintenant je suis seul
Et tisse l'insignifiant de la pensée du monde
Auquel j'ajoute quelques bourgeons de contrition
Par cette déambulation nocturne
À la mi-nuit d'une pluie fine
En compagnie des saints
En compagnie de mes défunts
Ouvrant d'un éclair magistral le tronc de mon Être
Faisant sien la fréquentation des heureux et des sages
Au centre des deux yeux
L'orage claquant le cœur du jeune daim
Sur la paroi métallique d'un justaucorps de circonstance.

J'use et refuse
Au temps qu'il me reste
De compatir aux phrases fourrées de miel
Et préférer l'amble d'un cheval ferré
Hennissant naseaux gonflés de nacre
Par soir de lune bleue
À même notre mort éternelle.

1324

À dire ou ne pas dire

À dire ou ne pas dire   
Des mots comme des chiots
Batifolent autour de leur mère
À se mordiller
À se califourcher
Entre deux tétées.

Ainsi passe la vie
Quand le passé est mort
Quand le corps recouvert d'un linceul
Le mental est fait de purée rose
Les arbres poussés au printemps le peuvent
Cette façon de joindre par les deux bouts
Et le tenace et le compréhensif
D'un chemin sans famille
Cherchant parmi les taupinières
Le mieux du moins
Ce qui reste de la dernière glaciation
Fervente discipline
À discerner le bien du mal
Jusqu'à ce que la volonté lâche
À même le seuil de mourir et de naître
La cendre finissant par se confondre avec la neige.

1323