D'un cœur
Beaucoup de choses à dire
Le battement
Mais aussi le lichen
Du passé, l'ailleurs.
Moignon des humbles
Chuchote le marcheur
À demeure dans sa supplique
De demander avec aisance
Le gîte et le crayon.
Calmer l'émotion
En laissant comme adresse
Le coin d'une étable
Pour poser son sac
Et dormir, un peu.
Écharde douloureuse
Sous le pied droit
Et parler au vide
Pour retenir de l'obscurité
Les petits rires d'une rivière.
Épousseter du vêtement
Les images du jour
Puis maintenir l'icône couturière
Saillante démarche
D'un au-delà testamentaire.
Le fil de fer
En ses accroches
Livrera l'écorce de l'aube
À même de défaire le ruban rose
Des lettres vraies du lendemain.
1371
Qu'écrire
Si la lune est blanche
Et le bois noir
Et que craque sous les pas
L'espérance d'un visage.
Qu'affabuler
D'auguste manière
Quelques mots cachés
Yeux mouillés
Sous la couette argentée.
Que prélever
Parmi les paupières de terre
La floraison des anémones
L'odeur d'un dernier champignon
Sur la trame du papier.
Au pieu
Captant par la semelle
La sueur verte des ans
Je jure de remonter le temps
Jusqu'au plein entendement.
J'accueille
La traversée de la prairie
Dans l'instant d'une marche douce
Et recueille des moulinets de l'esprit
Le son de la conque.
Écrire et sourire
Les deux mains se joignent
Accord de la lumière et du vent
Mendiantes colorées
D'un même feu d'un même cœur.
1370
Blanche-rose
À contenir
La phrase-bruit
Au-dessus de la bougie
Paréidolie d'en paradis.
Définir
Puis lire
À pile ou face
La rigueur inaudible
De la fusion du mot et de la chose.
Entre la poire
Et le fromage
Le vin a coulé
Poésie aux pieds nus
Qu'une larme interpelle.
Et d'observer la fourmi
Entre les gerçures de l'écorce
À lire une contrefaçon
Pommade étalée
En dégringolade extrême.
Les chevaux du langage
Ont mêlé leurs crinières
Devant le barde pâmé
Par tant de jolies phrases
Posées sur la terre-mère.
Elles boivent elles pensent
Les tenancières du bistro d'amour
À parfaire à ronger
La poussière d'âme
Des grappes d'images.
1369
Spire la pierre
En bord de falaise
Échancrée par le devant
Là où nous habitions
Tout à notre aise.
Marqueur intransigeant
D'un au-delà répétitif
Il fût bon de muscler l'éclipse de lune
D'une montée des eaux
Aux turbulentes contributions.
Lettre émanant
Du cœur du monde
Le naufragé en milieu hostile
Évacuait d'un gargouillis
L'intime de la narration.
La vie
La vie simple
La vie ravaudée par instant
Installait ses boutiques de Noël
En place canonique.
À manquer d'absolu
Oblige le revenant
D'adombrer l'ange de l'intelligence
Pas à pas
Avec de petits riens.
Présence disséminée
Entre roches et végétation
Des milliers de noms inscrits
Révélaient l'aller-venue
Des papillons de l'instant.
1368
Millésime du mime
Mieux qu'une nymphe
Aux désirs brûlants
Proférant de nature
Quelques échos orphiques.
Les couvrant de sa voix
Un courant d'éternité
Dans l'alcôve froide
Elle parcourut
Et la nuit et le jour.
Point de limites à la quête
Au sortir du train fantôme, le but
Comme un arbre
Étrange tubulure d'amour
Aux entrailles du vitrail.
Ce serait-il agi de rassembler
L'encre et le pinceau
Devant le désarroi
À manifester
Et la peur et l'espoir.
Écrire que la vie est simple
Qu'elle file limpide
Par l'issue qui lui reste
Rend à l'âme de l'enfant
Sa douceur éternelle.
Du cœur
L'émeraude jette un dernier feu
À proximité des fraternités
Tel le mystère
De continuer d'avancer.
1367
S'asseoir
Et se taire
En contentement d'être.
Compter les moutons
À la queue leu-leu
De l'imagination.
S'époumoner à dire
Qu'on l'a bien cherché
En nos temps de lèche-vitrines.
Et qu'à vider le porte-monnaie
Amène bien des soucis
Quand on aime la vie.
Saperlipopette
De la blanquette à tous les plats
Fait le chou gras.
D'un houppelande lourde
Entre bruyères et genêts
Guider l'esprit avant la nuit.
Et de porter sur les chemins
Les mots simples qui apaisent
Un cœur de bon aloi.
Ni roi ni reine
Parmi les violettes
Juste la vibration de la cordelette.
Une légende
Prête à verser dans le fossé
Le dernier charroi de l'année.
À même de se retenir
Du bout des lèvres
Oser le baiser charmant.
Ruisselle la sueur grise
Sur la joue à fossettes
De l'eau courante à souhait.
Pour se pencher
Une dernière fois
Sur ses rondes gouttelettes.
D'attendre que la fenêtre s'ouvre
Offre par le détail
Le frisson qui précède.
Tout est nu
De la parlotte de l'inconnu
Au moscato à la régalade.
Du reflet
L'âme frêle
Engendre manigances.
Au mâle chatoiement
D'un matin
Opposer le cerveau du lendemain.
Le chat
Emberlificoté dans ses lois divines
Suçait un reste de sel.
Sans que le pas coûte
Une goutte de sang pantelante
S'est mise à roussir de désir.
À trop regarder l'aube
Rend le pétale fragile
Pour la fleur sans épine.
Aux complaintes
Associons quelques rêves d'enfance
Au poudroiement des croyances.
Où vas-tu de ton pas menu ?
Danser dans le bow-window
Où saillir la merveille.
Un cœur au sang frais de l'attelle
Priait, gémissait, avant d'offrir
De l'air froid en soupir.
Avec toi, contre toi, sans toi
J'ai raclé la paroi des cavernes
Sans que résignation vienne.
Et pour de bon et pour demain
L'homme créé
Sauter les dix-sept marches.
1366
Mirlitonner
De mille dieux
À la coque mère
En sortie du terrier
Miladiou.
Crapette écorniflée
Des eaux dormantes
Une chanson d'amour l'autre
Le renard autour du cou
Miladiou.
Bougonner
L'espérance
D'une romance apprise
Au qu'en dira-t-on de l'esprit
Miladiou.
À cavalcader
Les chevaux de la pensée
Rassemblés
Tel du papier froissé
Miladiou.
La communauté à cru
Feignant, figeant, maraudant
Un petit poème
À goût de mandragore
Miladiou.
Péquenauder
D'une lumière crème
L'ordre tôt venu
Au dos d'une lettre en feu.
Miladiou.
Jaillissement
D'images permises
Arrivées par grappes
D'une écriture admise
Miladiou.
En sortie de l'oubli
Les cloîtrés de la glotte
Auront belle parure
Et parlotte aiguë
Miladiou.
1365
Ils s'en vont
Après avoir été tissés
Les poèmes de ma vie
À petits cris de souris
Dans le silence de la nuit.
Laissent quelques traces
De vers luisants
Près des buissons
Les mots qui piquent
Pris au piège d'une flèche meurtrière.
Et pour en profiter
En boucle
Tiroirs ouverts
Fleurs séchées
Jeter la clé aux orties.
Et si paroles troublent l'écrit
C'est pour battre tambour
Dans l'effondrement des ex-votos
Loin des listes faites
Sur les plaques d'argile de l'épiphanie.
Grésillent se dandinent
Les contrepoints de la forme épistolaire
Dans l'antre béante
Des mâchoires d'encre
D'entre les vivants et les morts.
Un moineau pense
Enfin je le suppose
Avant de prendre
À tire d'aile
La poudre d'escampette.
D'avoir lancé la parole
Vive et scintillante
Dans la cour d'école contre le mur de la récré
Révèle l'enfant qui s'ennuie
Pas loin du tout du Paradis.
Avant d'écrire
Avoir faim
Puis se poser
Le céans vibrant
Les yeux levés vers un sursaut d'azur.
Puiser à pleine main
Dans la sacoche du facteur
Les écrits timbrés et barbouillés
Du compositeur avide
D'avoir été.
Et de renaître
Dans la caravane
En sortie de vallée
Quand le feu volant de crête en crête
Anime les particules.
Et de mile en mile
Les milans de s'envoler
Sans plus attendre la sonnerie
Qui déchirera le voile
Des raisons partagées.
Creuser
Pour se trouver
En file indienne
La limpidité de l'instinct
Chevauchant notre âme d'enfant.
1364
Ça tombe bien
De se revoir
Après les errements d'une journée
D'avoir eu à organiser
La rencontre des athlètes
Aux jeux olympiques de la consommation.
Avec patience
Le livre ouvert à la bonne page
Celle du silence
À ne pas clôturer d'un point d'interrogation
Les vives couleurs
Dirigées on ne sait où.
Je ne dirai pas que j'ai failli
Que des terres lointaines
J'ai exhumé
La tirade des tenanciers de l'écriture
Moi, le beurre clarifié
Des tartinades du matin.
J'ai tremblé à Treblinka
Jusqu'à ce que la légèreté des mots
Envase les plaies de l'horreur
Pour dégager d'un court sourire
Le braconnage du temps
En sa folle allure.
Soulevant poids et haltères
J'ai chargé d'une présence altière
Les us et coutumes de l'appel
Virant au sirop d'orgeat
Quand la nuit
Une pluie fine court autour de la maison.
D'un écrit de trois fois rien
J'ai entouré le champ de neige
De Moaï des Galápagos
Énigme au dernier degré de la transfiguration
Par l'effet provoqué des deux mots de garde
" Écorce de la bienveillance ".
1363
Allégorèse du chemin de détachement
À suivre
À dessein
Par de petits soubresauts
D'effacement de ce qui est.
Ombre première
Donnée éternelle
Donnée de la vie psychique
À couronner avec modération
D'un peu de laque sur la tonsure.
L'éclosion spontanée d'un symbole
Aux contenus mystérieux
Rend les forces et apparitions lumineuses
Pareilles aux anges
Couvant de leurs ailes la levée d'une paupière.
S'asseoir sur la montagne
Exhorter à crier et parler
De manière à ouvrir l'expérience mystique
Cette vigilance appliquée à soi-même
la face recouverte de blanc céruse.
Frotter et découvrir de nouvelles images
Arroge à la phrase poétique
Absurdité et plasticité
Dans cette progression à faire émerger
Ce qui ne l'a plus été.
À mi-vert de l'Univers
Au déploiement d'un plancher aux mille rainures
La tâche sur le mur
Étincelle surgie au contact
Du rien-à-voir et de la distraction.
1362