Un repas pour deux

Un repas pour deux   
Un vrai   
Pas au rabais   
Avec des frites et du beef   
Ça se prend entre amis   
Sur un air de saxo   
Dans un bon restau   
Entre le marchand de glace   
Et le sourire de la fermière   
Sans que les sabots des chevaux   
Ne claquent trop sur le pavé   
Pour qu'on s'entende un peu   
À nous dire   
Ce que la vie a été    
Et que les chemins pris   
Depuis belle lurette   
À la porte du saloon   
Quand soufflait le vent du désert   
Roulant ses boules d'épineux secs   
Ce qui amusait fort les enfants                         
Issus d'hypothétiques rencontres   
Par la loi d'un ailleurs meilleur   
Au gré des vagues du vieil océan    
Magique errance   
De nos expériences de père   
A cheval sur le coudrier des rêves   
Filant grand train   
Vers l'inconnu   
Syndrome du marche ou crève   
Écueil fragile   
Auquel s'agripper   
Porte ouverte aux rituels de passage   
Et tout ça pour de vrai   
Un repas pour deux   
Pas au rabais   
Avec des frites et du beef   
Qui se prend entre amis   
Sur un air de samba   
Cette fois.      
 
1311

Un train s’avance

Un train s'avance   
Telle pluie dans la nuit
D'une intelligence insigne
Le frisé du métal hurlant
Faisant sien toute littérature.

Les lumières vacillent
La bouche pleine de shamallows
En vagues lasses
Déportant vers la côte
Les restes de l'échouage.

Tu seras
Tu ne seras pas
S'entassent les injonctions
Dérives de bois flottés
Avant l'engloutissement.

À l'extrémité
En bord de plate-forme
Une large liane permet la reliance
Du connu avec l'inconnu
Source d
'insouciance.

Et de rencontrer
Dans l'antre sacrée
Effluves légères
De toutes parts accordés
Les maîtres du mystère.

Inaccessible preuve
Manifestation dévoilée
Des nouveaux domaines de la Réalité
Le cortège des affidés
Faisant sien les ombres du léthé.

1310


Peuple des victimes

Peuple des victimes   
Au poing levé   
Combattants de l'ombre   
Je vous tends la main   
À l'heure du tocsin.      
 
J'enroule d'un bras ferme   
Les chiffons et les velours   
En protection   
Des théories ronflantes   
De la domination par l'Autre.      
 
Aux rives d'un fleuve d'Orient   
Je prélève les sédiments de la Relève   
Pour bagatelle d'un moment   
S'insurger devant les coulures de l'émotion   
Et les sachets d'héroïne.      
 
Isthme de la main   
Irriguée par le sang des justes   
Je sais que derrière la paroi   
Il y a la rose minérale   
La rose de Maïakovski.      
 
Au plus obscur de la nuit   
Sera conçu l'enfant   
Dans l'inconfort d'un lit de fortune   
Tiré à bon escient   
Hors des appartenances et croyances.      
 
Par la dissolution du corps et du mental   
Au delà des frontières   
Le poète émet et transmet   
L'esprit au service du chemin   
En double comme de bien.       
 
( Dessin de Jean-Claude Guerrero )
 
1309

Station Trocadéro

Pluie de lune   
Retombée en forêt   
Passant de vie à trépas   
Le temps d'un petit pas.         
 
Permission sonore   
De la poutre effondrée   
Hors de l'espace clos   
D'une voix sans le mot.      
 
Et qui ramasse   
Vanité délicieuse   
Le pourquoi du comment   
De l'éternel amant.      
 
Se joue là   
Entre le mythe et l'humain   
La présence oblique   
D'une offre biblique.      
 
Très jeune   
Et vieux pour plus de compassion   
Ils vécurent leur rêve   
D'une note brève.      
 
Au qu'en dira-t-on    
D'une flexion des genoux   
Furent assujettis   
Et le jour et la nuit.      
 
Avaleur de survie   
Le poète par la sente consentie   
Hèle l'aile   
De l'oiseau rebelle.      
 
Pour sauter   
D'une plume l'autre   
Sans prendre de gant   
Sur le dos de l'errant.      
 
Entre les lattes du plancher   
Demeure l'oisillon   
Qui bec grand ouvert   
Reçoit chenille verte.      
 
De la souffrance au bonheur   
De la prose à la poésie   
Passe le vent qu'il faut   
Pour aboutir à vaut-l'eau.      
 
Ruisselantes   
Hors du néant   
Les perles de pluie   
Se sont alanguies.      
 
De plaisir ajourés
Station Trocadéro   
Avons pris le parti heureux   
D'entonner l'hymne des cieux.      
 
1308

Ciao Baby

Ciao Baby   
Choppe le rythme   
Alors que claque la spartiate sur le plancher des vaches   
La lune luit sur l'écran de nos nuits blanches   
Comme image idéale de soi.      
 
Point de transition   
Jusqu'à la dernière mue   
Aux séquences coprophages   
Nous saignerons à blanc l'érable du Tibet   
Dernier traumatisme avant l'abondance.      
 
En l'effet de nature profonde   
Voix grave de femme   
Accompagnant la dernière litanie   
Pour naissance promise   
En l'époque à venir.      
 
Filent les nuages   
D'une haleine lente   
Vers la frontière italienne   
De droite à gauche tout s'altère   
De gauche à droite comme chez nous.      
 
Le soleil de la partie   
Inonde la terrasse   
Pour coléoptère au vol lourd   
Inoculer l'âpre réponse   
Aux cornes d'abondance.      
 
Et vogue le monde du spectacle   
Au plein emploi des colifichets   
Devant la fosse commune des médications   
En urgence de vivre   
Par ces temps irréversibles.      
 
1307

Écrue de toi

Appuyées sur la rigueur   
Les stigmates des contes de fée
Donnent aux rites de passage
La possibilité d'affronter
Sa propre impermanence et sa morbidité.

Finissons-en de la beauté artistique
Soyons le maître des mystères sacrés
Magnifions les trois règnes
En investigation sans préjugés
Transcendons l'espace, le temps et la causalité.

Écrue de toi
La symphonie des tissages de l'esprit
Nous avons économisé la tendresse des espaces infinis
Sans renier nos aspirations
À vivre et nourrir la dernière mission.

De quel voyage s'agit-il
Toi homme
Qui frappe de la tête
Le chambranle des chambres
En quête de la Vérité ?

D'air et d'eau
Il me vit au fond du canyon
À parader de délicate manière
Par les rochers et les vasques
Des cupules de l'incantation.

De la construction universelle
Il fût privé
Pour s'éteindre à petit feu
À petits bruits
Sur le pavé des certitudes.

Quel joli col il offrit
Lui le déjà venu
Sur le mode historique
Parodiant le jeteur de sort
Pour particules subatomiques.

De réalité point
Juste le justaucorps du Vide
Posé allongé sur la table d'opération
Baleine en gestation
Recouverte du plancton des origines.

Les enfants se sont éparpillés
Sur le sable du boulevard
Considérant la rencontre avec leur mère
Comme bilan devant être chanté
Avec émotions et pensées venues.

Épuise-t-on du regard
L'ordre et la mesure
D'une vie passée à se démarquer
De la peur et de la mort
Ces sœurs de l'aventure.

La recherche est noble attitude
Devant le peu de cas dévolu aux dérobades
Histoire de contempler Guignol et sa troupe
Faisant grand tapage
Au castelet de nos amours.

Dieu et Démon
Du fond des âges
Percent la mandragore
L'œil de toutes choses émulsionnées
Dans la marmite des géants.


1306

Posé Pensé

Posé Pensé   
Posément en l'émargement du quotidien
Carrière à développer
Sans batifolage
La vision matérialiste s'est éteinte.

Et le film de se dérouler
Inexorablement jusqu'en la cinquante neuvième année
Tel le dévidoir
Où flottaient librement
Les fils de la Vierge.

A faire demi-tour
Provoque de fréquentes bifurcations
Dans l'ordre des choses
Tonalité mystique
Pour des bénéficiaires triés sur le volet.

1305

Nulle réserve

Nulle réserve   
Il m'attend   
Je vitalise mes intentions   
Dans cette marche   
Aux croustillants insectes   
Tenant lieu de sentier fleuri.      
 
Le rocher   
En ses cicatrices profondes   
Protège le cœur immense de la terre   
Nous enjoignant d'être l'usure des siècles   
Et l'Éternel   
Fraîchement né à ce qui nous délègue.      
 
Le regard lavé des préjugés   
Soyons la Source   
L'entrée dans le Réel   
La maîtrise d'un savoir faire   
Ouvré de la gentillesse des fleurs bleues   
Comme de la Lumière donnée à tous.      
 
1304